Il fait encore nuit noire quand Isaÿr sort de la Cabane d'Hener pour rejoindre les GAIA qui patientent dehors, par un froid polaire. Un grand feu diffuse un peu de chaleur, pas suffisamment pour se réchauffer complètement. Les joueurs sont collés les uns contre les autres ; certains discutent, l'appréhension ou le calme fait taire les autres. La jeune femme frotte ses mains et souffle dessus pour se réchauffer à son tour, avant de s'éclaircir la voix.  « Vous êtes quartoze ici ce matin à  avoir accepté de vous prêter à une forme d'entraînement particulier et poussé. Chacun de vous s'est vu assigné un partenaire ainsi qu'un sac dans lequel vous disposerez de trois objets ayant un rapport direct avec l'épreuve que vous aurez à accomplir et les closes de la mission que vous devez remplir. » Isaÿr désigne du menton la pile de sacs à dos posés contre l'arbre un peu plus loin. Elle se rapproche du feu et tend ses mains vers les flammes. Son regard émeraude s'y perd avec un fascination douloureuse. Depuis l'incendie de l'Usine, la jeune chef déteste le feu ... mais bon dieu, ça fait du bien ce matin ! Où est-ce que les développeurs ont vu qu'ils pouvaient faire tomber la température aussi bas ? C'est inadmissible.  « Chaque équipe dispose également d'un talkie-walkie et des coordonnées des fréquences sur lesquelles se brancher pour communiquer. Vous pourrez rester en contact avec une équipe, sur le canal commun ou avec moi à tout moment du jour et de la nuit. N'ayez pas honte d'appeler à l'aide, mieux vaut laisser sa fierté de côté et survivre plutôt que perdre une vie inutilement. Si vous m'appelez, je vous enverrai des médecins ou des renforts immédiatement. Vous ne serez jamais seuls. » Parce que ces joueurs-là sont sa fierté personnelle ; les plus courageux, ceux qui ont répondu à l'appel de l'aventure, de l'amélioration, de l'évolution. Ceux qui survivront quand viendra le temps de se dissocier des plus faibles. Isaÿr relève les yeux des flammes pour les regarder à nouveau, puis continue :  « Vos épreuves sont l'illustration même des qualités qu'on accorde aux GAIA et que je souhaite vous voir développer. Mais trêve de discussion, passons aux choses sérieuses. Equipe Fumeterre : Archimède et  Andromède. Les premiers sacs sont les votres. Equipe Joubarbe : Blown et Dice. Equipe Centaurée : Ragnarök et AtomicBomb. Equipe Euphorbe : Gunfire et Mulan. Equipe Belladone : Nightingale et Sekhmet. Equipe Orobanche : Pyrrha et Fenrir. Equipe Androsace : SongBird et Flare. » Les duos se forment, on récupère les sacs, murmure. Un sourire se dessine sur les lèvres de la brune, aussi excitée que ses joueurs par les épreuves à venir. Elle suivra leurs aventures en les écoutant via talkie-walkie ou grâce aux dizaines de GAIA partis en plein cœur de la nuit pour se placer à des endroits stratégiques pour les surveiller, s'assurer qu'ils ne trichent pas, les protéger en cas de besoin, observer leurs accomplissements. Ce jour risque de s'avérer mémorable et Isaÿr en trépigne d'avance.  « Vous êtes l'avenir des GAIA. Montrez-vous courageux, soyez à la hauteur, et rentrez en vie. Que le meilleur gagne. » Et, pour conclure son dialogue, Isaÿr se détourne d'eux pour se concentrer sur les flammes.

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PLUS TARD. Vous ne répondrez ici que lorsque vous serez de retour à la fin de vos épreuves, ou si vous avez déclaré forfait ou avez été obligé d'arrêter l'épreuve à cause d'une blessure. Je serais ravie de rp avec vous ici en attendant l'arrivée des autres.
edit. j'ai également décidé que ceux qui ne participent pas au jeu par manque de temps ou faute d'inscription peuvent aussi rp ici en attendant, mais je veux des rps très courts, comme pour le jeu.

Nightingale est un veritable mort vivant. Elle marche, prends la route du QG le cœur plus lourd que jamais. Encore tremblante, elle dut s’y reprendre à deux fois pour trouver le bon chemin : son esprit divaguant bien trop sur le mal qui grandissait en elle. Après cette nuit : plus rien ne serait comme avant. Quand elle voit finalement les murs de la Cabane d’Hémer, elle pousse un long soupire et pousse les portes. Isaÿr et les autres étaient là. Son corps était couvert de sang, son visage tâchés également soulignant ses deux yeux brillant comme des saphirs : elle s’approche et devant son chef pose un genou à terre avant de se relever et de sortir du sac la tête de l’ours : « Les chasseurs sont allés dépecer la carcasse. » Elle ne dit rien de plus. Elle pose la tête près du feu avant de regarder dans le sac pour sortir le corps d’un des oursons. « On devrait avoir de la viande pour quelques temps. » Elle ne dit rien de plus. Sa voix terne et brisée. Elle essuie rageusement des larmes naissantes : prextant essuyer le sang en regardant Isaÿr avant d’aller voir le doc pour qu’il la soigne. Nightingale se moquait d’être la première. Pourtant, son regard était posé sur la porte. Elle savait que Grim était dehors et elle se tenait prête à porter secours à son ami au besoin, elle voulait aussi s'assurer que tous les aventuriers retrouvent leur chemin.

Le chemin du retour avait été bien plus calme que l'allée. Pas de zombie à l'horizon, ni même aucun autre adversaire. A vrai dire, cela ressemblait presque à une promenade de santé. Vous étiez restés silencieux, préférant écouter les bruits forestiers et rester aux aguets. Une question de survie dans ce monde. Et puis, même si elle t'a sauvé la mise, tu préfères garder bien à l’œil Pyrrha. Ta confiance ne se gagne pas facilement, et c'est peu dire. L'ambiance familière de la Cabane d'Hener t'arrache un demi soupire de satisfaction. Vous êtes rentrés, tous les deux sans une vie de moins et en un seul morceau. Pas sûr que toutes les équipes puissent se vanter d'une telle chose. Il n'y a pas encore grand-monde de rentrés. Une fois à l'intérieur, tu cherches du regard Astrid, car tu sais qu'elle aussi prenait part à l'expédition. Tu t'arrêtes un instant quand tes pupilles frôlent la silhouette de la jeune femme. Elle est dans un état lamentable. Tu lui adresses une œillade trahissant ton inquiétude avant de te tourner ton attention vers votre cheffe, Isaÿr. Tu sors alors le trophée de votre grande aventure : un t-shirt sale et usé. « C'est, hum... tout ce qu'on a trouvé. » Tu hausses doucement les épaules. « Et une paire de zombies mais ils n'embêteront plus personne. » Sur ces paroles, tu te redresses avant de te diriger vers Astrid. Elle est devenue ta seule véritable préoccupation à l'instant. Une fois à côté d'elle, tu t'accroupis, te faisant petit afin de ne pas gêner le travail du soigneur de la blonde. Tu te contentes de lui adresser un demi-sourire se voulant rassurant car lui demande si elle va bien serait à la limite de la moquerie.  

Au diable la victoire ou la dernière place, le premier choix est la douche. Rapide, il se balance de l'eau sur le visage pour effacer cette mixture puante, le sang séché des éraflures dues aux arbres, à la prise de risque stupide du retour. La tenue fluo se retrouve sur le sol, en plein milieu, tant pis pour ceux qui trouveront dessus, il ne supporte plus l'odeur et enfile ses vêtements habituel. Tant pis pour le retard. L'odeur ne lui donne plus envie de vomir, il a réussi à s'en débarrasser, et prend le chemin. Quelques personnes sont déjà là. Elle, bien entendu, puis Nightingale qui n'a pas l'air d'être en grande forme, Fenrir à ses côtés, Pyrrha pas très loin. Ses lèvres se crispent légèrement avant qu'il n'ouvre son sac et le pose vers Isaÿr. La douche lui a permit de s'apaiser, de ne pas jeter le drapeau à ses pieds, mais son ton reste brusque. « Elle s'est faite bouffer par des zombies. » Et lui n'est pas resté, ne l'a aidée. Pas comme s'il avait le choix, c'est le jeu, on vit ou on crève. Sauf qu'avec ces zombies, on crève plus souvent qu'on ne réussit. Peut-être que c'était sa dernière vie, qui sait ? Peut-être qu'il ne la reverront pas. Sans plus d'intérêt pour ça, pour la mission ou pour l'Alpha, comme d'habitude, ce petit mouvement de répulsion et de colère, il s'approche à quelques centimètres de Pyrrha, un sourire un peu paumé sur le visage. « On a légèrement foutu le bordel dans le coin chimie, pour trouver nos trucs. Je pourrais t'aider à ranger. » Pas penser, ne pas penser à cette fille qu'il a vu se faire bouffer, ne pas penser.

T'as les membres engourdis d'avoir trop chevauché, et la bouche séchée par le silence mutin qui s'est emparé de vous sur le retour. Et bientôt le camp se dresse sous vos iris embués, un souffle échappant à tes lippes craquelées, se muant en volutes de fumée dans la fraîcheur du jour qui retombe. L'épuisement étreint chaque parcelle de ton être las, et c'est lourdement que tu te laisses retomber de ta monture éreintée - un hennissement faiblard, la bête devenue docile sous ta poigne ne daigne se rebiffer. Doucement tu aides Kenna à démonter à son tour, prenant garde de ne pas aggraver sa blessure suintante. L'essence écarlate a collé à l'épiderme mise à nue, et les bords de la plaie se sont teintée d'une étrange couleur, tant qu'elle grimace malgré la délicatesse de ton geste. Une fois à terre, tu te charges de mener les deux chevaux par la bride de fortune, intimant de ton regard voilé à la jeune femme de s'avancer devant toi. Le camp s'est déjà repeuplé, au loin aperçois-tu Nightingale dans un état alarmant, puis Fenrir, un fugace coup d'oeil à Pyrrha pour s'assurer de son retour et soudain te voilà exténué de cette aventure. Tu noues rapidement les cordes des montures à proximité d'Ysaïr, à laquelle tu n'octroies pas même un regard, te dirigeant plutôt vers les soigneurs afin d'y confier Kenna. « Morsure à l'épaule, un zombie. Occupez-vous bien d'elle. » que tu leur grognes en faisant aussitôt volte-face. Ton humeur s'assombrit de nouveau, à mesure que tu t'éloignes de l'affection de ta partenaire. Tu te moques de ne pas être arrivé premier, tu te moques d'avoir rempli la mission qui vous avait été confiée - Kenna est vivante, tu es vivant. Au loin tu jauges Ragnarök qui revient, l'air déconfit, et tu t'en approches tandis qu'il glisse quelques mots à Pyrrha. Un accolade maladroite sur son épaule, un simple contact rassurant dans l'horreur de cette journée d'épreuve. « Merci de ton aide. Pour les chevaux. » un souffle glissé, pas même l'esquisse d'un sourire, simplement de la reconnaissance au fond de tes prunelles de crystal. Sans lui, jamais vous ne seriez revenus avec les deux bêtes.

Kenna sourit doucement à Ivan en attrapant sa main pour descendre du cheval, mais bien vite son sourire mua en grimace de douleur. Non seulement son épaule la faisait atrocement souffrir, mais en plus elle avait mal au dos, aux fesses, et les jambes qui tremblaient. C’était la dernière fois qu’elle montait à cheval. Mulan suivit docilement son partenaire jusqu’aux soigneurs qui entreprirent de s’occuper d’elle, mais la jeune femme déclina poliment. « Inutile de vous occuper de ça, je vais plutôt demander à ce qu’on me conduise à une porte de sortie. On ne va pas gaspiller du matériel médical pour ça. » Elle sourit pour souligner ses propos et remit sa veste en place pour tenter de masquer les bandages sanguinolents qui commençaient sérieusement à la déranger. Elle s’approcha d’Isaÿr d’un pas décidé et lança, sans se départir de son sourire : « Ce sont deux bons chevaux, ils feront de bonnes montures. Est-ce qu’on a des éclaireurs à disposition pour me conduire à une porte ? » Elle attendit que la brune confirme pour glisser son bras valide autour du coup de sa chef et l’enlacer – ou plutôt coller sa tête à sa poitrine vu la différence de taille – et la relâcha quand son air profondément surpris déforma son visage habituellement si calme, pour tourner les talons et rejoindre ses compagnons d’aventure d’un air triomphal.   « Ragnarok, je t’en dois une. » Mulan fit un clin d’œil au garçon qui les avait bien aidés, et à qui elle rendrait la pareille le moment venu. Puis elle reporta son attention sur le reste du groupe et, de son optimisme et sa bonne humeur habituelle, elle lança : « Faites pas cette tête, c’était dur, mais c’est nous qui l’avons voulu cet exercice. On savait que ce serait difficile quand on s’est proposés, on nous avait pas menti sur ce qui nous attendait. On est en vie (enfin presque tous) on sait qu’on peut surmonter beaucoup de choses, et on est en sécurité maintenant. C’est tout ce qui compte. » Et puis, c’était la preuve qu’ils avaient de la ressource, des moyens de survivre dans ce monde. Par-dessus tout, Kenna était à peu près sûre qu’ils avaient tous trouvé ça grisant, à un moment ou un autre. En tout cas, maintenant qu’elle était de retour à la Cabane, elle se sentait d’autant plus satisfaite des épreuves traversées et ce malgré sa blessure qui avait manqué de leur coûter la vie à Ivan et elle. La brune dévissa le bouchon d’une gourde remplie d’un alcool indéfinissable et assez fort pour réveiller un mort, avant de la tendre aux autres. « Allez buvez ça plutôt, ça ira mieux après. »

Les membres endoloris par le crapahutage intensif, ses pensées sont vite envahies par l'idée d'un lit, même d'un sofa, se crasher dans un des locaux de la Cour lui suffirait, mais une fois sorti il ne sera plus fatigué, il pètera la forme et ira gambader dans la rue plutôt que de se reposer. Peut-être qu'il ira dormir dans la Cabane jusqu'à ce que quelqu'un l'éloigne de son téléphone ou qu'un abruti lui tranche la jugulaire dans son sommeil. Après sa proposition envers Pyrrha, il se frotte le visage, finalement il n'a plus vraiment envie de rester. Un main sur son épaule le surprend, lui fait glisser la main vers sa cuisse pour attraper ses armes - il ne les a pas remise, et il panique sans raison. Ce n'est que Gunfire qui le remercie, ça éclaire un peu son visage, la reconnaissance c'est toujours bon. Il cherche Mulan du regard et fronce les sourcils en voyant sa blessure lorsqu'elle s'approche d'eux. « Pas de problème, toujours là pour aider. Pas trop de dégâts ? » Ils ont tous morflé, hein ? Lui moins qu'eux, visiblement, sa compagne s'est occupée de tout prendre dans la tête. Merde, il a envie d'aller se coucher. Un rictus lui tord légèrement les lèvres à la phrase de Mulan. C'est tout ce qui compte ? « On aurait pu faire des trucs utiles. Au moins, vous avez ramené quelque chose qui servira. » Petit vieillard aigri. Mais elle tend la gourde et il est le premier à l'attraper, aller on oublie ce qu'il s'est passé. Grosse rasade avant de la passer au prochain, et un grand sourire qui le déride. « Fêtons nos victoires ! » enfin, il jette un coup d'oeil à Isaÿr et lui adresse un léger signe de tête. « Y'a à manger, chef ? »

Nightingale enlève son haut sous la demande du doc. En brassière, elle relève la tête en entendant les portes s’ouvrirent. La carrure de Fenrir apparaît et un soupir de soulagement sort de ses poumons compressés par ses côtes brisées selon les dires du médecin. Elle tente de lui sourire et une brève esquisse se dessine sur son visage. Cachée par le sang : elle n’est perceptible que par celui qui la regarde attentivement. Elle entend à peine la voix de son coéquipier, les autres arrivent. Elle les compte, tente de savoir qui est tombé et qui a survécu. Peu de pertes en vue du nombre qui sont parties de la Cabane. Cela était une bonne nouvelle. Ils avaient besoin de toutes les armes possibles. La guerre n’était pas finie, ce n’est pas parce qu’ils avaient un moment de répit qu’ils pouvaient crier victoire. Night grimace et serre les dents à chaque fois que le docteur palpe ses blessures pour juger la graviter de ces dernières. Quand elle voit le tatouer revenir, elle relève ses yeux : « Juste quelques côtes cassées. » Elle regarde ses mains encore couvertes de sang. « Sekhmet a été tuée rapidement, une morsure de zombie a suffit et un bêta tester à finit le travail. J’ai affronté l’ours seule… Mais… On ne m’avait pas dit qu’elle était maman de deux oursons. » Elle prend sa tête dans ses mains : « J’ai eu l’impression d’être de retour là-bas... J'ai eut des flashbacks... » Pas besoin de dire où. Grim pouvait comprendre. Le docteur les regarde, puis soupire : « Des ecchymoses et deux côtes fêlés en vue de ce que je peux sentir. » Nigtingale souffle : « J’ai connu pire… » Le médecine bande le garde du corps qui continue de regarder Fenrir : « Je suis tellement contente de voir que tu es en vie. » Elle attrape discrètement sa main avant de la serrer.

Plus loin, elle entend Mulan dire qu’il faut célébrer, l’envie de se lever et de la gifler. Elle devait récupérer de vulgaires poneys ! On ne l’avait pas envoyé tuer un ours et ses deux oursons ! Nightingale serre les dents. Elle regarde Isaÿr puis les autres. Manger, boire, vivre. Nightingale regarde Grim et prend appui sur lui pour finalement se diriger vers le feu : décidant de ne pas remettre son armure tant sa peau semblait être en feu autour des blessures.

« Y’a de la viande là. » Elle montre le corps de l’ourson et sort sa dague avant de la tendre à Ragnarök.

Les vapeurs d'alcool t’enivrent sans même y avoir goûté. La gourde passe de mains en mains, les rasades brûlantes se font longues, désespérées, et pourtant aucune d'elle ne semble réellement étancher cette soif d'oublier cette journée éprouvante et interminable, d'horreurs pour certains. Tu restes en retrait, guère désireux de participer à ce partage, préférant observer dans l'ombre cette once de réconfort que Kenna tente tant bien que mal d'inculquer à ses coéquipiers lessivés. Un soupire, mue en volutes du buée froide, et le temps d'une seconde fugace, l'idée de la tiédeur d'un couchage t'effleure l'esprit - tu t'esquiverais en silence, échappant à tout ce cérémonial ridicule, te refusant à attendre les derniers rescapés de cette épreuve. Pourtant, en posant tes iris sur la silhouette d'Isaÿr, tu sais que tu ne peux disparaître sans un mot, et que tu dois à tes coéquipiers verts ne serait-ce que le respect d'apprécier leurs efforts dans la mission qui leur avait été confiée. Finalement, sans doute celle de votre équipe, à Kenna et toi, avait-elle était la moins dangereuse, si l'on omettait l'attaque du zombie carnassier et l'épaule décharnée de la jeune femme. D'autres avaient dû faire preuve de courage et bravoure pour affronter les difficultés de leur tâche. Aussi, lorsque Nightingale désigne le cadavre encore fumant de l'ourson massacré, dégainant sa dague au premier qui oserait y mettre les mains pour le dépecer de ses chaires, tu t'en empares sans hésitation aucune. « J'men occupe. » Tu n'éprouves aucun dégoût à fourrer tes doigts dans l’opulente carcasse sanguinolente de la bête, sa viande représentant une réserve conséquente de nourriture avec l'hiver qui vient. Les effusions écarlates ne t'effraient plus désormais, et tu ranges les souvenirs violents des batailles passées dans un recoin de ton esprit embrumé pour ne pas y penser. Ne pas penser à ceux à qui tu as ôté la vie, du bout de ton fusil. Ne pas penser aux corps qui sont tombés, alors que tu arrachais en eux un dernier souffle rauque. En t'approchant de la masse sombre de l'ours, tu adresses un regard à Kenna, qui - comme tu t'y attendais - a refusé les bons soins des médecins. « Fais attention à toi, si tu décides de rejoindre une porte de sortie bientôt. » Et tu te penches aussitôt sur le monstre. La lame déchire les premières chaires, éclaboussures vermeilles sur ton visage, et l'odeur de mort qui t'assaille. T'en vomirais, si tu éprouvais encore du remords à l'idée de fouiller un corps mort. Mais tu t'en moques, et tu poursuis ta sale besogne. « Un coup d'main, quelqu'un ? »

Légèrement vexée que les GAIA revenus les uns après les autres lui accordent si peu d’attention – pas même un regard pour certains – alors qu'elle avait passé la journée à les attendre absolument terrifiée comme une mère poule, Isaÿr croisa les bras et se renfrogna. Elle savait que ce qu’ils avaient vécu était difficile et ne minimisait pas leurs plaies ; on pouvait lui reprocher bon nombre de choses en tant que Chef, mais pas de ne pas connaître le terrain ni la souffrance. Elle était toujours la première à se salir les mains quand la situation le permettait, de la livraison de caisses de nourriture empoisonnée aux ESHU et CAHO à l’exploration des égouts dans lesquels elle avait été gorgée pour permettre à Erin d’en réchapper, sans parler du massacre de plusieurs CAHO venus s’installer un peu trop près de leur territoire. Elle était en mesure de les comprendre. Mais en l’occurrence, ils semblaient davantage la détester qu’avoir envie de se confier à elle, et lui grognaient leur compte-rendu avant de filer. Elle les félicitait humblement de leur réussite, mais n’était pas toujours certaine qu’ils l’entendent. Mera soupira et attendit patiemment l’arrivée d’autres groupes. […] Prévenue de l’arrivée un peu tardive des autres, la jeune femme s’apprêta à aller voir Nightingale auprès des médecins postés plus loin, quand Mulan se planta devant elle et enroula son bras autour d’elle pour l’enlacer. Le nez collé à ses seins, la brune rougit des pieds à la tête et n’eut guère le temps de réagir que l’autre s’éloignait déjà en direction de Ragnarök. Mera rejoignit Nightingale près du feu et pressa son avant-bras avec douceur. « Tu as été très courageuse. Je savais que tu prendrais la bonne décision, c’est pour cette raison que c’est à toi que j’ai confié cette mission. Grâce à toi, on va pouvoir enfin faire un vrai repas pour la première fois depuis des jours. Depuis que les zombies ont commencé à faire fuir les animaux. Tu n’as pas à t’en vouloir. Je suis désolée, vraiment. » Tu n'as pas à t'en vouloir, parce que ce ne sont que des pixels, et qu’eux n’existent pas de l’autre côté, nous oui. pensa-t-elle. Mais Mera aurait tout le loisir de réconforter Astrid plus tard – parce qu’elle le ferait. Elle leva la main pour caresser sa joue du bout des doigts et déposa un baiser sur la tempe de sa garde-du-corps visiblement profondément choquée. Elle serra l’épaule de Fenrir (à côté duquel elle passa pour rejoindre les autres) dans sa main en un instant pour le féliciter également de sa réussite et lui signifier ainsi qu’elle lui confiait Astrid, quand Ragnarök la héla pour savoir s’il y avait quelque chose à manger. Elle s’approcha du groupe qui s’était formé et retrouva sa gourde d’alcool en train de se balader de mains en mains, mais ne releva pas. Ils l’avaient bien méritée, après tout. « J’ai demandé à Dax de vous préparer quelque chose en prévision de votre retour, il est à la cuisine si vous avez faim. Mais j’ai pensé que vous auriez peut-être envie de vous laver et vous reposer, et qu’on pourrait fêter votre réussite demain, quand tout le monde sera plus en forme. » Elle se mordilla la lèvre pensivement en observant Oz, avant de faire demi-tour. Cette fois, elle s’approcha de Gunfire qui s’affairait à s’occuper de l’ours et s’accroupit à côté de lui pour lui prêter main forte, comme il l'avait demandé. « Je vais t'aider. J'étais chasseur, au début, quand je me suis inscrite. » Se salir les mains ne la dérangeait pas – c’était l’inactivité qui la rendait folle. Sauf la nuit, moment privilégié où elle pouvait enfin se prélasser et penser à elle, quand bien même il fallait malgré tout rester alerte. « Merci pour les chevaux, ils ont l’air robustes et dociles, c’était du bon travail. » dit-elle sans lui accorder un regard. Tous deux n’étaient pas très à l’aise, ensemble, c’était bien connu. Ils ne se faisaient jamais aucun cadeau. Mais au fond, Isaÿr appréciait le maître-d’armes qui se montrait à la hauteur de la tâche confiée et n'avait rien à redire de lui. Son regard se posa sur l’avant-bras de l’homme, tâché de sang – et ce n’était pas celui de l’ours. « Après ça, je veux que tu passes voir les médecins, histoire de boire une potion de cicatrisation. Et je m'assurerai que le premier éclaireur qui revienne conduise Mulan à la porte de sortie la plus proche. » Elle se tut pour achever le travail en sa compagnie. Mera n'était pas trés loquace, de toute façon, et n'avait rien à dire à un homme qui la jugeait plus qu'il ne la respectait.

Qui l’aurait cru ? Vous aviez réussi à revenir tous les deux en un seul morceau presque sans blessure ! Bon il y avait la légère égratignure sur ta jambe, qui heureusement n’avait pas été empoisonnée par l’horrible bestiole, et potentiellement une petite ecchymose ou deux, mais rien de suffisamment sérieux pour soulever d’inquiétude particulière. Ça te semblait donc plutôt une réussite quand bien même rentrer vous avez pris du temps, quelque chose qui se rapprochait de l’éternité à tes yeux. Là n’était pas non plus l’élément fondamental de l’histoire, malgré tout, gagner n’avait jamais été ta priorité. Revenir vivante et ne pas être un boulet complet à l’égard de ton partenaire, voilà quelque chose qui s’était davantage rapprocher d’un objectif pour toi.
Le retour au QG fut donc un véritable bonheur et tu ne pus retenir un soupir de soulagement lorsque tu en vis les contours. Pour autant, le soulagement ne vint vraiment que lorsque ton regard se posa sur des têtes familières. Voir Oz en un morceau te rassurait évidemment tout comme le faisait la présence d’Isaÿr. C’est d’ailleurs vers cette dernière que tu te dirigeas en tâchant d’esquisser un semblant de sourire malgré la fatigue qui t’envahissait. « On a réussi à le capturer. » Tu ponctuas ta phrase en désignant le sac qui contenait la bête. Vous deviez être parmi les derniers, mais vous aviez tout de même réussi à rentrer. « Je vais voir si quelqu’un a besoin de soin. » Parce que là était bien ton rôle premier, bien plus que la chasse aux vipères. Sans plus attendre tu adressas un autre sourire à Mera, laissant le sac au bon soin de Flare, avant de te diriger vers Ragnarök. Tu souhaitais t’assurer qu’il était bel et bien indemne avant de t’acquitter de ton travail (d’autant plus que tu n’étais pas le seul médecin en théorie). « Ça va ? » Question bateau qui ne voulait pas dire grand chose ici, mais faute de quelque chose de plus satisfaisant ça suffirait.

Les odeurs de charognes te retournent les tripes, et t'as cette salive salée au bord des lèvres. Une grimace écœurée balafre ton visage fatigué, et pourtant tu t'appliques à détacher les chaires luisantes et tièdes de la carcasse fumante. Les mains d'Isaÿr ne tardent à rejoindre les tiennes au cœur de cet amas sanguinolent, et si tu lui jettes d'abord un regard empreint d'étonnement, tu finis par hausser les épaules, indifférent. Les relations que tu entretenais avec la cheffe des GAIA étaient houleuses, et ce depuis qu'elle avait accédé à ses responsabilités de leader. Gamine aux lourdes tâches apposées sur les épaules, si tu ne doutais guère de sa capacité à vouloir le bien pour l'ensemble de l'équipe verte, tu ne cessais de vouloir qu'elle fasse ses preuves. Et maintes fois elle t'avait prouvé qu'elle était digne de son titre, malgré son jeune âge - tu restais pour autant rebuté, bien que toujours respectueux à son égard, obéissant aux ordres qu'elle balançait sans rechigner. Après tout avais-tu l'habitude d'être commandé par de jeunes gens, ton expérience dans l'US Army t'ayant confronté à des officiers moins âgé que tu ne l'étais. Votre besogne s'éternise, et un lourd silence s'abat entre vous - parfois tu jettes à Isaÿr quelques regards en coin, observant la minutie avec laquelle elle s'affaire autour des viandes encore fraîches, telle l'ancienne chasseuse qu'elle était au début qu'elle te dit. Elle te surprend encore, parfois, et tu t'étonnes de la diversité des talents de ta cheffe - mis à part en maniement des armes à feu, savoir que tu t'efforces à lui inculquer avec grand peine, lorsque tu parviens à la convaincre de te suivre pour l'entraînement. Un soupir, volutes glacées qui s'échappent d'entre tes lippes alors qu'elle te remercie pour les chevaux. « Pas d'quoi. On aurait voulu en ramener plus, mais... m'enfin. Merci à toi. D'avoir organisé tout ça. Ce fût difficile, mais l'équipe en ressortira plus forte et soudée que jamais, j'en suis persuadé. » Du coin de l’œil tu la vois jauger la large coupure de ton bras, que tu as vainement tenté de dissimuler sous la manche tâchée de sang de ton linge. « Ce n'est qu'une égratignure. » tu grognes avant qu'elle ait dit le moindre mot - elle t'intime pourtant de te rendre à l'infirmerie afin que l'on t'y administre une potion. De nouveau tu hausses les épaules. « Je ne voudrais pas gaspiller des médicaments pour si peu, mais si tu y tiens. » que tu lui promets en dardant tes iris de crystal dans les siens. Votre travail se termine dans le silence, et pour la première fois depuis longtemps, ton mutisme n'a rien à voir avec ton air renfrogné à l'approche d'Isaÿr - vous n'avez seulement pas plus à vous dire, et plutôt que de vous confondre en maints remerciements gênants, vous préférez apprécier la quiétude d'un silence enfin léger. Une fois les derniers morceaux de viande détachés du corps, tu ôtes tes mains du cadavre, le sang ayant imbibé les vêtements et la peau jusqu'aux coudes. Suant, tu essuies ton front maladroitement avec une partie accessible de ton bras, avant de fourrer les lambeaux de chaires dans des sacs posés à proximité de l'ours tué. « Je me charge de ramener tout ça à Dax. » que tu lâches sans la regarder en jetant les sacs sur tes épaules. « Et oui, j'irais à l'infirmerie ensuite. » grinces-tu avant qu'elle ne te le rappelle. Tu fais alors volte-face, et, adressant un dernier regard à Isaïr, tu lèves ton bras valide dans un salut. Une œillade à Kenna avant qu'elle ne rejoigne la porte de sortie, ainsi que tes prunelles glissée sur Nightingale que tu irais voir plus tard, après avoir honoré ta parole. Et emportant les masses de viande en direction des cuisines, tu disparais dans la nuit qui tombe sur Darwin Harbor.