dans nos filets ☆ la bête sort de sa tanière. la mort sur les talons, elle se laisse guider par l'odeur du sang dans la brise du soir. au dessus de sa tête alourdie par les poèmes d'obscurité, le ciel se teinte du vif du nectar de vie, un rouge perçant à en nourrir le vampire assoiffé qui loge dans son coeur de pierre. la faucheuse et le fossoyeur emportent dans leur sillon la désolation qui leur est si chère à l'âme. le sourire carnassier qui glisse dans le coin de leurs lèvres traduit cette immortalité divine qu'ils pensent avoir apprivoisée. pas un mot pour briser la quiétude infernale qui remonte les veines de l’illusionniste. pas un mot pour étouffer la montée d'impatience presque enfantine que lui procure l'attente de la terreur. il est le monstre parti chasser. le dragon guettant la brebis égarée.
Les secondes s’effondrent entre les feuilles verdoyantes, ricochant sur les ailes déployées d'oiseaux déformés. hors du monde, dans son univers qui ne connait aucun sablier, la chimère perd toute notion, tout repère. il se délecte de cette magie étourdissante. le silence a ce gout sucré qu'il n'a jamais su trouver que dans les cris. le silence sans solitude est un met dont il ne parvient pas à se lasser. il n'aurait jamais pu envisager, quelques vies plus tôt, de partager ses escapes et quêtes avec une autre entité que la séduisante solitude, demoiselle aux lèvres empoisonnées auprès de laquelle il s'est tant laissé bercer. mais il s'humanise un peu maintenant, juste assez pour survivre. il se dit que la compagnie bien choisie peut avoir quelques douceurs diaboliques. qu'il n'est pas seul eshué.