Plusieurs longues journées s'étaient écoulées depuis que les deux hommes avaient décidé de sauter le pas une fois de plus. Heathcliff était resté le matin autant qu'il avait pu. Il s'était échappé du lit après avoir dit à Iago qu'il devait y aller. Les yeux de chien battus que lui fit ce dernier étaient à deux doigts de lui faire changer d'avis mais il en était obligé. Il avait promit à sa cousine d'aller la voir. Le CAHO s'était rhabillé rapidement et après un rapide baiser et un je t'aime, il s’éclipsa de la chambre en faisant le moins de bruit possible. A contre cœur. Si cela n'avait tenu qu'à lui, il serait resté éternellement. Tout ce qui avait pu se passer lui revenait en mémoire et chaque jour qui passait lui donnait un peu plus envie de retrouver son amant. Ils échangèrent quelques sms et s'appelèrent pendant des discussions très courtes. Sans avoir essayé de s'éviter, ils n'arrivaient tout de même pas à se voir. C'était comme si, une fois de plus, le destin voulait les séparer alors qu'ils venaient de se réunir. Heath se trouvait dans son appartement miteux. La tête entre ses bras couverts de marques de piqûres, une main tenant une bouteille et l'autre une clope. Il avait pété les plombs sans vraiment savoir pourquoi. Sa vie était, pour la première fois, stable et il trouvait quand même le moyen de tout foutre en l'air. De se foutre en l'air. Tout lui revenait à la figure. Sa vie entière lui traversait l'esprit et il n'arrivait plus à penser clairement. Il voulait juste oublier et il pensait l'avoir déjà fait mais il s'était bien trompé. Oublier était plus facile à dire qu'à faire. Ses démons étaient plus forts que lui. Ses fantômes n'étaient pas prêts d'arrêter à le hanter. Il était condamné à vivre avec l'image de ses défunts parents qui lui avaient prouvé dès sa plus tendre enfance qu'il n'était qu'un bon à rien. Peut-être que la stabilité de sa vie, l'amour qu'il découvrait, lui faisait prendre peur. Peur de ne pas faire les bons choix. Peur de tromper le destin. De tromper la mort. De tromper sa vie entière. De se mentir à soi même. De ses mentir sur le fait qu'il méritait peut-être de vivre de façon heureuse. Ses yeux étaient secs même s'il aurait voulu déverser toutes les larmes de son corps. Pour une cause perdue, macabre, insignifiante. Il se releva avec difficulté. La rage parcouru son corps une fraction de seconde et la bouteille alla s'écraser contre le mur. Les paroles de ses parents revenaient en boucle dans ses oreilles et il aurait cru qu'il allait exploser. « Dégagez d'ma tête! Dégagez, putain! » La détresse se faisait entendre dans cette voix. Son poing vint frapper le mur en un bruit sourd. Ses phalanges étaient rougies par l'impact mais il n'en avait pas grand chose à faire. C'était comme s'il était anesthésié. Poussé par une pulsion soudaine, il essaya de marcher aussi droit que possible pour aller chercher la fameuse clé que son amant lui avait donner. Heathcliff n'y croyait toujours pas. C'était presque comme une demande en mariage à ses yeux. Ça voulait tout dire. Ou presque. Évitant de marcher sur les bouts de verre, seringues usagées et tout autre merde qui se trouvait dans son appartement, il arriva jusqu'à sa veste et fouilla dans ses poches pour savoir si les clés se trouvaient à l'intérieur. Bingo. Il enfila sa veste et ses chaussures avant d'appeler un taxi. Iago le rendait raisonnable. Il aurait pu risquer sa vie et prendre sa bécane, mais il se résigna. Ce soir, il n'était pas question de laisser la mort l'emporter.

Après avoir attendu près de vingt minutes pour qu'un taxi arrive, il arriva aux alentours de trois heures chez l'ATOM. L'homme monta les marches quatre à quatre, en faisant attention de ne pas tomber, avant d'ouvrir avec difficulté la porte d'entrée, ne trouvant pas la serrure à cause de l'obscurité qui l'encerclait complètement. Alors qu'il était à quelques secondes d'entrée, il se demanda comme un con s'il n'aurait pas dû appeler avant. L'idée de repartir comme il était venu lui traversa l'esprit. C'était très probablement une mauvaise idée de débarquer de la sorte, mais après tout, Iago lui avait donné la clé alors c'était probablement pour qu'il y aille quand il voulait. Alors il rentra. Son objectif était de faire le moins de bruits possibles pour pouvoir se glisser ni vu, ni connu dans le lit de son coéquipier mais il échoua lamentablement à sa quête. Quand il vit la lumière s'allumer, il ferma les yeux et passa sa main devant ceux ci. « Putain, Iago! Fermes la lumière! » Heath sentit un affreux mal de tête arrivé. Ouvrant doucement les yeux, la vue de son amant le fit sourire comme un gros con. Il le dévora complètement du regard, remarquant qu'il était en boxer. « T'es plutôt pas mal dans cette tenue, mais j'te préfère toujours sans. » Il avait toujours ce sourire innocent affiché sur son visage. Heath retira sa veste sans même se soucier de si oui ou non, Iago s'attarderait sur ses cicatrices dues au piqûres récentes. Le blond essaya ensuite de marcher le plus droit possible jusqu'à son amant pour aller l'embrasser. Il perdit équilibre et se rattrapa comme il pouvait, son corps collé à celui de son amant. Un rire idiot échappa de sa bouche. Le genre de rire qui ne lui était pas du tout caractéristique. « Putain c'que tu m'as manqué. » Alors qu'il était prêt à l'embrasser, il se retrouva prit de nausées et dût se précipiter jusqu'aux toilettes. Encore une façon de montrer à quel point il était un homme romantique et charmant. Collant sa tête contre le mur après avoir terminé de vomir ses tripes, il regarda l'ATOM qui venait de s'appuyer contre l'encadrement de la porte. « De base, j'voulais.. J'voulais juste m'coucher auprès d'toi et puis.. Putain.. J'suis désolé. J'suis qu'un gros con. » A cet instant précis, il avait honte lui-même. Heath n'était pas celui que méritait son amant. Il aurait pu venir totalement sobre pour lui faire la surprise comme auraient pu faire des couples normaux, parfaits. Ils auraient terminé par faire l'amour jusqu'au levé du jour et ils se seraient murmurés des milliers de fois qu'ils s'aimaient. Au lieu de ça, il était là comme un idiot qu'il était, complètement bourré et dans une position aussi ridicule que lui.

Iago s'était réveillé avec l'agréable surprise de le voir à ses côtés, dormant paisiblement. Son corps entier n'était que douleur et souffrance, des tâches mauves étaient apparues durant la nuit et il savait que sa gueule devait refléter son état. Le boxeur serra les dents en bougeant ne serait tce que son bras pour pouvoir souligner les traits de ce visage qu'il avait envie d'embrassé encore et encore. Heath lui avait dit qu'il l'aimait, il lui avait répondu tout aussi tendrement avant de le laisser partir. A peine seul, il perdit son sourire et tenta de se mouvoir. D'une lenteur presque ridicule, il s'installa au bord du lit avant de se lever. Le doc ne tarda pas à arriver avec son sac qu'il avait laissé dans les vestiaires. Auscultant son patient, son air sévère n'indiquait rien de bien. Iago ne supportait pas qu'il le touche alors que la nuit précédente Heath couvrait son corps de baiser passionné. Le doc n'était pas son amant. Se laissant pourtant soigner, il s'habilla pour suivre le médecin à l'hôpital.
Le boxeur n'était pas réellement sorti, soignant ses plaies, ses maux ; tentant de comprendre ses envies, ses sentiments, ses pulsions. Il tentait de les canaliser en envoyant des messages à Heath, prendre de ses nouvelles, faire comme si rien ne s'était passé. Sa sœur était venue le voir avec Louise malgré l'interdiction de Iago et la petite fille avait fondu en larmes en voyant l'état physique de son parrain. Il était encore en vie. Comme lui répétait si bien sa sœur. Ouais. Peut-être. Il n'empêchait qu'il n'avait pas encore compris le sens de ce mot. Vivre. Il avait fait la sourde oreille à ce désir d'être normal, d'être comme les autres. Au lieu de cela, il s'était condamné dans les bras d'Heath et il adorait cela !

« Papa ne voudrait pas que tu gâches ta vie à vouloir le venger. »

Dans un hébreux parfait pour que Louise ne comprenne pas, l'enfant était en train de regarder la télé : laissant les deux adultes seuls.

« Iago, tu m'entends ? Il faut que tu arrêtes de faire des combats de ce genre, que tu perdes de vue pourquoi tu es avec eux...
-Tu crois que je ne le sais pas ?! Je n'ai pas le choix ok ?! La seule façon pour que vous soyez en sécurité, c'est si je démantèle les Calabrese. Ils n'ont pas encore fait le rapprochement entre Abraham, nous, moi : j'ai encore mes chances. Une fois tombé, j'arrêterais ces conneries. Promis. »

Embrassant tendrement le front de sa sœur qui se retenait de fondre en larmes, il l'enlaça par la suite et la rassura de la sorte. Louise se retourna vivement et se jeta sur la jambe de son oncle pour qu'il prenne dans ses bras. Tous les trois enlacés dans cette cuisine bien trop grande pour lui, Iago se sentait de nouveau bien. Il avait besoin de sa famille, de ses sœurs, de sa nièce. Cédant au caprice de cette dernière, il accepta de la garder pour quelques jours. Les vacances étaient maintenant là et ils allaient pouvoir rattraper le temps perdu. Naturellement, la présence de l'enfant ne l'empêchait pas de penser à Kerrigan, de se connecter pour aller la protéger ; ou bien une fois la lumière éteinte et Louise au lit de penser à Heath, de se demander ce qu'il faisait.
C'était durant une de ces nuits, où l'étreinte de la solitude était presque insoutenable que Iago entendit la porte s'ouvrir. Attrapant vivement son arme, il sortit de sa chambre d'un bond et alluma la lumière tout en visant déjà l'intrus. Voyant Heath, il laissa retomber son bras et eut à peine le temps de poser son arme sur la table que ce dernier était déjà contre lui.

« Je me doute... »

Se contentât-il de répondre quant à sa tenue. Ce sourire le faisait fondre, réellement. De toute façon, il ne supportait pas les vêtements. Il quittait avec plaisir son jogging trop large et son marcel une fois sa nièce endormie pour laisser les plaies à l'air libre. Le CAHO puait l'alcool. L'ATOM ne disait rien pourtant, il se contenta de le serrer contre lui. Il était heureux de le voir, qu'il ait utilisé la clé au lieu d'aller voir une ces prostitués. Cela gonflait son cœur, tant pis pour l'état de Dwight : il lui était revenu et Iago ne comptait pas fuir. Son rire était contagieux, Iago commençait déjà à faire de même :

« Chuuut Louise dort... »

Il embrassa sa tempe avant que Dwight ne trouve son chemin aux toilettes. Le boxeur s'empressa d'aller fermer la porte de la chambre pour que sa nièce ne soit pas réveillée et allait ranger le pistolet. Revenant auprès de son amant avec un verre d'eau, il se plaça dans l'encadrement de la porte tout en lui tendant.

« Peut-être, mais tu es mon connard. Aller viens. »

S'approchant de lui finalement de lui, il l'attrapa sous ses bras, tira la chasse d'eau en même temps avant de l'emmener dans sa chambre, Iago l'installa dans sa salle de bain privée et remarqua alors ses bras. Ne disant rien, il sortit la trousse de premier soin et imbiba des cotons d'alcool pour nettoyer les trous faits par les seringues :

« Le principal, c'est que tu ne sois pas allé les voir... J'men fous que tu me réveilles en pleine nuit, bourré et en vu de toutes ces marques probablement haut perché : tu as le droit. On ne peut plus, le droit. J'préfère même ça et te savoir à mes côtés. »

Le plus doucement possible, il continua son travail avant de relever sa tête et de l'embrasser. Ce baiser avait un goût affreux, mais il s'en moquait. Rompant le contact, il eut un sourire en coin. Le principal se trouvait devant ses yeux.

« Tu as mangé au moins ? Ou tu préfères aller te coucher tout de suite ? »

Heathcliff ne savait pas très bien ce que Iago et lui étaient, mais ce qu'il savait était qu'il ne pouvait en aucun cas se passer de lui. Les jours qu'il ne passait pas avec son amant était terne et morose. Il ne pouvait plus se passer de lui. Plus du tout. Il avait abandonné l'idée de supporter sa vie sans lui. Il n'en était pas capable. Plus maintenant. Le CAHO était prêt à se donner corps et âme dans cette relation. Il était prêt à faire l'impossible pour l'ATOM. D'ailleurs, ce dernier rendait tout impossible, possible. L'amour était capable de lui donner la force de soulever des montagnes. Il comprenait enfin le vrai sens de la vie et il essayait d'en profiter autant qu'il pouvait. Sans barrières. Sans obstacles. Ou presque. Il s'abandonnait complètement à cette relation amoureuse et passionnelle. Le reste n'avait plus aucun sens. C'était pour cette raison qu'Heath se tourna vers lui alors qu'il était dans la pire des situations. La souffrance le submergeait et il ne savait plus quoi faire. L'idée d'aller voir des jolies demoiselles pour se réconforter ne lui passa même pas par la tête. La seule personne à laquelle il pensait était Iago. Il prit donc l'initiative de venir chez lui. Il aurait voulu lui éviter de le voir de cette manière mais il avait besoin de lui à cet instant précis. Dwight n'avait besoin que de Carpenter pour panser ses blessures. Intérieures comme extérieures. Rien que de sentir sa présence le soulagerait d'un poids. Et c'est ce qui arriva. Dès que ses yeux se posèrent sur son amant, c'était comme s'il y avait un poids en moins sur ses épaules. Voyant l'arme qu'il avait dans sa main, il se trouva comme un vrai con. Il aurait définitivement dû l'appeler avant de venir telle une âme perdue et sans repère. Le corps de Iago n'était couvert que par un simple caleçon et le CAHO ne put s'empêcher de laisser des images obscènes dévaler dans son esprit. Il avoua ses pensées à son amant en une façon bien plus sage, évidemment. C'était plus fort que lui et l'alcool mélangé à la drogue n'aidaient pas. Il se blottit dans les bras de son amant le plus vite possible, attiré par un lien invisible. Il avait besoin de ses bras. Il avait besoin d'être dans ses bras pour tout oublier. « Je me doute... » Ce sourire qui s'était affiché sur son visage n'arrivait pas à le quitter. Il laissait le bonheur prendre la place du malheur. Il troquait sa souffrance contre la douceur des bras de l'homme qu'il aimait. Heath perdit  ensuite l'équilibre et se retrouva collé au corps de ce dernier. Un rire échappa de ses lèvres qui ne tarda pas à se faire entendre de la même manière de la bouche de Iago. Ils étaient de vrais idiots mais il aimait ça. Il appréciait ce moment au possible. « Chuuut Louise dort... » Le CAHO haussa un sourcil ayant oublié à qui appartenait ce prénom, cependant il s'en rappela rapidement et il arriva avec difficulté à arrêter de rire. Ça lui faisait du bien. Énormément de bien.

Alors qu'il sentit un baiser sur sa tempe, il fut prit de nausées et se précipita jusqu'aux toilettes. Il se sentait ridicule. Il avait ce don pour tout gâcher. C'était comme une malédiction qui le suivrait toute sa chienne de vie. Passant sa main devant sa bouche, il s'appuya contre le mur, épuisé. Après des excuses pitoyables, il attrapa le verre d'eau pour boire un coup. « Peut-être, mais tu es mon connard. Aller viens. » Un semblant de rire franchit le seuil de sa bouche. « J'te plains d'm'avoir. J'dois être un putain d'fardeau. Tu sais pas d'en quoi t'es embarqué, Iago. » C'était ce qu'il pensait et il l'avait fait savoir bien plus tôt à l'ATOM qui n'avait pas voulu l'écouter. Ce dernier s'approcha de lui et l'attrapa par le bras pour l'aider à marcher jusqu'à sa salle de bain privée. Heathcliff observa, à moitié endormi, ce que faisait son ami. Quand il se rendit compte de ce qu'il était en train de faire, il se mit à soupirer bruyamment. « Le principal, c'est que tu ne sois pas allé les voir... J'men fous que tu me réveilles en pleine nuit, bourré et en vu de toutes ces marques probablement haut perché : tu as le droit. On ne peut plus, le droit. J'préfère même ça et te savoir à mes côtés. » Ses yeux se remplirent de larmes. Des larmes qu'il avait gardé pour lui alors qu'il était dans son appartement miteux. Des larmes de crainte. De culpabilité. De haine. Il essaya tant bien que mal à les retenir en fermant les yeux un moment qui lui paraissait avoir duré une éternité. Une fois de plus, il se montrait tel le faible qu'il était au plus profond. Heathcliff laissa faire son amant sans même chercher à lui répondre. Il fit de même quand ses lèvres se posèrent sur les siennes. Ce contact le détendit. « Tu as mangé au moins ? Ou tu préfères aller te coucher tout de suite ? » Il haussa les épaules. « J'ai pas mangé mais j'ai pas faim. En plus, j'suis persuadé que tu sais pas cuisiner. » Une note d'humour alors que tout amusement s'était évaporé de son organisme. « Tu sais qu'j'ai pensé à toi tous les jours? C'est un truc d'barge. » Collant un peu plus son corps à lui, il était tiraillé entre l'idée de l'embrasser et de le plaquer contre le mur pour intensifier leur baiser, ou le prendre dans ses bras et ne jamais le lâcher. Finalement, le CAHO choisit la seconde option. Il plongea son visage dans son cou. Les larmes se remirent à lui montrer aux yeux mais cette fois, il les laissa couler. « Tu sais c'que mon père m'disait toujours? » Se décalant pour regarder Iago dans les yeux, il continua. « Que j'avais tout pour devenir une pédale. » Il se mit de nouveau à rire, tout en continuant de pleurer. « Et il avait raison. Il doit encore plus me haïr de là où il est. Il doit me tuer encore et encore, ou se tuer lui-même, c'est au choix. » Heath se décala brusquement de son amant et il passa rageusement sa main sur son visage. « Tu veux voir un truc? J'pense que tu as déjà dû le voir mais t'as pas dû t'y attarder. » Après avoir levé son t-shirt, il se retourna pour montrer son dos. On pouvait y apercevoir quatre ou cinq cicatrices en dessous de ses tatouages. « Tu vois celle toute à gauche? Mon père. Pas mal comme souvenir, pas vrai? » Il rabaissa son t-shirt et posa ses mains sur le lavabo qui se trouvait à quelques centimètres de lui. « J'me rappellerai toujours de celle-ci parce qu'il n'avait pas essayé d'aller dans la dentelle. Ses intentions étaient pas claires mais j'crois qu'il voulait m'tuer. Le pire, c'est que ma mère était là et qu'elle n'a rien fait. Après on s'demande pourquoi j'suis si dérangé dans ma putain d'tête! » Se retournant vers Iago, il posa son doigt sur sa bouche. « J'm'excuse, j'avais oublié ta nièce. » Encore un rire mélangé à un sanglot.

Iago allait prendre soin d'Heath. Il n'avait jamais eut de frère, n'avait jamais réellement dû soigner ses sœurs qui préféraient crier l'une sur l'autre que se battre : il savait pourtant prodiguer les premiers soins. Et puis, il s'en était pris des cuites, il savait que la clé était l'eau. C'était votre meilleur ami. C'est pour cela qu'il était revenu auprès de son amant avec un verre rempli de ce liquide vital. Il le regardait doucement, sans le juger ou autre. Personnes ne savaient ce qu'ils vivaient. Cette pression constante, ces mensonges qui s'empilaient comme les cadavres qu'ils traînaient. Ouais. Ils n'avaient pas la vie facile et Iago savait qu'Heath n'avait pas eut une enfance calme et joyeuse comme la sienne. Le boxeur ne pouvait pas se plaindre sur ses premières dix-sept années sur terre. Entouré de sa famille, choyée, aimé : il n'avait jamais manqué de rien. Si ce n'est d'un père. C'est une autre histoire cependant. Ce n'était pas le moment. Non. La seule chose qui important en cet instant était l'état d'Heath. Louise avait le sommeil profond, elle ne se réveillerait pas si facilement, mais le désir de protéger l'enfant était bien trop grand pour laisser la place au hasard. Elle connaissait Heath, le boxeur ne savait pas cependant s'il était conseillé qu'elle le voit dans cet état. En entendant le CAHO rire et faire un commentaire idiot à ses yeux, il répondit tout aussi calmement :

« Oh si je le sais ! Si c'est le prix a payé pour qu'on soit ensemble, ça ne me dérange pas. T'as pas encore compris ça ? »

Demendait-il comme si c'était une évidence. Car cela en était une pour lui. L'emmenant dans une autre pièce, plus privé, pour avoir plus d'intimité et laisser Louise en paix : il remarqua les marques et entreprit de les désinfecter. Il ne savait que trop bien les dangers que ces conneries pouvaient apporter avec elle. La drogue qu'il avait créé s'ingérait, mais certains la faisaient refondre pour se l'injecter. Une chose bien trop dangereuse, mais Iago avait depuis longtemps arrêté de s'en vouloir pour cela. Tout était bon à ses yeux pour arriver à sa vengeance. Le boxeur l'entendit soupirer, il décida de le rassurer un peu plus avec des mots maladroits plus qu'autre chose. Il était heureux. Qu'il ne soit pas allé voir des putes ou autre. Juste lui. Lorsque l'ATOM vit des larmes coulées le long de ses joues, il passa ses deux pouces pour les effacer et l'embrasser. Malgré qu'il est vomi quelques minutes plus tôt. Ce n'était pas le moment. Iago en avait envie de toute façon. S'éloignant légèrement, il lui demandait s'il avait mangé, ce à quoi le CAHO répondit ironiquement :

« Je fais d'excellente lasagne, je te ferais dire ! Tu les as ratés la dernière fois, à croire que mon corps te tentait plus... »

Heath avoua qu'il lui avait manqué avant de se coller à lui. Iago ne mit pas de temps à l'encercler de ses bras pour nicher à son tour sa tête dans son cou :

« Moi aussi. »

Il chuchota ces deux mots en prenant une grande inspiration. Il aimait ces moments. Ils étaient agréables. Des moments de paix et d'harmonie. En sentant le corps de Dwight prit de lourds sanglots, il resserra son étreinte. Pour lui montrer qu'il était là, qu'il ne le lâcherait pas : qu'il était prêt à recueillir son spleen. Lorsqu'il évoqua son père, ses sourcils se froncèrent : cela ne pouvait rien annoncer de bon. Heath n'avait parlé qu'une seule fois de son père et ce n'était pas en des termes chaleureux. Son regard se plongea dans le sien quand il se décala avant que son cœur ne soit transpercé de part en part en entendant cette phrase. Était-ce réellement ce qu'il pensait de lui ? D'eux ? Pédale avec une consonance tellement péjoratif que cela écoeurait Iago. Peut-être parce que son père aussi aurait utilisé ce mot pour le désigner. Il était tenté de répondre, de lui dire que cela était faux. Il restait muet et le laissa partir pour déverser un peu plus sa rage. Prenant sa place sur la lunette rabaissée des toilettes, son regard ne le quitta pas une seule fois. Levant son t-shirt, il dévoila son corps. Si en temps normal Iago aurait apprécié ce moment : le spectacle qui lui montrait n'était certainement pas pour le réjouir. Il les voyait. Ces lignes blanches synonymes de souffrances. Instinctivement, il serra ses poings de colère, de haine. En entendant le récit, ses jointures devenaientun peu plus blanches. Dos à Iago, Heath continuait cette confession. Lorsqu'il termina par un rire en se tournant vers lui : l'ATOM se leva. Posant ses mains sur ses hanches, il colla son corps à celui du CAHO et posa son front sur le sien :

« Heath, je ne sais pas ce qu'on est, mais je sais que ça fait pas de toi une pédale. Ce mot ne veut dire en plus, c'est débile. Abraham l'aurait utilisé pourtant, à mon encontre s'il avait su que ma mère m'éduquait pour que j'écoute mes sentiments sans m'arrêter sur le genre de la personne. J'men fou aujourd'hui. C'est du passé. Il est pas là pour me le dire, le tiens non plus. Tu n'es pas dérangé, tu as juste dû te battre plus que les autres pour survivre et c'est pour cela que tu es plus fort que je ne le serais jamais. C'est pour ça que tu réussiras toujours plus que les autres. »

Passant ses doigts sous son t-shirt, il caressa les cicatrices qu'il lui avait montrées :

« Je ne savais pas cette histoire, et même si c'est inutile, je suis désolé. »

Iago embrassa sa pommette, puis son nez, son menton, il déposait des baisers tendres sur ce visage fatigué et déformé par les sanglots :

« T'inquiète pas pour Louise, ce qui compte là, maintenant, c'est toi. Rien que toi. »

S'éloignant à nouveau, il le contempla avec un petit sourire en coin :

« J'suis là maintenant, ça va aller, on va se battre ensemble. T'es plus tout seul pour porter tout ça. Tu te souviens ? J'suis dans la même merde que toi maintenant. » Ironisant, il décida de finir sur une note plus joyeuse : « Et puis... Ces cicatrices ont une histoire, mais elles te rendent incroyablement plus sexy aussi... » Chuchotait-il au creux de son oreille.

Installé dans ces toilettes, il se retrouvait comme un con. Un con pitoyable et c'était exactement ce qu'il était. Faire subir des trucs comme ça à Iago n'était pas ce qu'il voulait mais il n'avait personne vers qui se tourner. Il y avait peut-être Annalise mais elle n'arriverait jamais à le faire se sentir aussi que son amant. Ses paroles n'étaient que la simple et dure vérité. Il était un fardeau pour lui comme pour les autres autour de lui. L'ATOM n'avait aucune idée de ce qu'il avait fait. De ce qu'ils avaient fait. « Oh si je le sais ! Si c'est le prix a payé pour qu'on soit ensemble, ça ne me dérange pas. T'as pas encore compris ça ? » Cette réplique était sortit comme une évidence de la bouche de ce dernier. Non, Heath n'avait pas comprit et il ne comprendrait peut-être jamais. Il estimait qu'il n'avait pas le droit de vivre quelque chose de la sorte et que les gens devaient se tenir aussi loin que possible de lui. « Non, je ne l'ai pas compris et je pense que jamais je n'y arriverai. » Sa voix était tranchante, un peu trop. Il ne voulait pas lui répondre de la sorte. « Désolé, j'suis qu'un con. » Encore et toujours ces mots. De sa bouche, ils sortaient comme une excuse. Une excuse d'être né. D'être qui il était. De lui faire subir ses sautes d'humeur. Ses souffrances. Ses bonheurs. Sa rage. Sa haine. Son amour. Désolé de ne pas être l'homme qu'il méritait. Iago l'avait ensuite emmené jusqu'à une autre pièce où ils pourraient éviter de réveiller sa nièce et où ils pourraient être tranquilles si jamais ils le faisaient. Ce dernier entreprit de désinfecter les multiples trous qui ornaient les bras d'Heathcliff. Il ne se sentait pas bien de le laisser faire ça mais ce n'était pas comme s'il avait le choix. L'ATOM ne lui en donnait pas. Ou très peu. Et lui ne se voyait pas partir après être venu comme un idiot. Il n'était pas venu pour se faire soigner mais il savait que son amant ne le laisserait pas partir sans en avoir fini. Sentant ses pouces passer sur son visage pour effacer ses larmes qui coulaient doucement le long de ses joues, il se sentit presque aussi détendu qu'après le baiser qui suivit. Il aimait ces petits moments de tendresse et de douceur. Lorsque Carpenter lui demanda s'il avait mangé, ce à quoi il répondit avec une note d'ironie qui n'avait rien avoir avec l'Enfer qu'il était en train de passer. « Je fais d'excellente lasagne, je te ferais dire ! Tu les as ratés la dernière fois, à croire que mon corps te tentait plus... » Il haussa les épaules et décida de continuer à essayer tant bien que mal à détendre l'atmosphère, sans pourtant être d'humeur à le faire. « C'est toi qui m'a embarqué dans ton lit, j'te rappelle. » Après sa phrase, il se colla à son amant et lui avoua qu'il n'avait pas arrêté de penser à lui. « Moi aussi. » C'était fou à quel point deux petits mots pouvaient rassurer. Néanmoins, ils ne l’empêchèrent pas de fondre en larmes dans ses bras.

Le CAHO ne parlait que très rarement de son père et quand il le faisait, ça n'annonçait rien de bon. Le défunt était encore un sujet très délicat pour lui. Il n'était que le démon de sa vie. Il le détruisait encore même mort. Heathcliff entendait encore et toujours les phrases abjectes qu'il osait lui sortir alors qu'il n'était encore qu'un gamin. Qu'importe ce qu'il faisait, oublier n'était pas une possibilité. Pourtant il s'efforçait de le faire. Chaque jour de sa vie était un nouveau combat contre le souvenir de son paternel. Iago ne savait que très peu de chose sur son enfance et aux yeux de Dwight, il en savait déjà assez. Savoir qu'il avait eu une enfance douloureuse était la seule chose à retenir. S'attarder dans les détails étaient inutiles. S'attarder sur la vie de l'homme éait tout ce qu'il y avait de plus inutile. Pourtant, il se mit à parler de lui comme si ça pouvait lui importe à cet instant précis. Il avait besoin d'évacuer ce qu'il avait sur le cœur. Il avait besoin de parler de lui, sinon il allait se noyer complètement et cette fois serait la fin. Il n'avait pas dix vies ici, il n'en avait qu'une et elle lui glissait entre les doigts plus son mépris de lui-même s'agrandissait. Heathcliff lui parla de ce jour qu'il n'oubliera probablement jamais. Il s'en rappelait comme si cela s'était passé quelques heures plus tôt. Les cris de son père, la bouteille qui se fracassa contre la table et le corps bien trop musclé sur lui pour qu'il ne puisse faire quoique ce soit. Il se rappelait du rapide regard qu'il avait jeté à sa mère. Un regard de détresse remplit de ses larmes. Elle avait détourné les yeux et avait continué de manger comme si de rien n'était. Voir son mari prêt à tuer son fils ne lui faisait rien. C'est probablement pour ça que sa mort ne lui avait strictement rien fait. Terminant sa confession par un rire, l'ATOM posa ses mains sur ses hanches et le colla à lui. Ce contact arracha un sourire presque invisible malgré que les larmes ne s'arrêtaient pas. Front contre front, Iago prit la parole. « Heath, je ne sais pas ce qu'on est, mais je sais que ça fait pas de toi une pédale. Ce mot ne veut dire en plus, c'est débile. Abraham l'aurait utilisé pourtant, à mon encontre s'il avait su que ma mère m'éduquait pour que j'écoute mes sentiments sans m'arrêter sur le genre de la personne. J'men fou aujourd'hui. C'est du passé. Il est pas là pour me le dire, le tiens non plus. Tu n'es pas dérangé, tu as juste dû te battre plus que les autres pour survivre et c'est pour cela que tu es plus fort que je ne le serais jamais. C'est pour ça que tu réussiras toujours plus que les autres. » Ses paroles se voulaient réconfortantes et elles l'étaient. Les doigts de son amant se glissèrent sous son t-shirt et il commença à les caresser arrachant un frisson incontrôlable au CAHO. « Je ne savais pas cette histoire, et même si c'est inutile, je suis désolé. » Heath passa une main sur son visage pour essuyer ses larmes avant d'ouvrir la bouche pour parler. « C'est pas d'ta faute. T'y peux rien. » A peine avait-il terminé sa phrase que Iago commençait déjà à embrasser chaque parcelle de son visage. « T'inquiète pas pour Louise, ce qui compte là, maintenant, c'est toi. Rien que toi. » Ses sanglots s'étaient arrêtés. Son amant s'éloigna un peu pour le regarder, un sourire en coin ornant son visage. « J'suis là maintenant, ça va aller, on va se battre ensemble. T'es plus tout seul pour porter tout ça. Tu te souviens ? J'suis dans la même merde que toi maintenant. » Oh oui qu'il le savait. Il le savait mieux que quiconque. Il le savait parce que c'était lui qui avait mené Iago à cette merde. A sa pauvre vie. A ses pauvres souvenirs. « Et puis... Ces cicatrices ont une histoire, mais elles te rendent incroyablement plus sexy aussi... » Heathcliff embrassa la mâchoire de son amant avant de se recoller à lui. « Ton visage fracassé te rend pas trop mal non plus. » Collant sa bouche à son oreille, il chuchota: « Merci. » Il était à deux doigts de coller une nouvelle fois ses lèvres contre les siennes comme il se rappela qu'il venait de vomir. « T'as pas une brosse à dent à m'passer où j'sais pas? J'me sens dégueulasse là. »

Jamais il n'aurait dû s'attacher à lui, jamais il n'aurait dû faire cette lourde erreur ! Il l'aimait, bien trop pour que cela soit sain et viable ! Iago le regardait amoureusement pourtant, parce qu'il ne savait pas quoi faire d'autres. Il avait voulu cela, il l'avait voulu lui. Pas un autre. Heath pourrait dire ce qu'il voulait, lui cracher dessus, le frapper : il ne pouvait pas changer ces sentiments qui étaient devenus viscérales. Il le voulait et s'il ne pouvait pas l'avoir alors personne ne l'aurait. Oui. Il était prêt à le rayer de la circulation si jamais il apprenait qu'il voyait sérieusement une autre personne... Surtout un autre homme. Oh cela était idiot n'est-ce pas de penser une telle chose ? Iago n'avait jamais vu Heath avec autre chose qu'une femme à son bras, mais le destin pouvait vicieux et cruel. Il pouvait tout détruire en quelques secondes. Un claquement de doigts et plus rien n'avait de sens. C'était bien la peur qu'il se détourne de lui, pour il ne serait quelle raison, qui lui faisait peur. Il ravalait pourtant toutes ces idées, après tout, il était en face de lui non ? Dans ses toilettes, en train de vomir, mais au moins il était à ses côtés et cela valait tout l'or du monde à ses yeux. C'est pour cela qu'il lui affirmait qu'il serait toujours là. Il ne bougerait pas. Iago serait toujours là pour lui tendre un verre d'eau, désinfecter des plaies, soigner ses maux même invisible. Dwight répondit froidement, avec agressivité et le boxeur dû se retenir pour ne pas lui envoyer son poing dans la gueule. Ouais. Sur ce coup-là, il était con. Jamais il ne l'avait abandonné, jamais il ne lui avait claqué la porte au nez comme il avait pu lui faire. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, il décida de ne pas répondre et de l'emmener plus à l'écart pour tenter d'analyser le vrai fond du problème.
Face à l'étendue des dégâts sur ses bras, Iago prit le temps de nettoyer ces marques. Il savait qu'Heath se piquait, mais pas autant. Il ne pouvait pas juger. Lui se noyait dans les entraînements, son coéquipier dans la drogue et l'alcool. Ils avaient chacun leur façon d'affronter la réalité, leur réalité, leur quotidien. Effaçant des larmes sur ses joues, il eut un sourire en coin et lui offrit son soutien inconditionnel. Il ne savait pas quoi faire d'autres, il se sentait impuissant. Alors, il l'embrassa, pour tenter de lui rappeler qu'il n'était pas avec n'importe qui. Que l'ATOM ne l'avait jamais sciemment fait souffrir ou bien laisser de côté. Il était là. Tout simplement. Le ton humoristique d'Heath sonnait faux, tellement faux... Blâmant presque Iago de l'avoir forcé à sauter le pas.

« Que cela soit toi, ou moi, on l'aurait fait tôt ou tard... » Chuchota-t-il à son égard avec un sourire malicieux : « J'veux bien être le responsable de cette histoire si cela te chante. »

Iago était comme ça. Il l'avait toujours été. Il aimait blaguer, taquiné la personne en face de lui. Surtout quand cette dernière était dans cet état. Le serrant contre lui, le boxeur ne mit pas de temps à également confesser sa sensation de manque qui n'avait fait que s'accentuer au fil des jours. Ils ne pouvaient décidément pas rester loin de l'un et de l'autre trop longtemps. Il avait choisi la mauvaise personne pour se lier de la sorte. Ce n'est pas pour autant qu'il regrettait ou bien qu'il changerait son choix. Sa main dans ses cheveux, il embrassa ces derniers et resserra son emprise sur son corps musclé. Lorsqu'Heath se dégagea et commença à parler de son père : Iago savait que cela sentait mauvais. Grattant sa mâchoire, il écoutait attentivement ce que le CAHO avait à lui dire. L'ATOM se sentait impuissant, cela le rendait malade d'entendre ce souvenir. Il en voulait au géniteur de Dwight, d'avoir condamné son fils de la sorte ! Les parents définissaient bel et bien le destin de leurs enfants. Aurait-il été différent s'il avait détesté son père ? S'il n'avait pas eut autant de respect pour lui, assez tout du moins, pour passer sa vie à le venger ? L'écoutant jusqu'à la fin, ne perdant pas une miette de ce souvenir terrible, il se releva pour s'approcher de lui et pouvoir ainsi coller son front au siens. Il ne savait pas quoi dire. Il avait peur de ne pas utiliser les bons mots, d'être trop maladroit. Iago n'était pas un homme de lettres, il agissait plus qu'il ne parlait. Alors, de la façon la plus maladroite qu'il soit, il lui répondit. Doucement, tendrement, avec amour pour le rassurer. Pour le convaincre par Odin que merde, il n'était plus tout seul. Que tout ceci appartenait au passé et qu'il pouvait lui offrir un présent plus heureux. Certes, toujours teinté de sang, remplis de corps et avec la mort non loin, mais en dehors de cela, il pouvait faire en sorte d'avoir des moments avec lui. Pour lui redonner l'espoir, l'envie, lui montrer qu'il y avait autre chose que la souffrance et l'amertume d'une enfance bafouée. S'excusant comme un idiot pour des faits dont il était innocent, une risette sur son visage traduisait sa gêne d'avoir dit cela. Il le rendait impotent, il ne se contrôlait pas réellement quand il était à ses côtés. Alors, au lieu de dire d'autres conneries, il entreprit d'embrasser son visage et de lui assurer que Louise ne se réveillerait pas. C'était son côté surproducteur qui parlait. Dans les faits, le petit ange qui dormait dans la pièce d'à côté avait le sommeil aussi profond que sa mère ! Fermant les yeux en sentant les lèvres de son amant sur sa peau, il eut un sourire en coin :

« Quand tu veux. »

Face à la question d'Heath, il se mit à sourire puis à rire avant de chercher dans un des tiroirs du meuble pour y sortir une brosse à dent, neuve.

« Fais comme chez-toi. »

Tendrement, il embrassa son front avant de sortir de la salle de bains pour sortir un paquet de cigarettes. Collant un cancer en bâton entre ses lèvres, il se dirigeait déjà à la fenêtre pour l'ouvrir. Puis il l'alluma le cancer entre ses mains et tira longuement dessus tout en révulsant sa tête. Quelle soirée et elle ne savait que commencer. Bloquant l'instrument de la mort entre ses lèvres, il commença à masser ses mains. Longuement, parce qu'il faisait toujours ça quand il devait parler.

« J'ai trouvé le deuxième mec qui m'a tiré dessus il y a 21 ans cela. Je l'ai fait parler. Avant-hier. Ce n'était pas beau à voir, je ne l'ai pas encore achevé. Je le ferais demain. Je veux lui laisser une dernière chance pour me dire qui à balancer Abraham. Je veux en finir, je veux me venger, faire tomber les Calabrese et mettre tout ça de côté ou bien mourir en paix... Je ne sais pas encore. »

Posant son regard sur Heath, il attrapa sa cigarette pour expirer la fumer :

« Je pense que ça va dépendre de ce qu'on compte faire. Nous deux... C'est bon, c'est extra, magique et j'veux pas que ça s'arrête. J'étais sérieux, on ne peut plus sérieux quand je te disais que j'étais à tes côtés. Je ne te lâcherais jamais. Parce que je t'aime bien trop pour faire une telle chose et que je me tuerais si je faisais autre chose que t'aimer. »

Il eut un sourire en coin, un rictus moqueur :

« Et me voilà à rejouer la midinette de service. »

Soupira-t-il en reprenant le massage de ses mains encore abimées.

Son corps contre celui de Iago, il se laissait complètement aller à cette douceur qu'il ne vivait qu'avec lui. Il ne se sentait pas apte à faire autre chose que de rester dans ses bras. Au moins, les voix s'arrêtaient et il arrivait à reprendre pied. Il se sentait en sécurité. Il savait se défendre, mais le fait de sentir les bras de son amant s'enrouler autour de son corps lui donnait une impression d'être dans une bulle que personne ne pouvait percer. C'était l'effet qu'il lui faisait. Il le berçait d'illusions. Heathcliff se retrouvait dans un monde où l'Enfer n'était qu'une option. Un monde où tout le monde avait le droite de vivre au Paradis. Ses multiples baisers lui faisaient le même effet. Il en était fou. Autant qu'il était fou de son corps. De sa présence. De ses paroles. C'était l'amour fou. L'amour incontrôlable. L'amour passionnel. L'amour qui rend fou. Qui détruit. Qui dévore. Qui force à faire des choses dont on n'aurait jamais pensé. Son amant lui faisait ressentir toutes ces choses aussi terribles les unes que les autres et il arrivait seulement à les assumer. A les accepter. A accepter qu'il était bel et bien constitué d'un cœur lui aussi. Après s'être confié, la seule chose dont il avait besoin était des bras de Carpenter. Il pouvait dire qu'il voulait mais la vérité était là. Son excuse lui tordit le cœur. Ça le rendait mal, encore plus qu'il ne l'était. C'était de sa faute s'il pensait qu'il en était responsable. C'était de sa faute parce qu'il s'était laissé submerger par ses sentiments et l'alcool ne l'avait pas aidé du tout. Au contraire, même. Le mélange alcool/drogue ne faisait jamais bon ménage et encore moins chez Heath. Ça avait le don de faire revenir les plus douloureux souvenirs de sa vie à la surface. Pourtant il continuait parce qu'il était comme ça. Parce qu'il aimait se faire souffrir pour la simple et bonne raison qu'à ses yeux, il n'avait aucun autre choix. Qu'il le méritait plus que raison. Surtout qu'après de Iago, il avait toutes les raisons de se tourmenter. Il n'était qu'un menteur. Sa vie n'était qu'un mensonge. Le CAHO osait regarder son coéquipier alors qu'il était la raison de son malheur. C'était lui qui avait enclenché la bombe et il allait en payer le prix fort. Seulement, il espérait que le temps serait long avant que ça n'arrive. Après un baiser sur la mâchoire de son amant, il le remercia. Il ne disait que très rarement merci mais quand il le faisait, c'était qu'il le pensait plus que jamais. « Quand tu veux. » Ses lèvres étaient prêtes à se recoller à celle de son ami avant qu'il ne se rappelle qu'il venait de vomir. Heath se sentait sale. Ça rajoutait une couche de plus à la honte qu'il ressentait. Il demanda à l'ATOM s'il n'avait une brosse à dent. « Fais comme chez-toi. » La situation paraissait tellement comme une situation de couple. Étrangement, il n'en avait plus peur. Il était presque apaisé et serein. Heathcliff attrapa la brosse à dent et hocha la tête en guise de remerciement. Sentant les lèvres de Iago sur son front, il se mit à sourire. Quand il fut sortir, il se brossa les dents tout en se regardant dans le miroir. Il ne se reconnaissait pas. Il avait une tête fatiguée. Une tête de faible. C'était peut-être ce qu'il était.

Après avoir terminé de se les brosser et de mouiller son visage, il sortit de la salle de bain à son tour. Ses yeux se posèrent sur le corps de de l'ATOM qui se trouvait à la fenêtre. Il avait remarqué qu'il fumait de plus en plus. Encore une conséquence de leur rapprochement intime. Heath entraînait tout le monde avec lui sur la pente de la mort. Il n'y pouvait rien. Tous les gens qu'il touchait mourait rapidement. A son tour, il attrapa une cigarette du paquet et l'alluma avant de tirer une longue taffe alors qu'il s'était installé au côté de son amant. Le CAHO sentait que ce qui allait fuir n'allait pas lui plaire et il faisait bien de le penser. « J'ai trouvé le deuxième mec qui m'a tiré dessus il y a 21 ans cela. Je l'ai fait parler. Avant-hier. Ce n'était pas beau à voir, je ne l'ai pas encore achevé. Je le ferais demain. Je veux lui laisser une dernière chance pour me dire qui à balancer Abraham. Je veux en finir, je veux me venger, faire tomber les Calabrese et mettre tout ça de côté ou bien mourir en paix... Je ne sais pas encore. » Heathcliff se mit à tousser comme si il allait s'étouffer. Un signe de sa culpabilité. « Excuses.. Excuses-moi » Se mit-il à parler tout en continuant de tousser. Le piège retombait sur lui. Il était foutu. La culpabilité reprenait encore possession de son corps. Ça lui faisait un mal de chien. Il n'avait pas écouter la fin des paroles de son amant. Il s'était arrêté au prénom d'Abraham. Après qu'il ait terminé de presque dégueuler ses poumons, il laissa Iago continuer. « Je pense que ça va dépendre de ce qu'on compte faire. Nous deux... C'est bon, c'est extra, magique et j'veux pas que ça s'arrête. J'étais sérieux, on ne peut plus sérieux quand je te disais que j'étais à tes côtés. Je ne te lâcherais jamais. Parce que je t'aime bien trop pour faire une telle chose et que je me tuerais si je faisais autre chose que t'aimer. » C'est à ce moment-là qu'il reprit ses esprits. Ses yeux rencontrèrent ceux de l'ATOM et il serra les dents aussi forts qu'il pouvait. « Et me voilà à rejouer la midinette de service. » Heathcliff ne lâchait pas l'homme du regard. Il se sentait trahit. Pour une raison ou pour une autre. « Tu t'fous d'ma gueule, pas vrai? Tu m'dis que tu m'lâcheras jamais puis t'envisages la mort. » Tirant une nouvelle fois sur sa clope, il passa une main dans ses cheveux. « Parce que ouais, Iago, t'envisages la mort sans vraiment t'en rendre compte. Si les Calabrese l'apprennent, t'es fini. Mort. KO. On est pas dans le DARWIN'S GAME, ici. T'es pas un putain d'joueur avec dix vies. Ici, t'en as qu'une seule. » Le CAHO ferma les yeux d'exaspération. De tristesse. De colère. Contre Iago et contre lui-même. « Qu'est-ce que venger ton père va t'apporter, hein? On en a déjà parlé des millions de fois, putain! Qu'est-ce que ça va t'apporter de savoir qui l'a balancé? Il est mort, Iago. Faut qu'tu l'laisses partir une bonne fois pour toute. Fais comme tu m'as dis. Pars. Laisses moi complètement seul. J'peux survivre, mais toi.. Toi, t'es pas fais pour cette vie et on le sait pertinemment tous les deux. Il faut qu'tu t'casses avec ta famille le plus vite possible.»

L'ATOM serrait le CAHO dans ses bras. Il ne pouvait pas le laisser partir, il ne le pouvait pas, ne le voudrait jamais. Plus il y pensait, plus cela semblait réalisable, partir avec lui et vivre une vie heureuse. Ils pouvaient le faire. S'ils le voulaient vraiment. Si Heath était prêt à le suivre. Là où les vents les porteraient. Choisir un pays ou bien même un autre état pour ne pas changer de continent. Refaire une vie en laissant les fantômes et les morts à Chicago. Iago avait réellement envie de cette vie. Une existence sans souffrance, un quotidien gorgée d'amours et de moments de complicité. Ils n'auraient plus à se cacher, plus à nier l'évidence. L'un ne pouvait évoluer sans l'autre. Iago y croyait. Dur comme fer. C'était là le vrai fond du problème. Cette dépendance était toute sauf saine, elle les détruirait. Il savait que jamais Heath ne voudrait de cette vie. Le rôle du mafieux lui allait comme un gant. Il était le plus fort du duo. Il l'avait toujours été et le serait probablement toujours. L'ATOM l'acceptait. Cela ne le dérangeait pas.
En cet instant. Iago aurait pu fermer sa gueule, l'inviter à le rejoindre dans le lit et s'endormir dans ses bras doucement. Au lieu de cela, il avait parlé du sujet qui fâche. Il fallait croire qu'ils ne pouvaient pas être heureux, qu'ils devaient toujours à un moment brisé ce qu'ils créaient. Pour une fois, ce n'était pas Heath qui faisait piétinait tout, juste Iago qui avait besoin de partager sa découverte de la semaine. Il l'avait trouvé ce mec qui lui avait tiré dessus, qui avait condamné l'adolescent qu'il était à se battre contre la vie même pour obtenir gain de cause. Il allait l'achever, le tuer, lui mettre une balle dans la tête et montrer ainsi qu'il pouvait être miséricordieux. Après... Il y avait-il un après ? Il ne le savait même plus. Quand vous faites de la vengeance, votre seule raison de vivre : vous vous brûlez les ailes. Vous brûlez votre vie. Vous perdez la raison. Heath lui avait donné une cause pour sortir de tout ça.
Sa réaction le surprit... Il pensait qu'il serait heureux de savoir qu'il était sur le point de venger son père, son mentor, celui qu'il l'avait toujours considéré comme un fils. C'est ce que Iago avait compris tout du moins. À un tel point qu'il avait même été jaloux de la présence du CAHO au côté de son père. Ce dernier le voyait plus que lui. Sa réaction commença par des quintes de toux qu'il tentait de réprimander. Les sourcils froncés, Iago le regardait avant de continuer. Il ne pouvait pas s'arrêter en si bon chemin. Et puis, il devait parler, il devait tenter d'expliquer ce qui se passait dans sa tête de boxeur. Peut-être qu'il s'était pris trop de coups pour être lucide. Que ces neurones ne voulaient plus faire de connexion logique. Aller savoir ! Le regard qui lui lança voulait tout dire. Ces yeux, il savait ce qu'il transmettait comme message. Heath était déçu, le détestait à nouveau. Soit... S'il le détestait pour avoir parlé avec son cœur eh bien qu'il le maudisse. Il ne pouvait pas lui reprocher d'être sincère n'est-ce pas ? Si, il le pouvait, il en avait même tous les droits parce que l'ATOM venait de tout détruire. Heath avait le don de le faire sentir con, oui, ses paroles n'avaient aucun sens. Parce que pour lui, après la vengeance, il n'y avait rien. Envisager un futur était une chose nouvelle, qui lui plaisait. Énormément. Dwight lui avait montré une voix, un nouveau chemin. Autre que celui de la mort. Kerrigan avait parfait ce dessin avant que le CAHO ne l'achève d'un main de maître.

Bien sûr que si, si les Calabrese savaient son plan, il le mettrait à mort et pas de la plus douce des façons. C'était une évidence que même un aveugle pourrait voir, pressentir. Il le savait. Iago l'acceptait, avait embrassé cette éventualité à l'instant où il était rentré dans les forces de l'ordres.

« Heath... » Chuchotait-il avant d'écraser sa cigarette pour s'approcher de lui. « Je ne sais pas, d'accord ? Je n'en ai aucune idée de ce que cela va m'apporter. Je sais juste que je dois le faire. J'ai construit toute ma vie sur ça, ne pas mener à bien cela viendrait à faillir à l'adolescent que j'étais quand tu m'as trouvé. Oui. Abraham n'a rien fait pour moi. Il m'a juste inculpé des valeurs, des phrases préconçues qui ne peuvent pas sortir de ma tête et que je mets tous les jours à l'épreuve. J'aurais dû vivre. Je ne l'ai pas fait et après il était trop tard. Je ne pouvais pas faire marche arrière. »

Son bras se leva, il voulut poser sa main sur son épaule, mais se ravisa au dernier moment pour aller s'asseoir au pied du lit. S'allongeant, il regardait maintenant le plafond et ses quelques fissures naissantes :

« Je sais que je n'ai pas dix vies. Je le sais très bien. Je sais aussi que je ne pourrais pas survivre aux Calabrese. Pourtant, je reste. Parce que sans toi je me sens perdu. Aussi con que cela peut te paraître, c'est comme ça et … et... merde ! Tu me connais ! Je ne peux pas te laisser ! Je ne peux pas ! Je ne le veux pas ! Je te l'ai déjà dit quand nous étions plus jeunes que tu étais mon phare, celui qui m'empêchait de devenir dingue. Tu es le garde-fou ! »

De rage, il avait relevé sa tête et regardait maintenant Heath. Passant nerveusement sa main sur son visage, un long soupir passa ses lèvres :

« Je vais envoyer les filles loin de Chicago, mais il est hors de question que je parte. » Étirant son bras, il attrapa délicatement la main d'Heath, il ne savait pas s'il allait le repousser : « Puis, tu ne trouveras pas un coéquipier aussi bon que moi avec un sourire aussi ravageur. »

De nouveau, il ironisait, pour détendre l'atmosphère, parce qu'il ne voulait plus parler de ça. Ses deux mains attrapèrent les passants de son jeans pour l'attirer à lui. Il ne lui donnait pas le choix. Levant sa tête, il plongea son regard dans le sien :

« Avoue que tu as envie de me frapper là maintenant tout de suite ? Je le vois bien... Te gêne pas. »

Les paroles de son amant ne lui apportaient aucune satisfaction. Il faisait son choix. Il faisait le choix de l'abandonner sans l'avouer directement. Sa vengeance contre les Calabrese allait le mener à sa mort certaine et plus il s'approchait du but, plus Heathcliff se rendait compte qu'il allait le perdre. Pour de bon. Pas juste le perdre après une dispute et le retrouver ensuite, non. Il n'allait jamais le retrouver. C'était bien la différence entre ce monde et celui du DARWIN'S GAME. Il n'avait pas de seconde chance. De seconde vie. Leur vie était unique et ne tenait qu'à un fil. Le CAHO savait pertinemment que le jour où ils allaient mourir viendrait vite mais pas vite à ce point. Parce qu'une chose était sûre: si Iago mourait, Heathcliff le suivrait plus rapidement que son ombre. Il était la seule source de bonheur de sa misérable vie et sans lui, ce n'était pas envisageable. L'homme avait enfin trouvé une raison de se lever le matin. De vivre une bonne fois pour toute. Pourtant, cette raison lui échappait. Elle passait entre ses doigts pour filer le plus loin possible. Le pire était qu'il ne pouvait rien y faire. L'ATOM était aveuglé par cette soif de vengeance qui allait le mener à la mort. Il était aveuglé par la rage contre les Calabrese, les bourreaux de son père mais plus particulièrement contre Heathcliff, sans le savoir. Il voulait sa mort et il allait l'avoir. S'il apprenait que c'était lui qui avait osé balancer son père alors il allait donner son dernier souffle de la main de son coéquipier. Dans ce monde comme dans l'autre. Ça le brisait un peu plus qu'il ne l'était déjà. Plus il passait de temps avec Iago, plus il s'en voulait de l'avoir fait. La vérité était qu'il n'avait pas réfléchit. Il avait été aveuglé par la haine et la souffrance. Tout son être se sentait trahit par l'homme qu'il avait considéré comme un père. Comme son père.

Lorsque son ami se mit à parler de sa vengeance, il cru qu'il allait s'étouffer. Il savait qu'il n'aurait pas dû réagir de cette manière mais l'alcool et la drogue, qui circulaient encore dans son sang, ne le faisaient pas penser clairement. C'était comme écrire sur son front qu'il était coupable. Il fit ce qu'il pouvait pour arriver à calmer ses toussotements. Le regard que lança Heath à son amant n'annonçait rien de bon. Il était en colère et contenait tant bien que mal sa rage. Il ne savait pas très bien s'il l'était contre lui ou contre l'homme qui était à ses côtés. Au fond, il avait peur. Il avait peur qu'il l'apprenne et qu'il le haïsse. Quand il ouvrit la bouche, ses paroles n'étaient que du venin. Du venin pour exprimer sa haine. Sa déception. Sa rage. Depuis quelques temps, il essayait d'utiliser sa voix plus que ses poings. Surtout avec Iago. « Heath... » « Il n'y a pas de Heath qui tienne, putain! » Alors qu'il le voyait s'approcher, tout son être voulait se décaler mais il n'y arriva pas. C'était sa faiblesse. « Je ne sais pas, d'accord ? Je n'en ai aucune idée de ce que cela va m'apporter. Je sais juste que je dois le faire. J'ai construit toute ma vie sur ça, ne pas mener à bien cela viendrait à faillir à l'adolescent que j'étais quand tu m'as trouvé. Oui. Abraham n'a rien fait pour moi. Il m'a juste inculpé des valeurs, des phrases préconçues qui ne peuvent pas sortir de ma tête et que je mets tous les jours à l'épreuve. J'aurais dû vivre. Je ne l'ai pas fait et après il était trop tard. Je ne pouvais pas faire marche arrière. » Heathcliff le comprenait que trop bien et c'était ça qui faisait le plus mal. Il ne pouvait rien dire d'autre. Rien dire pour lui demander de faire marche arrière. L'ATOM était déjà allé trop loin pour s'arrêter en si bon chemin. C'est pour ça qu'aucun son ne sortit de sa bouche. Que pouvait-il ajouter d'autre à ce qu'il lui avait déjà dit? Rien. Strictement rien. Au lieu de dire quoique ce soit, il se mit à serrer les poings aussi forts qu'il pouvait après avoir écrasé sa cigarette. Ses yeux ne quittaient pas les mouvements de son amant, pourtant il ne fit aucun pas pour se rapprocher de lui et s'allonger à ses côtés. Pas comme la dernière fois. « Je sais que je n'ai pas dix vies. Je le sais très bien. Je sais aussi que je ne pourrais pas survivre aux Calabrese. Pourtant, je reste. Parce que sans toi je me sens perdu. Aussi con que cela peut te paraître, c'est comme ça et … et... merde ! Tu me connais ! Je ne peux pas te laisser ! Je ne peux pas ! Je ne le veux pas ! Je te l'ai déjà dit quand nous étions plus jeunes que tu étais mon phare, celui qui m'empêchait de devenir dingue. Tu es le garde-fou ! » Iago avait cette façon de le faire se sentir mal. Il connaissait ses points faibles plus que n'importe qui et Heath se demandait s'il n'en profitait pas, parfois. Pour pas changer, son cœur manqua un battement. Il était décidément trop faible quand il était à ses côtés. Ses iris ne quittaient pas celles de son amant. « Je vais envoyer les filles loin de Chicago, mais il est hors de question que je parte. » Un soupir d'exaspération s'échappa d'entre les lèvres du CAHO. Alors que la main de son ami attrapa la sienne, il la retira avec précipitation. Il n'allait pas l'avoir comme ça. « Puis, tu ne trouveras pas un coéquipier aussi bon que moi avec un sourire aussi ravageur. » Putain. A cette remarque, il résista contre l'envie de sourire mais il arriva à se retenir. Ce n'était pas le moment de flancher. « Si tu continues dans cette voie, il n'y aura bientôt plus de sourire ravageur puisque tu seras mort. Complètement. » La vérité était dure à exprimer. A avouer. Ça faisait un mal de chien. Ça le détruisait. Iago se remit sur le bord du lit pour pouvoir attraper les passants du jean d'Heath pour l'attirer vers lui. La respiration du CAHO se coupa. Il n'avait pas le droit. « Avoue que tu as envie de me frapper là maintenant tout de suite ? Je le vois bien... Te gêne pas. » Posant ses mains sur celles de son amant, il entreprit de les retirer pour les poser sur ses genoux. « Tu m'auras pas comme ça. C'est pas parce que j'suis dans un état pitoyable et qu'on l'a déjà fait que j'vais t'laisser m'avoir comme ça. Notre couple s'base pas que sur le sexe et quand il faut parler, on parle. Tu vas pas m'faire taire en plongeant ta main dans mon boxer. » Heathcliff se gratta la nuque. « J'te dis pas que ce serait pas agréable, mais.. Mais non. Ce soir, tu vas m'écouter et tu vas fermer ta gueule jusqu'à c'que j'finisse de parler. » Se décalant, il alla chercher une nouvelle cigarette et l'alluma avant de replonger son regard dans celui de son amant. « J'te laisse pas dix mille choix. D'ailleurs, t'as qu'une option. Tu t'barres avec ta famille. » Voyant que l'ATOM était prêt à le couper, il lui envoya un regard noir. « Tu t'barres et tu reviens jamais. Iago, j'rigole pas. J'suis sérieux. Si tu t'barres pas par toi-même, c'est moi qui t'botterai l'cul jusqu'à que tu sois dans un autre état ou un autre pays. J'en ai pas grand chose à foutre d'où tu seras tant que t'es loin d'ici. J't'aime et c'est bien pour ça que j'te veux plus là. » Il reprit son souffle et ferma les yeux se sentant prêt à se laisser aller une nouvelle fois dans les sanglots impossibles à contrôler. « Les Calabrese, Chicago, moi. On est qu'une mauvaise passe de ta vie. Tu trouveras un équilibre et surtout, tu trouveras quelqu'un d'mieux qu'moi. Une femme ou un homme, j'en ai pas grand chose à foutre mais tu trouveras quelqu'un. En plus, tu seras avec ta famille. C'est l'plus important. Laisses ta vengeance et tout l'reste derrière toi. T'es assez fort pour l'faire mais t'es juste trop con pour t'en rendre compte. » Il se rapprocha de lui et posa sa main sur son torse avant de rapprocher son visage du sien et de l'embrasser dans un instant de désespoir. Se décalant une nouvelle fois, il le regarda dans les yeux. « Tu vas l'faire sinon ouais, mon poing va finir dans ta putain d'gueule d'ange. C'est c'qu'aurait voulu Abra.. » Son prénom était douloureux à dire pour le CAHO. « C'est c'qu'aurait voulu ton père. Il aurait pas voulu qu'tu crèves pour le venger. »

Contradictions et déchéances.
Iago ne savait plus s'il voulait vivre ou bien partir en paix. Mettre à termes à ses cauchemars nés dans les entrailles de ses actes. Le boxeur n'était pas un saint, il ne l'avait jamais été, ne le serait probablement jamais. Il avait accepté depuis longtemps cette idée. Le fait est que de toute façon, il fallait savoir se salir les mains pour arriver au but ultime, à savoir : la vengeance ! C'était bel et bien le désir de détruire tout ceux qui avaient mis un terme à sa vie paisible qui prônaient sur la raison. N'importe qui, un peu sain d'esprit, aurait rapidement compris qu'en effet, l'ATOM n'avait pas la carrure pour ce travail. Il jouait très bien le jeu, personne ne pouvait à instant se douter de sa sensibilité, mais il commençait à être las et la moindre faille reviendrait à faire couler le navire avec sa famille dessus. Alors, il devait être fort. Étrangement, depuis qu'Heath et lui étaient devenus si complices, le boxeur avait remarqué son changement de comportement. Il était bien plus à même de faire les pires tâches, parce que le CAHO était là. Le soutenait, par sa présence, par des œillades complices. Il réveillait chez Iago ce côté malsain, sadique qui n'avait sa place que dans le monde des Calabrese. Une fois chez lui, avec sa famille, il redevenait une personne douce et gentille : protecteur et bienveillant. Un contraste qui était parfois douloureux, mais nécessaire pour lui rappeler la raison de ses souffrances. Une nouvelle fois, il ne savait pas quel côté utilisé avec Heath. Iago avait peur qu'il soit déçu de cette sensibilité, il a manqué d'affection durant ces longues années. Goûter à une chose aussi agréable que ses lèvres, sentir les iris aimantes d'Heath sur sa carcasse le rendait incroyablement plus con et vulnérable. Le CAHO pouvait le torturer qu'il aimerait ça. C'était ainsi. La violence dans ses paroles, le désir de son coéquipier de rester détacher émotionnellement de la situation en refusant même qu'il prononce son nom fit soupirer longuement Iago. Il avait passé tellement de temps à se répéter ce discours qu'il l'avait sorti sans s'en rendre compte. Cela sonnait faux aujourd'hui, parce qu'Heath rentrait dans l'équation. Dès lors, le résultat ne pouvait pas être le même et il ne fallait pas être Einstein pour comprendre ça ! Le plus simplement du monde, sans s'énerver, Iago tenta de rattraper les choses en expliquant qu'il n'avait jamais pu faire marche arrière. À la seconde où il était rentré dans cet hangar pour infiltrer les Calabrese, il avait accepté d'être un larbin et de vendre son âme au diable. Maintenant assis, il voyait les poings de son amant se serrer. Avouant son plan, Iago savait que la pilule n'allait pas passer. Heath décida de briser l'humour de sa remarque, il eut un petit sourire en coin :

« Tu le savais depuis le début, je ne te l'ai jamais caché que je ne comptais pas vivre vieux. »

Voilà la seule chose qu'il pouvait lui dire. Iago avait réellement toujours été honnête. Il avait continuellement parlé de sa mort, tentant de trouver la façon la moins douloureuse de partir. Le boxeur l'avait même exprimé à son amant la dernière fois. S'il trahit les Calabrese, qu'on le trouve comme traître, alors cela sera probablement l'homme de main de confiance qui exécutera la sentence. Il allait mourir de sa main, si ce n'était pas le cas, il mourrait à cause de lui. D'étouffement, à force de nier l'évidence. S'il partait avec sa famille, il disait adieu à ce bonheur à peine trouvé. Après des années à ne pas vivre, le voilà avec une occasion de pouvoir respirer à nouveau. Il ne voulait pas la laisser partir. Il passa ses mains dans les passants de son jean pour l'attirer à lui. Changer de sujet tant bien que mal... Iago avait l'impression de le perdre et il détestait cette sensation. L'avoir devant lui, pouvoir, le toucher, pouvoir, sentir la chaleur de son corps lui permettait de se calmer, de ne pas paniquer. Rejetant ce contact, il l'écouta attentivement en maintenant son regard dans le sien, sans fléchir, parce que de toute façon même s'il le voulait, il ne pourrait pas échapper à ça. L'utilisation du mot couple fit battre un peu plus son cœur. C'était la deuxième fois qu'il prononçait ce mot et dans sa bouche cela valait tout l'or du monde. Ce fut au tour du CAHO d'exposer ses idées, de ne pas lui laisser le choix. Chaque phrase enfonçait un poignard invisible dans son cœur, brûlait ses tripes d'une colère sourde et le dégoûtait en quelque sorte. Heath avait le droit de s'autodétruire, que risquer sa vie en se piquant et en buvant plus que de raison, mais lui ne le pouvait pas en faisant des combats à morts et en ayant décidé de rester à ses côtés ? En quoi cela était-il différent ?! Son coéquipier lui avoua de nouveau qu'il aimait, que c'était pour cela qu'il devait partir et son visage se ferma définitivement sous le poids de ces paroles. Pourquoi, nom de Zeus, Heath ne voulait-il pas comprendre que Iago ne pouvait, d'une, pas vivre sans lui ; et de deux qu'ils étaient dans la même merde. En dehors de ses sentiments forts et indescriptibles pour le CAHO, le boxeur ne pouvait pas laisser son coéquipier sans lui. Sa main sur son torse le fit frissonner et il releva la tête pour pouvoir continuer de le regarder. Ses mandibules étaient serrées, contractées par ses dents qu'il faisait grincer de rage et de tristesse. Il se sentait plus con que jamais. Le baiser que lui donna son amant eu une timide réponse de sa part. Il avait un goût de désespoir, d'adieu...

« Combien de fois devrais-je te répéter que je ne veux pas quelqu'un d'autre dans ma vie ? Pourquoi tu t'obstines à me dire de te quitter ? À aller voir ailleurs ? Vivre une autre existence loin de toi ?! Je... Je ne comprends pas cette obstination. Je t'ai choisis en connaissant toutes les causes et les conséquences. Je le sais. »

Se retenant de ne pas prendre une cigarette, il se contenta de passer sa main dans ses cheveux. Il devait trouver le courage de parler, de se confier une nouvelle fois, de prendre les devants et de remettre son cœur sur plateau d'argent. Pour Heath, pour eux :

« Je compte rester à Chicago. Malgré tes protestations, malgré que tu veuilles mon départ. A toi de voir si tu veux rester à mes côtés le temps qu'il me reste, ou bien si tu veux que je m'éloigne de toi... Comme je te l'ai dit, je ne t'obligerais à rien et j'accepterais ta décision. »

Iago se leva et posa ses deux mains sur ses joues. Il continua, dieu sait ce qu'il pouvait se passer après ça.

« Tu me donnes la possibilité de vivre, d'imaginer un avenir loin de tout ça, mais c'est avec toi que je le vois, pourtant, pas sans toi ou bien avec une autre personne. Mets-toi cela dans le crâne une bonne fois pour toute ! »

Son emprise se fit un peu plus ferme, serrant le visage de son amant : il approcha le sien jusqu'à ce que quelques centimètres, seulement, sépares leur lèvre.

« Merde à la fin, qu'est-ce que tu veux que je fasse pour que tu comprennes que je t'aime, que je ne te lâcherais jamais ?! Dis-moi. »

Pourquoi était-il si mal après les confessions de son amant? Il ne savait pas très bien lui-même. Quelques semaines plus tôt, il en aurait probablement été heureux parce qu'après tout, sa motivation était de le tuer de ses mains. Son opération suicide allait le faire faire ce dont il s'était donné pour but au moment de sa monter en grade dans le clan des Calabrese. Au moment où Iago avait prit sa place. Au lieu de ça, le CAHO était à deux doigts de vomir ses tripes tellement il avait mal. Tellement il se sentait trahit. Encore une fois. Tel père, tel fils comme on dit. Iago était définitivement bien le fils d'Abraham Carpenter. Il était en train de le trahir comme son paternel l'avait fait avant lui. Il lui avait promit de jamais l'abandonner et pourtant, c'était ce qu'il était en train de lui dire. C'était ce qu'il voulait faire. Il allait partir à jamais entraînant Heathcliff dans sa chute. Mortelle. Fatale. Oui, il allait plonger avec lui parce que son amant était celui à qui il se rattrapait quand il se sentait tomber. Il n'avait rien d'autre à se rattraper et c'était là la triste vérité. « Tu le savais depuis le début, je ne te l'ai jamais caché que je ne comptais pas vivre vieux. » Il se retenait tant bien que mal de lui foutre son poing dans la gueule. Ça n'arrangerait rien, mais Dieu seul savait à quel point il en avait envie. Frapper était l'unique façon qu'il avait trouvé pour se protéger. Quand il ne le faisait pas, il souffrait encore plus que d'habitude. C'était sa façon de mettre des barrières autour de lui. De se forger une carapace d'homme qui n'avait aucune faiblesse. Ses yeux ne quittaient pas une seule seconde ceux de Iago. Ils envoyaient toute la haine qu'il pouvait ressentir à cet instant précis. La haine contre lui. Contre eux. Le sourire de son ami n'arrangeait rien à sa rage naissante. Au contraire, il lui donnait envie de le frapper encore et encore jusqu'à ce que ce sourire s'efface à jamais sur son visage. Alors qu'il l'attira vers lui, il se retira rapidement. S'il croyait qu'il l'aurait comme ça, l'ATOM pouvait se mettre le doigt dans l’œil. Heath ne cacherait pas qu'il en avait envie mais ils ne pouvaient juste pas. S'ils étaient un vrai couple, ils devaient pouvoir arriver à se parler sans avoir besoin de sexe pour se rabibocher. C'est à ce moment que le CAHO commença sa tirade incessante menaçant son amant au passage s'il osait l'interrompre. Il y mit tout son cœur, toute son âme, tout son esprit. C'était un discours qui se devait d'être dur. Qui se devait de le faire changer d'avis. Qui se devait de le faire partir avant qu'on ne le force à le tuer de ses mains. Heathcliff ne voulait plus. Ne pouvait plus. Il savait qu'on allait le forcer à finir son coéquipier. Qu'on allait le forcer à lui retirer sa vie. Il ne pourrait pas. Il en était incapable. Plus maintenant. Ses sentiments étaient trop forts. Trop intenses. Trop tout. Le tuer serait comme se tuer lui-même. Avant de finir de parler, il posa une main sur le torse de son amant et se pencha pour l'embrasser dans un élan de désespoir. C'était un baiser qui voulait dire adieu. Un dernier baiser avant qu'on ne se retrouve en Enfer. L'ATOM y répondit timidement. C'est à ce moment là qu'il se rendit compte qu'il l'avait presque achevé en parlant. C'était ce qu'il voulait. Il voulait qu'il craque et qu'il abandonne sa vie à Chicago pour partir le plus loin possible avec sa famille. Qu'il l'abandonne lui et trouve quelqu'un d'autre. Il espérait avoir fait son effet. Les paroles avaient été dures à dire mais elles valaient la peine. « Combien de fois devrais-je te répéter que je ne veux pas quelqu'un d'autre dans ma vie ? Pourquoi tu t'obstines à me dire de te quitter ? À aller voir ailleurs ? Vivre une autre existence loin de toi ?! Je... Je ne comprends pas cette obstination. Je t'ai choisis en connaissant toutes les causes et les conséquences. Je le sais. » Oh, l'amour. L'amour passionnel. Intense. Fou. L'amour qui fait faire des folies. Des erreurs. C'était douloureux. C'était intenable. Il aurait voulu s'enfuir comme à chaque fois. Il aurait dû le faire la dernière fois. Il aurait dû partir dès leur premier baiser. Partir et ne jamais revenir. Ne jamais se retrouver. Partir à jamais. Seulement, il avait été trop faible pour le faire. C'était cet amour qui l'avait fait revenir. Il avait vite comprit qu'il était coincé, piégé, même s'il n'osait pas se l'avouer. « Je compte rester à Chicago. Malgré tes protestations, malgré que tu veuilles mon départ. A toi de voir si tu veux rester à mes côtés le temps qu'il me reste, ou bien si tu veux que je m'éloigne de toi... Comme je te l'ai dit, je ne t'obligerais à rien et j'accepterais ta décision. » Heathcliff passa une main rageusement dans ses cheveux. Son amant était une putain de tête de mule. « Tu comprends jamais rien, Iago. Quand j'te parle, j'ai l'impression de parler à un mur. Est-ce que tu m'as écouté une seule seconde? » L'ATOM se leva ensuite et posa ses deux mains sur les joues du CAHO. De son adversaire dans la guerre qui faisait rage dans le DARWIN'S GAME. Il continua de parler comme si les dernières paroles de celui qui se trouvait devant lui n'avait pas atteint ses oreilles. « Tu me donnes la possibilité de vivre, d'imaginer un avenir loin de tout ça, mais c'est avec toi que je le vois, pourtant, pas sans toi ou bien avec une autre personne. Mets-toi cela dans le crâne une bonne fois pour toute ! » Heathcliff déglutit avec difficulté, ses yeux plongés dans ceux de son coéquipier, rival, ami, amant. Son visage s'approcha dangereusement du sien et le CAHO se sentit défaillir. Il n'arrivait plus à garder la tête froide, l'alcool et autres substances toujours dans son système n'arrangeaient rien. Il était encore plus émotif, instable, que d'habitude. « Merde à la fin, qu'est-ce que tu veux que je fasse pour que tu comprennes que je t'aime, que je ne te lâcherais jamais ?! Dis-moi. » Son regard quitta celui de l'homme qui venait de parler et il prit ses mains dans les siennes pour les retirer de son visage. « J'suis pas l'homme qu'il te faut et j'ai beau te l'avoir dit des milliers d'fois, j'ai l'impression que t'es putain d'sourd Iago. S'aimer ou pas n'a aucune importance dans le monde où on vit actuellement. » Se décalant du corps de son amant, il s'accouda à l'encadrement de la fenêtre pour prendre un bol d'air frais. Il inspira un grand coup, laissant l'air rentrer dans ses poumons alors que ses yeux s'habituaient doucement à l'obscurité de la rue. « Si tu m'aimais vraiment, tu ferais c'que j'te dis parce que tu sais pertinemment qu'ils vont m'demander d'te tuer et que j'pourrais pas. J'ai l'impression que c'que tu veux c'est.. » Il hésita avant de laisser la bombe sortir d'entre ses lèvres. « M'faire souffrir. » Les larmes se multiplièrent au seuil de ses yeux. « J'veux pas à avoir à t'tuer, tu comprends?! »

Iago ne comprenait pas, la situation lui échappait, glissait entre ses doigts. Il se sentait désemparé, il ne savait réellement pas qui répondre à Heath. Il avait toutes les raisons de se sentir triste et trahit. Cependant, voilà, jamais le boxeur ne lui a mentit quant à la longévité de sa vie, sur ses désirs et sur ses peurs. Il ne vivait que pour cette revanche. Dans les pires moments de son adolescence, cela était la seule chose qui lui donnait la force de continuer, qui animait le feu de sa vie. Il pouvait ainsi se lever tous les jours, prendre soin de ses sœurs et continuer sa formation de policier avant d'être enfin prêt pour rencontrer les assassins de son père. Il avait retrouvé l'un des deux tireurs, l'autre étant mort de ses propres mains dans le silence le plus complet. Il l'avait fait parler, pas assez pour avoir un nom, mais au moins Iago savait que le traître de rat était chez les Calabrese. Tapis, dans l'ombre, sans probablement se douter que le chat le cherche pour le bouffer. Heath semblait surpris de ces paroles alors qu'il n'avait fait que les répétés encore et encore. La teneur de ses sentiments n'en était pas changé, bien au contraire. C'est parce qu'il savait sa vie courte qu'il aimait aussi intensément et qu'il détestait encore plus. Il était également étonné de le voir si sentimental... Il le pensait le plus fort des deux. Ce nouveau côté donnait une nouvelle profondeur à son collègue, une qui plaisait à Iago plus que de raison et qui lui donnait envie de le serrer dans ses bras pour ne plus jamais le lâcher. Son regard dans le sien, il sentait sa haine couler dans ces derniers et assiéger d'une façon traîtresse l'esprit du malheureux boxeur qui se trouvait impotent sous ces yeux tant aimés. Leur amour allait être sacrifié sur l'autel de la vengeance. Il avait été idiot de penser qu'Heath voudrait de cette vie loin de tout, loin du gang, loin des maux du passé. Iago avait dorénavant compris qu'il n'y avait qu'un seul chemin en avant et c'était de se jeter à corps perdus dans une cause inutile. Elle était pourtant sa plus vieille amie. Elle avait marqué sa peau de quelques balles, des empreintes à jamais gravé dans son corps : lui rappelant constamment le sang sur ses mains, le regard vide de son père sur lui. Il s'entendait encore crier d'horreurs, de chagrin, de douleur comme si quelqu'un venait de lui arracher son cœur de sa poitrine. Une force invisible qui serrait son palpitant sans remords lui donnant envie de crever sur place plutôt que de vivres. Iago avait souffert ce soir-là. Plus que jamais dans toute sa vie. Son père lui avait été arraché devant les yeux. La seule chose qu'il pouvait faire pour l'honorer était d'envoyer ces enfoirés six pieds sous terre. Tous autant qu'ils étaient. La vérité était que le boxeur ne voulait pas qu'une autre famille ne soit détruite par cette famille machiavélique qui était réellement un poids pour leur société. Il les verrait tous tombés et partagerait avec plaisir leur destiné. Si tel était la volonté de la roue implacable de la vie. C'était comme au poker : où vous payez le prix, où vous abandonnez. Il n'y a pas de demi-mesure. Pas dans ce monde, pas dans DARWIN, nul part.
Le baiser, Iago n'y répondit presque pas. Lui qui était pourtant le premier à se jeter sur la moindre occasion pour ne faire qu'un avec son amant avait refusé presque cet élan de tendresse. Parce qu'il sonnait faux, presque forcé. Si Heath ne voulait pas être avec lui, qu'il le lui dise au lieu de jouer au yoyo ! Un jour, il voulait, un jour, il ne voulait plus et quand bien même le boxeur l'aimait plus que de raison : ne pas être fixé sur les sentiments du CAHO épuisait son pauvre esprit. Il avait mal, au cœur, dans ses entrailles, il avait envie de vomir et d'aller sur un ring se battre pour mettre un terme à cette souffrance sourde. Celle d'aimer trop, pas assez, d'une façon presque malsaine, possessive. Alors, il s'enflammait déjà, parce que non, il ne voulait pas le laisser ou bien partir. Il voulait rester à ses côtés pour le meilleur et pour le pire. Iago ne voulait pas l'abandonner. Il lui avait fait une promesse et il ne voulait pas la briser. Hors de question d'être un traître !

« Oui, je t'ai écouté et non, je ne te comprends pas ! Je ne te comprends absolument pas ! »

Répondit-il immédiatement lorsque Heath commençait à le prendre de haut. Iago s'énervait à son tour, ce n'était pas la solution, mais l'entêtement de son coéquipier le blessait. S'il ne voulait pas de tout cela, qu'il le dise une bonne fois pour toutes non d'un chien ! Maintenant proche de lui, son visage encercler entre ses mains qui avaient causé tant de souffrances et qui avaient peuplé les enfers, il tentait une dernière fois de lui faire comprendre le fond de ses pensées, la nature de cet entêtement qui le mènerait à sa perte. S'éloignant de lui, Iago le suivait du regard sans pour autant s'approcher de ce corps désiré. S'aimer n'a pas d'importance. De rage, il contracta ses poings pour les fermer. Il serra ses dents. Il cherchait à l'achever n'est-ce pas ? C'est alors que le couperet tomba. Il avait donc peur d'être celui qui allait l'exécuter. Faisant finalement les quelques pas qui le séparait de lui, il se mit dos au mur pour pouvoir le regarder :

« Pas si je les fait tomber avant Heath. Puis même si je n'y arrive pas, qu'ils doivent me supprimer : ils ne te prendront peut-être pas. Tu n'auras qu'n'a pas être dans le coin quand cela arrivera et tout ira bien. »

Réalisant ses paroles, il se décala pour être un peu plus proche de lui. Posant sa tête contre la sienne, il regardait le sol :

« Je comprends ce que tu veux dire, je t'entends, mais... Tu sais bien que partir ne sera pas la solution. Si ce n'est pas ici, cela sera autre part. Ils vont me traquer si je pars, tu le sais aussi bien que moi. Je veux pouvoir leur faire face. Heath... »

Chuchota-t-il, posant sa main sur sa joue, il le força à le regarder :

« Tout va bien se passer, tu m'entends, si dans le pire des cas, je devais mourir de la main des Calabrese, je ferais tout pour que tu ne sois pas le bourreau, pour que tu sois loin. J'ai été idiot de dire que je voulais mourir, plus maintenant, plus tout à fait. Je veux vivre avant et si tu le veux toujours, pourquoi pas à tes côtés. On peut avoir quelque chose, dans ce monde de chien, on peut avoir l'un et l'autre. C'est justement parce que notre monde est horrible, sanglant, remplis de cadavres que nous ne devrions pas tourner le dos à ce qui nous rends heureux. »

Pour une fois que ce n'était pas lui qui gâchait tout, il aurait pu en être heureux. Pourtant, il ne l'était pas le moins du monde. Heathcliff était persuadé que sa tête allait explosée. Tout se mélangeait. Tous les sentiments possibles et inimaginables. Quand il était avec Iago, c'était tout ou rien. C'était l'amour ou la haine. La vie ou la mort. Il n'y avait pas de juste milieu. Jamais. Ils étaient passés d'amants presque parfaits qui ne pensaient qu'à vivre, à ennemis ne pensant qu'à mourir. C'était effrayant. C'était douloureux. Le CAHO n'aurait jamais pensé que ce moment aurait été si douloureux. A vrai dire, il aurait pensé être heureux ici aussi. C'était ce qu'il avait voulu. Le tuer. C'était comme un souhait qui s'exauçait. Un très ancien souhait. A ce moment, rien que d'y penser, lui faisait un mal de chien. Un mal incurable et mortel. Il aurait pu en mourir tel le faible qu'il était au fond. Sans Iago, il n'y avait que du noir. De l'obscurité. Rien d'autre. S'il venait à mourir, il le suivrait. La vérité était qu'il le suivrait partout où il voudrait. Heath pourrait suivre son amant jusqu'aux flammes de l'Enfer. A présent, il pourrait même se laisser tuer de sa main. Plus rien n'avait d'importance et si son destin devait être celui-ci, il le respecterait. Il en avait marre de fuir la fatalité. C'était le moment pour lui de dire stop et d'attendre que son sort le rattrape comme un prédateur rattrape sa proie. « Oui, je t'ai écouté et non, je ne te comprends pas ! Je ne te comprends absolument pas ! » Lui non plus ne se comprenait pas. Il perdait les pédales. Sa tête n'était qu'un champ de bataille. Les deux camps étaient l'amour et la haine. L'amour de mourir. La haine de vivre. Son amant se mit à s'énerver à son tour en lui crachant à la figure tout ce qu'il pensait comme il venait de le faire. Après tout, pourquoi il en avait le droit et pas lui? Ses paroles le détruisaient un peu plus à chaque fois. Le CAHO se décala de son amant après avoir retiré doucement ses mains de son visage pour s'avancer jusqu'à la fenêtre. Maintenant que ses yeux n'étaient pas plongés dans ceux de son amant, il pouvait laisser les larmes y monter. « Pas si je les fait tomber avant Heath. Puis même si je n'y arrive pas, qu'ils doivent me supprimer : ils ne te prendront peut-être pas. Tu n'auras qu'n'a pas être dans le coin quand cela arrivera et tout ira bien. » Dwight se retourna violemment pour regarder l'ATOM d'un air mauvais. Ses paroles n'avaient rien de réconfortantes, c'était même le contraire. « Tout ira bien, hein? C'est sûr que quand tu seras six pieds sous terre, tout ira le mieux du monde. Sale con. » Il avait chuchoté les deux derniers mots. L'ironie dans sa voix se faisait entendre comme jamais. Iago ne pouvait que se foutre de lui, il n'y avait aucune autre solution. Il attendait que les caméras cachées sortent. Le corps de son coéquipier se rapprocha de lui et il posa sa tête contre la sienne en évitant son regard. Heathcliff, lui, opta pour l'option fermer les yeux. « Je comprends ce que tu veux dire, je t'entends, mais... Tu sais bien que partir ne sera pas la solution. Si ce n'est pas ici, cela sera autre part. Ils vont me traquer si je pars, tu le sais aussi bien que moi. Je veux pouvoir leur faire face. Heath... » Le pire était qu'il savait que son amant avait raison. Fatalité de merde. Ses yeux se rouvrirent au contact de sa main sur sa joue. Il fut obliger de plonger son regard dans le sien. « Tout va bien se passer, tu m'entends, si dans le pire des cas, je devais mourir de la main des Calabrese, je ferais tout pour que tu ne sois pas le bourreau, pour que tu sois loin. J'ai été idiot de dire que je voulais mourir, plus maintenant, plus tout à fait. Je veux vivre avant et si tu le veux toujours, pourquoi pas à tes côtés. On peut avoir quelque chose, dans ce monde de chien, on peut avoir l'un et l'autre. C'est justement parce que notre monde est horrible, sanglant, remplis de cadavres que nous ne devrions pas tourner le dos à ce qui nous rends heureux. » Le CAHO secoua la tête avec précipitation. Il ne voulait pas. Il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas en sachant qu'il allait crever quelques jours plus tard. Ce n'était pas possible. Plus maintenant. « T'as tout faux, Carpenter. » Heathcliff avait sorti son nom de la bouche comme une insulte. « Tu vas crever comme ton vieux et j'pourrais t'applaudir pour être un si gros con. Tes promesses en l'air, tu sais où tu peux te les mettre? Va te faire foutre, Iago. T'as pas le droit. T'as pas le droit, tu m'entends? J'veux pas. J'veux pas rester avec toi quand j'sais que t'es condamné de cette manière. J'ai toujours pensé qu'on finirait ensemble, tu sais? Qu'on crèverait main dans la main mais t'en as rien à foutre. Tu penses qu'à et à ta pseudo vengeance. En plus, on sait très bien que Calabrese c'est un putain de sadique qui va bien s'amuser à attendre avant que j'arrive et que j'te finisse. Après, c'est comme ça que tu veux finir non? Mourir de ma main? Tu l'auras parce que j'partirai pas. Si tu choisis cette voie, j'te tuerai. J'peux même le faire maintenant, j'vois pas ce qui m'en empêche. Ah si, je t'aime. Quelle merde, ça aussi. » C'était l'alcool qui le faisait parler, parler et encore parler. Sans attendre, il laissa échapper un violent sanglot. « Quoiqu'il en soit, j'te suivrai en Enfer. Tu m'attendras pas longtemps là-bas. J'te rejoindrai plus vite que ton ombre. » Se rapprochant de son amant, il se mit à le frapper au torse avant de poser sa tête dans son cou. « J'pourrais pas vivre sans toi. J'pourrais pas. Tu m'as promis de jamais m'abandonner et pourtant, c'est c'que tu vas faire. Mais c'que t'as pas compris, c'est que je t'aime trop pour te laisser faire ça. Beaucoup trop. »

Cela était si difficile d'être heureux. Iago se rendait compte qu'en cet instant que jamais il n'avait eut autant de mal à garder un seuil de mélancolie. Pour garder sa bonne humeur au beau fxe, il lui fallait faire des efforts surhumains. Comme si cela n'était pas normal, naturel. Lui qui pourtant n'avait jamais manqué d'amour se retrouvait presque désemparé d'en donner, d'en ressentir autant. Ces sentiments le rongeaient, lui donnaient envie d'enfermer Heath dans cette chambre et ne plus jamais le laisser sortir. Cet amour le rendait fou car il était impossible. Parce que le boxeur n'arrêterait pas sa vengeance, il en avait déjà trop fait. Il s'était brûlé les ailes, son âme était salit par le sang de ses victimes. Il ne pouvait plus retourner en arrière. Alors il devait avancer vers son destin, sa mort aussi probablement en tendant les bras et en souriant. Il ne méritait que cela de toute façon. Alors pourquoi il avait autant envie de vivre une romance avec son coéquipier ? Pourquoi il voulait l'aimer encore et toujours ? Heath s'éloigna, fuyait ses paroles, le boxeur aurait pût s'arrêter, mais il ne le pouvait pas. Il voulait qu'il comprenne, qu'il sache la sincérité de ses sentiments. Rien d'autre ne comptait. Absolument rien. Il y avait toujours ce goût de dernière fois avec lui. Le boxeur ne pouvait jamais rien prévoir, car rien ne se passait jamais comme prévu. Cela en était presque ridicule ! Alors, il énonça un plan, pour sauver leur relation, pour sauver ce qu'ils avaient entre eux. Un plan fou, mais qui pouvait marcher. Le résultat final serait le même, cependant, Heath n'aurait pas à lui prendre sa vie comme cela était prévu. Il s'attendait à ce que son partenaire ne soit pas d'accord. L'insulte ne mit pas de temps à sortir, faisant sourire Iago. Ouais. Il était con. Au moins, il ne lui avait jamais menti. Il n'avait jamais planifié quelque chose après sa vengeance, juste au cas où il ne survivrait pas. Il n'était pas aussi idiot qu'on le pensait.

« Tu m'aimerais moins si je n'étais pas comme cela, tu le sais très bien ! »

Renchérit-il. Par amusement, par ce qu'il ne disait que la vérité. Effaçant la distance entre leurs corps, il se glisse à ses côtés. Iago était attiré par lui, il ne pouvait rien faire d'autre que de le coller. Sa tête sur la sienne, il entendait la respiration lourde de son amant. Ils étaient tous les deux en vie. Évoquant la fatalité de leur vie, il passa sa main sur sa joue, ne lui laissant pas de répondre. Pas encore... Il voulait finir, il le voulait. Le boxeur ne savait pas quoi faire d'autres, il voulait tenter d'apaiser la situation, redonner de l'espoir à des lendemains meilleurs. Le poison ressortit de sa bouche. Heath ne l'avait jamais ménagé, mais ce soir, il semblait au top de sa forme. Tout dans sa voix, dans sa gestuelle le rendait hostile. Cela fit soupirer l'ATOM qui ne savait plus quoi faire... Non, il ne brisait pas ses promesses ! Il voulait être avec lui le temps qu'il lui restait. Est-ce si égoïste de vouloir vivre avant de mourir ? Merde ! Heath ne comprenait pas cela ou quoi ? Cependant, dans ces paroles se trouvaient cette sordide vérité : il voulait mourir de sa main. Il voulait se plonger dans ses yeux au moment fatidique, il voulait juste lui murmure ses sentiments dans son dernier souffle.

« Moi aussi... J'ai toujours cru que toi et moi cela serait jusqu'au bout, c'est pour ça que je veux rester avec toi. »

Oui, Calabrese attendrait qu'Heath soit là pour le finir. Il savait le lien fort qui unissait ses deux hommes de main. L'un n'allait pas sans l'autre. Iago ne pouvait pas croire que le CAHO l'accusait de penser qu'à sa vengeance. C'était ce qui lui avait permis de ne pas se laisser aller après la mort de son héraut. Alors oui, il était obsédé, mais ne venait-il pas de lui dire qu'il avait trouvé une autre raison de vivre en sa personne ? Heath était sourd comme un pot ! Il ne voulait entendre que ce qu'il désirait : déformant ses paroles les plus sincères pour les retourner contre lui.

« Alors... Quitte-moi si tu ne veux pas... Qu'est-ce que tu veux que je te dise Heath... Je ne vais pas te forcer à rester à mes côtés. S'il est plus facile pour toi de prendre des distances jusqu'à cette séparation : c'est ton choix, pas le mien. »

Un sanglot sortit de sa poitrine et Iago sentit ses tripes se serrer. Cela le rendait malade. Il avait envie de vomir. Heath voulait le tuer maintenant. Soit. Qu'il le fasse. En l'entendant dire qu'il l'aimait : un sourire s'étira sur le visage du boxeur. Il ne se laissait pas de les entendre, pas venant de lui. Encaissant les coups sans broncher, il passa ses bras autour de lui pour embrasser ses cheveux. Il laissa le bas de son visage dans sa chevelure : humant cette odeur de tabac froid et de fraîcheur. Le serrant un peu plus, comme s'il était la chose la plus précieuse en cet instant, il chuchota :

« Je t'aime aussi Heath. Bien trop. C'est pour ça que tu remets tout en question. Que j'étais convaincu que je devais crever. Je ne méritais que ça. Tu m'as changé, tu m'as donné une raison de me battre un peu plus. Lors du dernier combat, je suis convaincu que c'est grâce à toi que je l'ai gagné. Je n'aurais pas pu le faire tout seul. C'est pour cela que je veux que tu restes à mes côtés. Je vais trouver une autre solution, pour les faire tomber sans nous mettre en péril, je ne sais pas encore quoi : peut-être que je devrais faire de la taule, mais je resterais en vie d'accord ? Je... Je ne t'abandonnerai pas. Je te l'ai promis, je vais tenir cette parole. »

Embrassant une dernière fois ses cheveux, il s'éloigna pour aller fermer la fenêtre. Éteignant la lumière de la salle de bains, il retourna à ses côtés pour glisser sa main dans la sienne :

« Imagine, si on finit en taule, toi et moi, on peut être roi du pétrole. À dominer les autres haha ! »

Maintenant qu'il avait son attention, il déposa ses lèvres sur les siennes pour l'embrasser, pour lui montrer qu'il l'aimait :

« Viens te coucher... Restes, ce soir, juste ce soir, s'il te plaît... »

Il ne savait plus. C'était comme si son monde s'écroulait. L'alcool et la drogue qui coulaient dans son sang étaient probablement les plus grosses raisons. La seule chose qu'il voulait faire était de pleurer et ne jamais s'arrêter. Heathcliff était ce genre d'homme qui se montre fort mais qui ne l'est pas, tout au fond. Ce n'était qu'une carapace. Il avait vécu tellement d'horreurs qu'il avait vite comprit. Se montre faible, c'était mourir. Cependant avec Iago, il lâchait les armes. Il lâchait tout. Dès qu'il le voyait, le CAHO pouvait dire qu'il n'était plus le même. Il n'était plus Heathcliff Dwight, l'homme sanguinaire et sans cœur, il était un autre homme. Un meilleur homme capable de rendre heureuse la personne qu'il aimait le plus. C'était ce qu'il voulait, rendre heureux son amant. On pouvait même dire que c'était la chose qui l'importait le plus. Sa priorité. Sa seule motivation. Il oubliait tout le reste. Iago le transportait dans un monde si différent qu'il croyait rêver. L'amour fou. Il était fou d'amour. De passion. De désir. De tout. Et il se sentait trahit. Il se sentait mourir à petit feu. Survivre à la trahison d'Abraham avait été difficile mais pas à ce point. Il avait envie de le tuer tout de suite. La rage parcourait son corps en même temps que la tristesse intense qui le paralysait. Quand son ami lui sortit que tout allait bien se passer, il ne put réprimander une note de sarcasme. Comment voulait-il que ça aille bien? Heath allait se laisser mourir. Il allait définitivement le faire. Survivre sans l'ATOM était impossible. Plus possible. Un défi qu'il ne pourrait pas relever. « Tu m'aimerais moins si je n'étais pas comme cela, tu le sais très bien ! » Cette fois, il réussit avec difficulté à réprimander l'envie de frapper ce si beau visage. De quel droit osait-il s'amuser de la situation? C'était comme s'il n'en avait rien à faire de ce qui pouvait se passer et pas que pour lui, pour Heathcliff aussi. Au fond, l'homme se sentait profondément blessé par ça aussi.

Il sentit ensuite son corps se rapprocher du sien et l'espace d'un instant, il en oublia d'être énervé. Lutté contre le désir ardent de se coller à son amant était la chose la plus dure qu'il n'avait jamais essayé de faire. Les deux hommes étaient connectés d'une manière ou d'une autre et ils étaient obligés de se retrouver le plus près de l'autre possible. Après plusieurs jours de séparation, le CAHO s'en était rendu compte. Iago était sa drogue. Il en était accro et ne pouvait plus s'en passer. Aucune désintox n'était possible. Il laissa parler son coéquipier. Sentant sa main sur sa joue, il leva les yeux vers les siens et son pauvre cœur rata un battement. Bon Dieu qu'il l'aimait. Pourquoi avait-il été emprisonné de cette manière? Pourquoi était-il maudit à ce point? L'aimer était la pire des erreurs mais aussi la meilleure de toute. Après que son amant ait terminé son discours, il secoua la tête violemment et lâcha tout le poison qu'il pouvait. La douleur. La rage. L'amour. La haine. Le dégoût. Le désir. Tout. Tout se mélangeait dans sa tête. Conséquence de l'alcool et de la drogue, ou conséquence d'une misérable vie. D'une vie reconstruite et détruite en un instant. Il savait que son ami tenait toujours ses promesses mais il semblait ne pas vouloir tenir celles qu'il avait pu lui faire et il souffrait. Ça lui faisait un mal de chien. Presque comme l'impact d'une balle dans le crâne. Comme celle qu'il s'était prit avec Talamasca. Il aurait voulu se dématérialiser mais il n'était pas dans le DARWIN'S GAME. Bel et bien dans la vraie vie. « Moi aussi... J'ai toujours cru que toi et moi cela serait jusqu'au bout, c'est pour ça que je veux rester avec toi. » « Et ça va nous apporter quoi, hein? J'veux pas être avec quelqu'un alors que j'sais qu'il est avec moi juste pour s'donner bonne conscience avant de mourir ou je ne sais quoi. » Il ne savait plus ce qu'il disait et sentit une nouvelle envie de vomir lui tirer les tripes. « Alors... Quitte-moi si tu ne veux pas... Qu'est-ce que tu veux que je te dise Heath... Je ne vais pas te forcer à rester à mes côtés. S'il est plus facile pour toi de prendre des distances jusqu'à cette séparation : c'est ton choix, pas le mien. » Heathcliff le regarda un long moment, le souffle coupé par ses paroles. C'était pire que tout. Ils étaient pareils. Ils ne comprenaient rien à ce que l'autre voulait dire. Il était évident pour toute personne saine d'esprit que le CAHO pensait tout le contraire de ce qu'il disait. Ça s'entendait. Ça se voyait. Sans Iago, il n'était rien et il le savait pertinemment. C'était désormais une évidence. Au lieu de lui répondre de la façon la plus violente qui soit, il laissa échapper un sanglot. Un sanglot qui prend aux tripes et il exposa la triste vérité. Sa vie serait comptée après la mort de son amant. Qu'il soit tué par les Calabrese, par des ennemis au gang ou par lui-même. Voyant un sourire s'étirer sur le visage de l'ATOM, il vit rouge et s'approcha de lui pour le frapper aux torses. On ne pouvait pas dire qu'il lui faisait mal. C'étaient des coups légers, du moins ce qu'il considérait comme léger. Il était épuisé. Il était vidé de tout. Des larmes coulaient le long de ses joues comme quelques longues minutes auparavant et il laissa sa tête reposer au creux du cou de son amant qui entoura son corps de ses bras protecteurs. La vérité était là, il ne se sentait en sécurité que dans ses bras. Il arrivait facilement à se protéger mais être si près de lui était une sécurité de plus à ses yeux. Heath sentit l'étreinte se resserrer un peu et il ne pouvait pas dire que c'était désagréable. Il posa une de ses mains sur le côté du cou où ne reposait pas sa tête pour le serrer un peu, comme un coup de pression, et posa l'autre sur le torse de l'homme qui le tenait. « Je t'aime aussi Heath. Bien trop. C'est pour ça que tu remets tout en question. Que j'étais convaincu que je devais crever. Je ne méritais que ça. Tu m'as changé, tu m'as donné une raison de me battre un peu plus. Lors du dernier combat, je suis convaincu que c'est grâce à toi que je l'ai gagné. Je n'aurais pas pu le faire tout seul. C'est pour cela que je veux que tu restes à mes côtés. Je vais trouver une autre solution, pour les faire tomber sans nous mettre en péril, je ne sais pas encore quoi : peut-être que je devrais faire de la taule, mais je resterais en vie d'accord ? Je... Je ne t'abandonnerai pas. Je te l'ai promis, je vais tenir cette parole. » Heathcliff se sentit soulager. Un poids venait de s'échapper de ses épaules, bien que de l'imaginer en taule lui faisait tout sauf du bien. Iago se décala de lui, laissant le CAHO comme un con au milieu de la pièce. Bouger était la dernière des options et puis même s'il le voulait, il était comme paralysé par les dernières paroles de son amant. Sentant sa main se glisser dans la sienne, il reprit ses esprits et le fixa un long moment. On aurait dit qu'il avait la huitième merveille du monde devant ses yeux. Il serra sa main presque inconsciemment, comme pour être sûr qu'il ne partirait pas. « Imagine, si on finit en taule, toi et moi, on peut être roi du pétrole. À dominer les autres haha ! » Un rire nerveux s'échappa de ses lèvres. « Si on finit en taule, j'dominerai les autres et j'passerai mes journées à protéger tes fesses. » Fausse vérité. Iago avait raison. Ils arriveraient sans difficulté à se faire une réputation et à se faire voir comme ceux qu'il ne faut pas chercher. Deux boxeurs, ça fait plutôt peur surtout quand ils ont leur carrure. A peine avait-il terminé sa phrase que les lèvres de son ami se posèrent sur les siennes. Il y sentit tout l'amour que l'ATOM ressentait pour lui et son cœur se gonfla à cette pensée. Il posa une main sur sa joue et l'autre sa nuque pour le rapprocher un peu. S'être énervé contre lui lui avait terriblement donné envie de l'embrasser. « Viens te coucher... Restes, ce soir, juste ce soir, s'il te plaît... » Il se mit à sourire presque instantanément et murmura contre ses lippes après l'avoir embrassé une nouvelle fois: « J'suis pas venu ici pour repartir si vite même si t'es plutôt un gros con. » Il se détacha un peu de lui pour le regarder avec toujours le même sourire. Un sourire heureux. « J'crève d'envie de te retirer ce boxer. » Il plaça sa bouche près d'une de ses oreilles. « Mais j'préfère être sobre pour t'faire l'amour, histoire de me rappeler de tout. »  

Si seulement Heath savait le pouvoir qu'il avait sur Iago. Peut-être le savait-il, peut-être qu'il était déjà au courant de l'influence néfaste qu'il avait sur lui. C'était même certain. Pourquoi diable s'entêterait-il autrement à torturer de la sorte le boxeur qui souhaitait seulement être heureux ? Quand bien même cela était sa faute si la discussion avait tourné au vinaigre, l'ATOM ne comprenait pas ce que le CAHO lui repprochait. Il lui avait toujours dit qu'il ne voulait pas vivre vieux, qu'il ne savait pas ce qu'il ferait une fois qu'il se serait vengé. S'il en avait une brève idée maintenant qu'il avait goûté la chair d'Heathcliff, il n'était plus certain que le concerné soit de cet avis. Hors, il fallait être deux dans un couple non ? Voilà une chose qu'il ne serait jamais. Qu'importe ce que son coéquipier affirme. Ils seront proches de ce statut, mais ne pourront pas pleinement l'embrasser. Il y aurait toujours des barrières, parce qu'au fond ils étaient différents. Tellement différents et pourtant ils étaient animés par la même rage. Celle de vivre, celle de mourir, de ne pas faire les choses à moitié. Alors, quand le ton sarcastique d'Heath se fit entendre : il décida d'être égal à lui-même et de mettre une petite pointe d'humour. Ce fut un flop total. Rien de surprenant. Il était comme cela poutant Carpenter, il arrivait généralement à trouver la force de plaisanter là où il n'y avait aucune raison. Comprenant que jouer la technique de l'irone ne marcherait pas, il se rapprocha de son amant. Le toucher, il avait besoin de passer ses mains sur son corps. Il en avait terriblement besoin. Parce que leur vie était éphémère ! Qu'ils pouvaient très bien mourir dans le jeu ou bien ici et que rien ni personne ne pourrait arrêter cela. C'était la fatalité, la force des choses.
Le venin d'Heath se déversa sur lui, donnant envie à l'ATOM de lui arracher sa langue si délicieuse pour qu'il évite de dire autant de conneries ! Il ne comprenait tout simplement pas ce qu'il lui repprochait... Ne s'était-il pas promis de mourir de la main de l'autre ? Bah voilà ! Il voulait exhauser cette prière. Le CAHO serait son dieu, celui de la mort. Iago ne voulait pas échapper à son destin. Il avait promit à son amant de ne pas le quitter, mais il avait fait une promesse à l'adolescent qu'il avait été. Quand le corps inerte de son père était dans ses bras. Il avait promis de se venger. Maintenant que son but était presque atteint, il fallait penser à l'après. Une chose qui l'effrayait. Il y en avait-il seulement un ? Pour lui ? Pour eux ?

« Tu es vraiment un connard de dire ça ! »

Lâcha-t-il immédiatement. C'est pourquoi il lui proposait de partir maintenant, de le laisser avant qu'il ne soit trop tard. Iago lui en voudrait, mais au moins il serait fixé et en aurait finit avec l'ascenseur émotionnel dans lequel il se trouvait quand Heath était là. Parce que bon sang il n'en pouvait plus ! Il était à bout ! Le boxeur savait que ce n'était pas le cas... Le CAHO ne serait pas venu ce soir s'il voulait se sortir de cette relation malsaine. Le sanglot qui sortit de ses lippes tordit ses tripes. Les paroles qui suivirent le firent sourire, pas d'amusement, mais de façon niaise. Cela le touchait... Il ne pensait pas en être digne. Personne ne devrait s'arrêter de vivre parce qu'une personne passait l'arme à gauche. Certes, c'est ce qu'il avait fait en quelque sorte avec Abraham. Il s'en mordait maintenant les doigts, il nageait dans un océan de regret : celui de ne pas avoir assez vécu tant l'attrait de la vengeance était plus séduisant. Le serrant contre lui, il respira tendrement ses cheveux et les embrassa. Accentuant l'enlaçade, il laissa Heath pleurer tout son contentant dans son cou. Iago ne le jugeait pas. Même s'il le voulait, il ne pourrait pas. Il était un écorché, un martyr. La vie ne l'avait pas ménagé et ne le ménagerait jamais. Ils étaient abonnés à ce genre de choses. Les vieux amants. Le boxeur prit alors la décision de le rassurer, de faire une nouvelle promesse pour tenir celle faite en premier lieu. Il allait se triturer l'esprit, chercher un moyen, mais il ne mourrerait pas. Tout du moins, pas dans l'immédiat. L'idée de faire de la prison ne l'enchantait absolument pas, il préférait clairement la faucheuse, mais il n'allait pas avoir le choix. Il était bien trop pourris pour pouvoir y réchapper. Il ne pouvait même plus utiliser la carte de « je faisais mon travail » parce qu'il avait créé une drogue fatale. De plus en plus populaire en vue du contexte de DG. Les joueurs qui revenaient étaient ses meilleurs clients. Allant fermer la fenêtre pour garder de la chaleur à l'intérieur, il retourna à ses côtés pour glisser sa main dans la sienne. La pression d'Heath, son regard, fit de nouveau sourire sincèrement Iago qui se mit à imaginer leur vie en prison. Ils pourraient être tous les deux comme des Rois.

« Protéger mes fesses ? Haha comme si j'avais besoin de toi Dwight ! »

Le boxeur se mit à rire avant de l'embrasser avec passion, tendresse, langoureusement. Puis il émit un souhait. Celui de voir Heath rester avec lui. Pour ce soir tout du moins... Sa réponse le fit sourire et il répondit à son baiser avec entraint. Le CAHO ne mit pas de temps à exprimer son désir. Ce qui évidemment fit réagir tout de suite Iago qui poussa un soupire de plaisir. Le chuchotement dans son oreille avait créé un frisson qui courrait le long de son échine pour le laisser insatisfait. Il avait utilisé l'expression « faire l'amour » et non baiser. Pourquoi cela touchait l'ATOM plus que de raisons ? Heath répétait encore et toujours qu'il l'aimait.

« Moi je suis ajun... »

Mordant ses lèvres, il enleva la veste de son amant, retira son marcel avant de se jeter sur son cou pour le dévorer de baiser. Le poussant vers le lit, Iago l'allongea avant de se mettre de tout son longs sur lui. Ses mains s'afféraient déjà à enlever la ceinture et à déboutonner son jeans. Une fois désserer, il descendit lentement pour déposer des baisers sur son torse, s'attardant sur les cicatrices encore fraîches. Se redressant pour enlever ce dernier il admira le corps d'Heathcliff. Simplement vêtu de leurs boxers, il n'y avait qu'une infime barrière entre eux. Il posa ses mains de chaque côté de sa tête avant de sourire :

« Voilà... Tu es prêt pour aller te coucher. »

Puis, sans demander son dût, se laissa tomber sur le côté pour se glisser sous les draps et prétendre de dormir à poings fermés.

Ses paroles se faisaient plus dures que ce qu'il aurait voulu. Au fond, il s'était promis de ne jamais perdre son sang froid avec son amant. Ça faisait toujours bizarre de l'appeler de cette manière. Iago lui avait permit de s'affirmer. De devenir ce qu'il était vraiment. D'aimer sans limite. C'était probablement pour ça qu'il ne voulait plus le blesser. Plus, oui, parce qu'il l'avait fait souffrir plus d'une simple petite fois. Il avait été le plus gros des cons et il savait qu'il ne méritait rien de ce que l'ATOM pouvait lui offrir. Heathcliff se demandait encore comment il pouvait donc l'aimer. C'était un mystère pour lui. Il avait tout fait, absolument tout, pour que l'homme dont il était fou ne l'aime pas en retour. Ils étaient des êtes opposés. En tout. Iago était la douceur (ou presque) et Heath était la violence. La vie et la mort. Peu importe ce que pouvait dire son coéquipier, là était la vérité à ses yeux. Le CAHO ne pouvait que l'enfoncer dans l'obscurité. La noirceur de la mort. Ils allaient tombés un jour ou l'autre tous les deux. Ensemble. Ils étaient obligés de toute manière. Heathcliff ne pouvait pas partir sans Iago, et Iago ne pouvait pas partir sans Heathcliff. C'était comme ça. Ils étaient reliés par un fil invisible qui les empêchaient ne se quitter. Dans la vie ou dans la mort. Le blondinet avait essayé à de nombreuses reprises de quitter son ami, mais il n'y était jamais arrivé. Il avait très vite comprit que c'était son âme sœur. La personne qui le complétait. Sans lui, il n'était plus que l'ombre de lui-même. Et il pouvait dire qu'il ne voulait plus de ça, mais c'était complètement faux. Il n'avait jamais été aussi heureux de sa vie. Heureux. Malheureux. Quelque chose de nouveau pour lui. Ses mots sortaient comme du poison de sa bouche parce qu'il était blessé. Blessé des paroles de son amant. Blessé de ses promesses qu'il n'allait donc pas tenir. « Tu es vraiment un connard de dire ça ! » Oui, il l'était. C'est pour ça qu'il ne lui répondit pas. Que pouvait-t-il dire? Oui. Non. Peut-être. A la suite de cette phrase, Iago lui proposa de partir. De le quitter. Il ne put réprimer un sanglot violent. Il n'y arriverait pas sans lui. Sans eux. C'était la fin d'une vie entière. Heath pourrait essayer autant qu'il voudrait mais jamais il n'y arriverait. Sa plus grosse faiblesse était l'homme qui se tenait en face de lui.

(...) Serré contre son amant, il se laissait aller. Il aimait cette sensation de contact. De connexion entre leurs deux corps. C'était une sensation bien trop agréable à laquelle il pouvait s'abandonner. Quand il se décala, la froideur des lieux se répandit dans ses membres et il réprimanda un frisson. Il se sentit soulager après la petite phrase de Iago et sa main qu'il lia à la sienne. Sans vraiment s'en rendre compte, Heathcliff la serra un peu plus. Il ne voulait plus le lâcher. « Protéger mes fesses ? Haha comme si j'avais besoin de toi Dwight ! » Un rire s'échappa de la bouche de l'ATOM et le CAHO se mit à sourire. C'était fou à quel point, avec eux deux, le moment pouvait être tendu et devenir calme en une seule petite seconde. Heath répondit avec amour, plus qu'autre chose, au baiser de son amant. Dès que ce dernier lui demanda s'il pouvait rester, il n'hésita pas un instant. Il le voulait plus qu'autre chose. Et il voulait autre chose aussi. L'ancien Heathcliff Dwight aurait sauté sur l'objet de son désir, mais il décida de ne pas le faire même avec l'alcool qui brouillait son esprit. Iago méritait mieux. Il méritait qu'on lui fasse l'amour avec passion, l'esprit clair. C'était peut-être surtout qu'il voulait se rappeler de tout. D'absolument tout. Heath avait peur d'oublier un seul moment de leurs ébats. Ce n'était pas une possibilité. « Moi je suis ajun... » Il cru s'étouffer. Il essayait d'être sage et l'ATOM le poussait à passer de l'autre côté. Ce n'était pas juste. Le fait que son amant se mordit la lèvre ne l'aida pas plus que ça, non plus. « Iago.. » Le CAHO le laissa retirer sa veste puis son t-shirt. A peine avait-il eu le temps de dire ouf qu'il se jetait déjà à son cou pour y déposer des milliers de baisers. L'homme se mit à gémir doucement de plaisir même s'il aurait voulu le réprimander. Iago voulait vraiment le faire craquer, mais il n'allait pas se laisser avoir. Pas maintenant. Heathcliff sentit son corps se faire pousser vers le lit et il n'émit aucune objection. Peut-être qu'il allait se laisser avoir, en fin de compte. Cette fois, son amant était en position de force. D'habitude, il n'aurait pas apprécié, enfin avec quelqu'un d'autre que l'homme qu'il aimait. A cet instant, il n'en avait pas grand chose à faire. Il appréciait même. Sentant que ses mains descendaient dangereusement de la ceinture de son jean, il se mordit la lèvre violemment. Un grognement de plaisir s'échappa de ses lèvres alors que son amant déposait des baisers sur son torse et particulièrement sur ses cicatrices. Iago comme Heath n'avaient pas besoin de regarder à deux fois pour comprendre à quel point ils étaient tous les deux désireux de l'autre. Il n'y avait plus que leurs boxers qui les séparaient. Le CAHO était prêt à retirer celui de son ami lorsque celui-ci posa ses mains de chaque côté de sa tête en souriant. « Voilà... Tu es prêt pour aller te coucher. » Un grognement suivit d'un rire s'échappèrent de la gorge d'Heathcliff. « T'es un gros con! » Voyant que Iago s'était mit sous les draps, il se glissa de la même manière pour se coller contre lui, en posant sa joue contre son dos et en le serrant à la taille. « Mais je t'aime quand même. » Il embrassa la peau de son amant, ferma les yeux et éclata de rire. « Nous voilà comme un vieux couple. Manque plus que j'emménage chez toi ou toi chez moi, et on serait le.. Il se mit à bailler. parfait petit couple. » A peine termina-t-il sa phrase qu'il sombra dans le sommeil.