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flashed up in my wildest dreams,
like red blood streams,
stretch out like vast cracked ice
the veins of you, the veins of me, like great forest trees
@snow patrol ~ lifeboats

La fumée l'empêchait de respirer correctement. C'était un véritable carnage, elle étouffait, ses yeux la brûlaient, et la terreur s'insinuait en elle comme le plus redoutable des poisons. Mais c'était cette même peur qui lui permettait encore de tenir debout et de continuer à courir et qui lui permit, sûrement, de tomber sur le bunker. […] Evidemment, elle n'avait pas été la seule à trouver ce refuge de fortune. Haletante, elle observa le garçon qui lui faisait face et la menaçait, avant de se recroqueviller dans un coin comme un animal blessé. Il fallut de longues secondes à Zilke pour recouvrer ses esprits et reconnaître celui à qui elle avait à faire malgré l'obscurité qui envahissait les lieux.  « Talamasca … » murmura-t-elle en s'approchant à pas de loups pour ne pas l'effrayer. Elle s'agenouilla devant lui, attrapa son menton du bout des doigts pour relever son visage vers le sien. De sa main libre, elle glissa ses doigts dans ses cheveux d'un air protecteur et releva brièvement les yeux vers la porte du bunker pour s'assurer qu'elle était bien fermée, après quoi elle posa ses prunelles azur sur lui.  « Hé, hé … Je ne vais pas te faire de mal. Et tu ne vas pas mourir ici, je t'en fais la promesse. » murmura-t-elle encore, maternelle, sans cesser ses caresses censées être rassurantes malgré sa propre terreur qui ne la lâchait pas. Ce geste de réconfort marchait avec son fils, avant, quand il se réveillait en pleine nuit et hurlait parce qu'il avait fait un cauchemar. En l'occurrence, elle n'avait aucune envie de se remémorer cette étape de sa vie alors qu'un incendie dévorait tout sur son passage, et qu'elle risquait d'y passer aussi. […] Bien vite, l'air vint à manquer. La chaleur étouffante était insupportable. Tania avait laissé tomber sa cape à ses côtés, puis son armure, avant d'attacher ses longs cheveux en un chignon. Malgré tout, la sueur continuait de perler sur son front, dans sa nuque et même sur sa poitrine. Sa chemise, son pantalon, tout était trempé et elle n'arrivait plus à se rafraîchir, complètement déshydratée.  « Je … Je vais essayer d'ouvrir, d'accord ? » balbutia-t-elle en se relevant faiblement. Appuyée contre le mur à côté de Talamasca, cela semblait faire des heures qu'ils ne parlaient plus et se contentaient d'attendre de sortir. Tania escalada l'échelle, tenta de tourner le levier brûlant qui lui brûla les doigts.  « Ouh … Passe-moi ma cape, s'te plaît. » Vincent collabora en lui passant le vêtement dont elle se servit pour essayer de tourner le levier à nouveau, en vain.  « Je n'y arrive pas, c'est bloqué ! Tu veux essayer ? » proposa-t-elle en sautant à nouveau dans le bunker pour qu'il essaye. En vain, là encore. […] Elle battait des cils en observant le plafond du bunker qu'elle parvenait à peine à distinguer, ses yeux s'habituant peu à peu à une nuit qui n'en finissait plus. Allongée à même le sol, les bras écartés, Zilke se demandait comment il était possible de ne pas encore être morte. Elle n'avait conscience de la propre survie de Talamasca que parce qu'il respirait aussi fort qu'elle dans un coin de la pièce exiguë.  « Ca va ? » demanda-t-elle dans un souffle, en sachant que la réponse serait forcément non, même avec toute l'ironie du monde.  « J'ai entendu dire qu'il fallait parler pour ne pas mourir, dans ce genre de situation. Parle-moi de toi, ok ? » Tania laissa échapper un rire nerveux et faible qui prit fin aussi vite qu'il ne commença. Elle passa sa langue sur ses lèvres desséchées, gémit à cause de la fatigue et la douleur qui s'installait dans sa cage thoracique.

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 « Talamasca, arrête … Tais-toi. » souffla-t-elle, à bout de force, incapable de bouger. Elle pouvait simplement l'écouter crier, l'écouter insulter le monde et pousser des plaintes déchirantes. Zilke aurait donné n'importe quoi pour être dehors, loin de lui, loin de tout ça. Être sur un bateau de pêche, les cheveux au vent, surprise par un vent glacial et enroulée dans un manteau peu sexy mais confortable.  « Arrête ... » gémit-elle encore, alors qu'il avait déjà retrouvé le silence. […] Etait-ce à cause des cris du garçon que l'air semblait plus irrespirable encore ? Peut-être. Peut-être pas. Tania suffoquait véritablement, ne savait même plus comment faire pour parvenir à se ventiler convenablement. Avec moultes difficultés, elle parvint finalement à arracher ses bottes, à ouvrir sa chemise qui lui collait à la peau et qu'elle ne supportait plus. La jeune femme se laissa tomber à nouveau sur le dos à même le sol, les bras et les jambes écartées, complètement sur les nerfs. Elle savait qu'il lui fallait garder son calme et économiser ses forces, mais plus les minutes passaient, et plus ça lui semblait impossible. Pas quand elle avait pleinement conscience que les papillons multicolores qui voletaient devant ses yeux n'étaient que le fruit de son imagination du au manque d'oxygène, pas quand elle s'apprêtait à mourir sans rien pouvoir y faire. Sans trop savoir pourquoi, Zilke décida de se relever pour marcher. Qu'importe qu'elle soit si peu vêtue et si lamentable, ils crevaient tous les deux dans la pénombre, haletants comme des chiens errants. La demoiselle s'approcha d'une étagère, laissa courir ses mains dessus avant d'envoyer le contenu du meuble sur le sol d'un coup de la main en poussant un cri hystérique. Le tout se brisa au sol dans un bruit parfaitement détestable et cacophonique. Elle continua sa promenade à travers le bunker, se heurta au matelas que bien des couples devaient utiliser à en juger par l'état tout aussi pitoyable dans lequel il se trouvait. Un rire sardonique lui échappa, trahissant sa nervosité et son état de fatigue et de folie avancés :  « Peut-être qu'on pourrait baiser nous aussi avant de crever. Aha. » Mais l'idée quitta l'esprit de Zilke aussi vite qu'elle y vint ; et elle continua son exploration des lieux. Cette fois-ci, c'est à un morceau de viande que Tania se heurta. Le choc sur son nez lui arracha un gémissement de douleur. Elle le frotta doucement avant de porter ses doigts à sa bouche. Le goût était tout à fait délicieux, ou peut-être tout à fait dégueulasse. Mais elle avait faim, soif, pétait un boulon, et en l'occurrence cette bête écorchée vive qui pendait du plafond et qu'elle n'arrivait pas à discerner était la meilleure chose qui lui soit arrivée durant ces dernières minutes. Tania plongea encore ses doigts dans la viande sanguinolente, se recroquevilla contre le mur d'à côté pour les lécher tranquillement et réitérer l'expérience.  « La viande … La viande, le sang, y a de l'air dedans. » bégaya-t-elle d'une voix approchant de la transe.

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 « T'es un porc, lâcha-t-elle, avant de répéter faiblement :  Un vrai porc. Tu m'entends ? T'es un porc.  » Ses propos étaient plutôt ironiques, compte tenu du fait qu'elle était celle qui bouffait de la viande et du sang cru dans l'espoir d'y trouver un tant soit peu d'air pour passer les dernières minutes qui lui restaient à survivre. Un rire funeste lui échappa à l'idée de rester bloquée ici pour toujours, puis l'espoir qu'Archimède les retrouve et la sorte du trou – littéralement, cette fois encore – suffit à lui donner assez de courage pour ne pas fondre en larmes. […] Pliée en deux, Tania se tenait le ventre en gémissant, complètement malade et intoxiquée, en plus de ne plus réussir à respirer. Le silence envahit doucement la pièce ; elle ne parvenait plus à entendre le brasier dévorer la fôret au dessus de leurs têtes, ni même le souffle de Talamasca. Etait-il seulement encore en vie ? Rien n'était moins sûr. Zilke rampa dans un coin, ses ongles s'accrochant au sol dur et glissant pour traîner son cadavre tétanisé par la douleur n'importe où ailleurs plutît qu'à côté du morceau de viande avariée qui lui donnait franchement la nausée. Elle resta allongée au milieu du bunker, la joue posée sur le béton brûlant, incapable de penser correctement. L'agonie était si longue qu'elle en était la plus douloureuse des morts qu'elle ait connu. Tania aurait donné n'importe quoi pour décéder plus vite. Secouée par une quinte de toux, Zilke porta faiblement sa main à sa gorge sèche.  « Zilke. Mon nom … C'est Zilke.  » se présenta-t-elle enfin, même s'il était peut-être déjà trop tard. Lasse de se battre, la jeune femme ferma les yeux et décida de baisser les bras d'une quelconque manière. Des dizaines d'images qui eurent sans doute un sens pour elle un jour envahirent son esprit ; elle se laissa aller, et son corps finit par disparaître, délivré de la peur, la douleur, l'incertitude, délivré de sa prison dans laquelle elle serait toujours coincée lors de sa prochaine connexion. [...]