Le monde s'écroulait, la terre découlait... Tremblements entiers sur cette triste stabilité, illusion précipitée dans cette irréalité. Les éléments se déchainaient dans cette immensité, la nuit évoquait sa folie. Pauvre bambi elle accourait pour sa survie. Elle s'échappait pour une question de vie. Elle se faufilait et s'effilait entre les monstres démunis de feuilles aigries. Troncs dénudés qui voguaient sous le vent désorganisé qui invoquait une danse macabre sous cette lune opaque. Il s'élançait et se lançait à corps perdu dans ce chemin ardu. Caïn l'égaré, la bête assoiffée... Il tenait bien trop à son existence pour admirer la nature ensanglantée. Il courrait pour se sauver, pour trouver un éclat de sécurité. Ses pas s'enflammant sous l'adrénaline violente qui battait contre ses tempes.

Les yeux écarquillés, il avait le souffle éparpillé l'enfoiré, il se tardait de sa vitesse pour éviter de crever. Son corps se soulevant sans arrêt, priant pour trouver un endroit protégé. Mais la tempête s'élevait sous les étoiles qui contemplaient l'égaré. Le vent se déchaînait sur cette immensité, fracassant cette quiétude outrepassée. Les choix manquaient, les secondes s'écoulaient... Le temps se perdait, se consumait à une rapidité détonante. Cette terre d'irréalité se révélant être une bombe prête à imploser. Quand le rêve devenait atrocité seul cet instinct premier survivait. Puis cette vision idolâtrée, ce coin de sureté. Face à lui miroitait le danger pourtant il s'y engouffrait... Plus une minute pour songer. Le noir entier l'encerclait, il se perdait. Seul et esseulé dans ce trou paumé. Une grotte. Il ne voyait plus rien Caïn, il marchait à l'aveuglette pour trouver des repères mais seul les ténèbres l'accueillaient. Jusqu'à ce souffle à ces côtés, cette respiration saccadée qui le faisait sursauter. Le brun frappait sans même y songer, il se défendait se préparant au pire.

L'obscurité, la férocité, le danger entier dans cette grotte humidifiée... Les fantômes erraient dans cet endroit isolé, ils se jaugeaient, ils se provoquaient au travers des mots muets. L'étranger et l'atrocité. Une dualité sans arrêt. Ils n'avaient encore pas idée de quel adversaire ils allaient devoir affronter. Un fracas encore loin de leurs ébats outrepassés. Les amants maudits, les ennemis de déni. Ils luttaient contre leurs mépris, ils sombraient de leurs folies. Et lui qui croyait avoir trouvé un abri se retrouvait en sursis. Cette prison où le vent s'époumonait à caresser sa chair pour en faire une misère. Il était frigorifié l'enfoiré, il tremblait de tout son corps balafré. Triste plaie qui subissait l'enfer de cette nature outrancière. Il se faufilait sur un chemin ardu le tordu, il glissait ses mains vers l'avant prêt à se vautrer au sol comme le déchet qu'il était. Déstabilisé, paumé dans une nouveauté où ses repères étaient faussés... Flare jouait sur cet équilibre défait, il marchait dans ce silence où seul l'écho d'un souffle persistait. Ce bruit faussé qui le rendait si paniqué. Pauvre brebis égaré, il était perdu sur un terrain inconnu face à un regard pointu. Emeraude qui cherchait un point d'accès pour venir bouffer sa proie apeurée. Seulement il avançait futilement, sautant dans la gueule du loup, dans la bouche carnassière de ce diable qui ne cessait de le tourmenter.

La respiration voguait à ses côtés, elle s'essoufflait dans chaque direction ne lui laissant aucune option. Le maladroit se retrouvant dans un triste effroi. L'adrénaline venait s'époumoner dans ses pensées désorganisées alors qu'il tournait, les poings levés prêt à se défendre contre cette inconnue au regard dorée. Mais alors que le silence régnait et que seul cette tension brulait dans cette atmosphère livide, des mots de velours venaient caresser sa dépouille malfamée. « J'espère que t'as ramené de quoi à bouffer mon mignon, sinon c'est toi que j'allume sur le champ. » Le tintement d'une arme automatique résonnait en écho aux mots de cette poupée. Poupée qui le torturait dans cette irréalité et cette réalité. Et l'homme s'adoucissait, ses poings retombaient le long de son corps tandis qu'il souriait. A son tour, il s'amusait de cette obscurité pour surprendre l'affamée. Caressant le danger pour en faire une proximité. Il n'avait pas peur Caïn, non il avait arrêté d'être terrifié le jour même où son espoir s'était crevé. Sur cette relation malsaine, sur cette dévotion mauvaise. Ripley avait toujours été sa vulnérabilité et elle serait celle qui lui collerait une balle entre les deux yeux, il le savait. Pourtant dans sa discrétion, il se préservait, tournant en rond avant de venir la bloquer maladroitement. Ses mains s'entrechoquant dans le vide oppressant, il la bousculait doucement avant d'envoyer un coup las dans ces bras. La belle trébuchait et il la rattrapait avant de venir l'immobiliser contre l'une des parois de la grotte. Son sourire s'élargissant sous cette chance improbable. Il déposait un baiser dans le creux de sa nuque, laissant le mystère planait avant de glisser jusqu'à son oreille doucement. « La même qu’à la maison. » Il se reculait lentement d'elle, cherchant dans ses maigres affaires de quoi la satisfaire. Son sac bien que trempé et arraché de tous les côtés contenait quelques barres de céréales, il lui en tendait une lassement avant de s'asseoir précipitamment.

Utopie au goût anisé de la réalité. Douce répercussion de banalités lassantes pour se retrouver face à ces mêmes responsabilités. Ne cherches pas à fuir la beauté, l'atrocité n'est jamais très loin, toujours à proximité pour te guetter. Elle te tient toujours dans ces maigres droits pour te foutre en éclat. Chicago ou à Darwin's ton combat est le même, ton combat est vain. Déposes le drapeau pour une trêve, relèves ton arme pour l'achever, pour la terminer ton ennemie jurée, ton amour calciné. Rouge, vert, couleurs complémentaires, teintes adversaires. Ton coeur a trempé dans le sang de cette couleur rougeâtre, t'as perdu la vie sous l'assaut de cet écho ensanglanté. Coup fatal, mort brutale. Pas le choix que de t'incliner face à la faucheuse affamée. Pas le choix que de devoir supporter cette vérité, celle que ta poupée a choisi une voie opposée. Celle de la facilité, celle de l'impulsivité. Pourtant tu es l'agressivité, tu es un contrôle défait mais c'est toi qui te retrouve du bon côté. La rationalité ne fait pas partie de ce grand échiquier, vous êtes tous les deux prêts à crever pour une distraction louée. Et vous voilà calcinés au milieu de cette humidité, vos chaires tremblotantes, vos souffles précipités. Vous êtes seuls et abandonnés au travers de la tempête déraisonné et de sa respiration désorganisée. Le vent vous frigorifie, vous méprend dans votre folie. Vous êtes bloqués, arrêtés à devoir vous supporter plutôt que vous entretuez. Oh amour à contre sens, oh faiblesse sans sens. Quand stopperez vous de vous détruire ?

Le brun s'élevait dans l'obscurité après cette tendresse outrepassée tendant à l'affamée une denrée pour la contenter. Puis il s'asseyait loin de cette tentation, pour éviter une autre provocation. Car le sang s'écoulait encore dans son coeur de cette altercation passée. Les larmes s'épuisaient souvent à couler mais le silence les gardait muettes. Pauvre coeur gonflé par la tristesse.  Les mot toujours ancrés dans ses pensées, les plaies toujours béantes sur son corps glacé. Le bruit de leurs distances résonnant en écho dans l'immensité de cette grotte. Elle s'affalait dans ce calme pesant, laissant le médisant dans sa retenue cuisante. Le son de sa mastication comme seul écho dans cette solitude grandissante. Lui se taisait, concentré sur l'explosion de la nature révoltée. Les gouttes qui s'abattaient sur le sol trempé d'une puissance exacerbée, le vent qui sifflait , qui déracinait par son cri les troncs épanchés. La forêt se déchainait et à peu à peu le brun s'inquiétait pour leur sécurité. Même le tintement de Ripley qui jouait avec son arme ne suffisait à la ramener auprès d'elle. Sa distance faisant son indifférence.

« T’es pas très loyal comme GAIA.  » Et la poupée s'amusait avec son impatience derechef. Elle jouait avec sa fierté pour revoir l'éclat de son atrocité. Seulement Caïn refusait de répondre à cette attaque enfantine. Bien trop préoccupé par cette tempête, cette tempête qui bientôt ne serait qu'un détail au vu de l'ouragan qui se précipitait entre les deux amants. «  Après ce qu’on vous a fait, j’comprends pas comment tu peux rester stoïque. » Deuxième pic. Provocations futiles qui laissait Caïn dans cet état livide. Un soupir venait bruler ses lèvres. Un rictus à son exaspération, un sourire ironique en conclusion. « Tu voudrais que je te tue Rip? Juste histoire de me venger du pauvre connard qui m'a fait saigner, c'est pas de ma faute si ta team est à chier. » Derechef, il soupirait, ne regardant plus la rousse pour éviter de replonger dans une colère inutile.

Cette irréalité le consommait au dépravé, il en avait marre de jouer sur les apparences pour sauver le reste de sa dignité. A trop encaisser, tous les coups venaient l'achever sur ce sol humidifié. Lui le dommage, le déchet de cette société. Consommateur abusif de ce jeu où les limites n'avaient aucun intérêt. Pauvre connard qui se changeait les idées sur un ilot de fantasmes ensanglantés. La réalité venait toujours le happer, le briser dans sa destruction massive. Et malgré son avancée, à chacun de ses pas il reculait toujours plus loin vers les profondeurs de sa folie, vers les abysses de son mépris. Et elle qui s'amusait de ses défaites, qui jubilait de ses larmes salées, Ripley se dévoilait dans ces contrées imaginaires, elle prouvait une fois de plus son envie d'implosion, d'éclosion d'un mal insatisfait. Et alors qu'il venait de l'aider, elle le poignardait de sa langue perfide, de ces rires livides. Caïn il ouvrait ses paupières lourdes face à l'obscurité il essayait de comprendre pourquoi un tel éclat pour son désarroi. « Tu t'es fait laminer ? Laisse moi rire Caïn, sérieusement. » Et c'était sa voix qui lui offrait tout cet effroi. Ces mots acides qui effaçaient la tendresse de son coeur pour en faire l'ivresse de sa rancoeur. Essence de sa haine et de son mépris pour cette moitié qui l'enfonçait toujours vers le bas. Et l'enfoiré qui essayait de calmer ses pensées désorganisées, son palpitant angoissé. Mais la tempête extérieure n'était rien comparée aux flots qui le submergeaient. Seule elle ayant cet effet. « Et toi ça te fait rire? Savoir que j'ai perdu une vie ça te fait rire... » Sa lèvre inférieure était torturée par ses crocs carnassiers, cette envie démesurée de faire une chose insensée. Flare pour si peu aurait déjà exterminé le sourire de cette succube ravagée, mais Caïn se résolvait à rester paralysé pour ne pas envenimer une situation qui était déjà toxique pour les deux amants déviants. La belle se levait, laissant le bruit de sa carcasse résonnait entre les sifflements du vent.

«  Et si t'avais voulu me tuer tu l'aurais déjà fait. Un nombre incalculable de fois. T'aurais pu empoisonner cette barre de céréales... C'est votre trip à vous les hommes de la forêt nan ?   » Ses poings se crispaient, ses phalanges blanchissaient. Sa team il y tenait malgré son indépendance marquée, et les mots qu'elle lui crachait au visage le transperçait de part en part. Souffrance éternelle de son arrogance solennelle. Caïn il ne savait pas ce qui lui permettait de résister à toutes ces attaques lâches. Etait ce, ce coeur qui s'envolait rien qu'à cette voix fragilisée, ou simplement les souvenirs outrepassés où leurs corps se réunissaient pour un paradis fissuré? Caïn il ne savait plus grand chose depuis quelques journées. Toutes ses banalités ne devenant qu'anxiété. Lula, ce rêve de foyer et cette Ripley si facile à détester... Lui qui croyait enfin pouvoir toucher sa maigre rédemption il se trouvait encore sur la pente de la condamnation. «  Ou alors t'aurai pu me crever avec tes poings à l'appartement. C'est pas l'envie qui t'a manqué hein ? Et me dit pas non, parce que je sais que ça te bouffe le coeur, cette envie d'me réduire en poussière, pour plus me voir sur cette Terre. Ca te soulagerait de plus m'entendre, de plus me voir.   » Et là il se levait, là il explosait. Son poing résonnant contre la paroi de cette grotte en écho avec la foudre détonnante. A trop jouer, elle allait se bruler les ailes. A trop le chercher, elle finirait par payer. Et cette envie démesurée, ce désir de juste la faire taire... Elle et ces mots transperçants. Bordel, il voulait juste qu'elle la ferme. Et sa voix déraillait, sans songes ou pensées, il déballait toute son impulsivité. « Putain tu peux pas fermer ta gueule Ripley! Tu veux qu'on parle de nos teams respectifs, tu veux qu'on parle de la lâcheté des tiens peut être. Comment ils ont brûlé notre QG juste pour nous niquer par après? Ah oui c'est sur que ça c'est courageux. Tu peux te les garder tes préjugés sur mon groupe. » Son souffle se réduisait sous l'ampleur de ses mots mais il n'avait pas fini. « Ouais j'avais envie de te frapper, comme j'en ai envie maintenant mais je ne le ferais pas car moi ça m'amuse pas de blesser les gens que j'aime. » Et voilà qu'il lançait sa lame écho de ses mots, entre les poumons de la poupée, sans délicatesse. Il en avait marre de toujours se rabaisser, de toujours devoir s'excuser car il n'était pas celui qui était en tort, pas cette fois...

Flots d'amertumes, marées d'écumes. Réalité ou utopie la folie est la même, le déni est blême. Sacrifier les amants maudits pour plus de mépris, égorger leurs coeurs à vifs pour les réduire à un néant de cendres brûlantes. Ils ne retentissent plus comme avant les grands enfants, leurs corps dictent les règle du jeu sans limites, sans sursis. Ils n'ont qu'une envie celle d'imploser, de libérer toute cette haine que leurs palpitants ensanglantés cessent de murmurer. Ces maux empli de danger, de férocité, d'amertume, de rancune... Ripley et Caïn ils sont leurs propres entailles, leurs simples plaies qui ravagent leurs journées d'acidité. Toutes ses responsabilités, tous ces mensonges inavoués et cette vérité camouflait au milieu des reflets noirs... Peut être que finalement ils n'étaient pas fait pour s'aimer ces deux opposés? Peut être que leur passion dévorante n'était qu'une désespérante insignifiance ? L'étincelle ne savait plus, ne comprenait plus. Tous les songes, toutes les pensées qu'il l'éraflait qui le terrorisait lui qui s'attachait à cette fauve sauvage et naufrage, au lieu de s'écarter pour recoudre les cicatrises enflammées. Il ne pouvait plus se contrôler, plus apprendre à sa taire pour la réconforter car toutes ces allusions n'étaient qu'un poison. Toutes ces paroles, tous ces rires et ces sourires semblaient faux, une illusion d'un bonheur contrecarré. Ripley était devenue son mensonge, son utopie et sa folie. Et tous ce qu'elle désirait, il le payait de sa carcasse tuméfiée. A force de bavures dérisoires, d'étincelles d'espoir, il s'égarait dans le noir. Et la bombe qui résonnait dans un silence pesant ouvrait les vapes à son mécontentement. Violence incertaine mais hautaine. Blessures mortelles et cruelles.

Et son ambre qui fuyait qui même plus se posait sur la silhouette féline de cette poupée. Il rejetait Caïn, il la dépaysait parce que son coeur ne pouvait plus supporter. Plus de filtres, plus de brumes, seule la vérité. Elle avait quémandé pour la tempête, il lui offrirait un ouragan. Et sa gorge qui le brulait et son souffle qui dérapait. L'innocent devenait violent. L'ignorant devenait médisant. Malade de convalescence, il continuait dans son châtiment. Sans arrêt, sans pauses pour s'excuser. Il déposait ses dernières cartes sous sa colère livide prêt à payer les frais de cet affront. Et la belle se taisait loin de cette vérité. La réalité l'éprenant dans cette illusion fictive. Elle saignait la poupée, elle perdait tout ce qu'elle désirait sous ce combat recroquevillé. Mais aucun n'appuierait sur la gâchette, personne ne mettrait fin à leurs tourments. Trop lâches, trop futiles pour se libérer de cette emprise acide. Et seuls les brisures résonnaient, les mots qui s'égaraient et qui rebondissaient. « Faut croire que tu m’aimes plus tant que ça Caïn vu tout ce que tu viens de dire. Ça c’était blessant. » Flare ne réagissait plus même face à sa sincérité car son coeur était entrelacé par sa haine tremblante. Et pourtant ses poumons s'enflammaient encore de ce besoin de parler, d'essouffler toutes les viscères de sa colère. Alors il mordait, il s'écorchait sa bouche acidulée pour ne pas s'enterrer. Même si au fond il était déjà quatre pied sous terre son coeur torpillé par une succube insatiable. Et tandis que leurs tornades de syllabes se rompaient pour une trêve humide, c'était la tempête qui les menaçait de leurs insécurités sous les craquements entiers de cette grotte dépaysée. Les tremblements de chair se transformant en tremblements de terre. Et Caïn abaissait les vapes de son instabilité sous le premier choc sourd qui venait le terrasser. Un bout de roche venant s'égratigner sur sa tempe rougie. Un gémissement rauque venait bruler ses lèvres ensanglantées par sa morsure amère et il tentait de retrouver la liberté de ce cahot environnant. Mais le monde s'écroulait et avec lui cet abri d'infortune. Accourant le brun puisait dans ses dernières forces pour tenter d'échapper mais son seul fait fut de sauver celle qui enfonçait sa carcasse dans la terre mouillée. La poussant avant de se faire écraser, la rejetant avant de voir la mort la happait. Son corps la frappa de profil avant de se décomposer dans les cendres perfides de cette nature livide. Ecrasé, torpillé, crevé... Avec seul cette douleur pour le réconforter.