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 Lovely weapon of mass destruction — Luna
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MessageSujet: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyJeu 22 Sep - 22:00

lovely weapon of mass destruction


Alors qu'il donne un tour de clé dans la serrure pour fermer la porte de l'échoppe, un vent glacial lui parcourt l'échine et lui arrache un violent frisson. Encore à l'abri sous la toiture épaisse de la station service, il hésite à faire un pas de plus et braver cette pluie torrentielle qui inonde déjà les caniveaux depuis de longues heures interminables, durant lesquelles il n'avait rien fait de plus que se laisser hypnotiser par les gerbes d'eau qui s'éclataient bruyamment contre les vitres de la boutique. Malgré sa réticence, la morosité de l'entièreté de la journée accentue son désir de s'envoler d'ici, et après de longues minutes d'hésitation, il parvient finalement à faire un pas en avant pour se livrer à la pluie tumultueuse, ses traits arborant le même effroi qu'il manifesterait s'il tombait brutalement dans le vide. Il ne faut que quelques brèves secondes à la pluie pour tremper sa veste en cuir et affadir sa chevelure de feu, assombrie par les gouttes de pluie qui terminent leur chemin sinueux au bout de son menton. Sous-estimer les deux ou trois nuages gris à l'horizon et laisser le parapluie à la maison étaient des erreurs de débutant qu'il ne reproduirait plus à l'avenir, maintenant que sa négligence avait été punie comme il se doit.

Il ne juge même plus utile de se presser pour rentrer chez lui, ne pouvant de toute façon pas être plus trempé qu'il l'était après deux minutes sous le déluge. Une autre idée a déjà germé dans son esprit, et il bifurque vers une autre rue que celle qu'il emprunte habituellement, pour changer radicalement de direction. Son chien ne verra pas son maître rentrer ce soir, du moins pas à l'heure à laquelle il est accoutumé, puisque celui-ci juge meilleur d'aller s'abriter dans un lieu bien plus proche de la station que son appartement. Pourtant, la simple proximité n'est pas la seule raison de son choix. C'était un petit bout de paradis perdu au milieu des déchets et de la misère affligeante des bas fonds de Chicago, qui illuminait un peu sa pauvre vie plongée dans des ténèbres effroyables. Un genre de canot de sauvetage, miraculeusement échoué dans ce tas de fumier chaotique, réservé au premier rescapé qui parviendra à l'atteindre. Et Dieu seul sait à quel point elle peut être difficile à atteindre. Elle, l'astre sublime et insaisissable. Luna.

Dehors, pas un chat n'erre dans ces rues sinistres, et l'heure du couvre-feu devient une raison très secondaire du point de vue du rouquin qui se soucie davantage de l'inconfort de ses vêtements trempés plutôt que de savoir s'il rentrera à l'heure comme tous ces braves gens, semblables à des petits animaux apeurés, qui se terraient chez eux pour ne pas affronter la dure réalité. Il pousse un grognement lorsque ses chaussures commencent à s'inonder d'eau et lance un regard assassin au type qui le croise, le même qui l'observe avec une pointe de dédain, une charogne qui se délecte du spectacle visiblement réjouissant pendant que lui est bien au sec sous son parapluie. Mais Reinar ne se formalise plus de la gangrène qui ronge l'humanité, son attention est bien vite attirée par un rosier qui dépasse du grillage bordant le jardin d'un particulier. Sa main papillonne d'une rose à l'autre, jusqu'à s'arrêter sur la fleur la plus facile à arracher. Une facilité relative puisqu'il se pique inévitablement les doigts en empoignant la tige recouverte d'épines, qu'il tire d'un geste agacé. Une seule grimace de sa blonde vaut bien toute la douleur du monde, après tout.

Le contours de l'immeuble glauque se dessinent dans l'angle de la rue, le building qui était devenu petit à petit comme sa deuxième maison. Les noms des locataires sont griffonnés à la va-vite à côté de rangées de boutons, au point de devenir presque illisibles, mais il n'a plus besoin de cela pour savoir sur lequel appuyer. Pourtant, l'interphone reste silencieux, comme si le bâtiment n'était plus occupé que par des spectres errants. Poussé par l'agacement, il martèle le bouton et s'abstient de toute délicatesse. Finalement il recule, prêt à jeter des cailloux à la fenêtre s'il le faut pour qu'elle se réveille. Il n'en aura pas besoin cependant, car en levant le menton il aperçoit Luna, paisible, qui l'observe tranquillement depuis son balcon. Pas décidée à bouger le petit doigt, visiblement. « Bonsoir Luna. » Il se force à paraître agréable, mais son impatience se lit aisément dans son regard, ses mots soigneusement choisis ne parviennent pas à dissimuler sa contrariété. « Je devine à ton expression que tu n'as pas envie de me voir, mais sois une gentille fifille pour une fois et fais-moi le plaisir de bouger ton gros cul pour aller ouvrir la porte. » Un soupir. Pour quelle obscure raison avait-il pensé qu'elle serait disposée à lui ouvrir sa porte ? Cela faisait plusieurs semaines qu'ils ne s'étaient plus adressé la parole, après qu'elle l'ait sauvagement tué dans le darwin's game sans qu'il comprenne réellement pourquoi. C'était une malade, tout simplement. Peut-être que cela faisait un peu partie de son charme. D'un air désinvolte, il esquisse alors un petit sourire et coince la tige de la rose arrachée entre ses dents, avant de se placer dans une posture théâtrale. « Je t'ai trouvé une jolie rose, je sais que tu adores ça. » ajoute-t-il d'un ton sarcastique, sachant pertinemment qu'elle aime les roses au moins autant que l'on peut apprécier de se fourrer leur tige épineuse dans le derrière.


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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptySam 24 Sep - 11:34
Lovely weapon of mass destruction
Reinar & Luna

Elle papillonne, les pieds battant l’air au-dessus d’elle au rythme d’une musique qu’elle est la seule à entendre. Luna, étendue sur le dos, les yeux rivés au plafond et les jambes tendues contre le mur, sa position apporte un petit quelque chose d’excentrique à la scène. Au milieu de la jungle de chlorophylle qui règne dans l’unique pièce à vivre du petit studio. La blondinette, noyée dans le moelleux de sa couette à l’épaisseur affolante. Son nuage sur lequel elle adore se poser, rester là des heures, après une journée insipide à répondre au téléphone. Se montrer aimable derrière des sourires aussi blancs qu’un tube de dentifrice hollywoodien. Se retenir d’envoyer balader les imbéciles à l’autre de la ligne, Luna qui s’enlise dans son rôle de poupée de présentation. Potiche au joli minois que l’on colle en première ligne pour faire du bien aux mirettes. Dans un soupir agacé par cette seule pensée, elle expulse la fumée de ses poumons. Laisse les volutes s’élever devant son nez, disparaître à mesure qu’elles se rapprochent du plafond. Une nouvelle taffe, qu’elle tire avec envie. La chaleur de cette addiction avec laquelle elle se grille les poumons. Ses fleurs violettes, protégées du reste du monde sous la chaleur de la lampe, couveuse improvisée pour le bien-être de ces bébés végétaux. Son petit réconfort au milieu de son monde pourri. De la couleur dans un immeuble aussi glauque et insalubre que la rue qui y mène. Bulle de chaleur qu’elle entretient avec une certaine ardeur, par peur de se faire bouffer par la tristesse qui trône au-delà de sa porte. Ca lui rappelle son Australie, les après-midi étouffantes à rougir sous un soleil de plomb. Se brûler la peau et se marrer lorsqu’elle commence à peler, virer au rouge pour se confondre avec les pierres couleur de feu trônant autour de la maison.

Perdue dans les volutes de son enfance, Luna ne réalise pas de suite que le bruit qui résonne dans toute la pièce n’est autre que la sonnette de son interphone. Machin qu’elle aimerait bien voir tomber en panne, rien qu’une fois. Pour que tous les imbéciles du quartier arrêtent de sonner, au hasard jusqu’à ce que quelqu’un réponde pour mieux se frayer un chemin à l’intérieur. Elle a apprit à y répondre le moins possible, et à se barricader une fois la porte fermée. D’où un surplus de verrous, illustrant la paranoïa qui se glisse dans la tête de la petite blonde dès qu’elle se retrouve au milieu de la foule. Une autre symphonie de sonnette stridente, et elle sursaute. Balance de la cendre sur sa couette aux motifs psychédéliques. Dans un grognement proche de celui que peut émettre un koala mal réveillé, Luna se lève. Elle traîne des chaussettes sur les tapis jonchant le parquet miteux, hésite à sortir lorsqu’elle aperçoit les torrents de flotte qui dévale les bords du balcon au-dessus du sien. Se faire tremper pour un crétin sûrement trop pété pour comprendre ce qu’il est en train de faire. Elle se ravise, prête à retourner dans son royaume de couette mais l’insistance la pousse à s’extirper de la chaleur de son cocon. Du bout du nez, la blondinette jette un regard en bas. Surprise d’y trouver son rouquin, trempé jusqu’aux os. Elle s’appuie avec nonchalance contre la rambarde humide, tapote du bout de ses doigts contre le métal et reste impassible lorsque la voix s’élève pour mieux venir lui chatouiller les oreilles. Perchée au-dessus du vide, elle ne sait pas ce qu’elle veut. Lui éclater la tronche sur le pavé, comme elle a pu le faire dans le Darwin’s game. Encore et encore, jusqu’à ce que ce sourire qui la fait fondre ne ressemble plus à rien. Le détester pour de bon, et arrêter de le laisser l’approcher. Ou céder, une fois de plus, et le faire monter. Le dilemme creuse un trou dans sa poitrine. Elle hoche la tête, acquiesce, mutine. Effectivement, elle n’était pas prête à le revoir aussi vite. Comme ça, sortit de nulle part et catapulté dans son monde. Pas après son meurtre, certes virtuel, mais encore trop frais dans sa mémoire. La suite lui fait froncer les sourcils, l’agacement pointant son nez sur son minois, pour se changer en colère lorsque la rose entre scène. Crétin.

« - Charmante attention. Si tu pouvais te démolir la langue avec les épines, ça m’arrangerait. » Venimeuse, Luna se redresse, abandonne son appui et toise le Roméo trempé. « - Casse-toi Reinar. » Lâche-t-elle, la plus tranchante possible. Et sans un regard en arrière, elle retourne se perdre à l’intérieur de son antre. Ferme soigneusement la fenêtre derrière elle et reste plantée là. Dans un soupir qui s’arrache de sa gorge, Luna renonce et va appuyer sur l’interphone. Déverrouille la porte d’accès de son immeuble pourri. Raiponce sans sa chevelure d’or qui utilise la technologie pour faire monter son prince jusque dans sa tour. Prince qui ressemble plus à une vieille grenouille en ce moment précis. Elle défait lentement les verrous de sa porte, laisse la chaîne de sécurité et ouvre juste au moment où les pas du rouquin résonnent dans le couloir. « - Tu t’es perdu ? T’as oublié ton adresse ? Ou celle de ton ex peut-être ? » Elle se moque la gamine, protégée derrière sa chaînette et sa porte. Tapote des ongles contre le bois, l’inconfort dans ses veines. Le dilemme qui lui revient à la figure comme ces boomerangs qu’elle aime tant. « - Tu fous de l’eau partout. Pile devant ma porte, je vais me faire pourrir par les débiles d’à côté. Qu’est-ce que tu veux ? » Souffle-t-elle, de l’irritation dans la voix. S’excuser pour être un parfait abrutit ? Elle en doute, vu l’humour douteux de son arrivée. La blondinette le détaille, sans gêne, des pieds à la tête, se prépare à refermer la porte à la figure du visiteur, pour détendre ses nerfs.
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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptySam 24 Sep - 19:24

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Casse-toi Reinar. Ses mots ont le mérite d'être clairs. Il ne s'attendait pas à davantage de clémence de la part de la blonde, quand bien même il ne parvenait pas toujours à comprendre son attitude et ses changements d'humeur fréquents. Affectueuse à un moment donné, venimeuse cinq minutes plus tard. Dans le fond, il sait pourquoi elle est ainsi, et il ne peut pas lui en tenir rigueur, même s'il ne peut pas s'empêcher d'en être profondément irrité. Tout chez elle l'agace au plus haut point, jusqu'au moindre battement de cils. Esquissant un sourire forcé, il saisit la rose pâle et piquante qu'il tient entre ses dents, et tend la main vers la blonde d'un geste théâtral. Pour mieux illustrer la scène, injecter plus de lyrisme et de poésie à ces délicieuses retrouvailles, il se racle la gorge et entame un discours mielleux à l'adresse de sa belle effarouchée. « Je me languis de toi, ma bien aimée Juliette. » La scène du balcon, un grand classique, une sublime démonstration d'un amour interdit, qui n'avait rien à voir avec la situation présente, puisque Reinar ne fait rien d'autre que pousser le sarcasme à l'extrême. Il sait que Luna, derrière ses airs de petite princesse précieuse, a horreur de ce romantisme sucré qui prend une dimension totalement burlesque lorsqu'il sort de la bouche de Reinar. Il fronce légèrement les sourcils pendant qu'il réfléchit, creusant dans sa mémoire pour retrouver les mots exacts du texte de Shakespeare, qu'il avait longuement étudié dans son enfance pendant que les autres garçons de son âge jouaient au football dehors. Avec le recul, il aurait nettement préféré mener une vie de gamin normal et pouvoir aller s'amuser avec eux, à l'époque. Sa famille avait été bien trop exigente envers lui, et voilà le triste résultat. « Nomme-moi seulement amour, et que ce soit comme un autre baptême ! Jamais plus je ne serai Roméo ! » ajoute-t-il avec entrain, en même temps que Luna disparaît du balcon, fuyant la tirade ennuyeuse de Roméo qu'il était prêt à réciter mot pour mot jusqu'à ce qu'elle se décide à lui ouvrir sa putain de porte.

Soudain, il entend le clac indiquant que le verrou de la porte de l'immeuble est levé, et sans perdre une seconde, il se presse d'aller l'ouvrir avant qu'elle ne se referme malencontreusement devant son nez. Dans le couloir, il sent l'odeur désagréable tout droit venue de la cave et des poubelles débordant de déchets, et remarque rapidement la saleté sur le sol, preuve évidente que plus aucun agent d'entretien n'osait mettre les pieds ici. Il jette un furtif coup d'œil aux boîtes aux lettres, s'arrête devant celle de Luna et y glisse la rose trempée, convaincu qu'elle ne le laissera pas rentrer s'il se pointe avec ce qui lui semblait aussi répugnant qu'un crapeau gluant. Pressant le pas, il monte rapidement les marches de l'escalier pour rejoindre le premier étage, il trouve sans difficulté l'appartement de Luna, connaissant le chemin comme sa poche. Il passe ses mains dans ses cheveux roux trempés pour les rabattre en arrière, et en même temps, il aperçoit les deux billes couleur émeraude de la petite blonde, de l'autre côté de la porte légèrement entrouverte, bloquée par la chaîne.

Ouvrir la porte d'en bas pour lui donner un faux espoir, le laisser espérer pendant cinq minutes pour lui claquer la porte au nez ensuite, ce serait du Luna tout craché. Il la gratifie d'un sourire narquois, contenant difficilement son agacement et son impatience. « Ce n'est que de l'eau, c'est pas ça qui va attaquer le sol. » Ses mots sont comme un crachat de venin, acerbes et spontanés, il lui adresse un regard condescendant pendant qu'elle dresse un énième rempart entre eux. Un rempart qu'il ne peut pas accepter. Peut-être que ça effacera un peu la crasse, pense-t-il en constatant que les couloirs de l'étage sont aussi mal entretenus que ceux du rez-de-chaussée. Il se rapproche de la porte, appuie son bras contre le mur et observe longuement le joli visage de poupée de Luna, calmement. Une adorable poupée de porcelaine, trop facile à briser. « Pourquoi tu te caches, t'as peur que je te bouffe ? C'est facile de faire la maligne et me casser les dents dans un jeu mortel, mais après faut assumer ses actes. » Un sourire. Il ne cherche pas d'excuses ni d'explications, il ne fait que la mettre face à la réalité, elle qui se planque lâchement derrière sa porte. Elle qui finira bien par céder, s'il lui reste un minimum de conscience. Pas sûr que ce soit le cas, ce n'est qu'une blondasse après tout. « Je suis trempé et le couvre-feu est déjà passé, j'ai pas le temps de rentrer chez moi. Et comme tu es quelqu'un de fondamentalement bon et généreux, tu ne vas quand même pas me laisser dehors sous la pluie, n'est-ce pas ? » Un compliment qui sonne creux, une hypocrisie nullement dissimulée. Il ne se donnera pas la peine de lui faire des courbettes car il sait qu'elle ne refusera pas, peu importe combien de temps elle résiste. « Arrête de faire la gamine et laisse-moi entrer. » ajoute-t-il d'un ton plus ferme, soudain envahi d'une immense lassitude.


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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyDim 25 Sep - 11:33
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Comme pour achever sa pauvre patience, la tirade du Roméo de bas étage motive la blonde à retourner se terrer à l’intérieur. Petite capricieuse incapable de savoir ce qu’elle veut, elle se bouffe l’ongle le temps de réfléchir. Avant de s’élancer et faire tomber la première barrière qui la sépare de son invité inopiné. Les retrouvailles sur son palier, forcées par le temps qui tourne à l’apocalypse. Elle n’avait pas prévu ça, préférant l’éviter encore un peu, le temps de tasser sous un tas de poussière le meurtre violent dont il a été victime. Pour se laisser le temps d’encaisser, et potentiellement se protéger contre des envies similaires hors de son écran d’ordinateur. Paradoxalement, elle tient trop à lui pour le supprimer totalement. Elle le déteste, à s’en péter le cœur, s’arracher la langue à force de la lui tirer comme la gamine qu’elle peut être parfois. Elle joue des chaussettes sur le parquet, tapote des orteils derrière la porte, irritée. Frustrée, un brin gênée peut-être aussi mais elle n’en laisse rien paraître. « - Mais le voisin teigneux d'à côté, serait bien capable d'utiliser ta tignasse pour éponger s'il venait à fourrer son nez dehors. » Elle lui adresse son plus beau sourire d’emmerdeuse et joue du nez en direction de la porte voisine. Peinture écaillée et chiffre à moitié défoncé. Illisible. La grosse brute qui lui sert de voisin, le type qui la reluque comme si elle était une de ces pouffes qui traînent leurs derrières potelés sur le trottoir. En toute discrétion, comme si c’était déjà pas marqué sur leur maquillage trop visible qu’elles n’attendent que de trouver un type pour aller jouer sous leurs jupes. Luna qui fait la gueule au maquillage et qui préfère les tenues plus masculines que les jupettes moulantes et trop courtes. Comme si elle avait une tête de traînée, la bonne blague. Lui aussi, elle aimerait bien lui refaire le portrait mais elle doute sérieusement qu’il soit capable de jouer au Darwin’s Game. « - Parce que tu crois que tu me fais peur ? J'assume totalement ce que j'ai fait. C'est ce que tu mérites, à te comporter comme le dernier con de la terre. Ici ou là-bas. » Le ton se veut offusqué alors qu’elle joue du menton dans la direction du rouquin au faux air de renard détrempé. Elle a peut-être un peu peur de lui, quelque part dans sa tête de petite fille fragile. Un petit morceau d’elle qui redoute ses sautes d’humeur, le changement menaçant dans ces yeux envoûtants. Aussi barré qu’elle d’une certaine manière, c’est peut-être pour ça qu’elle le supporte. Qu’elle ne tremble pas quand il la touche, s’approche d’un peu trop près comme il vient de le faire.

Elle réfléchit la petite tête blonde, ça se lit dans ses yeux. Ils se perdent dans le vide, quelque part entre les taches de rousseur sur la pommette et le vide qui traîne derrière l’épaule de Reinar. Elle va céder, elle le sait. Ca démange déjà ses doigts, de faire sauter la chaîne. Juste là pour s’élever comme un autre rempart, agiter la carotte devant son nez pour mieux le lui bousiller quand elle se décidera à le planter là comme un idiot. « - Fallait peut-être réfléchir à ça avant de perdre du temps à jouer au fleuriste. T'es nul dans le rôle de Roméo d'ailleurs, tu devrais revoir tes classiques. » Désinvolte et sarcastique, elle hausse une épaule en esquissant une moue de gamine trop gâtée. Celle qui se fout d’avoir encore eu pour son anniversaire un énième poney qui finira par crever comme tous les autres. « - Je pourrais te laisser là. A faire le poireau devant ma porte, tu pourrais en profiter pour donner un coup de propre sur le sol, tu serais utile pour une fois. » Le cerveau se déconnecte une fois de plus, plongeant Luna dans ses pensées. Le regard vague et un grand sourire qui se peint sur ses lèvres qu’elle vient cacher avec ses doigts. « - Tout seul devant ma porte… Ce serait tellement drôle. » Elle en rigole toute seule. Imagine la scène, la déconfiture qui se peindra sur la trombine du rouquin, seul dans ce couloir pourri. Quand elle, elle retournera se noyer dans sa couette, avec juste ses chaussettes qui dépassent, en témoin de sa présence. Ca l’amuse, clairement et ça se lit sur sa bouille. Luna la gamine, cette adulte qui parfois donne l’impression d’avoir oublié de grandir. Pour retrouver ton son sérieux dans un battement de cil. C’est ce qu’elle fait, elle bat des cils, pour refaire le point et reporter toute son attention sur sa visite surprise.

Elle se redresse, joue des épaules pour se donner un air. Toise le crétin qui empiète un peu trop dans son monde. « - Et tu veux quoi ? Que je te laisse entrer, te colle une tasse de café bien chaude entre les pattes, et que je te file des fringues ? T’es pas très épais, mais tu rentreras jamais dans mes affaires. » Les petits doigts s’agitent, désignent toute la silhouette. Ce corps qu’elle connaît un peu trop bien pour que l’on considère ça comme une relation saine. C’est impossible avec elle. Trop cinglée, trop tant de choses qu’il est difficile d’en trouver seulement une pour la définir dans son entier. Luna qui soupire et baisse un instant le nez. Pour finalement refermer brusquement la porte, comme elle l’avait prévu. Et faire glisser la chaîne de son rail, comme elle ne l’avait pas vraiment prévu. « - Si tu voyais ta tronche, t’es pitoyable. » Lâche-t-elle tout en lâchant sa porte, disparaissant derrière un rideau de feuilles et de fleurs, quelque part dans le petit placard qui lui sert de salle de bain. Pour mieux revenir et balancer à la figure de Reinar, et sans plus de cérémonie, une serviette. « - Et inonde pas tout l'appartement non plus. » Le reproche s’échappe avec plus de fermeté qu’elle le voudrait. Elle se laisse tomber avec une certaine délicatesse sur son lit, et plantée là, elle le fixe. De ses yeux grands ouverts. Luna qui analyse, détaille jusqu’à vous rendre malade, aspirer l’âme dans le vert de ses pupilles aux iris trop dilatées.
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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyLun 26 Sep - 1:32

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Doucement sa main se lève et ses doigts fins agrippent la ridicule chaîne qui le sépare de Luna, cette barrière qu'elle seule peut décider d'ôter ou non. Il se laisse envoûter par ses iris de jade qu'il ne se lassait jamais de contempler, incapable de deviner à quoi elle pense, autour de quelle orbite elle tourne actuellement. Il est fasciné, autant par sa beauté que par sa folie, il l'apprécie comme un casse-tête chinois qui mettrait son esprit d'analyse à rude épreuve mais dont il serait infiniment fier de réussir à déceler tous les mystères. Inexplicablement, plus elle lui donne de fil à retordre et moins il veut lâcher prise. À tel point que le voisin bourru et grossier, il s'en moque remarquablement. Il l'a déjà croisé quelques fois dans ce couloir sinistre auquel il était habitué maintenant, il sait à quoi s'attendre si le bulldog en question débarque avec ses gros sabots. Mais Reinar n'est pas impressionné par les grandes brutes menaçantes, elle devrait pourtant savoir que cet argument n'a plus d'effet sur lui depuis bien longtemps. Alors à sa remarque moqueuse, il lui répond par un petit sourire amusé, pendant que ses doigts triturent nerveusement les maillons de la chaînette gênante. Elle n'a pas peur, la petite blonde, c'est ce qu'elle prétend avec arrogance, et pourtant elle continue de se cacher, comme si elle craignait des représailles. S'il avait voulu lui faire du mal ou lever la main sur elle à un moment donné, il l'aurait fait bien avant qu'elle ne lui assène le coup fatal. C'est ce que tu mérites. Il estimait mériter bien pire que cela pour avoir seulement commis le crime d'être un mauvais père pendant dix secondes. Dix secondes de trop. Alors ses reproches puérils lui passaient au-dessus de la tête. Il demeurait pourtant sincèrement curieux de savoir ce qu'elle avait en tête lorsqu'elle avait cherché à l'abattre de sang froid. Peut-être n'avait-elle pas vraiment mesuré les conséquences réelles de ses actes, et il ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Beaucoup de choses l'agaçaient chez elle, mais il ne parvenait pas à lui en vouloir pour ça. La vérité, même s'il ne l'avouerait à aucun prix, c'est qu'il craignait qu'elle-même se fasse tuer d'une façon aussi barbare. Le simple fait d'imaginer Luna se faire agresser, même si ce n'était que dans le Darwin's game, avait le don de le mettre hors de lui. C'était probablement déjà arrivé, pourtant.

Comme à son habitude, elle ne se retient pas pour lui vomir au visage une déferlante de rage qui n'a pour but que de le rabaisser, semble-t-il. L'enfoncer plus bas que terre à grands coups de poings dans le museau. Il encaisse, il sait qu'il ne doit pas se formaliser des piques venimeuses de Luna, de la même façon que cette dernière ne devrait pas se formaliser des siennes. Une guerre froide, un énième dialogue de sourds entre deux êtres trop complexes pour se comprendre, mais trop proches pour se quitter. « T'as raison, ma Juliette. Ce rôle n'est pas fait pour moi. » répond-il d'un ton mielleux. Il faut admettre qu'il faisait un bien piètre Roméo, trop caricatural, incapable de s'imprégner de l'exaltation de l'homme dont le cœur brûle d'amour pour sa belle. C'était trop différent avec Luna, il ne trouvait aucune explication rationnelle, aucune logique à sa relation absurde avec elle. Qu'elle se permette de lui dire de revoir ses classiques le fait légèrement grincer des dents. Elle a bien de la chance d'être une femme, il n'aurait pas été aussi clément avec cette pimbêche sinon. « Je serai peut-être meilleur dans le rôle de Titus qui achève sa pauvre Lavinia, suppliciée après avoir été violée et amputée des deux mains et de la langue. » Son sourire s'intensifie, il se moque d'elle, la désigne dans le rôle de la malheureuse Lavinia. Une telle chose pourrait très bien lui arriver bientôt, si elle ne faisait pas attention. Dans le Darwin's game peut-être, là où la cruauté humaine n'avait plus aucune limite. « Réduite à se servir de ses misérables moignons sanguinolents pour écrire le nom de ses cruels bourreaux dans la poussière... » conclut-il d'un ton dramatique. Est-ce que Luna craindrait réellement de subir de telles sévices ? Pas si sûr, elle pourrait bien être assez barrée pour aimer ça, après réflexion.

Et pendant ce temps-là, pendant qu'il déballe son discours shakespearien, la porte n'est toujours pas ouverte. Luna rit allègrement, jubile derrière sa chaînette comme une aliénée. Peut-être bien qu'il va finalement capituler et tenter de rentrer chez lui, malgré la pluie et les risques de se promener dehors après le couvre-feu. Il lui reste malgré tout un semblant d'orgueil qui lui dicte de ne pas courber l'échine devant la petite blonde, visiblement amusée de le faire tourner en bourrique. Il baisse les yeux, pousse un long soupir empli de lassitude. Partagé entre l'envie de rire, ou de l'insulter. Les deux en même temps, ce serait une alternative appropriée. « Garde donc tes fringues, c'est pas trop mon style. Pour le café j'dis pas non par contre. » Et soudain, la porte claque sèchement devant son nez, comme prévu. Agacé, il se mord la lèvre inférieure, se retient de donner un coup de poing dans le mur. Pourtant la porte s'ouvre miraculeusement devant lui, une fois de plus Luna cède et accepte finalement de lui offrir une petite place dans son paradis végétal. Une véritable jungle, des plantes partout, une parfaite harmonie avec la nature que la blonde entretient avec grand soin. Son petit studio avait quelque chose de mystérieux, de fascinant, d'unique.

Alors que son regard balaye la pièce sans même remarquer qu'elle s'est éclipsée, il reçoit soudain en pleine figure une serviette jetée négligemment par Luna qui redouble d'insolence. Il lui répond seulement par une grimace et détourne le regard, avant d'essuyer ses cheveux trempés, ravivant ainsi sa rousseur flamboyante. Il abandonne sa veste en cuir sur un porte-manteau, ôte ses chaussures inondées d'eau, gardant seulement son vieux jean usé et sa chemise blanche qui a miraculeusement survécu au déluge. Maintenant que l'essentiel est fait, qu'il est assuré d'avoir un toit, il ne se retient plus pour répondre aux hostilités de Luna comme il se doit. « Je t'ai déjà dit que t'as un nombre impressionnant de points communs avec mon chien ? Lui aussi est petit, stupide, têtu et stérile. » dit-il calmement, sans mâcher ses mots. Piquer là où ça fait mal, c'est sa spécialité, et c'est plus fort que lui, ce besoin de mettre en évidence les faiblesses des autres le dévore de l'intérieur, comme un virus dont il ne pourrait se débarrasser d'aucune façon. La serviette glisse sur son visage, essuie ses joues couvertes de tâches de rousseur, il rit intérieurement. Malgré son attachement envers elle, il ne peut s'empêcher de se montrer odieux, d'exploiter toutes les failles pour reprendre l'ascendant sur elle. Il ne peut en être autrement. « Tu pourrais au moins essayer d'être une fille normale de temps en temps. Gentille, sensible, délicate... ce genre de truc. » lâche-t-il en même temps qu'un rire narquois qui fait tressaillir ses épaules. Luna, la petite fille sauvage. Non, décidément, il ne l'affectionnerait pas autant si elle était normale. « Qu'est-ce que tu fais ? Il ne va pas se préparer tout seul le café. » termine-t-il pendant qu'il abandonne la serviette humide sur ses épaules, plongeant son regard noisette dans les yeux de Luna qui trône sur son lit et le toise de loin, avec dédain.


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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyMar 27 Sep - 11:23
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Les références lui échappent alors qu’elles lui écrabouillent les oreilles. Inculte à sa manière, la tragédie de ces deux ados étant le passage obligatoire pour tous ceux qui gagnent leur place sur les bancs d’un lycée. Culture forgée à coup de Crocodile Dundee et autre Dents de la Mer, le théâtre jugé trop soporifique par ses frères pour daigner les intéresser. Elle se mord la langue pour essayer de trouver une réplique, ne pas se laisser happer par le gouffre qui se colle entre elle et le rouquin à la tête trop remplie. Foutu gosse de riche. Ca aussi, ça agace la jolie blonde. Ces mômes qui toisent et se permettent de juger parce qu’ils ont la chance de pouvoir se rouler dans des billets verts à longueur de journée.  Encore un détail qui rend Reinar encore plus insupportable à ses yeux. Alimente son paradoxe et tout l’illogisme de leur relation branlante. « - Ta Lavinia n’aura qu’un nom à écrire. Et plutôt que de s’abîmer les poignets dans le sable, elle se fera un plaisir de te les coller dans la tronche. » Lâche-t-elle finalement, ses ongles tapant avec nervosité conte la porte. La dernière tirade avant qu’elle ne lui referme sèchement l’entrée de son univers à la figure. Elle hésite quand même avant de se résigner à le laisser entrer. Prendre ses aises dans son cocon au risque de tout démolir. Ca l’embête profondément qu’il se soit échoué devant sa porte, elle ne dira pas le contraire. A chaque fois qu’il le fait, elle redoute qu’il pulvérise tout son monde. Qu’en le mettant dehors au petit matin, elle réalise que quelque chose a changé. Elle n’aime pas vraiment le changement Luna, malgré sa spontanéité psychédélique.

« - Ravie d’avoir autant de point commun avec cette charmante bête. C’est parce qu’on fréquente d’un peu trop près un parfait abruti, ça a tendance à rendre têtu et stupide. Faut bien se mettre à son niveau. » Lâche-t-elle mutine tout en haussant une épaule. Elle fait de son mieux pour ne pas relever l’affront. Mais la douleur qui la traverse se lit sur son visage de poupée, ses pupilles brillent et elle renifle tout en baissant la tête. Regarde ailleurs pour faire le vide, ravaler sa peine et la frustration folle qui lui broie ses entrailles mortes. Elle sait qu’il fait ça pour réécrire les règles du jeu. La remette à sa place quand elle menace de prendre l’ascendant trop longtemps. Elle le sait, Luna, mais ça lui fait mal. Perdue dans son monde, elle pose sa main contre son ventre, comme pour s’assurer que rien ne change. Qu’elle est toujours la carcasse vide, forgée à l’image de son erreur de jeunesse. Elle se mord la langue pour ne pas lui cracher à la figure, se lever d’un bond et le démolir comme il le mérite contre le rebord du mobilier de sa petite cuisine. Bousiller ce sourire suffisant, et ces taches de rousseur qu’elle crève d’envie de relier comme l’un de ces jeux qu’elle faisait étant gamine. Le dessin serait affreusement bizarre, une masse de traits qui s’entrecroisent tellement il y a de points à relier. Ca l’amuse, le temps d’un sourire éphémère sur son visage, et la promesse qu’un jour elle le fera. Profiter du sommeil de l’autre pour lui refaire le portrait. Au feutre indélébile, tant qu’à faire. Luna la gamine, elle cache son mal-être et tout ce qui la gêne derrière sa fausse candeur. Quand dans  le jeu elle se montre capable du pire. De l’horrible et du sanglant dans sa forme la plus brute. Parce qu’il lui appartient, le rouquin. Dans sa tête, elle est la seule qui a le droit de lui ôter ses précieuses vies. Qu’un autre menace de l’éradiquer de son monde la rend malade, possessive à en crever, alors qu’elle n’est rien pour lui. Il n’est rien pour elle non plus, juste un élément qui gravite autour d’elle, qui revient inlassablement se perdre dans son monde pour mieux s’en faire éjecter le matin venu.

Elle l’entend, mais est trop loin de lui pour répondre. Normale, elle ne sait même pas ce que ça voudrait dire pour elle. Faire la potiche peut-être, rester à sa place et sourire bêtement. Elle peut le faire, c’est ce qu’elle fait à longueur de journée. Cette image dans laquelle elle s’enferme et qui lui fait mal. Elle n’a pas été élevée comme ça. Le petit mec qui se fout d’avoir de la boue sur ses chaussures quand toutes ses petites copines d’école prenaient bien soin d’éviter les flaques. Elle, elle sautait dedans et faisait de son mieux pour les tremper, ces petites merdeuses. Si elle était normale, ils ne se seraient jamais rencontrés. Elle l’aurait laissé sur le trottoir, dans son étant comateux, aurait fait un détour pour ne pas prendre le risque de l’approcher de trop près. Si elle était normale, elle ne se serait jamais inscrite au Darwin’s Game. Luna sursaute lorsqu’un mouvement se fait devant son champ de vision brouillé. Elle l’avait oublié, le rouquin. Comme ça peut lui arriver de temps en temps, elle se fait happer par son petit monde, et se fait rejeter dans la réalité d’un seul coup sans même s’y attendre. « - Quel café ? » Ses cils papillonnent alors qu’elle le fixe. Ca se bouscule dans sa petite tête, jusqu’à ce qu’elle reprenne le fil de leur conversation décousue. En tailleur sur son lit, elle règne sur son petit royaume. « - Oh, la tasse… Je sais pas si j’en ai encore. » Elle pourrait lui dire de se le faire tout seul, son café. Ce n’est pas comme si il ne connaissait pas suffisamment bien l’appartement pour faire comme chez lui. Mais déjà elle se lève, avec la souplesse de ces chats qui narguent leurs maîtres en s’étirant à l’extrême. Elle virevolte au milieu de ses bébés de chlorophylle, frôle le bras de Reinar du bout des doigts sans lui accorder l’ébauche d’un regard et voilà qu’elle farfouille déjà dans les pauvres placards de sa kitchenette. C’est un fond de paquet qu’il lui reste, Luna qui a arrêté la caféine. Mauvais mélange avec ses jolies plantes violettes, la rendant encore plus speed qu’elle ne peut déjà l’être. Accentuant aussi ses angoisses et ses crises de frayeur.

« - Tu pourrais au moins essayer d’être autre chose qu’un pauvre type. C’est pas parce que t’as merdé et bousillé ta vie qu’il faut te venger sur tout le monde. » Les mots lui échappent sans qu’elle ne parvienne à les retenir, son décalage horaire s’insufflant dans la conversation. Le reproche qui se glisse dans son timbre, sans vraiment en être un. Elle le comprend, parce qu’ils sont cassés tous les deux. Démolis sous la peau, et sans option pour réparer les dégâts. Le connard et la chieuse, ça ferait un bon titre de film. Une fois la cafetière fatiguée en route, Luna se retourne, en appui contre le comptoir. Elle a l’impression qu’il pleut encore plus que lorsqu’il est arrivé, elle en soupire, se résigne à voir le rouquin passer plus de temps que prévu chez elle. Ca l’angoisse, parce qu’elle vient déjà de céder, de le laisser entrer. Trop faible pour se priver de sa présence, aussi horripilante que nécessaire. « - Tu aurais pu être chez toi à temps, si t’avais pas fait le détour. J’aurais pu te laisser là en bas. Ou pas être là. C’est idiot… » Monologue distrait alors qu’elle récupère son joint à moitié consommé dans le cendrier et qu’elle entreprend de l’allumer avec toutes les précautions du monde pour mieux se brûler les poumons et le faire rouler entre ses doigts ensuite. « - Je te manquais c’est ça, hein ? » Minaude-t-elle en lui adressant son plus beau sourire.
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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyMar 27 Sep - 21:34

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D'un pas discret, il s'approche et avale rapidement la distance qui le sépare d'elle. En un rien de temps, il se retrouve derrière la petite Luna affairée à chercher de quoi préparer le café qu'il a demandé. Qu'il a exigé comme s'il s'adressait à sa bonniche, comme l'enfant gâté qu'il a toujours été. Incapable de modéliser dans son esprit le fait que l'on puisse lui refuser quoi que ce soit. Un fils de riche, capricieux et arrogant. Peu importe à quel point sa vie avait changé ces dernières années, il ne pouvait plus s'affranchir des traits hautains que ses bourgeois de parents lui avaient forgé. Ses pieds trempés abandonnent avec négligence des traces d'eau en travers de toute la pièce, comme signe de son désintérêt pour les avertissements de la blonde. Il fout de l'eau partout, comme elle le lui avait formellement interdit, avec son petit air autoritaire qui se voulait sans doute glacial, mais qu'il trouvait juste délicieusement charmant. Inconsciemment, il met tout en œuvre pour la pousser à bout, comme à chacune de ses nombreuses visites, comme s'il avait besoin de se nourrir de sa souffrance pour apaiser la sienne. Un pauvre type qui a merdé et bousillé sa vie, une façon très explicite de résumer la situation. Le fils parfait, la plus grande fierté de sa famille. Bouffé par la honte de l'être méprisable qu'il était devenu, à tel point qu'il n'osait plus regarder dans un miroir sa vieille carcasse repoussante. Il était hors de question d'accepter la critique de la bouche de la blonde, cela dit. « Je te trouve plutôt mal placée pour me dire ça. » Au même moment, elle fait volte-face, après avoir démarré la machine à café. Il se retrouve devant elle, dangereusement proche, et la toise de ses billes dédaigneuses pendant que ses mains se risquent à se poser sur le ventre meurtri de la blonde, de la même manière qu'il les avait plaquées sur celui d'Ännchen le jour où elle lui avait annoncé qu'elle était enceinte. Comme s'il jugeait nécessaire de lui rappeler qu'elle s'était tout autant bousillée que lui.

Il s'approche encore, jusqu'à pouvoir sentir son parfum exotique. Une odeur de fleur, impossible de déterminer laquelle, il n'y connait rien. Il pose ses deux mains sur les bords du comptoir contre lequel elle est appuyée, faisant d'elle sa prisonnière, pendant qu'elle le nargue à grands coups de sarcasmes et de sourire provocateur. Le visage voilé dans un sérieux imperturbable, il demeure silencieux de longues secondes alors que le ronronnement de la machine à café occupe tout l'espace sonore. Parfois, il ne sait plus sur quel pied danser avec Luna, aussi imprévisible que lui même dans ses meilleurs jours. La petite Luna qui tente de trouver et d'exploiter la faille pour mieux l'ennuyer. À croire qu'elle aussi cherche à le faire sortir de ses gonds de n'importe quelle façon. « Toi, me manquer ? Pourquoi une pauvre pimbêche comme toi me manquerait ? Tu n'es rien pour moi. Juste une carcasse vide. » répond-il sèchement, le visage inexpressif. Pourtant, la petite standardiste minable qu'il méprisait tant avait au moins le mérite d'avoir su déclencher en lui une petite étincelle qui réchauffait son cœur glacial. Peut-être que oui, au fond, son joli papillon nocturne lui avait un peu manqué. Beaucoup même. Mais jamais il ne pourrait l'admettre, et au lieu de lui donner raison, il ne fera rien de plus que la rabaisser pour s'assurer qu'elle reste à sa place. « Quelle espèce de fou donnerait de la valeur à une cinglée qui veut à tout prix le tuer sans aucune raison ? » Sans raison valable en tout cas, du point de vue de Reinar, qui ne voulait tout simplement pas reconnaître ses torts dans cette histoire. Sa voix teintée d'indifférence se mue en amertume pendant que son regard fatigué plonge dans celui de Luna. Elle n'était pas rien, en vérité. Mais ce qui l'agaçait profondément, c'est qu'il se voyait incapable de déterminer ce qu'elle était exactement. Une cinglée, oui. Mais pas que ça. Une cinglée attachante, curieusement. « D'ailleurs, que comptes-tu faire quand je serai mort pour de bon ? Tu danseras sur ma tombe en te vantant d'en être responsable ? » Un rire moqueur lui échappe. Elle serait bien capable de faire une chose pareille, et même de l'assumer pleinement.

Reinar, épuisé par sa journée, commence déjà à se laisser submerger par l'obscurité de son esprit alors qu'il vient juste de dérober le joint de Luna pour le coincer entre ses lèvres. Il n'a même pas remarqué que la machine a cessé son brouhaha insupportable, tant il est concentré sur les beaux yeux de sa blonde. En digne mâle dominant, il ressent le besoin irrépressible de lui faire comprendre qu'ici, dans la réalité, c'est lui qui a le dessus, lui qui maîtrise la situation. Alors il la provoque, pour tester ses limites, pour voir si elle est capable d'aller aussi loin dans la vraie vie que dans le monde virtuel. « Tu pourrais même le faire ici et maintenant, sortir un couteau de cuisine et me supprimer définitivement, ce serait plus efficace à mon avis. Qu'est-ce que tu en penses ? » questionne-t-il le plus naturellement du monde, pendant qu'il tire une latte et recrache toute la fumée au visage de la blonde farouche. Malgré ses provocations, il craint qu'elle soit réellement capable d'un tel geste. Qu'elle le haïsse suffisamment pour lui planter un couteau dans le ventre et le laisser pisser le sang dans son salon sans plus de cérémonie. Il ne sait jamais à quoi s'attendre avec elle, mais il sait au moins qu'il faut toujours envisager le pire. Pourtant il parvient à rester serein devant ce magnifique sourire énigmatique qu'elle lui offre avec volupté. Au fond il ne veut pas l'avouer, mais ce geste meurtrier et impitoyable qu'elle a eu envers lui dans le Darwin's Game lui reste en travers de la gorge. La froideur de son meurtre soulève de nombreuses questions dans son esprit, qu'il n'ose formuler qu'à travers le cynisme de ses mots. « C'est presque mignon, quand tu souris comme ça. » lâche-t-il dans un souffle, alors qu'il ramène le joint à ses lèvres. Presque.


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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyJeu 29 Sep - 11:40
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Elle ne l’a pas entendu s’approcher, sursaute bêtement lorsqu’elle se retourne et se retrouve face au rouquin. La proximité de sa voix aurait pourtant dû la mettre sur la voie, Luna à moitié présente alors qu’elle se concentrait pour faire ce foutu café.  Sans trop savoir pourquoi elle ne l’a pas poussé à le faire lui-même, comme le grand garçon qu’il peut-être. Stupide blondinette qui se fait avoir à chaque fois par la belle gueule de ce connard de première. Son plus avantage sûrement, cacher toute la merde qu’il accumule là en-dessous derrière sa gueule d’ange. Des frissons lui lacèrent l’échine lorsque les mains se posent sur son ventre. « - Enlève tes sales pattes. » Elle le lâche dans un murmure, les dents serrées tout en s’efforçant de rester de marbre quand tout se bouscule dans sa petite tête. L’écœurement habituel qui prend le pas sur tout le reste. Sa haine de gamine, et cette chaleur absurde qu’il éveille contre ses reins. Pauvre crétin qu’elle crève d’envie de gifler pour lui faire ravaler sa suffisance, ce besoin constant de la rabaisser. Les pognes contre son ventre, le violent rappel de ce qu’elle a si stupidement bousillé, et Luna baisse le nez, penaude. Frissonne un peu plus lorsque le rouquin se croit en droit de se rapprocher encore un peu plus. Prise au piège dans sa propre cuisine, le mobilier qui se rebelle contre elle et la coince. Elle cache le trouble derrière ses sarcasmes, relève le nez pour recréer le contact et lui bousiller les rétines à coups de regards noirs.

« - Tu continues de venir la chercher, la carcasse vide. C'est ce que tu fais avec toutes les choses dont tu te fous dis-moi ? » Lâche-t-elle tout en croisant les bras contre sa poitrine. Cette absence d’expression sur son visage, ça l’agace. Lui donne envie de lui coller des claques jusqu’à ce que quelque chose vienne se poser dessus. Le secouer comme elle crevait d’envie de le faire au début, pour voir quelque chose se passer dans ses yeux. Un peu comme les vitres des machines à sous, voir les symboles défiler jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent sur quelque chose. N’importe quoi. Autre chose que ce dédain dégueulasse et cette impression folle de parler à un fantôme. Un mur, même si elle certaine que ses murs seront plus expressifs que lui. « - Toi, parce que, désolée de te l’apprendre, mais t’es pas mal taré dans ton genre. Ca na te va pas le rôle du souffre-douleur. Fait pas celui qui comprend pas pourquoi je me suis fait un plaisir de t'abattre la dernière fois. Tu sais très bien pourquoi. » Ca la fatigue de voir qu’il s’accroche à son ignorance ridicule. Quand pour elle, les raisons qui la poussent à vouloir le démolir sont si évidentes. Il lui pourrit la vie, depuis le début. Lui crache à la figure ses défaillances pour mieux la casser. Elle s’en veut suffisamment d’être dans cet état, tous les jours, sans avoir besoin d’un psychopathe qui le lui rappelle à chaque fois qu’ils se croisent. Il est toxique, malsain pour elle. Elle le sait, mais ne parvient pas à le rayer de son existence. Chaque matin, elle se jure que c’est la dernière fois. Qu’elle ne le laissera plus entrer, qu’il deviendra le déchet qu’il devrait être. Rien de plus, un connard parmi tant d’autres qu’elle se fera un plaisir d’ignorer. Inlassablement, il revient faire exploser son univers. Ce parasite aussi pugnace qu’une tique. « - Et je cracherais dessus, avec fierté. Et toutes celles a qui tu as gâché la vie viendront la piétiner aussi. » Elle le lâche joyeusement, un sourire de gamine sur sa trombine. Fière de sa répartie, jouant des épaules pour bien appuyer sur le grotesque de la chose. Elle ne serait pas capable de le faire pourtant. Elle qui s’applique à vérifier le compteur de son rouquin dès qu’elle peut le faire. Incapable de totalement l’achever. Parce qu’il lui manquerait trop, même si ça lui arrache la langue et un bout de cerveau de se l’avouer.

La petite blonde n’apprécie qu’à moitié la liberté qu’il prend lorsqu’il lui vole son précieux joint. Elle plisse le nez face à l’attaque de fumée, comme si elle la dérangeait. Paradoxe un peu stupide quand elle est la première à se brûler les poumons avec. Mais ça l’énerve, Luna, parce qu’elle n’aime pas vraiment partager ses bébés. Cette plante dont la valeur est inestimable à ses yeux. Et il le sait. La question la prend de court, ça se lit sur son visage. Elle bat des cils, fronce les sourcils et cherche la meilleure chose à lui balancer à la figure. « - J'en pense qu'en plus de la flotte, je vais me retrouver avec une mare de sang sur le parquet. Et que c'est la merde à enlever. » Décroisant les bras, elle agite doucement une main devant le nez de son invité, englobe la pièce comme si elle se voyait déjà contrainte de tout nettoyer. Le silence plane un instant, Luna qui se perd dans ses pensées délirantes. « - J'ai pas envie que ce soit efficace. Une vie en moins sur ton compteur, c'est de la souffrance qui s'ajoute. Encore et encore, et ça tu vois, c'est encore mieux que ce truc. » A moitié touchée par le compliment, elle récupère le joint entre les doigts du rouquin, se perd dans la contemplation de la fumée qui s’en échappe un court instant pour mieux venir l’écraser dans le cendrier à côté d’elle. « - Tu sais où sont les tasses. Tu penches la cafetière au-dessus et le café coule dedans comme par magie. » Souffle-t-elle lorsqu’elle réalise que la machine a terminé de rendre ses poumons mécanique, l’odeur du café embaumant la pièce, écrasant les senteurs de ses plantes. Elle joue des hanches, effleurent celles de Reinar avec une fausse candeur et vient déposer un léger baiser au coin de ses lèvres. Tapotant du bout des doigts contre la joue piquée de taches de rousseur, Luna se libère d’un geste vif de la prison improvisée, la souplesse du félin accrochée à ses gestes.

« - En fait, tu t’en fous que ce soit efficace. T’as honte, c’est tout. Ta jolie paire en a pris un coup de se faire démolir par une fille. Et comme t’es pas foutu de frapper tout ce qui a des seins, ça t’emmerde profondément. Parce que tu sais que je vais recommencer. Et tu me déteste pour ça. » Elle le susurre, alors que ses petits doigts viennent caresser avec tendresse les feuilles d’un imposant ficus. « - Ce que je comprends pas, c’est pourquoi tu t’acharnes à venir ici, si je te gonfle autant. C’est vrai, tu me fous la paix, peut-être que je ferais pareil, quand il ne te restera plus qu’une vie. » Elle fait volte-face et hausse une épaule, de la perplexité dans le regard. Ce serait tellement plus facile. S’il sortait de sa vie, elle arrêterait de s’acharner sur lui dans le jeu. Peut-être qu’elle le ferait, elle lui piquerait quelques vies supplémentaires et se trouverait une autre victime. Petite blonde qui s’en persuade mais qui sait que ça ne servirait à rien. Juste à la rendre encore plus dérangée et mauvaise. Qu’il disparaisse de son univers bancal.

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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyVen 30 Sep - 12:21



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Ses mains appuyées contre le comptoir se crispent de plus en plus, à mesure qu'elle lui crache au visage la déferlante de haine immodérée qu'il a lui-même déclenché. Des mots d'une crudité et d'une violence qu'on ne soupçonnerait pas de la part d'une femme aux traits si angéliques. Cette beauté si pure, en réalité, s'avérait être une bombe à retardement incontrôlable qu'il avait largement et bêtement sous-estimé. Une jolie rose rouge, vive et parfumée, mais âcre et piquante lorsqu'on s'en approche de trop près. Reinar s'y était risqué, et il y avait pris goût, inexplicablement. Fou de sa jolie blonde sauvage, de son regard hypnotisant, prisonnier des lianes épineuses qui ne cessaient jamais de l'aspirer au cœur du rosier infernal qu'elle incarnait, pour mieux le lacérer et l'étouffer. Il s'arrête alors de respirer pendant de longues secondes, face à la certitude inadmissible qu'il ne pouvait plus se passer d'elle. Une évidence qu'elle se fait un plaisir de lui exposer alors qu'il la traite de carcasse vide, peut-être pour tenter de se convaincre lui-même qu'elle n'est rien de plus qu'une potiche décorative. Son regard dérive et s'écarte de celui de Luna, il se perd dans le néant avant même de réussir à s'accrocher à quoi que ce soit. Il le sait, qu'il a besoin d'elle comme un camé dépendant de sa morphine. Peut-être même aussi dépendant d'elle que de l'adrénaline que lui procure le Darwin's Game. C'est bien trop douloureux à admettre, et il préfère lui cracher dessus, l'insulter, la rabaisser plus bas que terre, que simplement reconnaître que son parfum attractif et la douceur de sa peau lui avaient terriblement manqué pendant ces quelques semaines. Mais la nécessité de la voir souffrir, de se réconforter en pensant qu'il y a plus malheureux que lui en ce bas monde, était bien plus forte. Il fallait qu'elle en chie à sa place pour qu'il puisse enfin se sentir apaisé. Mais la petite blonde indomptable n'avait de cesse de lui miroiter la réalité à chaque nouvel assaut qu'il lançait contre elle, et il la détestait pour cette seule raison.

« Tes mots d'amour me touchent énormément. » répond-il froidement alors qu'elle achève son discours sur une note de sadisme. Une vie en moins sur ton compteur, c'est de la souffrance qui s'ajoute. Il s'efforce de rester de marbre, il ne dévoile ni frustration ni colère et se contente de la laisser jacter sans rien dire. Le joint revient rapidement à sa propriétaire qui l'écrase sans ménagement dans le cendrier, préférant visiblement étouffer ses feuilles consumées plutôt que de les laisser au rouquin, déjà agacé. Le voile de fumée s'évapore lentement, laissant place peu à peu à l'odeur de vieux goudron qu'exhale la machine à café éreintée. La remarque de Luna ne lui arrache rien de plus qu'un haussement d'épaule, geste qui se fige au moment où les lèvres pulpeuses de la jolie blonde viennent effleurer furtivement les siennes, entre deux battements de cils. Un baiser volé qui ranime brusquement son cœur flétri et le paralyse devant la machine fumante, lui donne l'envie de cogner et de tout renverser sur le sol. Il réprime ses pulsions sans difficulté cependant et s'applique à conserver un calme souverain pour ne pas la laisser gagner du terrain. Tranquillement, il extirpe une jolie petite tasse fleurie d'un placard ouvert au hasard, y verse lentement le café brûlant à l'odeur trop forte pour ses narines. « C'est pas de la magie, c'est de la physique. » qu'il rétorque sèchement pour lui renvoyer ses sarcasmes déplacés à la figure, laissant s'exprimer son esprit scientifique forgé dans le rationalisme pur et dur. Il repose délicatement la cafetière sans émettre le moindre bruit et se perd dans ses pensées en même temps qu'il approche la tasse fumante de son visage. Petit doigt levé, comme un bourge. Il avale une gorgée et se brûle la langue, sans laisser paraître sa douleur, le dos tourné vers Luna.

T'as honte, c'est tout. Il se drape d'une épaisse couche hermétique, une protection anti chieuse, ferme les yeux pour que ça passe mieux. Peut-être avait-elle raison, il ne supportait pas que sa fierté de mâle soit bafouée par une fille. Une fille à qui il refusait de rendre ses coups alors qu'il savait désormais qu'elle voulait clairement sa mort. Une idiote qui a touché dans le mille, une fois de plus, lui donnant la désagréable impression qu'elle le connait encore mieux que lui-même. « Il fait actuellement 16° à Chicago, 18° à Springfield et 15° à Alta. Le ciel est chargé, très nuageux, on peut ressentir un vent modéré. Il pleuvra toute la soirée et toute la nuit. » récite-t-il machinalement, puisant dans sa mémoire les informations du bulletin météo du matin. C'est la première chose qui lui vient à l'esprit, les seuls mots qu'il trouve à prononcer après le discours venimeux de la blonde. Une façon plus subtile et plus recherchée de dire simplement je m'en fous. Il introduit une petite cuillère dans son café et l'agite comme un métronome. Jamais il ne pourrait avouer l'inavouable, surtout pas devant Luna. « Pardon, tu as dit quelque chose ? J'ai pas écouté, mais c'était probablement pas intéressant, comme souvent. » ajoute-t-il avec l'hypocrisie et la désinvolture qui lui collent à la peau. Faire passer Luna pour une sombre conne au lieu d'assumer, c'était beaucoup plus facile. Il se retourne et penche légèrement la tête sur le côté, lançant un regard curieux à la jolie blonde accrochée à sa grosse plante verte dont elle caressait affectueusement les feuilles de la même manière qu'une mère aimante caresserait les cheveux de son adorable marmot. C'était presque touchant, cet amour maternel, à la limite de la monomanie, qu'elle donnait à ses bébés végétaux.

« Je te l'ai dit y a cinq minutes, je suis venu ici parce que je n'ai pas pu faire autrement. La pluie, le couvre-feu, tout ça. Il faut que je te le répète en allemand pour que l'information rentre dans ton crâne de blonde ou ça va aller ? » réplique-t-il avec une agressivité inhabituelle. Lui foutre la paix quand il ne lui restera plus qu'une vie, quelle générosité, quelle grandeur d'âme, pense-t-il en levant les yeux au ciel. Cette Luna trop sûre d'elle l'agace profondément avec ses grands airs. Peut-être que lui aussi un jour perdra les pédales et la tuera de ses propres mains, si elle continue de trop le provoquer, de jouer impunément avec sa vie. En y réfléchissant, il préférait que ce soit lui qui la tue plutôt que quelqu'un d'autre. « Tu ne m'impressionnes pas, Luna. Et tu ne me tueras pas une fois de plus, parce que tu ne retourneras tout simplement pas là-bas. J'espère que t'as bien compris. » L'autorité dans sa voix était sans doute celle d'un père s'adressant à sa fille rebelle, sans qu'il ne s'en rende réellement compte. En même temps qu'il parle, il s'assied sur le bord du petit lit moelleux de la blonde, à défaut de pouvoir s'asseoir ailleurs. Arrêter le Darwin's Game, c'était la solution qui paraissait la plus évidente. Lui-même savait qu'on en démordait pas aussi facilement, et malgré ça, il ne pouvait pas se résoudre à l'idée que sa petite rose sauvage soit exposée à la folie meurtrière de tous ces dégénérés. Quelque part, il voulait la protéger. La garder pour lui. S'assurer qu'elle serait toujours là pour le narguer en haut de son balcon lorsqu'il viendrait sonner à sa porte. « Arrête de triturer ta pauvre plante et viens là. » dit-il en tapotant la petite place à côté de lui. Puis il dépose la tasse de café sur le sol et sort une cigarette de sa poche qu'il coince entre ses lèvres, avant de l'allumer, sans se donner la peine de demander la permission. « Je suis désolé si j'ai dit quelque chose qui t'a fait du mal. C'est ce que tu voulais entendre, ma petite fleur ? » conclut-il d'un ton mielleux, sarcastique, accompagnant ses mots d'un sourire hypocrite dont lui seul a le secret.


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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyVen 30 Sep - 21:31

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Reinar & Luna

Sentir la frustration qui s’installe. La voir tenter de prendre le contrôle quand on s’échine pour la garder enfouie. C’est ce que le rouquin est en train de faire à mesure qu’elle lui balance les vérités qui lui passe par la tête. Sans fard, la franchise de son petit cerveau fonctionnant à plein régime. Plus encore quand elle se retrouve confrontée à l’autrichien. Parce qu’il s’échine à rester impassible, même lorsqu’elle se montre la plus exécrable. Elle l’admire pour ça, ce flegme et cette absence de réaction qu’il appose sur sa trombine. Elle le déteste pour ça aussi, ce manque de réaction qui lui donne parfois l’impression de parler à un robot plutôt qu’à un être humain. Un moyen de se protéger que la petite blonde comprend, elle qui l’exécute aussi. Pas avec autant d’aplomb que son vis-à-vis c’est un fait. Parce qu’avec lui, elle sait qu’elle n’a pas besoin de prétendre. Elle se protège à sa manière du mal qu’il peut faire entrer dans son monde, mais ne parvient pas à vraiment se dire qu’il est un danger mortel. Un trop plein de confiance absurde qui la rend téméraire, suicidaire au point de le considérer comme un égal, et non plus comme un supérieur qu’elle se devrait de craindre. Le froid qui se déverse de la bouche de l’autre ne fait que la renforcée dans ses pensées. Il est en train de se noyer dans son ressentiment. Ce mélange dangereux de plein de trucs qui la dépasse. Qu’elle se délecte d’éveiller dans cette carcasse aussi vide que la sienne. A défaut de lui arracher un sourire sincère, elle se nourrit de sa haine. Se laisse enivrer par sa présence malsaine, brûlé sa peau contre celle corrosive du roux. Il est une mauvaise plante, affreusement toxique qu’elle laisse prendre racine dans son jardin. Elle l’entretient, avec cet amour qu’elle offre sans concession à tous ses bébés plantes. L’arroser de sa haine et de ses sarcasmes pour lui donner des forces. « - Je m’en doutais mon chéri. » Minaude-t-elle, tapotant du bout des doigts sur le dos de la main crispée à côté d’elle. Luna s’amuse, joue d’une situation improbable. Même si elle prétend que la visite l’indispose au plus haut point, qu’il soit venu chez elle, malgré la menace du couvre-feu, fait exploser des bulles de savon contre son cœur. Du pop-corn entre les oreilles, ça pète alors qu’elle s’évapore dans un baiser volé. Ca lui arrache les lèvres et l’organe entre les côtes. Le contact trop fragile et éphémère pour pleinement satisfaire la gamine capricieuse qu’elle peut-être.

Absorbée dans la contemplation de sa plante, Luna ne comprend pas de suite ce qui vient se briser contre ses oreilles. Cette récitation bizarre toute droit sortie de son poste de télévision. « - Je me fous du bilan météo, tu… » Elle ouvre la bouche et la referme aussitôt, comprenant l’intention derrière ce monologue monocorde. Il se fout de sa gueule sans pudeur et efface tout ce qu’elle a pu lui balancer à la figure. Froissée, Luna plisse le nez, regarde partout sauf dans la direction de son irascible invité. Joue nerveusement des ongles contre les feuilles de sa pauvre plante. Son hypocrisie lui donne envie de lui coller des baffes, faire subir le même sort qu’à la feuille qu’elle massacre à son visage. Le défigurer avec art pour qu’il soit obligé de se planquer la tête dans un sac en papier, le temps que les plaies cicatrisent. La blonde inspire, profondément, se mord la lèvre tout en trépignant nerveusement. Elle a beau savoir que c’est de cette manière qu’ils fonctionnent, elle se fait toujours avoir par ce timbre si froid. L’agressivité latente qu’il distille comme s’il voulait la voir se traîner à ses pieds afin de se faire pardonner des torts qui ne sont pas les siens. « - T’es qu’un pauvre type, avec tes faux airs de bourge et ton air de péteux qui se prend pour un génie. J’aurais dû te laisser te noyer dans ton vomi la première fois, l’univers s’en porterait mieux. » Crache-t-elle de son plus beau dédain sans prendre la peine de le regarder. Ca sursaute dans sa poitrine quand l’ordre claque, oblige la blondinette à tourner vivement la tête vers Reinar au moment où il prend possession de son lit. « - Et t’es qui pour me dire ça ? T’es pas mon père que je sache. Je suis pas ta copine, ni ta femme, je ne t’appartiens pas, tu n’as aucun ordre à me donner. » Sa voix vibre de colère, ce petit explosif qu’elle ne parvient pas à retenir et qui la pousse à faire un pas en avant. Lâcher sa plante, avec la paume de sa main qui la démange. La gifle qu’elle se retient de lui balancer à la figure, histoire de colorer un peu sa joue trop pâle à son goût. « - J’y retournerais, pour ton plus grand déplaisir. Je continuerais de te démolir, pour mon plus grand plaisir. » Elle croise doucement les bras sur sa poitrine et le toise, fièrement. Consciente de détenir sur le chimiste un pouvoir sans précédent. Petite folle qui continuera de l’achever sans qu’il résiste. Parce qu’elle se persuade qu’il ne lui fera jamais rien, qu’il la frappe, elle s’en fout ce n’est pas réel. Qu’il la tue en revanche, elle est certaine qu’il ne le fera pas. D’autres s’en chargeront pour lui, il devrait s’estimer heureux de savoir qu’elle ne restera pas impunie pour sa folie meurtrière.

Le regard suit la main qui tapote sur le vide à côté de lui. S’accroche aux gestes et à la cigarette qu’il sort sans gêne. Un rire nerveux lui échappe devant le sarcasme. Ces fausses excuses qui lui retournent le ventre et lui collent la nausée sur la langue. « - Je me contrefous de tes excuses, elles sonnent aussi faux que le sourire que tu viens de te coller sur la figure. T’es qu’un hypocrite, un abrutit de première qui a besoin de prendre le monde pour plus con qu’il ne l’est pour pas te sentir inférieur. C’est ça qu’on vous apprend, dans les hautes sphères ? » Elle le déteste, tous ces riches. Ces pauvres cons qui pensent en avoir plus que tous les autres, et ainsi être en droit de leur cracher dessus. Ici ou ailleurs, c’est pareil. On se moquait d’elle à l’école, parce qu’elle n’avait pas de mère, que son père se bousillait à la tâche pour essayer d’offrir à sa marmaille de quoi manger décemment tous les soirs. L’autrichien est le symbole de ce monde qu’elle abhorre. Jalouse aussi au fond. Cette enfance dorée qui lui a fait défaut, et qu’elle ne pouvait s’empêcher d’envier quand elle laissait son nez traîner derrière les imposantes baies vitrées de ces maisons hors de prix. « - Tu vas rendre mes bébés malades avec ta merde. » C’est une mère en colère qui s’adresse à lui. Ses jolis yeux verts vissés à ceux du rouquin, de la menace dans les pupilles. Luna laisse traîner le silence dans les recoins de la pièce. S’arrache finalement du contact rassurant de sa plante pour s’approcher. Doucement, avec la méfiance factice d’un félin prêt à faire sa connerie, elle s’installe à côté de lui et pose délicatement son menton contre l’épaule de son visiteur. « - Tes silences sont tes plus belles défaites, Reinar. Prend-moi pour une conne si ça t’amuse, je tiendrais ce rôle. Mais ne va pas croire que je ne commence pas à comprendre ce qui se passe là en-dessous. » Souffle-t-elle, tapotant de l’index contre le front de l’incriminé pour illustrer son propos. S’avancer en terrain miné, elle a l’habitude avec lui. C’est une guerre qu’elle mène à chaque rencontre, des stratégies qui se mettent en place pour mieux comprendre l’opposant. Elle n’a pas la prétention de dire qu’elle le connait par cœur, aussi bien que n’importe qui d’autre. Luna a juste fini par apercevoir les rouages de son monde de protection. Ces similitudes qui la font doucement sourire. « - Ce serait bête, que tu finisses par crever à cause d’une clope. Pour un peu, je dirais que c’est de la triche. » Le murmure effleure la peau, un sourire enjôleur apposé sur les lèvres de l’australienne. Elle s’en voudrait que la nicotine lui vole son copain de jeu. Ses chances de se défouler sur son crétin préféré. L’injustice la ferait presque bouder comme une gamine, alors qu’elle laisse ses doigts tapoter contre la cuisse de l’ennemi.
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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptySam 1 Oct - 16:54

lovely weapon of mass destruction


T'es qu'un pauvre type. L'introduction habituelle au discours haineux qu'elle lui déballe à chaque fois qu'il ose fouler le sol irrégulier de cette jungle hostile. Le récit d'une misérable standardiste habituée à psalmodier par cœur les mêmes phrases ennuyeuses à longueur de journée, encore et encore, comme un automate inexpressif. Pourtant, il a cette curieuse impression de la redécouvrir à chaque fois, d'observer en elle des milliers de visages différents à chaque nouvelle visite. Il l'apprécie autant lorsqu'elle est calme qu'impétueuse, alors il la laisse déchaîner ses sautes d'humeur sans chercher à apaiser la tempête. Jeter un peu d'huile sur le feu pour provoquer un incendie dévastateur dans la jungle paisible de la belle blonde, c'est ce qu'il sait faire de mieux. C'est pour ça qu'il revient inlassablement, il sait que ça marche à chaque fois, que ça reste toujours aussi distrayant et riche en sensations fortes. Pour ne pas donner trop d'importance au discours venimeux de Luna, il détourne le regard et laisse échapper un bâillement insolent, en signe de désintérêt. Lui faire comprendre qu'elle peut parler autant qu'elle veut, l'accabler de reproches jusqu'à finir par oublier de quoi il est coupable, cela ne changera strictement rien. Pas plus que les regrets. Peut-être que le monde se porterait mieux sans lui, mais le fait est qu'il est toujours là aujourd'hui, à pédaler dans le vide. Grâce à la belle Luna et à sa grandeur d'âme indéniable. « Je ne t'avais rien demandé ce soir-là, c'est toi qui as insisté pour que je monte. » répond-il spontanément, d'une voix cassante, sans prendre la peine de la regarder non plus. Avec ce même dédain qu'il lui avait affiché la première fois, pour ne pas lui témoigner la reconnaissance qu'il avait pour son geste généreux et désintéressé. Il ne lui avait jamais rien demandé, mais c'était peut-être plus qu'un simple hasard qui l'avait mené à s'écrouler complètement bourré en bas de cet immeuble précis sans même savoir qu'il y trouverait l'astre de ses nuits. Un coup de pouce du destin, probablement.

Il pose sur elle des yeux absorbés, la toise d'un regard indifférent, hermétique à ses reproches acerbes. Il reste ancré dans un silence et un calme olympien alors qu'elle le menace clairement de reproduire son geste meurtrier. Pourquoi essayer de la raisonner ou de lui faire comprendre quoi que ce soit, sa tête blonde est bien trop bornée. Il sait qu'elle fera toujours exactement le contraire de ce qu'il attend d'elle, quoi qu'il arrive, et ne peut s'empêcher de bouillir de l'intérieur en songeant qu'elle aussi se fera massacrer en chaîne, par des fous furieux qui, eux, n'auront pas de pitié lorsqu'il ne lui restera qu'une seule vie. Il se tait, car il sait pertinemment qu'il est inutile de discuter avec elle à ce sujet. La petite Luna qui a eu une chance insignifiante de croiser le chemin du seul abruti incapable de s'attaquer à elle, mais qui risque de tomber de haut, à s'imaginer qu'il la laisserait le piétiner impunément malgré tout. Peut-être qu'au fond, elle a plus besoin d'être protégée d'elle-même que des autres, cette fille naïve aux boucles dorées qui semble se croire inébranlable. Un véritable sac à problèmes, cette nana. Une tumeur envahissante dont il aurait dû se débarrasser bien avant de commettre la terrible erreur de s'attacher à elle. Mais il ne peut plus faire marche arrière maintenant, et ça le bouffe de l'intérieur, cette sombre connerie.

Un haussement d'épaules lui échappe, son sourire faux persiste sur son visage constellé de tâches de rousseur, il se fige tel une statue de marbre. S'il lui montre le moindre signe de faiblesse, il devine qu'elle le saisira à pleine poigne pour exploiter la faille jusqu'à l'épuisement. Il observe les spirales de fumées qui s'échappent de ses poumons intoxiqués et dansent gracieusement dans l'air, devant ses yeux fascinés. Il peut au moins reconnaître une chose à Luna, c'est qu'elle le connait par cœur. Chaque mot qu'elle lui crache à la figure, soigneusement choisi, est criant de vérité. C'est blessant, quelque part, de l'entendre ainsi lire en lui comme dans un livre, ça ne fait que lui renvoyer au visage le dégoût que sa propre personne lui inspire. Mais tout lui rebondit dessus comme une balle de caoutchouc, il nie tout en bloc parce que c'est ce qu'il sait faire de mieux. Laissant tomber quelques cendres de sa cigarette sur le sol, son sourire s'efface pour laisser place à une expression plus neutre. « Dans les hautes sphères, on nous apprend des tas de trucs ennuyeux, si tu veux tout savoir. Chier avec classe dans des latrines en or massif, être fondamentalement hypocrite, traiter les dames comme des princesses, devenir leur devoué chevalier servant, par exemple. » dit-il sarcastique, pour compléter le résumé véridique de Luna. Elle a raison, tout est superficiel dans cet univers d'opulence. De la poudre aux yeux pour cacher l'hypocrisie infâme de ce milieu qu'il a toujours trouvé tellement fade. « Toi au moins, tu n'es pas une dame, t'es juste une pécore qui ouvre un peu trop son claque-merde, alors grâce à toi ma conscience est tranquille. Je te remercie, petite fée. » ajoute-t-il d'une voix mielleuse, en lui offrant un nouveau sourire ravi, une fausse reconnaissance. Encore une fois, il ne peut se retenir de l'écraser sous son ego démesuré qui lui dicte de ne pas laisser cette femme dépasser les limites les plus élémentaires.

Pendant qu'il expulse toute la fumée de ses poumons, Luna s'installe à côté de lui tout en lui reprochant de rendre ses bébés malades, une réflexion qui laisse Reinar perplexe et lui fait tourner la tête vers elle, arborant un air surpris. « Quels bébés ? » questionne-t-il, incrédule. Il sait pourtant très bien de quoi elle parle, parce que c'est un sujet qui l'amuse particulièrement, cet amour disproportionné pour les végétaux. De son regard impassible, il toise la petite blonde échouée sur son épaule avec tout le mépris qu'il peut contenir. « Ah, c'est vrai, j'ai failli oublier que t'as un besoin obsessionnel de compenser l'infertilité que tu t'es infligée toute seule comme une idiote. Ce ne sont pas tes enfants, ce sont juste des plantes vertes, Luna. » Ses mots incisifs prennent la forme d'un virulent crachat de venin. Un dédain non contenu pour tout ce qu'elle a de plus cher au monde. Pour lui qui n'a pas eu de pitié pour le rosier du voisin d'en face, cette affection pour les plantes dépasse de loin l'irrationnel. Dans le fond, il respecte ça, mais ne peut s'empêcher de cracher sur tout ce qui représente l'univers de Luna. Appuyer là où il sait que ça fait le plus mal. Et sans retenue. Il serait presque tenté de lui demander si elle a donné des petits prénoms à ses charmants bébés, voir jusqu'à quel point elle est capable d'aller dans l'absurde. Pour une fois, il s'abstient de toute moquerie déplacée et passe un bras par-dessus son épaule pour la rapprocher de lui avec provocation. Il a compris qu'elle est gênée par sa cigarette, mais il ne se donne pas la peine de l'éteindre ni même d'aller l'abandonner dans le cendrier, car lui non plus, ne compte pas faire ce qu'elle attend de lui. « C'est le quotidien de mon camp, la triche. Tu ne devrais pas en être étonnée. » souffle-t-il près de son oreille, ses lèvres étirées en un petit sourire narquois, digne du pauvre type, du péteux arrogant qu'elle lui reproche d'être. « Ce serait bête, mais il faut bien qu'une clope me tue à ta place, puisque tu n'as pas le courage de le faire, à l'évidence. » Le sourire s'intensifie, vient s'ajouter un regard de défi. Il hausse un sourcil provocateur pour sa petite blonde, qui parle beaucoup, mais agit peu. Pour la faire taire, il achève son discours en écrasant ses lèvres contre les siennes, une douce trêve éphémère au milieu d'une guerre froide entre la belle et le monstre, qui ne se terminera jamais.


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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyDim 2 Oct - 19:55

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Spontané, cassant, écorcheur de ses regrets. Elle s’en veut, amèrement d’avoir eu la merveilleuse idée de lui ouvrir sa porte ce soir-là. Tomber sur le diable et le laisser entrer, se faire avoir par sa belle gueule ravagée par le chagrin et les ombres de l’alcool. Luna hausse une épaule, les bras battant ses hanches en signe de désolation. « - Ma première erreur, t’avoir fait monter. Je sais pas ce qui m’a pris, j’ai dû avoir pitié. L’avantage c’est que ton égo n’aurait jamais été fracassé. Les pécores se seraient fait un plaisir de te refaire le portrait et te saigner comme le goret royal que tu peux être. » Si la situation avait été comme elle la dépeint, elle aurait continué sa route. Laisser le mal se faire sous sa fenêtre sans chercher à s’interposer. Un cadavre de plus dans le caniveau, du sang sur le trottoir au petit matin pour rappeler aux habitants du quartier ce qui a eu lieu au-dessous de leurs fenêtres aveugles.  Peut-être l’aurait-elle mal vécu, d’avoir laissé un innocent se faire trucider sous son nez. L’angoisse des premiers jours pour finir par l’oublier, cet inconnu et son malheur. Petite sotte qui a préféré emprunter la route la plus dangereuse. Hasard de merde, avec tous les immeubles qui traînent dans le quartier, il a fallu que ce soit le sien. Que ce soit elle, l’inconsciente qui vient se coller contre son rescapé d’un soir. Au fond, c’est toujours ça, elle le sort de ses mauvaises passes en lui ouvrant la porte. Petit contraste, différence flagrante entre sa bêtise dans la vie et son besoin assassin dans le jeu. Sa manière à elle de se venger de toutes les crasses qu’il lui crache au nez, ce parasite qui s’accroche à ses basques comme la plus virulente des mauvaises herbes.

« - Et alors ? Qu’est-ce que ça peut faire ?! Elles aussi, elles ont besoin d’affection. T’es trop rationnel, Reinar. C’est pas fatigant à force, de vouloir tout bien ranger dans des cases, te poser le bon mot sur le bon truc ? » Lâche-t-elle dans un soupir agacé. La blonde se mord la lèvre, papillonne des cils comme pour effacer un trouble prêt à venir exploser hors de ses pupilles. Comme une idiote, la sordide vérité de son petit malheur. Elle s’en veut suffisamment, se blâme pour cet écart destructeur à chaque fois qu’elle en a l’occasion, alors supporter ses sarcasmes lui donne envie de frapper. « - Dans le jeu, pas ici. » Le murmure s’arrache alors qu’elle secoue doucement la tête, son menton vissé contre l’épaule du rouquin. Prisonnière de l’étau de son bras qui fait s’agiter son petit cœur. C’est ça qui la retient, la différence qu’elle s’efforce de garder entre le virtuel et son réel. Purplehaze et Atomicbomb abandonnés derrière un écran. Juste Reinar et Luna, les masochistes qui se démolissent à coups de mots, rien de plus. « - Je prends mon temps, comme ta clope. Le cancer, c’est vicieux, et ça traîne, je suis ton cancer, celui qui s’accroche et qui fous jamais le camp. » Balance-t-elle, moqueuse, un sourire cynique illuminant son visage. Elle sursaute, stupidement, déstabilisée par le toucher de ces lèvres contre les siennes. Son meilleur moyen pour la faire taire, la petite blonde qui soupire malgré elle contre la bouche ennemie. Elle se laisse tomber dans l’instant, supplie intérieurement pour qu’il s’éternise, les enferme dans une bulle les protégeant de cette autodestruction malsaine dans laquelle ils n’ont de cesse de s’enliser. Ca s’agite dans sa poitrine, frappe avec force contre ses côtes, et la blondinette ne fait que se rapprocher de sa destruction. Coule ses mains contre le torse du rouquin. Elles s’y plaquent brusquement, dans un retournement de neurone, Luna le repousse. Appose la distance de ses bras tendus entre eux, prête à le jeter à bas du lit, de la déroute dans les yeux, l’énigme d’un drôle de sourire sur ses lippes à présent solitaires.

«  - Tu crois vraiment que tu le mérites ? Après tout ce que tu viens de me balancer à la figure, t’es gonflé. »
Lâche-t-elle dans un soupir corrosif. Accès de folie qui lui fait mal au ventre, elle s’accroche à la cigarette, l’attrape comme une gosse capricieuse et l’écrase sans plus de ménagement sur la main du rouquin. Fait tourner la cendre contre la chair brûlée avec la ferme envie d’atteindre l’os, et voir son masque de flegme si irritant se morceler sous la douleur. Tâche malsaine achevée, elle se lève et vient abandonner le débris de mégot dans le cendrier, puis jette un regard distrait au-dehors. Orage et ténèbres en maîtres de l’instant, Chicago qui se change en aquarium sous les litres de flotte qui s’écrasent sur les trottoirs. Soupire contre la vitre, et ses pieds reviennent mécaniquement vers le lit. Elle tire sur son pull, suffisamment long pour faire office de robe et sans gêne, revient se poser sur les jambes de l’autrichien qu’elle chevauche avec une fausse candeur tandis que ses mains viennent se perdre dans le désordre de sa tignasse. Des nuances de rouille, humides, avec des cristaux de flotte, oubliés par l’attaque de la serviette. Il doit la prendre pour une folle, elle qui vient de l’agresser à coup de mégot brûlant, et qui se perd à présent dans un instant de tendresse déroutante. Elle effleure du bout de son nez celui de son compagnon d’infortune, l’ébauche de ces baisers esquimaux qui la faisaient marrer à en pleurer quand elle était gamine. Les phalanges s’accrochent aux cheveux, et la petite blonde laisse son regard se noyer dans celui de l’autre. Dévorer les nuances bizarres qui la fascinent presque autant qu’elles peuvent réussir à lui faire peur.

« - Elle devait être tellement jolie… » Ta fille. La fin du murmure reste coincée sur sa langue, consciente de l’effet qu’elle pourrait avoir sur le père orphelin. De cette douleur hurlante qui doit le bouffer de l’intérieur. Ce qui fait ce qu’il est, le traumatisme d’une blessure qui ne se refermera jamais. Ses doigts abandonnent les mèches en bataille, glissent le long des lignes taillées à la serpe du visage de l’autrichien pour finalement venir dessiner les contours de ces lèvres un peu trop grandes pour sa trombine mais affreusement attirantes. Curiosité dans les doigts, ils s’échouent contre la chemise pour en défaire avec lenteur les premiers boutons. Luna qui se perd dans la contemplation du portrait qu’elle a devant les yeux, du vague contre les pupilles, ses réflexions qui se devinent au froncement de ses sourcils. Perdue dans l’instant, la blonde s’en arrache dans un petit reniflement, repousse son crétin préféré pour se relever brusquement et le toiser. « - Mon lit est loin d’être assez grand pour nous supporter, moi, toi, ta connerie et ton immense égo. T’as plusieurs options. Oreiller, baignoire. Oreiller, plancher. T’as le balcon aussi si tu veux, ou le paillasson. Au choix. » Les mains sur les hanches, elle se défile. Parce que ça lui fait mal de se dire qu’il lui a manqué plus qu’elle ne voudrait le faire croire. Qu’elle a besoin de ces instants d’égarements, perdue entre ses bras pour terrasser ses angoisses nocturnes. L’apaisement de ses nuits avec celui qui détruit ses jours. Son plus beau paradoxe. Ca lui fait mal de se dire qu’elle était sur le point de craquer, cet effort affolant qu’elle a du faire pour se sortir du piège qu’il referme doucement autour d’elle. Cette dépendance dégueulasse qu’il injecte dans ses veines à mesure que leurs routes chaotiques se croisent et s’emmêlent. Alors elle reste plantée là, face à lui, à triturer les manches trop longues de son pull comme pour s’envelopper dans une armure impénétrable. Le laisser dehors, se croire à l’abri de la fascination malsaine en le mettant dehors. Elle s’offre l’illusion de contrôler l’instant, joue des chaussettes sur le plancher pour récupérer le premier oreiller qui se glisse sous ses doigts. Revenir le fourrer sur les genoux de l’autrichien et elle se plante à nouveau devant lui. « - Alors ? C’est une offre à durée limitée, tu devrais te magner de décider. » Elle hausse un sourcil, et scrute. Du désordre dans les pupilles, trop de choses contradictoires qui s’échinent à démolir l’émeraude emprisonné sous ses cils.

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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyMar 4 Oct - 1:09

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Tout le décor s'écroule brutalement autour de lui, en même temps que ses paupières se ferment pour s'abandonner à cet instant de tendresse inespérée. Rien n'est plus exaltant pour lui que de faire taire ce moulin à paroles, assécher le flot de haine qu'elle déverse sur lui sans modération. Il se délecte alors de ces quelques secondes de bref silence, les apprécie comme la dégustation d'un bon vin. Une saveur fruitée, un brin corsée, qui s'éclate sur ses lèvres et vrille ses sens enivrés par la bouche voluptueuse de la jolie blonde. Mais cette allégresse passagère est bien vite balayée par un rejet brutal qui l'expulse au bord du lit et manque de peu de l'en déloger. Il parvient à garder son équilibre, guère surpris de la réaction vive de la belle insoumise qui semble fière de sa fourberie. Lunatique, il n'existe pas de terme plus approprié pour décrire cette beauté fatale. Le geste est pourtant justifié, alors Reinar se fige et s'enferme une fois de plus dans le mutisme et l'inertie habituels. Il la toise avec ce regard lointain indissociable de sa personne, pendant de longues secondes interminables durant lesquelles ses doigts triturent nerveusement la cigarette allumée qu'il tient dans sa main, consumée lentement mais sûrement au gré de la fumée toxique qui s'en échappe. Il cherche à comprendre ce qui se passe dans sa tête, à déceler la moindre étincelle dans ses yeux d'émeraude qui trahirait ses pensées. Il n'y perçoit rien de plus qu'une épaisse couche de colère fracturée d'un sursaut de folie.

Un air à la fois innocent et contrarié plaqué sur le visage, ses yeux s'accrochent à son sourire énigmatique et se perdent dans la contemplation de ses traits gracieux. Un instant d'inattention fatal dont elle profite pour lui arracher sa cigarette meurtrière des mains et écraser l'extrémité brûlante contre le dos de sa main, sans ménagement. En une fraction de seconde, tous les muscles de son corps se contractent, et lorsque son cerveau reçoit enfin l'information, les nerfs de sa main s'enflamment. En même temps qu'il laisse échapper un cri de douleur incontrôlé, son visage impassible se déchire et cède à la violence de son geste, incapable d'opposer la moindre résistance contre cette brûlure virulente qui décompose sa chair et paralyse son bras tout entier. Dans un accès de rage, il perd le contrôle de ses mouvements et son pied vient percuter brusquement la tasse de café encore fumante qu'il avait abandonnée au sol quelques minutes plus tôt. La tasse roule bruyamment sur le plancher en même temps que le liquide noirâtre se répand rapidement sur le bois veineux, mais toute l'attention de Reinar reste braquée sur sa main meurtrie. Une sirène criarde hurle dans sa tête et met tous ses sens en ébullition, jusqu'à ce que le mégot disparaisse enfin et le libère de cette torture. Devant cette scène absurde, il est pris d'une envie soudaine de se lever et de gifler violemment la coupable, mais il prend une grande inspiration pour enfouir sa colère au plus profond de lui-même, et se rétracte. Sourcils froncés, des traits sévères déformant son visage, il concentre son regard sur la brûlure infâme qui défigure sa main. Ses dents s'acharnent sur sa lèvre inférieure, nerveusement. « T'es folle ou quoi ? » s'exclame-t-il en braquant des yeux assassins vers la blonde farouche. Une question qui n'attend pas de réponse, à l'évidence. L'espace d'un instant, il se demande même pourquoi il l'a formulée, et il se laisse aller à un rire nerveux, cynique. « Il faut te faire soigner, espèce de dégénérée. » Son regard empli d'animosité se pose sur le café brûlant étalé au sol, avec une pointe d'amertume. Dépité, bouillant de l'intérieur, il se retient de l'insulter, sa main intacte se refermant par-dessus sa blessure, comme pour cacher cette faiblesse passagère.

« Regarde ce que ta stupidité me fait faire. » ajoute-t-il en pointant la tasse vidée sur le parquet d'un geste du menton, sec et las. Avant même qu'il ait le temps de s'en rendre compte, la voilà déjà revenue à l'assaut, elle le chevauche avec provocation, féline, et lui ne peut s'empêcher un léger mouvement de recul alors qu'elle noie ses mains curieuses dans sa chevelure de feu. Elle doit certainement s'imaginer que son petit numéro de charme effacera son odieux forfait, mais Reinar n'est pas de cet avis et fronce les sourcils d'agacement lorsque le petit nez de Luna frôle le sien affectueusement. Le front marqué profondément de rides de colère. Malgré tout, il se laisse envoûter par ses prunelles de jade, ses mains se posent instinctivement sur les cuisses de la blonde, remontent lentement pour s'approcher de ses hanches. C'est un désir malsain qui lui effleure l'esprit, une envie irrépressible de broyer chaque parcelle de sa peau délicate entre ses doigts décharnés. De massacrer cette beauté trop attirante pour qu'il puisse trouver la force de se détacher d'elle définitivement. Ses doigts nerveux s'attardent sur le pull gênant, tirent légèrement sur l'étoffe épaisse avec un certain agacement. Il résiste difficilement à la tentation de la repousser violemment comme elle a pu le faire avec lui, la jeter au sol, la laisser se brûler et foutre en l'air son mignon petit pull dans des tâches de café bien noires. « Sache qu'à l'avenir, ce sont tes adorables plantes violettes qui me serviront de cendrier. » souffle-t-il à son oreille, avant qu'elle prenne les devants, le repousse et s'écarte de lui une fois de plus. Il laisse échapper un soupir, l'énervement non retenu, et se laisse tomber en arrière sur le lit moelleux, avant de fermer les yeux, chercher l'apaisement. Il évite soigneusement le regard de la blonde lorsque celle-ci lui expose les options pour la suite de la soirée. Silence. Réflexion. L'oreiller finit par s'échouer sur ses genoux, sorti de nulle part, il lance rapidement une œillade curieuse à la petite Luna plantée devant lui, impatiente.

« Et si aucune de tes options ne me satisfait ? » Désinvolte, il croise ses bras derrière sa tête, toise la jeune femme avec condescendance, pas décidé à bouger du lit ni même à lui laisser le plaisir de dicter sa loi. L'étincelle d'arrogance continue de danser dans ses yeux vides lorsqu'une idée germe dans son esprit aliéné. Peut-être qu'il serait allé se caler dans la baignoire avec son oreiller et sa serviette, sans broncher, si seulement elle ne lui avait pas écrasé ce foutu mégot sur la main et craché ouvertement sur son orgueil. Elle doit le savoir pourtant, à force. Reinar n'est pas disposé à accepter quoi que ce soit de la part d'une personne qui le piétine éhontément comme la carcasse vide qu'il peut être aux yeux du monde entier. « J'ai une meilleure idée. Je devrais peut-être te jeter du balcon, ça libérera une sacrée place. » L'humour dans ses mots se distingue à peine, écrasé par la froideur de son visage inexpressif. Un sérieux inébranlable dans la voix, une légère dose de lassitude aussi. Il écarte l'oreiller d'un geste agacé, et se lève du lit à son tour, pour attraper Luna par les hanches, l'enfermer dans ses bras. La soulever brusquement pour jeter son corps frêle sur son épaule, comme un vulgaire sac à patate, tout en s'assurant de la tenir bien fermement pour ne pas qu'elle tombe et se fasse mal. D'un pas lent, avec sa prisonnière sur l'épaule, il se dirige vers le balcon et s'approche dangereusement de la balustrade trempée par la pluie encore battante. « Alors, qu'est-ce qu'on dit ? “Pardon Reinar, je suis une vilaine fille qui mérite d'être punie.” Vas-y, répète. » Un brin de folie dans la voix, teintée de fausse gravité. Il se penche en avant pour lui faire frôler le vide, ses jambes dépassant du balcon, exposées à la pluie torrentielle. La menace de la lâcher n'est pas réelle, mais les sensations authentiques. Et la tolérance de Reinar, particulièrement limitée.


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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyMer 5 Oct - 13:56

Lovely weapon of mass destruction
Reinar & Luna

Faire plier la tendresse sous les coups de la douleur. La chair qui brûle et le corps qui réagit avec violence. Il s’arrache son propre masque, s’extirpe de son mutisme sous la volonté de sa petite blonde, de ce geste dément qui lui procure un plaisir honteux, enfouit dans les tréfonds de son être. Elle se mord la lèvre, trépigne comme une gosse devant ce spectacle affreusement plaisant. Reinar qui s’effondre le temps d’une inspiration chaotique, l’effort qu’il doit accomplir pour reprendre le contrôle et rester de marbre alors que les insultes pleuvent à nouveau. Elle n’a que les échos de son cri de douleur dans les oreilles, la spontanéité avec laquelle il s’est extirpé de sa bouche fielleuse. Recommencer, encore et encore, s’enivrer de cette symphonie étrange et plaisante. Le voir plier face à la volonté insensée de la blonde. Luna, folle, c’est un fait. Elle en esquisse un sourire, perfection de cynisme et de candeur, battant des cils, l’enjôleuse qui laisse les répliques glisser sur ses épaules. Elle se contrefout du café sur son parquet, ça séchera. Ce qui la fascine c’est le geste qui a provoqué la chute de la pauvre tasse, l’absence de contrôle, l’instinct qui se rue dans les veines face au danger, à l’affliction sourde. « - C’est pas ce que tu voulais, que j’agisse ? » Minaude-t-elle, mutine. La gamine qui revient se glisser près de son adversaire blessé, fasciné par sa blessure. Elle sait qu’il tombera dans ses filets, malgré cette haine froide qui déforment ses traits. Il le fait à chaque fois, se laisse dominer par ses instincts. Du fauve au bout des doigts, et des frissons dans les reins, Luna qui se mord la langue pour ne pas sourire de satisfaction lorsque les mains se posent contre ses hanches. La brûlure se propage de ses reins, lèche son ventre d’une envie déroutante. Affreusement détestable tant elle ne fait que prouver à quel point elle peut être enchaînée à cet imbécile. Son crétin, celui qui lui appartient mais qui reste libre. Sa vie est un paradoxe, depuis le début, ça ne l’étonne même pas que ce qui la lie à Reinar soit un assemblage branlant de choses contradictoires. Si au début elle a tenté d’apposer un nom, un mot sur le chaos qui les assemble, la blondinette a arrêté de se triturer les neurones pour rien. C’est du vent entre leurs doigts, des injures qui se font et se défont. L’alliance des ennemis qui se fait dans une trêve tendre. Le lascif en traité de paix, le temps d’une nuit pour tout recommencer la prochaine fois. D’une certaine manière, il y a de la beauté dans cet assemblage étrange. Un tout qui forme leur rien, qu’elle ne pourrait se résoudre à voir disparaître. Qu’elle ne veut pas changer par peur de tout perdre.

« - Essaie seulement de balancer de la cendre dedans, de les approcher et je me ferais un plaisir d’abîmer tes jolis doigts pour que tu ne sois même plus capable de tapoter sur ton clavier. » Raclement de langue amer, menace aussi froide que le regard qui l’accompagne. S’en prendre à ses bébés, surtout ceux-là, c’est poser de plein gré un pied dans la tombe. L’amoureuse des plantes prête au pire au moindre danger menaçant ses enfants végétaux. Il le sait, et ça l’agace encore plus. De le voir utiliser cette carte là, tout en sachant pertinemment que c’est tendre le bâton pour se faire frapper. Alors elle marque le coup, s’éloigne de la provocation, expose ses conditions et reste là, à attendre une réponse qui traîne. S’inscrit dans la nonchalance, la désinvolture de la carcasse qui marque son lit défait de son empreinte. « - Il te reste l’option de braver le couvre-feu et de te traîner jusqu’à ton propre chez toi. » Lâche-t-elle dans un souffle. Mue par l’instinct, la petite blonde recule d’un pas face aux paroles. La menace qu’ils renferment. Elle n’y croit pas, persuadée qu’il va rester là, affalé sur son lit et ne pas bouger jusqu’à ce qu’elle daigne se poser à côté de lui. C’est une évidence qui s’accroche à ses pensées, au point de la faire hoqueter de surprise lorsque le rouquin se lève et l’attrape. « - Qu’est-ce que tu fous ?! » Pauvre gamine qui se fait emporter comme un objet encombrant le passage dont on veut se débarrasser. Ses frères le faisaient, la hisser sur leurs épaules pour mieux la traîner où ils en avaient envie. Elle en rigolait à plein poumon, frappait de ses petits poings contre les carrures imposantes pour qu’ils la lâchent. Son rire est coincé quelque part dans sa gorge, noyé sous le flot de sa surprise. La crainte qui monte d’un cran une fois la chaleur de son studio loin derrière elle. Des tremblements incontrôlés dévorent sa peau, alors elle frappe. Malmène l’épaule sur laquelle le rouquin l’a hissé sans vergogne. S’y accroche et tente au mieux de se sortir de cet étau qui la brise. « - Arrête, pauvre cinglé, lâche-moi ! » Au bord du vide, elle pousse sa malchance. Réalise une fois les mots sortis qu’il serait capable de la prendre au pied de la lettre et de la lâcher pour de bon. Elle fulmine, peste et soupire sa haine. « - Tu espères quoi là ? Me tuer ? Reinar, c’est stupide. » Un rire nerveux lui échappe, déplacé, provoqué par l’angoisse qui s’accroche dans ses veines et dans ses ongles qui viennent s’agripper avec hargne aux épaules du rouquin.Ca se bouscule dans sa poitrine, la peur du vide, qu’il ne la lâche vraiment. Elle se raccroche à des lambeaux de confiance, de l’absurde dans son cerveau au bord de la cassure. C’est grotesque comme situation, la vue que la scène doit offrir aux rares passants se perdant sur les trottoirs inondés. La petite blonde prête à se faire jeter par-dessus-bord, les chaussettes trempées flirtant avec le vide.

« - Va te faire voir, si tu crois que je vais te sortir une connerie pareille. Y a des greluches plein les trottoirs qui seraient prêtes à te supplier de les punir si ça te plait tant que ça. » Elle crache son venin avec les miettes d’aplomb qui lui reste. Il lui fait peur, l’évidence amère se distille dans son système, la terrasse. Elle s’efforce de rester froide, appose de la haine dans sa voix qui tremble malgré elle. Ravagée par des éclats de crainte difficile à retenir. Quand elle pouvait enfin se vanter de lui avoir arraché une quelconque réaction, de la douleur sur son beau visage, les échos de son cri encore vibrants entre ses tempes. L’inversion des rôles lui laisse un arrière-goût amer sur la langue. Ce n’était qu’un pauvre mégot, un oreiller qu’elle lui a balancé à la figure avec un défi factice dans les pupilles. Persuadée qu’il l’étoufferait sous ses caresses incendiaires, l’emprisonnerait dans l’étau de ses bras. C’est un peu le cas, mais elle ne se voyait pas suspendue au-dessus du vide. Luna s’enferme dans le silence, perdue dans ses propres pensées, le parcours d’un raisonnement chaotique pour qu’il daigne la reposer quand elle a délibérément ajouté de l’huile sur le feu de sa folie. S’excuser est hors de sa portée, un refus catégorique qui lui retourne l’estomac et tiraille ses nerfs bien à vif. Elle renifle, ravale au mieux sa détresse et cette faiblesse latente qui est en train de poindre sous sa peau. Les ongles libèrent le tissu froissé, et la blonde rend les armes, pèse alors de tout son poids contre l’épaule de son bourreau, les bras ballants le long de cette enveloppe vide. La gamine fait la morte, rien de plus. Mise en veille en guise d’excuse. Lui faire comprendre qu’elle se rend, abandonne cette lutte stupide qui dure depuis l’arrivée de l’autrichien. Fatiguée de se battre, même si en bonne cinglée masochiste qu’elle est, elle ne pourrait plus se passer de ces instants destructeurs. Elle joue doucement des chaussettes, effleure du bout des orteils la jambe de Reinar. Se tortille malgré la menace du vide pour enrouler du mieux qu’elle peut ses bras autour de son cou, y enfouir son visage pour se cacher de la peur qui lui vrille le ventre. Pardon offert dans son silence, la peur qui tremble contre la carcasse de son crétin démoniaque.

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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyJeu 6 Oct - 16:27

lovely weapon of mass destruction


Au bord du vide, le vertige s'installe. Dans sa folie, il se sent pousser des ailes imaginaires et se penche toujours plus pour embrasser la mort. Ses jambes parviennent à trouver un équilibre parfait, soutenu par la balustrade, mais vulnérable au moindre souffle qui les ferait tanguer du mauvais côté du balcon et les emporterait tous les deux dans le gouffre de la désolation. Pourtant, il ne peut s'empêcher de rire avec allégresse, jouir de cet ascendant repris trop facilement, d'un coup de baguette magique. L'effet terrifiant d'un sortilège démoniaque dont lui seul connait les secrets. Ses pupilles démentes, empreintes d'une curiosité malsaine, balayent le bas de la rue noyée par la pluie torrentielle qui ne s'est pas arrêté un seul instant depuis le matin. L'envie de s'y jeter à corps perdu le traverse en un éclair, en même temps que son instinct de survie lui dicte de s'en éloigner le plus possible. La démonstration parfaite du paradoxe exubérant qu'il incarne de tout son être, partagé entre la vie et la mort, comme le pauvre chat de Schrödinger enfermé dans sa boîte obscure. Son équilibre pourtant perturbé par l'ajout d'une nouvelle inconnue à l'équation, la belle Luna qui chamboule tout l'ordre établi dans son cerveau, fout le bordel dans les petites cases de son tableau périodique parfaitement rangé. Plus elle prend d'importance, plus il veut la détruire. Plus il l'aime passionnément, et plus il la déteste férocement. Elle amplifie son paradoxe, nourrit sa folie, à cause du simple crime de s'être maladroitement immiscé dans sa vie ébranlée au mauvais moment.

« Tu n'as pas eu de remords la dernière fois, je ne vois pas pourquoi j'en aurais. » répond-il de sa voix déformée, à la pauvre blonde qui se voit sans doute déjà morte dans les bras de son équilibriste fou. Il refaçonne la réalité et la confond avec le virtuel, son esprit emprisonné dans les rouages du Darwin's Game. Il abolit toutes les barrières qui séparent le jeu et la vraie vie, allège la menace qui pèse sur eux. Alors que Luna ne semble pas prendre ces meurtres virtuels au sérieux, lui a déjà pris conscience depuis bien longtemps de l'impact que chacune de ses morts a eu sur son existence. Un compteur qui le rapproche lentement mais sûrement de sa tombe. Si elle croit pouvoir jouer impunément avec sa vie, il s'octroie lui aussi l'autorisation de s'amuser avec celle de la petite blonde, la faire flirter avec la mort pour lui faire goûter à cette adrénaline dont il ne peut plus se passer. Alors il relâche légèrement la pression, la fait tanguer dangereusement pour amplifier la terreur, l'effroi illusoire qu'il s'amuse à injecter sans modération dans l'esprit dérangé de sa belle sauvage. « Luna l'intrépide serait-elle effrayée ? » lui crache-t-il au visage, provocateur, alors qu'il détecte les premiers tremblements du petit corps chétif qu'il tient fermement entre ses bras. Il n'attend en réalité ni excuses ni suppliques, il cherche seulement la satisfaction immense de voir Luna capituler devant la menace. Le besoin de la soumettre à sa volonté, comme n'importe qui d'autre. Lui rappeler qu'il est le mâle alpha, celui qui lui fait courber l'échine et lui impose sa loi. Pour ajouter davantage de dramatique à la pièce, il se penche encore plus dangereusement par-dessus de la balustrade, d'un geste brusque, coinçant sa jambe entre les barreaux pour maintenir l'équilibre. « Tu n'as aucune raison d'avoir peur, ma puce. Regarde toute la flotte qu'il y a en bas, ça devrait amortir ta chute, avec un peu de chance. » Sa voix se veut douce et rassurante, pour atténuer l'absurdité de la scène, alors qu'il laisse entendre qu'il va la lâcher pour de bon. Les bras frêles accrochés à son cou par instinct de survie lui apportent l'ultime satisfaction qu'il attend, et il ne peut réprimer un sourire mesquin devant ce spectacle jouissif. Il appose alors la touche finale, dans un souffle, le visage à nouveau fondu dans la neutralité totale, le ton glacial. « Et dans le pire des cas, tu ne manqueras à personne. » Un pur mensonge habilement dissimulé derrière un crachat de haine immodéré. Elle lui manquerait atrocement, et pour cette raison, s'il devait la balancer par-dessus bord, il s'y jetterait probablement avec elle.

Doucement, il recule et pivote sur lui-même, toujours maître de ses mouvements malgré le gouffre sans fond qu'il vient de frôler. Le col de sa chemise et ses cheveux roux sont trempés par la pluie, comme Luna qu'il a failli balancer par-dessus la balustrade, mais qu'il repose délicatement sur le sol froid du balcon. Il a obtenu le résultat qu'il voulait, alors il ne lui fera pas subir davantage cette folie. Il ne relâche pas pour autant son étreinte sur elle, la garde prisonnière de ses bras pour marquer la possession. Le sale type qu'il est ne peut pas envisager que sa jolie petite blonde lui soit retirée d'une quelconque façon, malgré toutes les crasses qu'il lui fait subir à longueur de temps. Pendant quelques secondes, il la serre contre lui pour lui faire oublier son vilain geste. Ils sont quitte maintenant, chacun marqué par l'autre de différentes façons. Lui la main, elle l'esprit. C'est ainsi qu'ils parviennent encore à s'accommoder l'un de l'autre, en entretenant soigneusement l'équilibre de la terreur qu'ils s'infligent. La pression qu'il exerce sur le petit corps de la blonde diminue, il recule pour pouvoir observer son joli visage de poupée brisée. Les mains posées sur ses épaules, il la pousse à reculer à son tour, pour la coincer entre lui et la vitre qui les sépare de l'intérieur chaleureux du studio. Ses mains glissent lentement le long de ses bras pour rejoindre celles de Luna, emmêler ses doigts aux siens délicatement, sans rien laisser paraître de plus que les flammes moqueuses qui dansent au fond de ses pupilles. « Ma connerie ira dans la baignoire, mon immense ego restera sur le balcon, et moi je me contenterai du parquet, si cela te convient. » lâche-t-il dans un souffle, reprenant les termes qu'elle a employé lorsqu'elle lui a listé ses options. « Mais il faut que tu me nettoies le sol que tu as bêtement sali, d'abord. » conclut-il, en même temps qu'il dépose un baiser furtif sur le bout du petit nez de Luna, en soulignant le fait qu'elle est responsable du café renversé sur le sol. Responsable de tous leurs problèmes, et même de ce qu'il vient de se passer, comme si elle seule était à l'origine de la gangrène qui les bouffe voracement. Comme si lui était le saint qui lui pardonne tous ses péchés dans son immense mansuétude.


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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyDim 9 Oct - 15:56

Lovely weapon of mass destruction
Reinar & Luna

Ses mots râpent, écorchent et grondent au-dessus de l’orage. Au-dehors et celui qui se rompt contre ses tempes. La petite blonde en proie à l’angoisse, sa furie noyée sous la flotte qui la lacère. Elle grelotte, de froid, de crainte. Il est si facile d’oublier, qu’elle s’associe avec un être bien plus dément qu’elle. Que derrière sa belle gueule se cache le pire. Il est cassé, d’une manière bien pire qu’elle ne peut l’être, et si parfois elle se laisse aller à penser qu’elle peut le sauver, les instants de folie gangrènent ces moments d’égarement. L’allégresse de lui avoir apporté un peu de réconfort qui s’effondre comme château de cartes dans lequel il aurait balancé son pied comme un sale gosse. Il est son sale gosse, ce mioche effronté qu’on veut baffer jusqu’à ce qu’il pleure à s’en péter les cordes vocales, s’assécher comme un vulgaire pruneau sous la force de ses pleurs. Ce môme horripilant qu’on couvre de tendresse une fois la crise passée. Elle veut essayer de le comprendre, apaiser ses tourments, depuis le premier instant. Sa folie, sa bêtise qui la pousse à venir s’accrocher au monstre de toute la force de ses doigts comprimés par la terreur. Un mauvais geste, et c’est la chute. Cette rambarde branlante qui peut décider de lâcher à tout moment. Elle écoute les tirades acerbes, et se mord la lèvre, frappée devant l’évidence. L’esprit rongé par le jeu, la différence entre réel et virtuel a été effacé. « - C’était dans un jeu, Reinar, un foutu jeu. Ton cerveau a fondu à ce point pour que tu ne fasses plus de différence entre les deux ? On a qu’une vie ici, ton compteur te sert à rien de ce côté de l’écran. » Elle le lâche entre deux hoquets de panique, avant de serrer les dents. Restée muette pour éviter le pire. La petite blonde s’efforce de se détacher, rester la plus lucide possible face à cette autre réalité. Ses meurtres s’ancrent à sa peau, la hantent pour mieux altérer sa vision du monde. La tenter tout en lui rappelant qu’ici, elle n’a qu’une vie, aussi pitoyable soit-elle. Son tatouage n’est rien de plus qu’une décoration, un délire qui ne lui servira à rien si elle vient à se rompre la nuque sur le pavé détrempé. C’est tellement stupide comme mort. Le duo d’une tragédie aux faux airs de comédie. Bridget Jones qui se casse la gueule sous les yeux de son amour transi. Ce pathétisme pourrait la faire rire, Luna si seulement elle n’avait pas l’impression d’avoir la poitrine en délire, le cœur sur les montagnes russes au point de lui faire mal.

Elle s’agrippe avec plus hargne lorsqu’elle le sent reculer, prise dans un élan de panique, certaine qu’il va la lâcher pour de bon. Loin de se douter que la trêve s’amorce vraiment. Petite blonde qui sursaute au contact du sol contre ses chaussettes, serpillères remplies de flotte qui lui donnent l’impression de patauger dans un aquarium. Une éponge complètement paniquée, de la peur dans les yeux et des grelots contre la peau. Elle doit ressembler à absolument rien, un assemblage d’une tignasse blonde détrempée, un pull aussi lourd qu’un poney mort tant il a pu avaler de flotte. Elle déteste la pluie, c’est officiel. Elle le déteste, cet abruti qui l’emprisonne dans l’étau de ses bras. Incapable de se laisser aller, les bras bloqués contre son corps, Luna reste plantée là, son cœur battant à tout rompre contre la poitrine du rouquin. Connard. Abrutit. Crétin. Les insultes fusent dans sa tête, elle hurle pour couvrir les bruits des acouphènes dans ses oreilles mais ne parvient pas à les lui cracher dignement à la figure. Il le mérite. C’est pourtant le rituel de leur quotidien chaotique, se bousiller pour mieux se trouver. Se déchirer et pardonner. Recommencer, inlassablement pour se sentir vivant. Exister au travers des humeurs folles de l’autre. L’équilibre grossier d’une relation malsaine, vouée à les détruire. Le premier qui tombera entraînera forcément l’autre. Luna papillonne des cils, revient sur ce balcon détrempé au contact des lèvres de l’autrichien contre son nez. Boule de flipper lancée à plein régime, les paroles de Reinar cognent dans tous les sens. Elle secoue la tête, désapprouve et sans rien ajouter, murée dans son silence fait volte-face pour retourner à l’intérieur. En parfait automate, la petite blonde abandonne ses chaussettes sur le plancher, s’enferme dans la salle de bain pour se débarrasser de son pull. Eponger les stigmates de cet accès de démence affolant. Elle s’effondre devant sa glace, ce qu’elle peut voir dans son regard l’agace. Détruite par son chimiste, la bombe qui se désamorce d’elle-même dans un soupir alors qu’elle enfile son t-shirt géant, se noie dedans pour y trouver du réconfort. Prête pour aller se perdre sous sa couette, fermer les yeux et se croire seule. Une dernier inspiration, et la blonde abandonne son repère, ouvre la porte de sa solitude pour retourner dans la pièce principale.

« - Tu me fatigues, t’es aussi nocif qu’une Gympie-Gympie. » Souffle-t-elle sans prendre la peine de le regarder. C’est la meilleure comparaison qui lui vient à l’esprit, l’associer à cette plante australienne qui réduit les chairs en charpie, brûle la peau comme de l’acide pendant des moins. On s’en débarrasse et au moindre nouveau contact, la brûlure revient. « - T’en as pas marre de me prendre pour une chaussette que tu peux balancer au sale pour la ressortir quand tu en as besoin ? » Elle lève le nez, croise un instant le regard du rouquin pour mieux détourner la tête, tapoter du bout des doigts dans les pots à portée de main pour s’assurer que ses bébés ne manquent pas d’eau. « - Ne réponds pas, je m’en fous en fait. » Un haussement d’épaules pour faire comprendre qu’elle s’en fout, qu’il n’y a de toute façon aucune raison logique pour qu’il s’acharne à venir polluer son écosystème. Luna continue son petit tour, évite soigneusement de venir graviter trop près de son invité nocif. Elle se perd un instant dans la contemplation de ses fleurs violette, époussète tendrement les feuilles, inspecte plus consciencieusement son dernier né. La petite pousse qui patauge dans son pot, minuscule à côté de ses sœurs. « - Je ne manquerais à personne, soit certain que toi aussi. On se souviendra de toi comme un parfait sale type, quelque temps avant de t’oublier. Le petit chimiste de pacotille bouffé par le toxique de sa méchanceté. » Un sourire tendre s’accroche à ses lèvres, contraste avec le venin de ses paroles. Elle chuchote comme par crainte d’effrayer ses plantes, de les vexer. La tendresse pour les végétaux, l’acide pour l’humain.

« - Ta connerie et ton égo, restent où ils sont. Et toi, tu te coinces de ton côté, et t’y restes. » Lance-t-elle enfin en désignant le lit, son regard venant se poser sur l’autrichien. Elle cède une fois encore, lui concède sa part de terrain comme le ferait un vaincu. Ce n’est pas la guerre qu’elle vient de perdre, seulement un nouveau combat. Dans ce monde, quand dans l’autre, elle sait qu’il ne s’en sortira pas aussi facilement. « - Je veux plus voir ta sale tronche jusqu’à demain. » Elle agite les doigts dans sa direction, englobe la zone approximative de son visage. Gracieuse, elle rejette la vague blanche de sa couette pour se poser sur le matelas, ramener son océan de douceur par-dessus ses jambes et rester plantée là. Les reins engloutis dans le moelleux de ses oreillers, du défi dans les pupilles, de l’impassible sur sa figure.


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MessageSujet: Re: Lovely weapon of mass destruction — Luna   Lovely weapon of mass destruction — Luna EmptyMar 11 Oct - 2:31

lovely weapon of mass destruction


Les doigts décharnés se referment sur les petites mains chétives de la blonde, pendant que son esprit se perd quelque part au fond de l'émeraude terni de ses prunelles vacillantes. Une satisfaction malsaine et inavouable, que de voir une si jolie rose se faner et perdre tout son éclat au contact de l'acidité de son épiderme. Il réprime un frémissement euphorique devant ce spectacle affligeant, fier de son abominable fourberie. Fier d'être si répugnant. Il se sent soudain assailli par le dégoût, un sentiment inexplicable qui lui broie les tripes lorsqu'il voit cette Luna si abattue, le résultat de la cruauté sans bornes qu'il ne parvient à contrôler d'aucune façon. Pendant qu'il se perd dans la contemplation, un essaim bourdonne dans le vide sidéral de son crâne rongé par la gangrène, perturbe son calme, lui fait triturer nerveusement la peau délicate de la petite blonde. Avant de se disperser brusquement et le ramener à une réalité cruelle dont elle ne semble pas se rendre compte. Une vie. Une seule pauvre vie trop fragile et trop précieuse pour être gâchée si connement. Le Darwin's Game, une alternative pour tous les fous qui aiment à se croire invincible lorsqu'ils renaissent de leurs cendres après chaque mort, comme si rien ne peut les vaincre définitivement. Il se crispe, se mord la lèvre, fait monter d'un cran la pression de ses mains efflanquées sur celles de Luna. « Ce n'est pas juste un jeu. Quand il ne te restera plus qu'une seule vie, ce ne sera plus un jeu, pauvre idiote. » L'agacement se lit aisément dans son regard, l'impatience dans sa gestuelle. Il en a déjà trop perdu, des vies. Il craint que ce soit la même chose pour Luna, et inexplicablement, il angoisse à l'idée de n'avoir pas encore trouvé l'emplacement de son tatouage pour s'en assurer. Cette rose épineuse qu'il méprise tant, mais la seule encore capable d'injecter une pincée de gaieté dans sa carcasse souillée par le désespoir. Les mots se coincent dans sa gorge, râpent sa langue et font grincer ses dents d'agacement. Il ne supporterait pas qu'elle meure définitivement à cause de ce simple et stupide jeu qu'elle a pris trop à la légère. Parallèlement, il se surprend à imaginer qu'il tirerait un plaisir malsain à la regarder agoniser sous ses yeux. Tout un tas de pensées contradictoires qui se chevauchent dans son esprit et le rendent malade.

Luna la belle se défait de son emprise en un clin d'œil et s'éclipse sous son nez, sans qu'il ne tente de la retenir. Il la laisse disparaître dans les méandres de sa jungle verdoyante et se contente d'un pas pour s'engouffrer à l'intérieur, refermant la porte coulissante derrière lui. Ses pupilles tremblantes balayent du regard le petit studio, s'arrêtent sur le chaos laissé par la tasse de café échouée négligemment sur le sol. Dormir sur le parquet, quelle sombre connerie. Jamais il ne se réduirait à une telle médiocrité, surtout pas devant les yeux moqueurs de la belle effrontée. Il connait trop bien les mécanismes de son esprit de gamine, suffisamment pour savoir qu'elle lui cède toujours. Pauvre fillette vertueuse incapable de lui refuser la chaleur de son lit malgré tous les efforts surhumains qu'elle semble déployer pour éloigner la gangrène de son foyer. Sa main chope la serviette utilisée quelques minutes plus tôt pour sécher ses cheveux à nouveau trempés, puis il l'abandonne en boule sur le sol, au milieu du liquide noirâtre qui recouvre le parquet. Envahi d'une soudaine fatigue, il laisse tomber lourdement sa carcasse éreintée sur le lit moelleux et profite du calme en attendant que la boule de nerfs revienne de sa salle de bain, les yeux rivés sur la brûlure encore douloureuse de sa main meurtrie. Le squelette figé d'effroi devant cette balafre repoussante, son regard se braque sur les plants de Purple Haze à proximité. Des sales plantes tellement laides qu'on leur vomirait volontiers dessus. Il y foutrait bien le feu aussi, le zippo en argent échoué quelque part au fond de la poche de son vieux jean se faisant soudain particulièrement attrayant.

Luna réapparaît comme par enchantement, il daigne tourner la tête dans sa direction tandis qu'elle ne lui accorde pas même une œillade furtive, préférant porter toute son attention sur sa verdure envahissante. Le reproche l'effleure à peine, la comparaison à une plante dont il ne connait même pas les propriétés ne l'affecte pas, alors il se contente de la suivre du regard, elle qui papillonne d'une fleur à l'autre avec une légèreté enfantine. La candeur qui s'accommode pourtant d'un venin virulent et de mots assassins à son égard. « Chaussette sale, ce sont exactement les mots que je cherchais pour te décrire. » répond-il en sachant qu'elle ne l'écoute probablement déjà plus. Soudain pris d'une envie irrépressible de donner des coups de pieds dans les pots de fleurs pour briser le petit cœur de leur pauvre mère désespérée, lorsque celle-ci crache éhontément sur tout ce qui a fait sa plus grande fierté, une fois de plus. Un chimiste de pacotille. Un pauvre type qui a bousillé sa vie. Un sale péteux qui se prend pour un génie. Beaucoup d'expressions différentes pour en arriver toujours au même point, tourner autour du pot dans lequel se développent les germes de son échec cuisant. Comme d'habitude, il se défile face à la vérité, balaye sèchement les paroles de Luna pour oublier sa propre médiocrité. « Sérieusement, y a pas un bouton off quelque part pour arrêter le moulin à merde qui te sert de bouche ? » lâche-t-il d'un ton acerbe, avant de se relever et jeter négligemment sa chemise sur le premier Yucca à sa portée. Un jour il craquera et finira par frapper cette idiote insupportable, il le sait, et cette simple idée l'effraie. Céder à la violence serait certainement la pire connerie qu'il pourrait commettre. Le geste proscrit qui les détruirait tous les deux définitivement, anéantirait leur équilibre branlant. Son regard se perd dans celui de la jolie poupée engloutie sous sa couette, pendant qu'il tente de chasser ses pensées noires de son esprit aliéné. Ses traits empreints d'une austérité devenue habituelle chez lui, il la gratifie d'une grimace exaspérée, avant de s'écraser de tout son poids sur lit dont il fait hurler les ressorts dans un grincement agaçant.

« Ferme les yeux si tu ne veux pas voir ma sale gueule. » Pour agrémenter le ton ferme et piquant, il tire sèchement sur la couverture, prend possession de tout l'espace disponible en emprisonnant Luna dans son étreinte corrosive. Le monstre déchaîné anéantit le dernier rempart d'un simple coup de caboche pour s'abandonner une fois de plus à l'allégresse qui enchante ses nuits les plus noires. Le parfum enivrant de la blonde fait couler dans ses veines une ivresse délirante qui le consume à petit feu, alors que ses lèvres commencent lentement à tracer un chemin sinueux le long de son cou dénudé. Pour le reste de la nuit, il oublie tout le dégoût que cette sombre conne lui inspire, balaye toute la contrariété qu'elle a pu provoquer d'un revers de la main pour consumer son être au contact brûlant de sa peau contre la sienne. Il empoisonne son épiderme de baisers fiévreux pour mieux y enraciner son affreuse gangrène impérissable. Même dans son accès de folie, il continue de chercher le foutu tatouage qu'elle cache beaucoup trop bien, le compteur de la pauvre Luna qu'il tient absolument à garder en vie pour continuer d'infecter sa misérable existence. Le but principal de sa conquête grisante et tumultueuse qui continuera jusqu'à ce qu'il succombe finalement à l'étreinte de Morphée.

Avant que l'aurore n'esquisse les premières lueurs du jour, dans le silence total et l'apaisement qui imprègnent les murs du studio, il s'échappe discrètement de la couverture pour s'assurer de ne pas réveiller la créature endormie, rassemble ses affaires encore trempées par la pluie de la veille, et disparaît de sa vie de la même manière qu'il y était entré, tel un spectre nocturne.



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