Know I've done wrong, left your heart torn.

◊ Know I've done wrong, left your heart torn.
(thème musical)

L'un des premiers points positifs de ton rôle de messager était de pouvoir parcourir les monts et vallées de -quasiment- tout Darwin Game sans pour autant te faire égorger à la première rencontre survenue. De quoi attiser ton goût pour l'urbanisme, l'architecture et toutes ces merdes là. Aussi, c'était avec un vif entrain que tu acceptait toute nouvelle mission. Présentement, cela faisait une semaine que tu avais quitté les quartiers généraux des Gaia. Pas que ta mission ai nécessité un voyage de longue haleine, non, simplement tu aimais prendre le temps de visiter et de fouiller chaque recoin qui t'intéressait.

Tout c'était déroulé à merveille. Ce matin même, tu étais parti délivrer le message que l'on t'avait retransmit. Grâce à ton insigne de messager, c'était à peine si l'on avait fait attention à toi. Tu étais de passage, un point c'est tout. Aussi, tu te décidas de profiter de ta petite aventure pour visiter la ville et ses alentours. C'était la premières fois que tu pouvais te le permettre depuis ton inscription à DG.
Tout concentré à ta contemplation, tu ne fis pas attention au jour qui déclinait à l'horizon et aux quelques intrépides qui semblaient se faire moins nombreux. Lorsque ces deux facteurs t’interpellèrent enfin, tu te décidas à rebrousser chemin en direction de ton camp que tu savais pourtant à des heures de marche d'ici. Tant pis, quitte à passer la nuit tu préférais autant le faire à la belle étoile à l'orée d'une forêt plutôt que dans une ville désolée où il ne faisait pas bon de veiller.

Tournant un peu abruptement au détour d'une ruelle, tu ne pu esquiver l'altercation physique. Plus violente que tu n'aurais pu l'imaginée, nourrit par la puissance que tu avais déjà prit pour tourner et par ton rythme de marche acharné. Tu sentis le gravier gras de saleté crisser et se dérober sous tes pieds, menaçant de te faire perdre ton équilibre. Désireux de ne pas te ridiculiser en t'étalant de tout ton long au sol, ta paume alla chercher un soutien chez ton obstacle et jeta son dévolu sur le bras de ce dernier qu'elle enserra avec la force d'un étau. Sacrée entrée en matière que vous teniez là. Reprenant tes esprits tout en auscultant les lieux et la scène qui venait de se jouer, tu murmuras : « Oups.. mes excuses, je ne.. j'ai pas fais gaffe, désolé. » Tu te remis sur tes deux jambes et tu entrepris de dépoussiérer tes fringues du revers de la main qui agrippait jusque là l'inconnu. Tu avais conscience que cela ne suffirait pourtant pas à effacer ton geste. Intrigué, tu releva le regard vers ton nouvel interlocuteur. La couleur particulière de ses yeux te happa, si bien qu'il te fallut trois secondes pour reprendre tes esprits et continuer sur le même tons grave : « Rien de cassé ? » Lui semblait moins bousculé que tu ne l'avait été toi-même par les événements. Tes sourcils se haussèrent, circonspects. Allait-il prendre les faits comme une déclaration de guerre ? Tout semblait plausible une fois dans Darwin Game...

Malgré les nuances familières qui dansaient dans ses orbes bleutées, mais les années ayant rongées le reste, à aucun instant tu ne le reconnu - ou peut-être était-ce la pénombre qui s'amusait à tes dépends.

Know I've done wrong, left yor heart torn

Lionel & Isaïah

C'était toujours la même chose, une journée comme toutes les autres, j'attendais que tout le monde soit occupé, ait le dos tourné, leur attention portée sur tout sauf sur moi pour me faufiler hors du camp sans un bruit, sans me faire remarquer.
Pour être honnête j'avais toujours tout fait pour passer inaperçu, toujours de noir vêtu, la capuche de ma veste constamment rabattue sur mon visage pour qu'on ne puisse pas m'identifier, je n'étais jamais qu'un fantôme, qu'une ombre aux yeux des autres, un solitaire, même avant tout ça, même avant le jour de l'unité, pourtant, depuis ce moment là, depuis mes deux humiliations consécutives tout avait changé, s'était renforcé, je supportais de moins en moins la proximité des autres, tolérant à peine qu'on s'adresse à moi et le moindre contact physique me transformait tour à tour en monstre violent puis en gosse apeuré.
Je savais que ce comportement était loin d'être normal, je voyais bien que j'étais le seul à réagir ainsi, même Alpha, ma partenaire, malgré son ego froissé ne semblait pas avoir les mêmes séquelles que les miennes , j'étais le seul à agir comme un fou, un taré, je savais que j'aurais dû demander de l'aider ou au moins accepter d'en parler mais ma fierté guidait encore et toujours mes pas, au détriment même de ma santé cette fois, préférant continuer à partir du camp en secret, à errer sur la map, perdu dans mes pensées, retraçant le fil des événements, cherchant les erreurs que j'avais pu commettre, forcé de réaliser que je n'avais rien raté, j'étais simplement tombé sur des adversaires mieux entraînés.

Ce jour là, c'était sur Darwin Harbor que s'était porté mon choix, explorant les rues aux pavés défoncés, rentrant dans les immeubles éventrés dans un silence presque surnaturel, seulement brisé par moment par des bruits de pas précipités et de rares coups de feu qui me rappelaient à la réalité de ce monde, à cette guerre qui continuait malgré la prétendue paix. Pourtant je n'y prêtais pas réellement attention, en ces lieux sombres et au moins aussi abandonnés et brisés que je l'étais, je me retrouvais, je m'évadais je m’imaginais presque dans une cité post-apocalyptique, prise d'assaut par les zombies, m'attribuant le rôle du héro, du sauveur...En ces temps troublés, c'était dans mon imagination, dans mon esprit, dans les mondes parallèles que je créais que j'avais trouvé la clef de ma survie.
J'allais tourner au coins d'une rue, toujours enfermé dans mes délires intérieurs, cette petite histoire que je me narrais, quand soudain je me fis percuter par quelque chose, quelqu'un dont la main s'accrocha fermement à mon bras, le choc si violent que je me retrouvais le souffle coupé quelques instants, ma capuche glissant pour révéler mon vrai visage.
Mon premier réflexe, passé la surprise, fut de vouloir me débattre, le repousser loin de moi mais je compris bien vite qu'en aucun cas, je ne me faisais agresser, c'était juste un autre joueur, maladroit, qui avait failli s'étaler dans les graviers, alors je me calmais, et lui laissais le temps de reprendre ses esprits avant qu'il ne me lâche, se confondant en excuses.
Je haussai les épaules, sourire aux lèvres, ce n'était pas comme si c'était grave ou comme s'il avait commis un acte impardonnable, je n'allais pas l'agresser pour si peu.

«C'est pas grave, t'en fais pas. Ça va ? »

Je lui retournais la question, plus par politesse que par réel intérêt, prenant le temps à mon tour de regarder le visage de l'inconnu, me figeant pourtant rapidement en proie à nouveau à une sensation de déjà vu bien trop familière, la même que lorsque j'avais croisé Maëve, Samuel, puis plus récemment Svenja, à croire que je ne pouvais pas faire trois pas dans ce jeu sans tomber, plus ou moins littéralement, sur une ancienne connaissance.
Le plus ironique dans ces situations répétitives restait que je n'étais même pas le genre de personne qui avait, ou avait eu beaucoup d'amis et de proches, si dans le jeu, j'étais un solitaire, je l'étais aussi dans la vraie vie, ne m'attachant que rarement aux personnes que je fréquentais, me dévoilant encore moins souvent. Si encore, j'avais été un de ces gars populaires, aux milliers d'amis, followers et autres conneries, j'aurais compris mais là, je commenças sérieusement à penser que j'étais maudit.

J'essayais de ne pas afficher un air trop las, car à ce point ce n'était plus la surprise qui m'habitait, mais alors que je le regardais plus en détails, les pièces du puzzle finirent par toutes s'emboîter brusquement et je mis un nom sur ce visage, sur une histoire que j'aurais largement préféré oublier et à laquelle j'aurais voulu ne plus être confronté...Alors malgré moi quelques mots m'échappèrent, teinté d'une amertume impossible à dissimuler, parce que cet homme là, je ne lui avais jamais vraiment pardonné.

« Putain, pas toi »

Je ne savais même pas si lui m'avait reconnu en réalité, probablement pas, j'avais énormément changé depuis toutes ces années, seuls mes yeux étaient restés les mêmes, je le savais, c'était toujours ainsi qu'on m’identifiais, mais je n'avais pas pu me retenir.
Pas toi, pas lui, parce que je n'avais vraiment pas envie de remuer le passé une énième fois, pour Samuel c'était resté tolérable, parce que même s'il m'avait blessé en m'abandonnant, lui n'avait jamais été qu'un ami, cet homme en face de moi, c'était une relation d'un autre genre qui nous avait lié, un tout autre type d'abandon, que je n'avais jamais accepté et qui ne m'avait laissé qu'un souvenir en mémoire, la certitude que le commun accord était la pire arnaque jamais inventée.

« Putain, pas toi. »
Le regard de Lionel se durcit comme si ces quelques mots, fort peu agréables, l'avaient blessé. Il n'avait pas pour habitude de se faire traiter ainsi dès la première rencontre avec un parfait inconnu. En tout cas, le jeune homme qui se dressait devant lui et qui semblait avoir plus ou moins son âge, ne lui semblait guère familier. Peut-être une lueur dans le regard, et encore... Lionel était brusquement habité d'une impression de déjà-vu sans pour autant réussir à l'expliquer vraiment. Sa langue claqua d'énervement contenue tandis que ses yeux, eux, n'eurent de cesse de fixer ceux de son interlocuteur. « Pardon ? Je pense qu'il y a méprise là. On se connait ? » Répondit t-il sur la défensive, s'éloignant de quelques pas en arrière comme pour instaurer un périmètre de sécurité entre eux. Il n'aimait pas trop la tournure que prenait les choses. Bien qu'au commencement son vis à vis avait semblé abordable quoiqu'un peu détaché ; depuis qu'il avait semblé le reconnaître son attitude avait changée du tout au tout. "Je ne suis même pas armé" songea Lionel en refaisant mentalement la liste de ses effets personnels qu'il avait eu la présence d'esprit d'emmener dans son périple. Sa seule arme, la clé anglaise qu'il emportait partout avec lui depuis ses débuts dans DG était maintenant nichée au fin fond de son sac à dos et il doutait d'avoir le temps de la sortir si jamais les événements tournaient mal. « Écoutes, encore désolé pour le choque mais je dois y aller. Salut. » Lionel contourna l'autre gars et se remit en chemin sans jamais jeter un regard derrière lui. Quelque chose, dans le regard ou bien dans l'attitude de l'inconnu - il n'aurait su le dire précisément - le mettait profondément mal à l'aise. Lionel avait la douloureuse impression d'être désolé et d'être fautif à la fois. Comme poussé par son inconscient, il sentait qu'à choisir, il préférais prendre ses distances plutôt qu'avoir à mettre un nom sur ce qui venait de se passer.

Malgré tout, il ne pu s'empêcher de se défaire de l'une des deux bretelles de son sac à dos pour enfoncer le bras à la recherche de sa clé. Il venait de manquer de vigilance. A force de rester terré au campement Lionel avait tendance à oublier la dangerosité qui régnait à DG. Et c'était mauvais pour lui, s'il voulait pouvoir survivre encore quelques mois de plus.

Lorsque sa paume rencontra le contact froid du métal elle se referma durement sur le manche de la clé anglaise et, jetant un coup d’œil en arrière, Lionel aurait presque pu jurer avoir croisé le regard de cet autre dont il ne connaissait même pas le nom. L'espace d'un instant, son pied hésita et resta suspendu à quelques centimètres du sol. Maintenant qu'il avait mis la main sur quelqu'un de relativement non agressif -du moins pas physiquement- il songeait qu'il aurait dû lui demander s'il connaissait un bon tuyau pour passer la nuit dans la ville, ou ses environs, sans pour autant se faire égorger dans son sommeil. Pour la énième fois, ses yeux austères allèrent jauger l'autre par dessus son épaule. Il n'était peut-être pas encore trop tard. « Hey! Tu ne connaîtrais pas un moyen de passer la nuit en sécurité, dans le coin, par hasard ? » Hasarda t-il tout en faisant volte face. « Sans vouloir abuser de ta gentillesse, évidemment. »

HRP: j'ai réussi à récupérer ça en revenant en arrière dans mon onglet j'sais plus si c'est mon post exact, je crois que oui, donc bon c'est mieux que rien hein.

Know I've done wrong, left yor heart torn

Lionel & Isaïah

L'entendre me dire qu'il devait y avoir méprise, me demander si on se connaissait sonnait comme un blasphème à mes oreilles, bien entendu, je m'en étais douté, depuis le début, rares étaient ceux qui me reconnaissaient au premier regard tant les années m'avaient transformées mais malgré ça, malgré la partie rationnelle de mon esprit qui tentait tant bien que mal de me raisonner, de me calmer, je devais lutter contre la partie plus instinctive, primitive, contre ma violence, mon envie de l'attraper par les épaules, de le plaquer contre le mur le plus proche en lui hurlant dessus, en l'insultant des heures durant.
Je mourrais d'envie de me venger pour ce qu'il avait fait, pour avoir juste imaginé que je puisse être d'accord un seul instant avec cette rupture, j'avais envie de l'étriper autant que j'avais envie de me gifler pour avoir été aussi stupide à l'époque.
Les regrets c'était ce qu'il y avait de pire, des démons qu'on croyait envolés avec les années et qui pourtant le moment venu refaisaient surface dans tout leur sadisme, rendus encore plus insupportable par le silence qu'on leur avait imposé...Pourtant malgré cela, malgré ces regrets qui se réveillaient en moi, se frayant un chemin insidieusement jusqu'à mon cœur, je ne lui répondis pas, n'esquissant pas le moindre geste alors qu'il me tournait le dos, le laissant partir une nouvelle fois malgré la douleur que cela m'infligeait...C'était une chose de perdre quelqu'un une fois, c'était une autre de le voir s'évaporer une seconde fois, pourtant je n'avais pas la force de l'appeler, parce que j'avais toujours été faible, toujours condamné à reproduire mes erreurs inlassablement, ce ne fut qu'une fois qu'il fut loin de moi que je murmurais à voix basse les mots que j'aurais aimé lui cracher à la face.

« C'est ça casse toi, c'est tout ce que t'as jamais su faire de toute façon »

Et c'était faux, je le savais bien, il avait aussi su me rendre heureux, me faire espérer, sourire, il avait su comprendre le gamin dysfonctionnel que j'étais et c'était justement pour ça que j'avais autant souffert, que je souffrais autant de le voir s'éloigner, s'il n'avait jamais été qu'un lâche qui ne m'avait rien apporté, tout aurait été immédiatement plus simple, il aurait été plus facile à oublier.

Lorsqu'il se tourna à nouveau vers moi, je ne pus retenir une petite étincelle d'espoir qui s'évanouit bien vite lorsque je compris qu'il ne voulait jamais qu'une information, comme des milliers avant lui, savoir quel était le secret pour survivre à une nuit en ville.
Un temps je fus tenté de lui répondre d'aller se faire voir, ou même de lui donner une fausse information pour qu'il meurt dévoré par les bêtes ou assassiné par les différents groupes qui se faisaient la guerre, mais je n'en fus pas capable et je lui répondis d'une voix lasse, morne, vide du moindre sentiment.

« Faut aller sur les toits, c'est ça le secret. Prendre de la hauteur permet de tout surveiller et d'avoir un coup d'avance sur les ennemis potentiels »

On aurait dit un élève qui récitait une leçon durement apprise, qu'on lui avait martelé encore et encore jusqu'à ce qu'elle s'ancre dans son esprit et qu'elle devienne une règle de vie.
Ce fut avec la même froideur presque martiale que je posais mes yeux sur lui à nouveau, avalant bruyamment ma salive alors que les mots s'échappèrent de ma bouche malgré moi, contre ma volonté.

« T'étais sérieux ? Tout à l'heure je veux dire. Tu te souviens vraiment plus de moi Lionel ? »

Je ne réalisais même pas que je l'avais appelé par son véritable prénom, ce qui ici, dans le jeu, était un tabou tant les identités étaient gardées secrètes presque jalousement par chaque joueur, et dans l'attente de sa réponse, je sentais mes yeux s'embuer, la froideur apparente me quitter, cette fois nulle trace de colère, ou même de regret, juste une tristesse infinie qui s'insinuait en moi à l'idée que lui ait pu oublier tout ça, que je n'ai pas eu la même importance pour lui, que celle qu'il avait pu avoir pour moi.

« Tu te souviens vraiment plus de moi Lionel ? »
La stupeur d'entendre mon nom dans la bouche d'un parfait étranger, connecté sur Darwin Game qui plus est, me tétanisa avec une rare brutalité. Le frisson qui parcourait tous mes membres à la fois n'avait rien d'agréable. D'aussi loin que remontait ma mémoire, je ne me remémorait aucune connaissance qui puisse vouloir ma mort sur le jeu. Ce qui était plutôt bon signe pour l'instant. Bien qu'en vue des tons qu'avaient utilisés mon acolyte, je n'était pas si certain d'être en sécurité à ses côtés. Bon, réfléchissons un coup. Il m'avait appelé par mon prénom et non par mon nom. Cela ne signifiait t-il donc pas que nous devions avoir partagé une relation amicale ? Il semblait avoir plus ou moins mon âge, à peine plus. Était-ce l'un de mes anciens camarades de classe ? Quelle misère, comment aurais-je pu me rappeler d'une personne en particulier alors que depuis les bancs de la primaire j'en avais vu tourner des millions, des jeunes qui auraient pu lui ressembler à un moment ou à un autre. Surtout depuis les études supérieures où nous nous comptions dès lors plus que par cinquantaines voir centaines par classe. Je plissais les yeux. Oui mais il avait semblé être insistant. Il devait forcément se détacher du lot.

Le contact froid de ses yeux sur ma personne m'arracha un énième frisson. Je connaissais ce regard, j'en étais certain. Pareil à ces certitudes tenaces qui ne vous quittent jamais malgré les années mais sur lesquelles vous ne pouviez néanmoins pas mettre d'images ni de mots. Je ne pu me détourner de ses orbes inquisitrices tandis que l'impression de roc froid et impénétrable s'évaporait de son visage pour laisser place à une profonde tristesse qui me prit aux tripes. C'était vraiment déstabilisant. Même si ce gars s'était avéré être lunatique, cela n'expliquait pas la puissance des émotions qui semblaient le tourmenter à l'instant même ou nous parlions. Je n'étais plus sûr d'avoir fait le bon choix en faisant demi-tour, bien qu'il se soit prit au jeu et qu'il m'ait expliquer comment passer une nuit à l'abris du danger.

« Tu peux m'appeler Wonhey. »

Rétorquais-je après avoir déglutit pour me redonner de la contenance. Ce type avait le don pour me mettre mal à l'aise. J'en étais presque rendu au point de me sentir fautif pour quelque chose dont je ne savais rien. Ne sachant si je pouvais lui faire confiance ou non, je préférais lui donner mon pseudonyme sans pour autant avouer de vive voix qu'il avait tapé juste pour mon prénom. Autant jouer la carte de la sécurité. Pourtant je n'était pas certain que le laisser dans l'impasse soit la meilleure des alternatives.

Avec lenteur, je commençais à m'approcher pour mieux scruter son visage et notamment la teinte de ses yeux. Définitivement, quelque chose d'indéfinissable me hurlait qu'il n'était pas impossible qu'on se soit connu par le passé. Suffisamment bien connus pour que je puisse me rappeler la petite tache plus claire qui dardait le haut de son iris gauche - ou bien délirais-je complètement ? Je retins maladroitement l'envie soudaine et fugace de lui toucher le visage du bout des doigts. Je n'avais eu cette habitude qu'avec une seule personne au monde, excepté ma famille proche, et cela remontait au lycée. Autant dire à des années lumières, maintenant. Non, c'était impossible - décrétais-je plus pour me rassurer que pour toute autre raison.

« Tu es sûr de vouloir que je m'en souvienne ? (figes, mes yeux fixant chacun des siens tour à tour) Tes yeux semblent me crier l'inverse. »

Je m'éloignais alors d'un pas, rompant cette atmosphère intimiste qui venait doucement de se nouer entre nous. Je ne devais pas non plus jouer avec le feu en exacerbant ses sentiments qui semblaient d'ores et déjà sans dessus dessous. Vite, changer de sujet. Quitte à passer pour un insensible, je préférais autant noyer le poisson plutôt que continuer à être confronté à son air de douleur ravalée.

« Je pense que je vais jeter mon dévolu sur le dernier étage de ce bâtiment-ci, dans ce cas. (continuais-je d'un ton plus neutre tout en désignant une porte située sur notre flan gauche) Merci pour les infos au fait. (un temps passa pendant lequel je ne trouvais rien d'autre à faire que de me passer une main dans les cheveux, déstabilisé. Devais-je lui proposer de m'accompagner ? Oh, et puis au point où nous en étions rendus...) Pourquoi ne pas te joindre à moi pour cette nuit ? Je crois que quelques explications ne seraient pas un luxe. Puis je connais mal ce secteur, ce serait l'occasion rêvée pour moi d'en apprendre un peu plus. »

Je ne savais plus quoi ajouter pour justifier ma proposition qui, dans d'autres circonstances, aurait pu paraître parfaitement outrageuse. Prenant mon courage à deux main je raffermis mon emprise sur la lanière de mon sac et fit mine de m'éloigner en direction du bâtiment que je lui avait pointé de l'index. Je n'avais vraiment aucune envie de m’attarder sur terrain ouvert. Nous formions des cibles parfaites si nous restions trop longtemps dehors, à n'en pas douter. Néanmoins je ne pouvais pas me permettre de le planter là sans avoir lâché un mot. Tout comme je ne pouvais guère lui prendre la main et de le traîner de force à ma suite. J'avais plus de savoir vivre que ça.
Maintenant, c'était à lui de juger de ce qu'il voulait en cet instant.
Nous pouvions très bien parler de la pluie et du beau temps au fond d'une salle poussiéreuse du dernier étage, cela m'allait parfaitement.

HRP: Nooooooooon, qu'ais-je faiiiiis. J'ai appuyé sur édité au lieu de citer ;; j'ai perdu mon poste d'avannnnnnnnt noooooooooooon en plus ce poste là n'est pas à la hauteur de mes attentes putaiiiiiiiiin je suis la déception incarnée milles pardons ;w;

Know I've done wrong, left yor heart torn

Lionel & Isaïah

Ce fut seulement en voyant le brun se figer, en captant le malaise palpable qui émanait de son être alors qu'il se hâtait de me donner son pseudo que je compris que je l'avais appelé par son prénom, que ça m'avait échappé et surtout que ça m'échapperait probablement encore bien des fois.
Je n'avais pas le moindre contrôle là dessus, lorsque je connaissais une personne irl je n'arrivais pas à les appeler autrement que par leur véritable nom, malgré tout mes efforts tout se mélangeait dans mon esprit, les noms, les pseudos alors même que je savais que pour une majorité d'entre eux c'était quelque chose de capital : Ne pas révéler son identité réelle,à aucun prix bien que je n'arrivais pas à comprendre pourquoi.
Pour moi un nom ne valait rien, je me foutais que les autres joueurs savent que je m'appelais Isaïah Kowalski mais c'était probablement mon approche de gamin sans attaches qui me faisait dire ça, mon prénom venait d'une femme que je n'avais connu que pendant six ans et qui n'avait rien fait d'autre pour moi que de me mettre au monde alors que je n'avais rien demandé, et mon nom de famille était celui de parents adoptifs dont je n'avais jamais été proche, trop étranger à leur monde.
Mon nom n'avait aucune signification à mes yeux, c'était probablement pour ça que je me foutais qu'on m'appelle Isaïah ou Arthas, pour ça que ce secret autour des identités était incompréhensible pour moi, parce que je ne connaissais pas la véritable sens d'avoir une famille, une de sang, qu'on voulait protéger à tout prix, parce que je ne serais jamais autre chose que la pièce rapportée, le paria du lot.

Lentement, Lionel s'approcha de moi, comme pour mieux scruter mon visage, comme pour essayer de le resituer, de deviner qui j'étais et, si mon premier réflexe fut de reculer d'un pas, fuyant comme toujours la proximité, bien vite je me rendis compte que j'en étais incapable, happé par un flot de souvenirs continu alors que je fixais mon vis à vis dans les yeux, essayant de résister à l'envie de lui caresser le visage
Sous mes yeux, pourtant grand ouverts, je voyais défiler les images du passé, je revoyais notre rencontre, nos baisers, je me rappelais ses mains sur ma peau, les moments passés ensemble, et ça me brûlait presque tout ce bonheur, ça me faisait souffrir d'autant plus que je me rappelais aussi de comment tout s'était terminé, l'ultime dispute qui avait mis fin à notre « amitié ».
J'avais l'impression de devenir fou, de ne pas pouvoir supporter un instant de plus de revivre ça, alors discrètement je plantai mes ongles dans la paume de ma main, serrant les poings jusqu'à sentir ma peau se déchirer, j'avais besoin de cette douleur physique, qui me rappelait où était la réalité pour ne pas rester coincé à revivre le passé.
Il fallait croire toutefois que je n'avais pas été discret, que mes yeux avaient trahi mes sentiments car Lionel me fit remarquer que je n'avais pas l'air de vouloir qu'il se souvienne de moi, à en croire mon expression...Je secouai la tête sourire triste et las sur le visage.

« A choisir, j'aurais préféré que tu m'oublies pas »

C'était aussi simple que ça, j'aurais préféré qu'il se rappelle de moi avec la même intensité que je me souvenais de lui, parce malgré moi je n'avais pas pu oublier, probablement parce que j'aimais rarement.
En amour, en amitié, j'aimais peu, accordais difficilement ma confiance, ne me laissant pas facilement approcher, mais, pour les quelques personnes qui avaient réussi à percer mes défenses, c'était un amour sans faille, extrême que je leur vouais, être aimé de moi c'était avoir la certitude de ma loyauté, savoir que je tuerais pour eux et que je pardonnerais toujours....La loyauté, le pardon, l'amour, j'avais ces dons en moi, j'aurais probablement fait un bon ATOM au fond si seulement je les avais partagé avec le monde entier et pas conservé pour quelques rares privilégiés.

Mettant fin à l'atmosphère intimiste qui s'était installée entre nous, Lionel reprit la parole et me proposa de l'accompagner pour la nuit, ce fut spontanément que je répondis, un sourire sincère aux lèvres.

« Pourquoi pas »

Je savais que je n'étais pas loin du QG pourtant, que je pourrais y rentrer sans difficulté mais je n'avais pas envie de le laisser, de l'abandonner là, j'avais envie de profiter encore de sa présence, alors, vérifiant que j'avais bien toutes mes armes, rien oublié derrière moi et rabattant par réflexe la capuche de mon uniforme sur mon visage, je lui emboîtai le pas.

« Tu peux m'appeler Arthas au fait »

Je marquai une pause avant de reprendre, d'une voix empreinte de nostalgie, sans savoir si je faisais bien de me lancer maintenant.

« Ou Isaïah. J'étais Isaïah pour toi»

HRP : T'as tellement pas eu de chance :rire:

Mais ton rp était parfait malgré tes mésaventures t'en fais pas