Accueil  Rechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
S'inscrire au DARWIN'S GAME, c'est montrer de quoi nous sommes capables et prouver que nous sommes l'avenir. Une seule regle : survivre. A partir de maintenant, c'est chacun pour soi. Nous devons oublier qui sont nos freres, nos femmes, nos amis, parce qu'aujourd'hui ils sont nos ennemis. Tuer ou etre tue est notre seule motivation. Le jeu debute.



Le forum appartient à sa fondatrice Alaska. Le forum est optimisé pour Chrome. Toute copie partielle ou complète est interdite.
LE FORUM EST FERME POUR LE MOMENT. MERCI D'AVOIR ÉTÉ LA.
Le Deal du moment : -28%
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 ...
Voir le deal
279.99 €


 Hell is empty and all the devils are here — Lucilla
Répondre au sujetPoster un nouveau sujet
avatar
Invité
Invité


MessageSujet: Hell is empty and all the devils are here — Lucilla   Hell is empty and all the devils are here — Lucilla EmptyLun 5 Sep - 21:22

hell is empty and all the devils are here


Parfois, il faut juste fermer sa gueule.
Ces mots venaient de prendre subitement tout leur sens, face à l'évidence que quelqu'un lui voulait véritablement du mal ici bas. Et quoi de mieux pour lui gâcher son week-end que de faire débarquer un escadron de police dans sa piaule un samedi matin ? Une bande de trois armoires à glace taillées dans des baobab et armées jusqu'aux dents, prêts à en découdre, comme s'ils venaient de dénicher l'ennemi public n°1 des Etats-Unis. Ils ne s'étaient même pas donné la peine de frapper à la porte, non, la défoncer leur avait semblé être une solution plus appropriée. Surpris, Reinar n'eut pas le temps de sortir son arme planquée dans un tiroir, que déjà les flics se jetaient sur lui pour l'immobiliser. Le moins costaud des trois, qui semblait être le chef, s'autorisa même à souffler la fumée de sa cigarette au visage du rouquin alors que ses deux gorilles le tenaient fermement pour l'empêcher de bouger. Son visage odieux et décharné rappelait celui d'un serpent, prêt à vous bondir dessus pour vous bouffer au moindre geste déplacé. Il se fait alors la réflexion que, peut-être, Cecily l'avait trahi et dénoncé aux flics pour se débarrasser de lui. Mais cette hypothèse fut rapidement balayée par les propos de l'homme qui lui annonça qu'une personne anonyme leur avait révélé qu'il séquestrait une gamine chez lui. Ce fils de pute. Ce n'était pas le premier à chercher à lui attirer des problèmes, et déjà échaudé par le coup de la vitre cassée, cette fois, il considérait cette attaque personnelle comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Comment un type comme Reinar, qui avait tant chéri sa fille, aurait-il pu la séquestrer et s'en prendre violemment à elle ? Mais il ne met pas longtemps à se faire une idée de la personne à l'origine de ce beau bordel. Le tri est plutôt facile à faire, il n'y a qu'une petite poignée de personnes dans son entourage actuel qui sont au courant de l'existence de sa petite Sarah. Des gens en qui il a entièrement et étrangement confiance, et à côté, il y a Lucilla, à qui il avait accidentellement lâché l'information quelques jours plus tôt. Le coupable lui semblait évident, et s'en prendre à lui en profitant d'un point aussi sensible de sa vie, c'était tellement lâche, tellement laid. À l'image de cette truie de Lucilla.

Pour bien faire son travail de flic merdique — visiblement aussi frustrant et mal payé pour qu'il se montre aussi antipathique, le type commence à fouiller tout l'appartement, s'octroyant la permission de jeter ses affaires au sol, même les objets fragiles. Révolté par cette intrusion, Gadget se met à aboyer bruyamment et mord à plusieurs reprises le bas du pantalon de l'importun, qui tente quelques coups de pied pour s'en débarrasser, en vain. Traînant le chien surexcité accroché à sa jambe, il fait plusieurs fois le tour de l'appartement, lançant de temps à autre des regards suspicieux à Reinar, et va jusqu'à déplacer tous les gros meubles pour s'assurer qu'il n'y a pas de porte ou de trappe qui mèneraient à une pièce cachée. Et incapable de reconnaître qu'il y a eu erreur, il lui fait bien comprendre qu'il trouverait une autre excuse pour le jeter au trou, avec son air désinvolte et sa dégaine négligée de flic corrompu. Comme si la situation de la ville n'était pas suffisamment dégradée ainsi, il fallait en plus que la police compte parmi ses effectifs de pareils salopards, et ferme les yeux sur le comportement odieux de ces déchets de l'humanité qui abusaient éhontément de leur pouvoir. Ridicule.
Reinar lui crache au visage, avant de se recevoir un violent coup de poing dans le nez.
Juste fermer sa gueule et laisser pisser, ce n'est pourtant pas si compliqué que ça.

Ce n'est que le lundi matin que la police se décide finalement à le relâcher, après avoir fait le constat que le rouquin n'avait absolument rien à se reprocher et que la personne qui l'avait dénoncé était juste un clown. En rentrant chez lui, il reste longuement assis dans son canapé, à fixer le vide, sans penser à rien. Plus aucun meuble n'est à sa place, comme s'il venait de se faire cambrioler. La première chose qu'il a fait en rentrant, c'était de vérifier que son flingue était toujours dans son tiroir à chaussettes ; au moins, la police n'avait pas réussi à mettre la main dessus. Envahi par des sentiments de dégoût et de frustration, il ne songe à rien d'autre qu'à faire passer le goût du pain à cette pimbêche qui croyait pouvoir s'amuser avec lui en toute impunité. Pendant qu'il ronge ses ongles nerveusement en observant fixement ses pieds, le fil de sa pensée est interrompu par les couinements du chien et le regard suppliant de l'animal qui attend sa bouffe depuis deux jours. Reinar se lève alors pour rejoindre la cuisine, suivi de près par Gadget qui manifeste son impatience par des jappements énergiques. Il mérite bien sa gamelle, pour avoir défendu leur nid de toutes ses forces, quand bien même un doberman aurait été plus adapté pour ce genre de cas.

La journée se déroule ainsi, longue et ennuyeuse, sans qu'il ne se donne la peine d'aller travailler, épuisé par le week-end qu'il vient de passer, démotivé par l'idée que personne ne se pointera à la station, comme souvent ces temps-ci. Lorsque le soir vient, il décide d'aller s'aérer l'esprit, à sa manière. Le Darwin's Game, c'était tout ce qu'il avait trouvé pour se détendre un peu, et c'était également la seule solution à sa disposition pour attraper cette femme. Il ne connaissait ni son adresse, ni les lieux qu'elle avait l'habitude de fréquenter, mis à part sa station service. Et la Pieuvre Mélomane. Il était du genre observateur, à mémoriser tous les visages de sa team, tous ceux qui se présentaient sous cette bannière ou qui foulaient le quartier général d'Eshu. Lucilla faisait partie de ceux-ci, quand bien même il s'était toujours gardé de l'approcher et de lui adresser la parole jusqu'à présent. Et lui protégeait son identité en se cachant derrière son masque à gaz, une précaution qui s'avérait finalement utile, à en juger par le nombre conséquent de joueurs qu'il connaissait déjà dans la vraie vie. En appuyant seulement sur une touche, il lance le jeu, et tout le décor se métamorphose autour de lui soudain, pour laisser place au cadre à la fois glauque et excentrique du laboratoire qu'il avait lui-même mis en place dans le QG d'Eshu. Il en sort et referme la porte derrière lui, ne supportant pas que des curieux viennent s'amuser avec son matériel, et il déambule dans le reste du bâtiment sans lancer un seul regard aux quelques personnes qu'il croise. Ses pas le guident jusqu'à la sortie, il bifurque en direction du parc d'attraction, un lieu qu'il fréquentait souvent car très utile pour réaliser quelques expériences dangereuses sans prendre le risque de mettre le feu au QG. Par un chanceux coup du sort, il y trouve une silhouette familière, celle de Vesta, c'est ainsi qu'elle se faisait appeler ici d'après ce qu'on  lui avait dit. Furtivement, il se faufile jusqu'à elle pour l'attraper par derrière et la menacer d'un couteau sous la gorge. Une entrée en matière digne de Purplehaze. « Ma chère Lucilla. » chuchote-t-il à son oreille, d'une voix venimeuse légèrement déformée par le masque à gaz, facilement reconnaissable cependant. Il insiste sur le prénom, comme pour signifier qu'il la balancerait bien aux flics lui aussi, histoire de lui renvoyer la balle comme il se doit. « Je te remercie pour ton cadeau empoisonné, je suis presque flatté que tu me haïsses à ce point, même si je ne suis pas sûr d'avoir compris le but de cette blague. Explique-toi. » Car il ne faisait aucun doute que c'était elle, cette femme perfide et sans scrupule, qui était à l'origine de ses problèmes.




Dernière édition par Reinar Schrodinger le Mar 6 Sep - 9:22, édité 2 fois
avatar
Invité
Invité


MessageSujet: Re: Hell is empty and all the devils are here — Lucilla   Hell is empty and all the devils are here — Lucilla EmptyMar 6 Sep - 0:15
 

LUCILLA ∞ REINAR.



Elle pouvait pas. Elle pouvait pas juste ignorer cette angoisse qui la bouffe de l’intérieur. Elle pouvait plus se contenter d’occuper ses journées comme elle le faisait d’ordinaire, en ignorant ce message qui tournait en boucle dans sa cervelle. Sa dernière altercation avec Reinar avait été virulente, comme à chaque fois, mais l’existence de sa fille avait tout bouleversé. Elle avait laissé quelques jours s’écouler, en se disant que malgré leurs disputes à répétition, peut être qu’il finirait par trouver un moyen de la contacter, juste pour lui annoncer que sa fille était partante pour l’éducation de son chien. Bien sûr c’était puéril, et naïf, que d’imaginer que cela aurait pu marcher ainsi, mais elle s’était accrochée à cette possibilité pour se retenir de dégainer son téléphone. Cela avait ainsi duré quelques jours, cette retenue qui la dévorait de l’intérieur tandis que les images s’étaient mises à se bousculer dans son esprit, des souvenirs douloureux, des angoisses de gosse. Et finalement elle s’était décidée à se renseigner, trouvant des gens aux alentours de la station service pour leur demander s’ils savaient quoi que ce soit, se démerdant auprès d’autres pour faire le lien entre l’employé désagréable et un potentiel quartier d’habitation, prenant la direction dudit quartier et interrogeant les gens sur plusieurs pâtés de maisons juste pour savoir si un rouquin accompagné d’une gamine ça disait quelque chose à qui que ce soit. Mais non. Rien du tout, elle semble inexistante. L’imagination galopante de Lucilla se met de ce fait à envisager les pires scénarios, outre la violence, elle imagine la gamine retenue chez elle, avec pour seule compagnie celle du chien pour calmer ses nerfs mis à rude épreuve. C’est fou, c’est dingue, et peut être que dans d’autres circonstances elle aurait ignoré les suppositions délirantes de son cerveau, mais pas là. C’est peut être le jeu qui parle, ou c’est à force de côtoyer toute la misère du monde depuis plusieurs mois, peut être encore que le caractère exécrable de Reinar la pousse à envisager ces possibilités. En tous les cas, la motarde se décide à appeler, un coup de fil anonyme pour résumer ses craintes et la situation, et ce fut le cœur serré par l’appréhension et la colère, qu’elle entendit les policiers la croire sur parole, lui assurant qu’ils iront vérifier. Personne a appelé pour elle, personne est venu vérifié pour elle. Mais c’est pas grave, tant qu’elle pouvait éviter à une autre gosse d’être bousillée comme elle avait pu l’être.

Le seul problème dans cette histoire, c’est l’incertitude. C’est le fait qu’on n’ira jamais la rappeler pour lui confirmer ou non le sauvetage de la mioche, qu’on ira jamais la remercier pour avoir prévu cette horreur. Elle saura jamais, si elle a eu un impact, à moins peut être qu’elle ne daigne regarder les actualités bien que la brune ne doute pas du fait qu’une histoire de père maltraitant passerait au second plan au vu de tout ce qui pouvait se passer en même temps à Chicago. Ce fut donc en espérant avoir eu raison, et en espérant avoir bien fait, tout en niant en bloc la possibilité d’aller vérifier en se rendant à la station service, que Lucilla finit par se connecter au Darwin’s Game, simplement pour éviter de penser à cette décision qu’elle venait de prendre dans la vraie vie. Sauf que la réalité, même virtuelle, la rattrape brutalement et c’est parce que le destin semble avoir un humour des plus douteux que la messagère surprend une conversation au quartier général, des eshu se plaignant de la présence de gamins au parc d’attractions. Décidément, de plus en plus de monde y venait, et ce n’était sûrement pas étonnant d’apprendre que des mioches venaient s’amuser dans le coin, au détriment du danger. Mais c’est parce que la jeune femme est consciente du danger que représente ses coéquipiers qu’elle prend les devants, profitant du fait qu’ils se plaignaient de l’inutilité de la mission -cette histoire se réglerait vite et sans nul doute dans le doute sang avec eux- pour se proposer d’y aller à leur place. Sur un coup d’œil désobligeant, les deux abrutis sifflent qu’elle ne saurait même pas gérer des gosses et sûrement qu’ils avaient raison, ce n’est pas ainsi qu’elle procédait et ce n’est pas ainsi qu’elle survivait. Mais ça, ils n’avaient pas besoin de le savoir aussi la brune se contenta d’hausser les épaules, affirmant que s’ils voulaient pas de son aide elle les laisserait volontiers perdre leur temps. Son indifférence semble fonctionner car rapidement elle se retrouve avec la tâche sur les bras et tout aussi rapidement elle finit par se retrouver à errer au sein du parc d’attractions désespérément vide. Lucilla en vient même à se demander, après vingt bonnes minutes de recherche, si on ne s’était pas simplement foutu de sa gueule, bien qu’elle n’ait rien contre l’idée de tourner en rond sans avoir à affronter qui que ce soit, lorsque finalement une présence se fit sentir dans son dos. Il est toutefois bien trop tard pour réagir.

L’individu la dépasse largement, ce qui tend à prouver qu’il n’a rien à voir avec les gamins qu’elle était supposée trouver ici. Elle n’a pas le temps d’y penser cependant, son esprit se focalisant sur cette lame qu’on venait de glisser dans son cou, lui arrachant un frisson désagréable et un sifflement aussi surpris que méfiant. Elle n’a rien vu venir, se sent conne à se savoir aussi vulnérable mais demeure suffisamment rationnelle pour savoir qu’il était inutile de tenter quoi que ce soit. C’était pas le misérable couteau planqué à l’intérieur de sa veste qui l’aiderait dans l’immédiat, elle n’était pas assez vive pour s’en saisir sans se faire tuer sur le champ et pas assez habile pour savoir s’en servir correctement contre les trois quart des joueurs. Et ne parlons pas du fouet qui pendait à sa ceinture, totalement inutile au vu des circonstances. De toute manière, les quelques misérables étincelles de folie qui auraient pu l’inciter à la rébellion s’éteignent lorsque l’homme dans son dos prend la parole, et un frisson d’horreur la parcourt de nouveau tandis que sa gorge commence à la faire souffrir. Vesta a peur, comme elle a peur de tous les joueurs qui sont en mesure de lui faire du mal, autrement dit beaucoup d’entre eux. Mais Lucilla a peur aussi, en reconnaissant cette voix bien que le timbre soit légèrement biaisé par un masque qu’il semble porter et qu’elle remarque du coin de l’œil. Elle a peur car elle songe à ce qu’elle a fait et à la revanche qu’il prendra très certainement, mais surtout elle tremble face à ce timbre de voix méprisant et venimeux. Ce n’est pas tant la haine qui suinte de ces mots qui l’effraie, que le vocabulaire choisi pour s’adresser à elle. Ma chère Lucilla. Ma tendre, ma douce, ma si précieuse Lucilla. Ouais, elle a déjà entendu ces mots là. Lorsque son père, en sanglots et pris de remords soudain, tentait de l’amadouer avec quelques mots affectueux, dans l’espoir de lui faire oublier qu’il venait de passer la dernière demi-heure à la cogner, elle et son frère. C’est comme une caresse, visant à rassurer et à apaiser après la douleur. C’est une excuse aussi, un prétexte visant à lui rappeler que la douce Lucilla avait mérité ce qui lui arrivait, avait mérité la violence, avait mérité de finir au sol en pleurant. Avec Reinar, ce serait presque pareil. Sauf qu’il la prévient avant, le vocabulaire soigné fait office de menace, bien plus efficacement que s’il s’était mis à l’insulter et la brune s’avère terrifiée juste en imaginant la suite et ce malgré le fait que dans cette réalité, au moins, elle possédait encore ses dix vies. Les coups finiraient par pleuvoir, le sang coulerait lorsqu’il se déciderait à lui trancher la gorge, et elle aura tout le temps de pleurer comme une idiote une fois brutalement déconnectée. Pourtant tu le sais Lucilla putain, tu le sais qu’il faut jamais s’occuper des affaires des autres. C’est ta putain de devise, ta putain de philosophie. T’as pas écouté, et maintenant tu vas t’en mordre les doigts.

Lucilla s’efforce de demeurer impassible, mais la comédienne semble perdre de tout son talent en cet instant précis et finalement elle ne cherche qu’à apaiser les battements affolés de son cœur, retenant également son souffle par à-coup pour ne pas dévoiler cette respiration qui se veut anarchique au possible en théorie. Elle cherche également à ne pas paraître trop fragile, trop vulnérable, et se contente de ce fait de siffler : « C’est pas ce genre de petitesse que j’étais censée trouver ici. » Sa phrase se mue en un nouveau sifflement, irrépressible, face à la menace plus sérieuse de l’acier contre sa gorge. Ce fut instinctivement, dans l’optique de fuir ce danger bien trop présent à son goût, qu’elle avait reculé son visage, se pressant un peu trop contre le rouquin derrière elle, ce qui finalement ne faisait que la rendre folle. Ça lui donnait envie de vomir, de pleurer, d’hurler. Elle ne supportait pas l’ascendant qu’il avait sur elle, pas plus qu’elle n’apprécie le commentaire qui finit par lui échapper. Au vu des circonstances, plutôt que de se remettre en question, la brune a simplement l’impression qu’il la prend encore plus pour une idiote. Il nie, fait mine de ne pas comprendre les raisons qui l’ont poussées à appeler les flics. Il parle de cadeau empoisonné, de haine qu’elle lui voue, et elle voudrait juste lui cracher à la gueule, pour ce ton méprisant qu’il emploie alors qu’il était clairement l’enfoiré de l’histoire. Pas elle. Lui. Ça a toujours été lui. Mais elle le sait, qu’il plaisante pas, qu’il était hors de question d’envisager se rebeller. Inutile de se moquer, inutile de nier aussi qu’elle est celle qui a passé ce coup de fil bien qu’elle se demande encore comment il a fait pour savoir qu’elle en est l’instigatrice. Si elle-même, la chieuse mal baisée de la station service, était au courant pour sa gamine, d’autres devaient l’être aussi non ? D’autres avaient dû se poser des questions ? Ah non. Bien sûr que non. Tout le monde s’en fout des gosses, et tout le monde préfère s’occuper de ses affaires. Ça l’étonne pas, c’était pareil pour elle. En tous les cas, elle était prise la main dans le sac et c’est en douceur mais fermement que la brune se surprend à serrer les poings. Ça peut être pris pour de la colère, mais c’est avant tout un moyen d’occuper ses mains rendues fébriles par la peur. En attendant, il voulait une explication, c’est ça ?

« Une blague ? Qu’elle siffle péniblement, se raclant la gorge par la suite en se sentant si fébrile même dans ses propos. Tu crois que j’ai que ça à faire, te jouer des tours ? Tu m’amuses pas Reinar. Une pointe de haine, au début du discours, une pointe de mépris également. Elle s’occupait pas d’autrui en temps normal, ne se souciait que de sa propre vie, elle avait donc autre chose à foutre que de mener gratuitement en bateau quelqu’un, ou pire, que de s’en prendre à lui gratuitement. Car elle le sait la motarde, elle sait que personne n’aimerait voir les flics débarquer, elle sait qu’il doit la détester, elle sait qu’il se vengera. Pourquoi diable irait-elle le provoquer de la sorte ? Par amusement ? Par simple amusement ? Foutaises. Tu m’as jamais amusé. Rajoute-t-elle dans un souffle pour appuyer ses propos, rappelant implicitement l’évidence : il n’a jamais été question de jeu entre eux. Elle sait pas ce que c’est, elle sait pas ce qui le pousse à être aussi odieux, et elle n’assume clairement pas ce qui chez elle la pousse également à revenir le voir pour tenter d’être odieuse en retour. Mais c’était ainsi que cela avait toujours marché, et c’était tout sauf amusant. Leurs altercations la laissaient toujours à bout de souffle, exténuée, en colère, et sans nul doute qu’elle revenait pour un jour finir immunisée, immunisée de son venin. Elle était indifférente à beaucoup de choses, à beaucoup de gens, mais pas lui et ça la tuait. Ça la tuait car face à tel enfoiré, elle aurait aimé l’écraser de son talon, pour lui rappeler qu’il ne la mettrait jamais à terre. Force est de constater qu’elle échouait lamentablement. Si t’es là, c’est qu’ils ont rien trouvé je suppose. La haine reprend le dessus, cette haine qu’elle voue à ces putains d’incompétents, cette haine qu’elle lui voue à lui, pour être encore là, à l’abri de toutes représailles. Monde de merde. La gamine existait pas, personne avait jamais entendu parler d’elle, pourquoi diable serait-il libre après ça ? La petite avait-elle dit qu’elle n’était pas en danger, juste pour éviter de se prendre une mandale dans la tête les secondes suivantes ?  …. Avait-il frappé de nouveau, en pensant que sa fille avait cherché à prévenir quelqu’un ? Non, sûrement que non, sinon il ne serait pas là à la menacer. Alors putain c’était quoi le problème ? Pourquoi t’es libre ? T’as fait comment ? » Demande-t-elle dans un nouveau sifflement, son regard fixant toujours un point à l’horizon, Lucilla se refusant à faire le moindre geste suspect. Elle s’habitue presque à ce corps contre le sien, à cette lame contre sa gorge, à cette menace de morte imminente. Elle veut juste savoir où est le problème, où elle a merdé, où les autres ont merdé. Qu’est ce qu’il a fait pour réussir à simplement s’en tirer ?
code by Silver Lungs


hors jeu:
avatar
Invité
Invité


MessageSujet: Re: Hell is empty and all the devils are here — Lucilla   Hell is empty and all the devils are here — Lucilla EmptyMer 7 Sep - 18:11


hell is empty and all the devils are here


C'est si délectable, de tenir enfin cette peste à sa merci. Elle aussi, elle aurait dû simplement fermer sa grande gueule et ne pas se mêler de ses affaires, elle n'aurait peut-être pas un couteau sous la gorge aujourd'hui si elle avait su se taire au bon moment. Il appuie doucement la lame aiguisée contre la peau de sa prisonnière, une lame dont la moindre coupure provoquerait un empoisonnement très virulent. Il n'a pas froid aux yeux, et l'idée de l'égorger ici et maintenant ne l'effraie pas le moins du monde, pas plus que les conséquences d'un tel acte. Qu'elle le balance au reste de la team si ça lui chante, ce sera sa parole contre la sienne, et Reinar pouvait s'avérer particulièrement convaincant lorsqu'il le voulait. Mais il n'en était pas encore arrivé là ; il était encore temps de se racheter, de lui prouver qu'elle ne valait pas la peine d'être punie pour sa bêtise. Tout en tirant sur ses vêtements pour l'obliger à le suivre, il recule lentement vers les débris volumineux d'un manège en ruine pour dissimuler leurs silhouettes à la vue de curieux qui auraient le malheur de passer par là à un moment où Reinar n'aurait pas de remords à leur tirer une balle entre les deux yeux, allié ou pas. Non, il n'était pas d'humeur conciliante, pas aujourd'hui. Mais avant d'employer les grands moyens, la faire passer aux aveux. Mettre les choses au clair semblait être le minimum avant de l'envoyer au cimetière des connasses.

Tout ça n'avait rien d'une blague, qu'elle laisse entendre. Mais il ne la prend plus au sérieux, à présent, aucune de ses paroles n'aura de sens tant qu'il ne l'aura pas entendue prononcer ce qu'il attend d'elle. Comme pour manifester son insatisfaction par rapport à sa réponse, il appuie encore davantage la lame sur son cou nu et sans défense. Il sait être persuasif quand il veut, et ses menaces portent rapidement leurs fruits puisque le discours que lui tient Lucilla confirme ses soupçons. Elle a au moins le mérite de ne pas nier l'évidence, c'est déjà un grand pas en avant. « C'était donc bien toi. » souffle-t-il en se réjouissant de constater qu'il ne s'était pas trompé. Au fond, il était rassuré que ce soit elle, il n'aurait pas supporté que le responsable soit une personne en qui il avait placé sa confiance. Pourtant, cela ne justifie rien, il en est toujours au même point, à la même impasse, son esprit d'analyse obscurci par un nombre incalculable d'informations manquantes. « Pour quelle raison as-tu autant besoin de me pourrir la vie, si ça t'amuse pas ? » questionne-t-il, sarcastique, tout en réprimant des spasmes d'hilarité. Cette position dominante que lui octroie son couteau bien placé le fait presque jubiler, il lui rirait bien au nez s'il n'était pas nécessaire qu'il garde son calme et son sérieux pour conserver cet ascendant. Alors pour marquer la moquerie, il se contente d'attraper délicatement une mèche de cheveux de la jeune femme et l'entortiller autour de son doigt, puis une deuxième, comme un chat jouant avec une pelote de laine. « Ils m'ont relâché parce qu'ils n'ont rien trouvé de condamnable, c'est aussi simple que ça. Je crains que tu ne leur aies pas indiqué le bon endroit où chercher. » De la même façon que Lucilla reste floue sur les motivations qui l'ont poussée à faire ça, Reinar laisse ses propos libres d'interprétation : peut-être bien qu'il séquestrait cette gosse quelque part ailleurs que chez lui, même s'il n'y avait jamais eu de malheureuse enfant maltraitée par son père, en vérité. Pourtant, l'espace d'un instant, il se fait la réflexion que Lucilla aurait pu réellement croire une telle chose, et avoir agi très sérieusement.
Mais pour quelle raison ? À quel moment sa langue avait-elle fourché à ce point ?

Ce serait bien son genre, de déformer ses propos d'une façon si excessive. Derrière son masque effrayant, les lèvres du rouquin s'étirent en un petit sourire narquois, il décide de prendre son temps avant d'aller à l'essentiel. Il a toute la soirée, ce n'est certainement pas le temps qui lui manque pour cracher son venin à tous ceux qui cherchent à attiser sa colère. « Quand j'y pense, c'est assez cocasse, cette hyène ne semblait pas beaucoup se soucier de savoir s'il y avait effectivement une gamine séquestrée dans ma piaule ou non. Il voulait juste me jeter au trou pour le plaisir, rien de plus. » La seule pensée de ce salopard arrache à Reinar une grimace de dégoût ; deux jours avaient suffi à lui faire détester son geôlier presque autant qu'il haïssait l'assassin de sa fille. Peut-être même que Lucilla avait pris soin de sélectionner le pire flic possible pour lancer les hostilités, ça ne l'étonnerait guère. Après un court silence, il reprend d'un ton accusateur. « Et toi, ça t'aurait fait plaisir de foutre un innocent en taule ? T'arriverais encore à dormir après ça ? Qu'est-ce qui t'est passé par la tête, sérieusement ? » C'est d'une indécence à vous rendre fou, cette histoire. Malgré son sang-froid, il ne peut s'empêcher de laisser transparaître une légère pointe d'agacement et d'impatience dans ses paroles. Il se lasse alors de s'amuser avec ses petites mèches rebelles, il préfère empoigner toute sa chevelure et tirer dessus d'un geste brusque pour incliner légèrement la tête de la brune en arrière et placer encore plus en évidence la lame contre sa gorge. « Tu sais Lucilla, je n'ai pas pour principe de tuer des membres de ma propre team, encore moins des femmes, mais pour une fois j'avoue que c'est assez tentant. Mais si tu me demandes gentiment pardon, peut-être que j'le ferai pas. » lâche-t-il sans avoir la certitude que ses mots l'atteindraient. Peut-être était-elle comme lui, qui préférerait se laisser tuer par simple orgueil.


avatar
Invité
Invité


MessageSujet: Re: Hell is empty and all the devils are here — Lucilla   Hell is empty and all the devils are here — Lucilla EmptyLun 26 Sep - 16:38
 

LUCILLA ∞ REINAR.



Elle déteste cette situation, déteste le sentir la presser contre lui pour l’attirer à l’abri des regards. Ça lui rappelle son père, qui cognait dans l’ombre et souriait devant les passants en prétextant savoir éduquer ses gosses comme il faut et, de ce fait, ça l’effraie. Ce qui se fait loin des autres n’est jamais bien glorieux, ce qui se cache sous le tapis c’est toujours un putain de monticule de poussière dégueulasse. Et il valait mieux ne pas oublier qu’il était question de Reinar, un homme indéniablement effrayant quand il le voulait, sûrement parce qu’il donnait l’impression de n’avoir peur de rien, sans parler de ses changements d’humeur incessants, imprévisibles également. Mais malgré la trouille qu’il lui inspire, Lucilla tente de ne rien en laisser paraître, maîtrisant péniblement les tremblements qui menaçaient de lui échapper, ne serais ce que pour éviter de s’entailler malencontreusement contre cet acier qu’il maintenait à hauteur de sa gorge. Cette soumission imposée lui donne la nausée, l’envie de se suicider d’elle-même contre la lame juste pour ne pas avoir à répondre à ses accusations et ses remarques acerbes lui effleure l’esprit l’espace d’un instant, avant qu’elle ne constate avec amertume qu’il serait capable de l’attendre des heures durant qu’elle revienne. En tous les cas, ce ne serait que partie remise, il semblait en savoir un peu trop à son sujet lorsqu’il était question du jeu. La messagère a donc beau chercher, elle ne trouve aucune parade, aucun moyen de s’esquiver ou de limiter les dégâts. Fermer sa gueule, elle aurait peut être dû le faire avant, mais désormais c’était bien ses aveux qu’il réclamait. Alors, tout en tentant de se faire vague dans sa sincérité, la brune avoue être celle qui avait fini par envoyer les flics chez le rouquin, non sans difficulté. Et non sans sacrifices. Elle avait vendu un homme pour ça, pour ces informations, pour cette possibilité de faire payer ses choix merdiques au rouquin dans son dos. Et pourtant cela n’avait pas suffi, cela n’avait pas payé car il se retrouvait là, à la menacer de son couteau. Il n’avait pas été arrêté, il n’avait rien subi de ce qu’elle en sait, et ça la frustre autant que ça l’angoisse. C'était donc bien toi. Ce constat, soufflé presque avec soulagement, lui arrache un frisson nerveux. Oui, c’était elle, et le plaisir qu’il semble prendre à cette simple nouvelle n’a rien de rassurant. Elle venait probablement de lui donner la seule excuse dont il avait besoin pour la saigner sur le champ, une confirmation de ses méfaits qui donnait implicitement tous les droits au rouquin pour lui faire du mal en retour. Pourtant, c’est injuste à ses yeux, injuste qu’elle soit condamnée à payer pour ses actes alors même que ses intentions étaient bonnes. S’il existait vraiment un foutu dieu, il devait bien s’amuser à se jouer ainsi d’elle. Elle voulait que du bien, préserver la gamine innocente et envoyer le paternel enfoiré de première en taule pour ce qu’il a sûrement fait. Mais non. Ça marche pas comme ça ici bas, elle devrait pourtant le savoir depuis le temps.

Naïve ou juste conne, Lucilla ne sait pas trop comment se définir en cet instant précis et son incompréhension va en s’accentuant lorsque Reinar reprend la parole, lui demandant ce qui pouvait la motiver à lui pourrir ainsi la vie si cela ne l’amusait pas. A l’entendre c’était gratuit, à l’entendre c’était elle la salope de l’histoire et lui n’avait rien à se reprocher. Avait-il à ce point une si haute estime de lui-même ? Etait-il à ce point comme le père qu’elle avait pu avoir, à se trouver des excuses pour mieux vivre avec sa conscience noire au possible ? « Alors c’est ça que tu fais pour mieux dormir le soir ? Tu blâmes les autres ? Qu’elle rétorque instinctivement, ne répondant que par de nouvelles questions qui, finalement, ne les avançaient ni l’un ni l’autre. Ça se résumait de cette façon, lui qui niait en bloc ce qu’il pouvait faire, ce qu’il pouvait être, et préférait penser qu’elle était la garce qui s’était occupée d’affaires qui ne la concernaient pas. Il n’avait pas tort, toutefois la brune s’estimait dans son bon droit, sûrement autant que lui en cet instant tandis qu’il continuait de maintenir cette pression quasi mortelle contre sa gorge. C’est qu’il doit se sentir puissant, bien plus qu’en bandant devant les rares putes qui voulaient bien de lui, à ainsi jouer avec elle. Il doit se sentir intouchable, et sûrement qu’il vénère sa position en cet instant précis alors même qu’il joue avec quelques mèches de sa chevelure brune, entortillant certaines autour de ses doigts. Un nouvel élan de panique la saisit, qu’elle tente péniblement de maîtriser sans pour autant y parvenir pleinement. Son cœur loupe un battement, une inspiration plus profonde qui trahit son désir de juguler sa peur. Elle le déteste, aujourd’hui plus que jamais. Elle le déteste pour ce qu’il ravive en elle, le déteste pour ce qu’il est, le déteste pour lui rappeler ce qu’elle-même était. Va te faire foutre. » Crache-t-elle spontanément sans se soucier de la menace de mort qui planait encore et toujours sur elle. Elle supporte pas, elle supporte pas de l’entendre évoquer cette descente chez lui avec autant de légèreté. Ça la tue, que de l’entendre évoquer ce qu’elle estimait être l’incompétence même de la police. Mais passé les secondes de haine, Lucilla en vient surtout à se demander où peut être cette foutue gamine. Pourquoi ne l’ont-ils pas trouvé ? Existait-elle seulement ? Pourtant il l’avait bien évoqué, s’était-il foutu de sa gueule ce jour là ? Mais pourquoi diable aurait-il fait ça ? Elle comprend pas, se perd dans ses hypothèses que son cerveau lui souffle à vive allure, pressé par cette lame contre sa gorge qui ne cesse de lui rappeler qu’elle n’avait peut être plus beaucoup de temps devant elle.

Elle aurait pu renouveler l’insulte la messagère, si seulement un frisson irrépressible n’avait pas secoué son corps, clamant sa détresse tandis qu’elle l’écoutait désormais évoquer avec quelle indifférence l’on traitait le cas de la gamine. Tout le monde s’en foutait de la mioche, c’était un dommage collatéral, c’était la preuve qu’il fallait pour le jeter en taule certes mais c’est pas grave si ensuite il fallait des années à la fille pour s’en remettre, si jamais elle s’en remettait un jour. Elle aurait bien aimé, elle, que les flics débarquent chez eux. Elle aurait bien aimé que quelqu’un se soucie de sa gueule et ait suffisamment de couilles pour aller rapporter aux autorités ce qui se passait au sein de son foyer. N’importe qui, n’importe quand, mais juste quelqu’un pour se soucier des plaies, des pleurs, des cris et de la solitude. Mais tout le monde s’en foutait, et la cruelle vérité émanant ainsi de la bouche du rouquin lui donne la gerbe. Trop dégoûtée par le constat, Lucilla n’a pas le temps de rétorquer quoi que ce soit de toute façon que déjà l’homme l’accusait à son tour. Et toi, ça t'aurait fait plaisir de foutre un innocent en taule ? T'arriverais encore à dormir après ça ? Qu'est-ce qui t'est passé par la tête, sérieusement ? De nouveau les hypothèses se bousculent, et au milieu du méli mélo d’insultes et de venin qu’elle s’apprête à déverser à l’attention de cet enfoiré qui la maintenait contre lui, la jeune femme en vient à se dire l’espace d’un court instant qu’elle s’était peut être trompée. Bien qu’incapable d’envisager d’autres options pour justifier son erreur tout en concordant avec le fait que personne n’avait jamais vu la gamine. Finalement ce ne sont pas tant les mots de Reinar que ce ton presque outré qu’il emploie, qui la fait tiquer et l’incite à se remettre en question. C’est qu’il semblait autant dans le flou qu’elle, mais elle se refusait à lui donner raison. Pas à lui. Jamais à lui. Encore moins quand elle a cette sensation qu’il la traitait comme une mioche qu’on grondait pour avoir dit une vérité mal acceptée par la société. « T’es innocent, toi ? Elle ricane légèrement, sarcastique, et voudrait secouer la tête mais se retient à la dernière seconde pour éviter de se mutiler d’elle-même. Reinar n’était pas innocent, quoi qu’il en dise, et peu importe la potentielle erreur monumentale qu’elle venait de faire –une erreur qu’elle nie toutefois en bloc-, il n’en restait pas moins un enfant de putain. Il avait forcément fait quelque chose de mal, à un moment donné. N’importe quoi, pour mériter qu’on défonce les vitres de la station service, pour mériter que des flics s’acharnent sur sa gueule. Un peu trop futé, au mieux, c’est tout ce que je veux bien te reconnaître. » Siffle-t-elle en guise de conclusion. C’était sa seule échappatoire au rouquin, sa seule qualité qui faisait qu’il n’était pas encore crevé au fond d’un caniveau : il n’était pas con. Pas dans ce sens là en tous les cas.

Mais ses sarcasmes se muent en un léger grognement de déplaisir lorsque les attentions mielleuses mais angoissantes dont il la gratifiait à hauteur de sa chevelure se transforment en quelque chose de bien plus brutal, le rouquin tirant sans vergogne sur ce qu’il tenait entre ses doigts pour incliner encore plus la tête de la messagère en arrière. La position, encore plus inconfortable, ne lui plaît guère bien évidemment. Les menaces qu’il lui souffle, cependant, la laissent de marbre. Bien qu’elle arbore la situation et cette domination qu’il avait sur elle, cette emprise qu’il s’octroyait avec trop de facilité, Lucilla est presque soulagée d’apprendre qu’ils étaient de la même équipe. C’était plus simple soudainement et elle se retient de lui rire au nez tant elle se sent soudainement à l’abri. Il la tuerait peut être, mais elle ne doutait pas du fait qu’elle lui renverrait l’ascenseur aisément. La jeune femme le savait, elle n’était pas forte, incapable de se défendre d’elle-même, y compris contre un gabarit comme celui de Reinar. Mais c’est parce qu’elle avait conscience de ses lacunes qu’elle minaudait à chaque coin de rue pour obtenir ce qu’elle désirait, et ici cela signifiait bien souvent trouver des gorilles capable de tabasser autrui pour elle. Elle songe au bras droit eshu, qui était prêt à exploser la gueule de Jacob simplement s’il osait lui faire le moindre mal, alors elle imaginait très bien ce qu’il ferait à ce rouquin ci s’il osait la tuer dans cette réalité. Elle songe à la meneuse eshu également, qui la croirait d’office. Non, décidément la tuer serait une bien mauvaise idée, et peut être que la sentir se détendre contre lui suffira à lui mettre la puce à l’oreille sans qu’elle n’éprouve le besoin de se mettre à le menacer en retour ouvertement. Elle trouverait cela puéril, et pas spécialement dans son intérêt. Par ailleurs elle ignore même si s’excuser, comme il désirait l’entendre, serait suffisant. Elle n’en avait pas la moindre idée, estimant qu’il serait capable de la tuer pour sa façon de ramper pour un peu de clémence, tout comme il serait capable de la tuer pour faire la fière en refusant de lui obéir. De toute manière, c’est ce qu’il voulait non ? La saigner. Il le voulait au point d’être prêt à bafouer ses principes, bien qu’elle doute fortement de ces derniers vu ce qu’elle avait pu admirer chez lui, alors Lucilla doutait que demander pardon soit suffisant d’une quelconque façon. Et il était hors de question de traîner à ce point dans la boue pour lui.

De toute façon, étais-ce vraiment important ? Qu’elle vive ou qu’elle meurt, en cet instant précis ? Non. C’est pas ça qu’elle voulait savoir, c’est pas la garantie d’avoir la vie sauve qui lui importait pour le moment. C’était autre chose. Elle voulait savoir si elle avait eu raison de faire ce qu’elle avait fait, savoir si elle avait eu tort ou non d’écouter son instinct quand il était question de Reinar. Et surtout, elle voulait donc savoir si elle devrait redoubler d’efforts pour lui faire payer ce qu’il pouvait infliger à sa fille. « Retire ton masque. C’est un souffle, teinté d’une autorité qu’on ne lui connaissait pas. Ce n’est pas qu’elle voulait le dominer, ce n’est pas qu’elle voulait le voir courber l’échine. C’est qu’elle en avait besoin. Elle avait besoin de réponses, besoin de vérité et de certitudes auxquelles s’accrocher. Alors ignorant cette poigne sévère sur ses cheveux, et ignorant cette proximité qui lui donnait la nausée, la brune se presse plus férocement contre le rouquin, suffisamment pour avoir un espace suffisant entre sa gorge et sa lame pour pivoter la tête sans avoir à saigner pour cela, à peine, assez pour pouvoir potentiellement capter ce regard qu’elle désirait obtenir en cet instant précis. Regarde moi, et ose me dire qu’elle va bien. Qu'elle est en bonne santé. Evidemment elle n’aimerait pas ça, s’être plantée, envisager de véritablement lui devoir des excuses dans le fond. Mais c’était peut être mieux, elle préfère cent fois s’être trompée et savoir la gamine en bonne santé, plutôt que d’avoir eu raison sur son interlocuteur. Elle avait besoin de savoir, incapable de se contenter plus longuement de leurs échanges incompréhensibles et rendus vagues au possible par leur besoin respectif de prendre l’ascendant sur l’autre. Et qu’il la tue après si ça lui chante bien que là encore, la brune espérait qu’il n’en fasse rien s’il daignait respecter sa demande. Il tuait pas les femmes, encore moins celles de son équipe ? Très bien, qu’il continue ainsi. Or, s’il avait été prêt à l’égorger, ainsi caché par son précieux masque à gaz et en la maintenant dos à lui, il en serait peut être tout autre s’il en arrivait à la voir. La voir vraiment. Tout du moins l’espérait-elle, car on ne va pas se mentir : elle tient à la vie. Dis moi que j'ai eu tort, de m'inquiéter pour elle. » Et soudainement, elle ne sait même plus ce qu'elle voudrait l'entendre répondre.
code by Silver Lungs
avatar
Invité
Invité


MessageSujet: Re: Hell is empty and all the devils are here — Lucilla   Hell is empty and all the devils are here — Lucilla EmptyJeu 29 Sep - 0:19



hell is empty and all the devils are here


Devant la menace du couteau, elle reste bornée et refuse de s'écraser. Elle l'insulte, elle l'envoie chier, sans retenue, aussi confiante que si elle se croyait parfaitement invulnérable. Comme si une entité supérieure la protégeait constamment, et au pire, se vengeait de ceux qui cherchaient à la détruire. Il voudrait pourtant la voir ramper à terre, le supplier à genoux de l'épargner et de lui pardonner son erreur grossière. Mais elle refuse continuellement de ployer devant la menace de son arme, et il s'en offusque rapidement, lui qui sait très bien qu'il n'impressionne personne, avec sa gueule d'ange. Sa main crispée tenant fermement le poignard empoisonné le démange, il se retient difficilement de lui trancher la gorge, grâce au soupçon de patience qu'il accepte de lui accorder. Le peu de conscience qu'il lui reste encore subsiste avec l'espoir de comprendre ce qu'il s'était passé, pourquoi elle s'en était pris à lui et à sa foutue fierté avec autant d'acharnement. Peut-être y avait-il une raison plus excusable que la simple haine qu'elle semblait nourrir à l'encontre de tous les êtres de sexe masculin qui peuplent cette planète, sans distinction. Ou peut-être allait-elle lui donner une raison de plus pour la massacrer, sans que cela n'affecte davantage sa conscience. Le moment de vérité arrive finalement en même temps qu'elle lui ordonne de retirer son masque, alors qu'elle tourne légèrement la tête pour chercher à capter son regard, évitant soigneusement la lame aiguisée. Il reste immobile et silencieux, s'accroche aux paroles de Lucilla jusqu'au dernier mot qu'elle lui crache à la figure. Une figure qui restera masquée sans négociation possible, car un déclic dans sa tête vient de lui faire comprendre les racines du problème. Tout ce bordel à cause d'un quiproquo stupide qui aurait pu être mille fois évité. « T'es profondément conne, Lucilla. » lâche-t-il au bout de quelques secondes de silence religieux, avant d'éclater de rire. Un rire franc, au bord de la démence, qui déchire ses cordes vocales et diminue la pression qu'il exerce sur son poignard et sur Lucilla. Toutes les pièces du puzzle s'emboîtent dans son esprit, il comprend tout, pourquoi elle avait fait ça, comment il l'avait menée stupidement à penser des choses aussi absurdes alors qu'il aurait pu simplement fermer sa gueule et s'éviter tous ces problèmes.

Il en a la conviction désormais, Lucilla est tout sauf quelqu'un de mauvais. Au pire elle est conne, mais certainement pas démoniaque comme il le pensait alors jusqu'à maintenant. Pourtant il lui en veut terriblement pour sa connerie, car sans le savoir, elle a ravivé en lui une douleur insoutenable, rouvert sans délicatesse une cicatrice qu'il avait un mal fou à refermer depuis des années. Il refuse de retirer son masque, le dernier rempart capable de contenir la haine qui lui brûle les veines et irradie de ses yeux de braise. Au lieu de lui obéir, il lâche son couteau à terre et repousse violemment sa prisonnière, comme pour la rendre à l'Enfer auquel elle appartient. Elle lui fait face, à présent. À travers son masque à gaz ancré sur son visage comme une seconde peau, il plonge son regard dans le sien, elle qui a bafoué son honneur sans modération, incapable de simplement discuter au lieu de piétiner allègrement son espace vital. Le genre à se compliquer la vie pour pas grand chose. Avait-elle eu tort de s'inquiéter ? Non. Tort d'agir comme une idiote impulsive, oui.  « Tu as au moins raison sur un point, on peut difficilement dire qu'elle se porte bien. » Il extirpe d'une poche de sa combinaison son revolver qu'il braque immédiatement en direction de Lucilla, l'index posé sur la détente, prêt à tirer au moindre geste brusque. Mais il ne tire pas encore, pas avant d'avoir mis les choses au clair. « Tu tiens tant que ça à savoir où elle est ? Dans ce cas, reviens me voir demain à la station et on ira lui rendre visite ensemble au cimetière, s'il n'y a que ça pour te satisfaire. » La pauvre petite Sarah, morte et enterrée depuis deux longues années. Deux années d'insupportable supplice. Même si Lucilla n'avait pas été animée de mauvaises intentions, il refuse de lui pardonner ce qu'elle a fait, brûlé par la colère qui l'étripe. La seule pensée de l'homme qu'il cherchait depuis deux ans réveille en lui une folie meurtrière incontrôlée, une envie irrépressible de passer ses nerfs sur la seule conne qu'il a sous la main. Il n'est plus vraiment lui-même à cet instant, dominé par la rage qui cogne violemment contre sa poitrine, il ne reste de lui qu'une marionnette sans âme, souillée par le sang et les larmes.

« Je sais ce que tu penses de moi. Je suis tout à fait conscient de l'image négative que je donne de moi-même, et je me moque des infamies que l'on peut raconter sur ma personne. Mais ne t'avise jamais plus de m'accuser aux yeux du monde entier d'avoir maltraité ma fille. » La voix brisée, le cœur serré. Il fait tourner le revolver autour de son doigt d'un geste désinvolte, laissant paraître une petite hésitation de sa part. Tuer ou laisser vivre, un dilemme qui avait bien moins d'importance dans le jeu que dans la réalité. Même s'il l'abattait aujourd'hui, elle renaîtrait de ses cendres tel un phénix et reviendrait lui pourrir la vie de plus belle comme elle a l'habitude de le faire. Il fait quelques pas dans la direction de Lucilla, diminue lentement mais sûrement la distance qui les sépare. Il fait comme elle lui a demandé, il la regarde, si longuement et si intensément que son portrait est à jamais figé dans sa mémoire. Lorsqu'il se trouve à bonne distance, il empoigne le canon de son flingue et décoche un violent coup de crosse dans la mâchoire de Lucilla, sans retenue. Au diable les principes. « Elle est morte sous mes yeux et l'ordure qui me l'a prise ne me la rendra jamais. Elle qui était si pure et si belle n'a pas eu droit à la vie alors que des déchets exécrables comme toi ou comme lui sont encore autorisés à peupler ce monde de merde. » L'espace d'un instant, il se fige comme une statue de pierre, dégoûté par son propre geste. Il se hait d'avoir fait ça. Pourtant, maintenant que la bombe est amorcée, il ne parvient plus à s'arrêter. « Tu me dégoûtes. Vous me dégoûtez tous. » Un deuxième coup de crosse, plus fort que le précédent, Reinar incapable de contrôler ses mouvements frénétiques, agissant comme un possédé. Alors qu'il la roue de coups à n'en plus finir, un coup de feu retentit. La balle du revolver part toute seule et ricoche dans une plaque de métal, avant de se loger dans le sol, près de ses pieds. Puis à nouveau, le silence s'installe.


avatar
Invité
Invité


MessageSujet: Re: Hell is empty and all the devils are here — Lucilla   Hell is empty and all the devils are here — Lucilla EmptySam 1 Oct - 23:36
 

LUCILLA ∞ REINAR.



Elle ne craint pas ses mots, hermétique à cette insulte si souvent prononcée de la part du rouquin. Oui, elle aura eu le temps de l’assimiler, qu’elle était conne. C’est la source de tous ses problèmes, de tous ses maux. C’est ce qui a justifié la moindre de ses douleurs, le moindre de ses regrets aussi. Elle était conne, et ça lui portait préjudice. Elle le saura, depuis le temps, qu’on ne lui accordait que peu de crédit. Elle le sait bien, que de toute manière Reinar ne pourrait jamais la percevoir différemment. Il était un homme, hautain de nature, supérieur de par les couilles hypothétiques qu’il possédait. Sa gueule d’ange, ses traits presque efféminés qui se voyaient accentués par une carrure de crevette, ça ne changeait rien à cette évidence : il était homme. De ce fait, il avait tous les droits, ça aussi il devait bien le savoir, la société en inculquait assez à ce sujet pour qu’il se serve de l’information contre elle en cet instant précis. Il avait le droit de l’insulter et si Lucilla ne perd pas son temps à s’offusquer d’une remarque déplaisante mainte fois entendue, elle ne peut que craindre le rire de dégénéré qui échappe au concerné. Ça lui arrache un frisson et enserre son cœur dans un étau glacé et effrayant. Elle a beau constater qu’elle pouvait respirer plus librement, le couteau à peine décalé de sa gorge, suffisamment pour lui insuffler l’idée de fuir sur le champ, en le repoussant avec suffisamment de brutalité pour cela. Mais elle hésite, un peu trop, à moins que le rire dément de son interlocuteur, suffisamment perturbant et dérangeant pour lui donner l’impression que le temps tourne au ralenti, ne dure finalement pas si longtemps qu’elle ne le pensait et que Reinar ne finisse par la repousser brutalement. Loin de lui. La brune ignore ce que cela signifie, et si le soulagement la gagne instinctivement l’espace de quelques secondes, rassurée de ne plus avoir à supporter la proximité nocive du rouquin, son instinct lui souffle que ce ne serait pas si simple. Il n’allait pas simplement la laisser partir, la motarde ayant du mal à imaginer qu’il ait joué avec ses nerfs tout ce temps, plongé dans l’incompréhension et réclamant des réponses qu’il aura finalement obtenu, pour juste la laisser repartir après. Encore une fois, il était homme. Un homme qu’elle avait eu l’audace de confronter, indirectement. Un homme à qui elle avait attiré des emmerdes, mais pas assez pour pouvoir se protéger d’éventuelles représailles. Un homme qui, très certainement, ne la laisserait pas l’insulter ou bafouer sa fierté d’une quelconque façon. S’il était aisé de piétiner le peu de fierté de la brune, ce n’était sûrement pas aussi aisé de ressortir indemne d’une confrontation de ce genre avec l’employé de la station service.

Pivotant d’instinct pour avoir le concerné dans son champ de vision, Lucilla ignore si son cœur a cessé de faire son travail ou si au contraire il battait à un rythme trop effréné pour qu’elle ne le perçoive véritablement. Et sûrement que ça se voit, ce doute au fond des yeux, cette angoisse qui la prend aux tripes et se manifeste sous la forme d’une respiration sifflante, aussi bordélique que son esprit en cet instant précis. Elle suit des yeux le couteau qui s’efface, abandonné par son propriétaire et s’écrasant au sol tandis que les premiers mots du rouquin parviennent jusqu’à elle. Incapable de déceler l’ironie de la situation à venir, incapable d’imaginer ce qui allait se jouer en cet instant, la messagère ne parvient qu’à s’offusquer intérieurement devant les termes choisis par son interlocuteur. T’avais raison, lui clame sa conscience, victorieuse mais écœurée par ce constat. T’avais raison de t’inquiéter, d’envoyer les flics aux fesses de cet enfoiré. T’avais raison de lui pourrir la vie, de te faire confiance et de foncer. T’avais raison, mais ça va te coûter cher. Ça elle le comprend lorsque, relevant des yeux furieux vers le rouquin, ce dernier dégaine un révolver qui la fait sursauter. Ce fut instinctivement qu’elle leva légèrement les mains, plaidant son innocence, le fait qu’elle n’était pas armée, qu’elle n’était pas un danger. C’est bien connu, Lucilla n’a jamais été un danger. C’est qu’une conne pas vrai ? Une conne qui saurait même pas se servir correctement du flingue qu’il tenait entre ses doigts, une conne qui saurait même pas viser juste ou s’empêcher de trembler en s’équipant de l’arme à feu. C’est qu’une conne, mais est ce que ça mérite de crever comme ça, les idiotes ? Sûrement que non. Mais il s’en fout, elle a eu raison à son sujet, c’est qu’un fumier, ça lui fera rien de la buter au sein d’un jeu. Il n’a sûrement pas besoin de connaître le compteur de ses vies également, sa conscience s’en portera bien dans tous les cas. Dans ce cas, reviens me voir demain à la station et on ira lui rendre visite ensemble au cimetière. Les mots la heurtent de plein fouet, se frayant habilement un passage jusqu’à sa conscience alors même que cela lui semblait impossible tant elle était focalisée sur cette nouvelle menace de mort, plus imminente à ses yeux que la précédente. La notion du cimetière, le sarcasme tellement flagrant et violent qu’il ne peut dénoter, à son sens, que d’une douleur vivace. Une douleur qu’elle a ravivée. Parce qu’elle est conne. On ne le dira jamais assez.

Lucilla blêmit, comme frappée, sa surprise étant manifeste et bien vite remplacée par une compréhension douloureuse. Elle comprend son erreur, imagine à peine ce que cela a pu raviver chez son interlocuteur, perçoit plus intensément encore la haine qui peut le bouffer de l’intérieur et qu’il va, tout naturellement, diriger contre elle. Les lèvres entrouvertes, des semblants d’excuses lui échappent, incompréhensibles, à peine chuchotés. Elle n’assimile pas entièrement, trop obnubilée par ce revolver toujours pointé en sa direction, et ignorant ce qu’elle doit faire. Il les voulait vraiment ses excuses ? ça changerait rien pourtant, elle l’imagine aisément. Elle voit pas comment se foutre à genoux en demandant pardon pour sa sottise pourrait apaiser l’incendie qui devait le dévorer de l’intérieur. La motarde se sent encore plus conne tandis qu’il poursuit, et alors qu’elle se demande quand il en aura fini avec elle. Pour l’heure cependant, quitte à parler, Reinar s’assure de pointer correctement du doigt ses écarts de conduite à elle, son intrusion déplacée, exhibant les souvenirs douloureux et lui interdisant de recommencer. Plus jamais elle ne devait oser, plus jamais elle ne devait dénigrer le père qu’il a été. Elle peut cracher sur l’homme, parler de ses tares et l’insulter en face comme dans le dos, peu importait. Mais le père était intouchable, trop bon, trop aimant pour autoriser à être bafoué par la conne qu’elle était. Lucilla en frissonne, de dégoût contre elle-même, de peur, mais aussi de douleur. Douleur pour lui, compassion qu’elle s’étonnerait presque à éprouver vis-à-vis de lui, n’ayant guère besoin de preuves supplémentaires pour comprendre que le décès de sa fille l’avait réduit à néant. Il était ce qu’il était aujourd’hui à cause de ça, et l’espace de quelques secondes la brune se perd dans son observation, imaginant les traits exécrables qu’elle lui connaissait sous ce masque s’étirer en des sourires qu’il aurait offert à sa gosse. Elle imagine des éclats de rire, un peu de bonheur derrière cette façade qu'elle lui connaissait. Mais ça avait disparu, et il ne restait que la carcasse vide. Si la sienne à elle était pleine d’angoisse, celle de Reinar était constituée de haine et de rancœur. Indéniablement, cela faisait de lui le plus dangereux. Et la messagère souffre également pour elle-même, prenant conscience des sentiments terriblement généreux que le rouquin avaient pu dédier à sa gosse. Elle y a pas eu le droit à ça. Pourquoi la vie est-elle une telle chienne ? Pourquoi on estime que son père à elle méritait de vivre, malgré les atrocités qu’il aura infligé à ses enfants, si c’est pour faucher la vie d’une mioche qui n’a rien demandé, bousillant au passage la vie d’un homme qui ne le méritait sûrement pas.

La gorge nouée par des émotions diverses et variées, mais non moins puissantes, la brune frissonne de nouveau en voyant l’homme s’avancer vers elle, faisant tournoyer le pistolet entre ses doigts. Et elle a peur. Parce qu’il a pas besoin de s’approcher pour la tuer, il a juste à tirer, il a pas à s’avancer. Pourquoi il bouge ? Pourquoi il vient vers elle ? La brune à beau ne pas détacher son regard du masque qui encombrait son interlocuteur, son cœur ne cesse de battre la chamade alors que son cerveau tente de nier l’évidence : il n’allait pas la blesser. Non. Pas comme ça. Elle méritait pas ça, il lui avait fallu dix-sept ans pour trouver le courage de quitter son foyer, et vingt de plus suffisaient à peine pour qu’elle assimile le fait qu’elle n’avait mérité aucune des violences qu’elle avait subies. Il avait pas le droit de bousiller ça, il avait pas le droit de lui rappeler que les hommes étaient capables du pire, pourris jusqu’au bout des ongles. Il avait pas le droit de lui faire oublier la compassion qu’elle a pu éprouver pour lui en la remplaçant par la haine qu’elle lui dédierait naturellement s’il osait s’en prendre à elle de cette façon là. Et pourtant… Le coup part, violent, encore plus à ses yeux. Le souffle lui manque, après lui avoir échappé pour manifester sa douleur passagère et elle demeure là, comme une idiote, le visage désormais pivoté en une direction quelconque. Elle ose pas bouger, ne parvient pas non plus à juguler ses tremblements. Putain nan. T’as juré Lucilla. T’as juré que plus jamais ça n’arriverait, que plus jamais un homme ne lèverait la main sur toi. Il a pas le droit. Il n’a aucun droit. Elle serre la mâchoire, grince des dents quand elle ne bouffe pas simplement sa langue jusqu’au sang. Les poings se crispent d’eux même. Elle l’entend à peine évoquer le fait qu’il a vu sa fille périr sous ses yeux, mais tique lorsqu’il ose la comparer à l’assassin de sa mioche. « Ne me compare pas à lui. » Siffle-t-elle d’une voix tremblante, ramenant ses yeux en direction du rouquin tandis qu’il exprimait son dégoût dans le même temps. Et le deuxième coup part, encore plus violent. Lui arrachant un nouveau gémissement douloureux qui se mue en un grondement rageur. Parce qu’elle le sait, pour l’avoir vécu des centaines de fois, que ça ne fait qu’annoncer une suite plus sanglante. Il s’arrêtera pas là. L’homme viril, l’homme puissant, il sait qu’il est plus fort qu’elle, il pense qu’il peut se le permettre. Il s’arrêtera jamais.

Et qui était-elle pour l’arrêter, hein ? Quand les coups pleuvent, tellement violents qu’ils la sonnent presque et finissent également par la foutre à terre. Elle ne perçoit même plus véritablement son corps, n’en a de toute façon jamais vraiment eu conscience, et elle a juste l’impression d’être cette gamine, cette pauvre gosse de sept ans qui osait plus rentrer de l’école. Une petite fille de rien du tout, qui jaugeait d’un œil inquiet le verre de son père, ou le nombre de cadavres de bouteilles de bières, afin d’évaluer le danger. Une gosse qui encaissait, incapable de broncher, et ne trouvant finalement du réconfort que dans les bras de son frère ou de sa mère une fois la tornade passée. Mais là, elle était seule, définitivement seule et elle voudrait presque hurler, supplier pour avoir le droit une fois de plus à ces présences rassurantes. N’importe quoi, plutôt que le faciès écœurant de Reinar qu’elle percevait à moitié. Elle n’a même pas le temps de se défendre, car encore faudrait-il qu’elle envisage cette possibilité, que la violence s’accumule sur sa gueule d’ange de conne trop curieuse. Et un coup de feu, dont elle perçoit le son mais sans en subir la douleur. Un tir qui interrompt l’instant, suffisamment pour que le dernier coup de crosse ait véritablement un impact et la propulse à terre. L’ambre de ses yeux se vrille d’instinct sur le couteau qu’il avait abandonné, à portée de main si elle faisait un effort. Peut-être qu’il en a fini avec elle, peut être que ce tir perdu l’aura ramené à la réalité et qu’il cessera de s’abandonner à cette violence qui la terrorisait. Peut être. Et c’était insuffisant pour calmer les battements de son cœur, insuffisant pour la pousser à demeurer immobile pour simplement contempler les dégâts en chialant. Elle avait grandi, et putain ce qu’elle voulait se prouver qu’elle n’avait pas passé vingt ans de sa vie loin de son frère pour simplement constater que rien n’avait changé. T’as promis Lucilla. T’as promis putain. Alors elle saisit sa chance en même temps qu’elle s’empare de la lame, Allongeant le bras et étirant le reste de son corps à même l’herbe pour récupérer l’acier, avant de le planter sans ménagement dans la jambe de son agresseur. C’est violent, ça la renvoie aux très rares meurtres qu’elle a pu commettre malgré des mois passés à jouer, et ça l’écoeure d’elle-même. Mais cette culpabilité est passagère, s’estompe aussi vite qu’elle retire le couteau pour tirer brutalement sur la jambe invalide, désireuse de le faire chuter. Elle aurait peut être pu l’achever, ou au moins le planter encore et encore, retirer son masque et balafrer sa sale gueule, n’importe quoi. Mais elle n’en fait rien, car malgré la colère et les promesses intérieures, elle n’était pas ainsi. Pas encore, et elle espérait ne jamais l’être.

Se reculant à la hâte, prenant appui sur le sol pour se relever et manquant de chuter à nouveau, ce fut le couteau malhabilement positionné devant elle, témoignant du fait qu’elle ne savait définitivement pas s’en servir, qu’elle recula de quelques pas, imposant une distance nécessaire entre eux deux. Tremblant de tout son long, et ne cherchant même plus à se contenir, Lucilla vrilla sur l’homme à terre un regard rempli de haine et d’angoisse à la fois. « Fous le camp. Crache-t-elle avec véhémence, mais d’une voix aussi agitée que le reste de son corps. C’est pas crédible, ça témoigne des angoisses, ça témoigne de sa faiblesse et elle se dégoûte un peu plus d’elle-même. Ravalant des sanglots puérils, la gorge nouée, la messagère crache de nouveau : Tu veux me tuer ? Vas y, tire. Tire Reinar, ou dégage. Mais je t’interdis… Le discours s’interrompt en même temps que sa voix se brise et elle doit se racler péniblement la gorge pour réussir à siffler la suite de ses propos. Je t’interdis de lever la main sur moi comme ça ! T’as compris ?! Vous n’avez aucun droits sur moi putain ! Aucun ! » Hurle-t-elle finalement, elle aussi devenue folle, à sa façon. Vous. Vous les hommes, vous bande de chiens galeux, vous bande d’enfants de putains. Elle n’appartenait à personne, et encore moins à ceux qui lui voulaient du mal. Elle n’était pas son objet pas plus qu’elle ne tolérerait d’être un défouloir physique pour ses lubies de père éploré. Elle avait merdé, elle l’admettait bien volontiers et de ce fait elle ne broncherait pas s’il lui vrillait une balle entre les deux yeux. C’était sa sentence, méritée pour la douleur ravivée. Mais en aucun cas, il ne pouvait poser la main sur elle. Qu’il garde ça pour ses catins ou pour celles qui trouveraient normal de laisser quelqu’un les maltraiter physiquement. Elle voulait pas de ses mains sur son corps, en aucune façon, et encore moins de cette façon là. Le souffle court, le regard qui témoigne de ce qu’il y a de déglingué chez elle, au bord des larmes, elle attendait qu’une chose : que ça se termine. Qu’il parte, en rampant s’il le fallait ou qu’il tire. Mais vite. Elle ne voulait pas être un spectacle pour lui, pas une seule seconde de plus.

code by Silver Lungs
avatar
Invité
Invité


MessageSujet: Re: Hell is empty and all the devils are here — Lucilla   Hell is empty and all the devils are here — Lucilla EmptyDim 9 Oct - 15:58

hell is empty and all the devils are here


Le pantin désarticulé se fige et s'embourbe lentement dans sa torpeur devant ce spectacle affligeant. L'écho du coup de feu retentit dans son crâne vidé de toute conscience, ses gestes guidés uniquement par un instinct primitif, ce bruit sourd lui arrache quelques rides de surprise et provoque en lui un brusque retour à la réalité qui l'entoure. Le revolver assassin, le sang noir et visqueux qui tâche ses mains décharnées, le regard réprobateur de Lucilla et ce visage défiguré, refaçonné par la haine qu'il vient de libérer dans un accès de rage incontrôlé. Le masque à gaz s'échoue misérablement sur le sol poussiéreux, dévoilant des traits teintés d'amertume. Les membres engourdis se raidissent devant l'absurdité de son geste, contraire à tous les principes fondamentaux de la vie qu'il s'est donné tant de mal à bâtir, qu'il a brisé si facilement en broyant les piliers de son existence sous sa folie destructrice. L'illogisme de son propre comportement provoque un éboulement dans son esprit, un retournement de cerveau qui lui arrache soudain un hurlement bestial, faisant s'envoler une légion de corbeaux dans le ciel tâché de nuances de gris. La vibration gronde comme un violent coup de tonnerre et libère ses démons trop longtemps restés enfermés, englués quelque part au fond de ses artères coronaires. Un déchaînement qui le soulage de sa douleur pendant de courtes secondes salvatrices, apaise la sévérité de ses traits et amène ses prunelles noisette à dériver sur celles de la pauvre Lucilla malmenée et abandonnée à terre. Le visage blafard de Reinar se fige dans une expression neutre, alors que tout un tas de conneries se bousculent dans sa tête. La voix de son père, ancrée dans son âme, qui lui a toujours dit qu'un homme digne de ce nom ne frappe pas une femme. Le sentiment de culpabilité qui s'insinue par tous les pores de sa peau, et en même temps, la satisfaction de voir cette femme-là fléchir sous ses coups effrénés. Il tente vainement de se réconforter en se faisant la réflexion momentanée que ce n'est pas la réalité, ce n'est pas une femme mais un amas de pixels sans âme. Du virtuel. Du vent.

Partagé entre l'envie de lui tendre la main pour la relever ou l'achever d'une simple balle entre les deux yeux pour abréger sa peine, il ne s'attend cependant pas à ce qu'elle réagisse avant qu'il ait fait son choix cornélien. Un haussement de sourcils trahit sa surprise lorsque la lame du surin se plante brusquement dans sa jambe. La chair palpitante se fige dans sa poitrine en même temps que celle de sa cuisse se déchire à l'impact de la lame, et c'est un violent frisson d'horreur qui lui traverse l'échine en un éclair lorsqu'il réalise qu'il s'agit de son couteau soigneusement enduit d'un poison foudroyant. Il ne lui faut que quelques secondes avant de ressentir les premiers effets destructeurs de la substance toxique qui court le long de ses veines à une vitesse fulgurante. Son visage blêmit, il se recroqueville sur lui-même, inconsciemment, et son corps engourdi s'échoue lourdement sur le sol qui se dérobe sous ses pieds, soulevant un nuage de poussière autour de lui. Pendant ce temps, la vipère reprend contenance, se relève, croyant l'impressionner avec ce couteau minable, elle qui n'a sans doute même pas conscience d'avoir à l'instant infligé un empoisonnement mortel à son bourreau. Ses doigts osseux s'accrochent avec acharnement au revolver, il se bat rageusement contre la lourdeur soudaine de son enveloppe corporelle qui le tire vers le bas à cet instant crucial. Son temps est compté, et il profite des précieuses minutes qu'il lui reste pour rassembler toutes ses forces et se relever, comme le cancer inépuisable qu'il incarne. « Je n'ai pas le droit ? Tu crois être en position de m'interdire quoi que ce soit, sombre idiote ? » La voix déformée, le faciès défiguré par le poison qui aspire rapidement toutes ses dernières ressources vitales. Un rire se coince dans ses cordes vocales, les vibrations qui ne parviennent pas à sortir lui arrachent des suffocations. Tant qu'il n'y a personne pour l'arrêter, il s'octroie tous les droits et crache sur les interdits sans retenue. Tire, Reinar. Les mots résonnent dans son esprit tel le glas annonçant la lente agonie. Il ne se fait pas prier, à nouveau en équilibre sur ses jambes maladroites, le canon du revolver posé contre le front de l'insolente, prêt à l'abattre à bout portant.

« Je devine très bien ce que tu vas faire après ça. Aller pleurnicher dans les jupons d'Harley Quinn pour qu'elle me chasse de la team, parce que c'est tout ce que tu sais faire, te cacher lâchement derrière les autres comme la misérable larve que tu es. Joue donc la victime si ça t'amuse, je m'en fous. » Les yeux injectés de sang assassinent du regard ce visage qu'il méprise tant, pour des raisons que lui seul peut réellement comprendre. Lui, le père agonisant, incapable d'assécher cette fontaine intarissable de douleur et de regrets, malgré les longues années à essayer de panser ses plaies. L'incompris, l'inconsolable. Réduit à massacrer une innocente qui avait seulement eu le malheur de s'égarer un peu trop loin dans le sombre labyrinthe de sa hantise. Il ne cherche même pas à comprendre le sens des paroles de Lucilla, il ne voit plus en elle que de l'aigreur propre à la folle misandre qu'il croit connaître sur le bout des doigts. « Va au diable. » termine-t-il dans un souffle, alors que sa figure blême se déchire sous la brûlure croissante du poison virulent. La substance gangrenée le bouffe de l'intérieur à une vitesse folle, fait exploser quelques vaisseaux sanguins sous la pression. Des traînées de sang s'échappent alors en abondance de sa bouche et de ses yeux devenus soudain opaques, sa peau se décompose à vue d'œil, les entrailles dévorées, l'enveloppe pourrie jusqu'à la moelle. Le doigt flétri presse la détente et la balle se loge immédiatement dans le front contre lequel le canon meurtrier est braqué, et tous deux s'évaporent dans un éclat de cendre pixelisée.

Contenu sponsorisé


MessageSujet: Re: Hell is empty and all the devils are here — Lucilla   Hell is empty and all the devils are here — Lucilla Empty
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut  Page 1 sur 1
 :: take a break :: trésors rpgiques


Sauter vers:  





liens utiles
AU RP ET AU FORUM