Les contes enfantins à base de loups et d'enfants perdus revenaient à l'esprit de Revan alors qu'il traversait la ville fantôme qu'était Darwin Harbor. Les zombies avaient tous disparus désormais et avec eux leur lot de morts et le danger omniprésent qu'ils représentaient aux yeux de tous les joueurs. Il se sentait tellement en sécurité qu'il en aurait presque siffloté, proche comme il l'était de la frontière ATOM, ça n'était pas comme s'il risquait quoi que ce soit. Il ne venait de toute façon pas ici en proie, mais en prédateur, cherchant une offrande sanglante à adresser aux développeurs. Ici, seul les plus meurtriers parmi les joueurs obtenaient des récompenses. Personne n'obtenait de cadeaux en prônant la paix.

Un couteau de lancé dans la main, il scrutait les environs avec bonne humeur, un sourire aux lèvres, comptant les jours avant l'annihilation d'Avalon. Il était sûr que les développeurs feraient quelque chose à propos des miliciens. Qu'ils fassent les malins derrière leurs barricades. Qu'ils profitent de la prise de cette île sans signification pour les vrais joueurs. La paix n'était pas faite pour durer à Darwin Harbor. Ça n'était pas dans les règles du Darwin's Game.

Soudain, Revan s'arrêta, le pied en l'air, prêt à faire un pas de plus, puis le reposa doucement sur le sol. Devant lui se tenait une jeune femme, sans doute plus jeune que lui, l'air étrangement innocente avec toutes ses tâches de rousseur et ses cheveux à l'air désordonnés. Ses yeux de biches achevèrent de le convaincre que le grand méchant loup qu'il était venait de tomber sur son casse-croûte. Il ne connaissait pas son équipe et ça n'avait aucune importance. Il lui adressa le sourire engageant d'un professeur encourageant ses élèves à poser des questions.

-Salut. Moi c'est Revan. Tu cherches quelque chose en particulier ?

Il cessa de jouer avec son couteau, mais le garda en main, prêt à l'emploi. Il ne savait pas si la fille l'avait déjà deviné, mais l'un d'entre eux ne repartirait pas vivant de cette conversation. Il regarda autour de lui, à la recherche d'éventuels indices indiquant la présence de renforts aux alentours, mais il ne vit rien ni personne. Ils allaient passer un moment seuls tous les deux.

-Tu n'es pas accompagnée ? Hasarda-t-il malgré tout en s'approchant un peu.

La réponse lui dirait si elle se méfiait déjà de lui ou pas. Dans tous les cas, il restait aux aguets, prêt à se défendre si elle se révélait plus agressive que ne le laissait présager son apparence. Après tout, dans le Darwin's Game, les illusions étaient parfois de meilleures défenses qu'une armure en acier. Revan le savait pour être dans l'équipe la moins honnête de tout le jeu. C'était d'ailleurs ce qu'il pratiquait en ce moment, se donnant un faux air gentil pour se rapprocher de sa proie, puis pourquoi ne pas l'éventrer lorsqu'elle sera à sa merci ?

Le sourire de Revan s'élargit. Seule, donc personne pour intervenir lorsqu'il le saignerait. L'inquiétude de sa nouvelle trouvaille était palpable et parfaitement justifiée. Une ATOM en plus, de son propre aveu. Sans doute nouvelle puisqu'elle semblait entretenir l'espoir qu'il soit des siens. Il ne jeta pas un regard à l'oiseau qu'elle désignait, préférant garder les yeux fixés sur elle pour ne pas manquer une potentielle tentative de fuite. Il ne voulait pas la laisser s'enfuir, elle était son offrande du jour aux développeurs. Elle serait son cadeau son cadeau fait de violence pour leur prouver que certains joueurs comprenaient leur système, et allaient jusqu'à l'apprécier.

-Tu es hors de ton territoire, effectivement. Mais moi aussi, ne t'en fais pas. Pour le moment nous sommes en terrain neutre. Et non je ne suis pas un ATOM.

Il ne menaçait pas la paix en place en s'introduisant en territoire ennemi, même si l'envie pouvait s'en faire sentir. Il se contentait de cueillir les joueurs égarés pour leur apprendre le sens du jeu, que ce soit pas leur mort, ou la sienne.

-Tu es nouvelle, n'est-ce pas ?

Il s'appuyait sur son air perdu pour faire cette supposition, avec le ton bienveillant du professeur qui découvre une nouvelle élève, sans toutefois en avoir l'attitude.

-Mais tu connais le principe du jeu, j'imagine. Il faut survivre quoi qu'il en coûte et ne surtout pas tomber à 0 vie, car si tu atteins 0, c'est la mort.

Revan avait la voix de celui qui a l'habitude d'expliquer des choses à un public attentif et cette fille avait l'air de l'écouter comme si sa vie en dépendait, ce qui était d'ailleurs le cas.

-Tu as de la chance de me rencontrer à vrai dire, car j'ai l'impression de pouvoir te donner une leçon qui te sera profitable. Quand tu rencontres quelqu'un dans ce jeu, n'attend as de connaître ses intentions pour agir, parce qu'il sera trop tard. Tue-le, ou meurt par sa main, fuir ne peut que retarder l'inévitable et parler te mets en danger.

Il s'élança alors en avant, son couteau fendant l'air vers sa cible.

Elle semble sincèrement surprise lorsque Revan passe à l'attaque, mais cette surprise ne fait que ravir l'ESHU un peu plus. Vraiment, quelle chance avait-elle d'être tombé sur lui ! Elle avait besoin qu'on l'aide à trouver sa voie dans ce jeu et Revan était prêt à lui mettre le pied à l'étrier, à lui montrer le seul chemin valable pour arpenter cette map dans le respect des valeurs de ce jeu. Son couteau lui a tailladé l'avant bras, faisant couler le sang et la riposte faiblarde ne l'atteignit même pas. Il se mit à rire.

-Tu n'as donc pas écouté ce que je t'ai dit ? la gronda-t-il gentiment. Ce jeu est simple, tu tues avant de te faire tuer, tu n'as pas le temps de t'intéresser aux délicates créations des développeurs. Tout ici voudra te tuer.

Voilà une leçon qu'il avait apprise à la manière dure. Il avait eu ses propres moments d'innocence, de naïveté. Il avait pensé pouvoir sauver sa fiancée de ce jeu, la protéger de tout ce qui pouvait lui vouloir du mal, mais il avait échoué. La raison en était simple ! Le but de ce jeu n'était pas de protéger les autres ! Au contraire, le but était de se protéger soi-même à leur dépend, et quel meilleure moyen d'être en sécurité que d'avoir tué toute menace potentielle ?

Son couteau trancha l'air une nouvelle fois pour mordre les chaires de cette jeune fille trop confiante pour survivre, trop peureuse aussi. Il fallait qu'elle passe au dessus de cette retenue qu'elle conservait encore. Il allait falloir lui montrer la voie, la pousser dans ses retranchements.

-Tu me remercieras plus tard, crois-moi ! Défends toi mieux que ça ! Ou je vais te saigner jusqu'à ce qu'il n'y ai plus une seule goutte de sang dans ce petit corps faiblard ! aboya-t-il.

10 points de vie VIE 10/10
Dégâts : 2

Revan n'était pas du genre à perdre patience rapidement. Des élèves butés il en connaissait des dizaines. Des fortes têtes il en avait maté plus d'une. Les plus intéressants malgré tout étaient ceux qui n'arrivaient pas à comprendre les problèmes qu'il leur posait. Avec eux, il fallait user de plus de subtilité pour faire pénétrer la leçon dans leur crâne épais. Une approche détournée pour qu'ils saisissent enfin le théorème qui les mettait en difficulté. Un exercice inventé apparemment sans rapport qui les mènes à la bonne conclusion par eux-même. Voilà ce qui était intéressant. Mais cette fille, elle, ne ressemblait à aucun de ces cas de figure. Non, en vérité elle lui apparaissait plutôt comme une élève de secondaire qui serait venue par erreur à l'un de ses cours magistraux, ne comprenant ni les tenant, ni les aboutissant de ce qu'il pouvait bien raconter tout simplement parce qu'elle n'avait pas les bases nécessaires pour comprendre un traître mot de ce qu'il racontait.

-Esquiver, fuir, tout ça, ça s'appelle retarder le problème, expliqua-t-il en esquivant une attaque. Tu crois pouvoir arrêter quelqu'un en évitant ses coups jusqu'à la fin des temps ?

Encore une fois, il frappa et une fois de plus, le sang coula. A force de lui causer de multiples blessures, il allait finir par l'épuiser physiquement et porter le coup de grâce ne serait que plus significatif.

-Exactement. On nous mets sur le même plan, tous, avec le même potentiel, avec les mêmes capacités. Puis on nous permet de nous tester, de repousser les limites de qui nous sommes, de voir jusqu'où nous pouvons aller. Mais laisse moi te demander quelque chose, jeune fille. Quand tu joues à un jeu vidéo, n'importe quel jeu vidéo à base d'expérience. Comment est-ce que tu sais que ton personnage avance, qu'il évolue ? Qu'il devient plus fort ? Il gagne de l'expérience. N'importe quel jeu, qu'il soit violent ou non, l'expérience signifie la réussite. Et ici, dans ce jeu, comment faire pour gagner de l'expérience ? Comment crois-tu que tes leaders sont devenus aussi fort ? Ils ont tué pour ça, ils sont morts pour ça. Aucun d'entre eux n'a fui et c'est comme ça qu'ils se retrouvent en haut de la chaîne de commandement. Maintenant bats toi ! Joue selon les règles.

En lui ordonnant de se battre, il lui fit signe d'approcher. Cette leçon était importante, véritablement. Cette jeune fille dont il ne connaissait même pas le pseudo avait besoin d'ouvrir les yeux, de cesser de se cacher derrière de la propagande ATOM sur l'esprit d'équipe et sur leur idéal de paix frôlant la façon de penser Milicienne.

10 points de vie VIE 10/10
Dégâts : 2

Revan sourit, elle commençait à cerner le problème malgré tout, il le sentait dans son ton de plus en plus hésitant, sa mauvaise foi de plus en plus évidente. Il joua un moment avec son couteau, attendant qu'elle attaque malgré son hésitation visible.

-La question n'est pas de savoir si tu es une leader ou pas. La question c'est de savoir dans quel genre de jeu tu te trouves. Je t'ai dit que n'importe quel jeu fonctionnant à base d'expérience avait son moteur de gain. Ici c'est le meurtre. Tu ne verras personne gagner des niveaux en pêchant du poisson ou bien en se montrant créatif avec ses mains. Tu t'es engagée dans ce jeu sans en connaître les règles, tant pis pour toi. Mais puisque tu veux qu'on fasse preuve de créativité avec nos mains, soit.

Il rangea son couteau, la suite du combat se ferait à main nues. Ça ne le dérangeait pas de frapper une femme dans ce jeu. Ça ne le dérangeait pas de tuer une femme dans ce jeu. Il y en avait une particulièrement qu'il prendrait un malin plaisir à tuer de ses mains, lentement pour lui montrer à quel point elle avait eu tord d'être si faible. Il fit un pas en avant pour lui donner un coup de poing au visage, mais elle esquiva. Au moins elle avait encore quelques réflexes.

-Tu n'as plus le choix, tu es dans le jeu maintenant. Tu ne pourras pas te protéger éternellement derrière tes coéquipiers. Tes vies tu les perdras, surtout si tu refuses de te battre, et à la fin tu mourras comme n'importe lequel de ses abrutis qui pensait pouvoir survivre sans faire de mal à personne ! Ne soit pas comme eux, respecte toi ! Soit forte ! Bats toi pour ta survie, protège toi en éliminant les menaces !

10 points de vie VIE 10/10
Dégâts : 0

-Pas nécessairement, il y a des façons bien moins sauvages de tuer quelqu'un avec ses mains, grogna-t-il.

Le premier coup qu'il se reçu était douloureux, mais pas autant que le suivant. Elle était agile cette petite, peut-être avait-elle plus de potentiel qu'il ne le pensait au départ. Revan encaisse, mais à présent que le couteau n'est plus là sa victime semble avoir retrouvé du poil de la bête et esquive sa tentative de riposte.

-Si je dois mourir, je mourrai ! rugit-il soudainement, les yeux traversés par une folle lueur.

Elle mettait le doigt sur quelque chose de très significatif pour lui. Le but de ce jeu était de tuer les autres, mais en mourant, il avait lui-même un peu gagné. En mourant, il avait fait avancé le jeu, il avait donné l'une de ses vies pour la bonne continuation de la violence dans cet univers parallèle découvert et aménagé entièrement par les développeurs, contrôlé par ces entités supérieurs, ces êtres inconnus, anonymes, inatteignable et pourtant omniscient et tout puissant dans leur univers. Peut-être que dans la vie réelle ils n'étaient rien d'autres que trois adolescents boutonneux sur un vieux sofa, mais dans le jeu ils étaient l'autorité suprême, ils étaient le pouvoir qui défiait le Gouvernement et le faisait si bien tourner en bourrique que même cette pitoyable Milice n'avait rien réussi à faire de mieux que d'envahir une île sans intérêt pour la transformer en camp de vacances pour faiblards.

Revan chercha à la saisir cette fois, mais telle une anguille elle lui échappa avant même qu'il ne réussisse à poser les mains sur elle. Confronté à ses larmes, Revan ne faiblissait pas, au contraire. Bientôt elle ne pleurerait plus. Bientôt elle deviendrai forte grâce à lui, que ça soit en le tuant ou en recevant la mort de sa main.

10 points de vie VIE 8/10
Dégâts : 0

-Tu vois que tu peux avoir des bonnes idées quand tu veux ! Essaye, tu verras, c'est très libérateur, c'est du travail bien fait.

Il n'y avait pas de façon stupides de mourir pour Revan, seulement divers moyens d'atteindre le but de ce jeu. Il avait encore de la marge, en possession de dix vies, ça n'était pas celle-ci qui allait lui manquer, surtout s'il la perdait à des fins aussi pédagogiques, apprenant les règles à une nouvelle joueuse. Ça n'était que le premier pas sur le chemin qu'il avait lui-même emprunté. Le premier meurtre, le plus traumatisant, puis venait les autres. On finissait par se dire qu'on l'avait fait qu'une fois, que sa victime avait sans doute encore d'autres vies et que ça n'était pas réellement un meurtre, puis on recommençait, toujours par nécessité bien entendu, jusqu'au moment où l'on se rendait compte qu'il y avait plus que ça, que le plaisir ressentit était réel et qu'il n'avait rien de sale, rien de mal.

Les coups de son adversaire portèrent une nouvelle fois et il recula sous le coup de la douleur. Elle n'y allait pas de main morte, Revan était désormais fier comme si son élève le plus mauvais venait enfin de donner les bonnes réponses sans qu'on lui souffle, même si la semelle qu'il s'était pris dans l'estomac l'avait plié en deux.

-Est-ce que c'est si difficile ? Frappe moi plus fort ! Ne te retient pas !

Elle était agile, il le remarqua une fois de plus lorsqu'il s'avança pour l'attraper et qu'elle l'esquiva sans peine. Ou bien peut-être ralentissait-il avec l'âge.

10 points de vie VIE 6/10
Dégâts : 0

Spoiler:

What did I do to deserve this?

Revan & Wasteland

Tu ne vas jamais y arriver. Il semble imbattable. Il semble grand, trop grand, et trop fort ? Pourquoi est-ce qu’il était aussi méchant ? Pourquoi est-ce qu’il était aussi mauvais ? « Tu vois que tu peux avoir des bonnes idées quand tu veux ! Essaye, tu verras, c'est très libérateur, c'est du travail bien fait. » Du travail bien fait. Parler de quelques techniques pour vous tuer était un début de travail bien fait. Tu frissonnes. Tu frissonnes, le cœur au bord des lèvres et les larmes qui coulent encore sur tes joues. Tu ne veux pas. Tu ne veux pas le tuer, tu ne veux pas le massacrer. Tu ne veux pas le blesser. Tu ne veux pas le heurter.

Et même lorsque tu tentes de le frapper, même lorsque tu te rates, il semble satisfait. Heureux de voir que tu essayais. Tu te sentais mal. Tu te sentais terriblement mal. « Est-ce que c'est si difficile ? Frappe moi plus fort ! Ne te retiens pas ! » Tu secoues la tête en pleurant. « Arrête … » pleurniches-tu. « Je … J’veux pas faire ça.. » continues-tu, alors que, après t’être élancée une nouvelle fois sur lui, tu sens la forme de ton vieux revolver. Et si … ? Et si ça l’arrêtait ? Et s’il appréciait l’élément de surprise, et qu’il s’en allait ?
« Stop ! » cries-tu, alors que tu fermes les yeux très très forts. Tu tiens l’arme brandie, en direction de la poitrine du jeune homme. Tu trembles. « Arrête ! T’approche plus ! » continues-tu. « Ou je tire ! » Est-ce qu’il allait avancer ? Est-ce que toi en tu en étais capable ? Tu ne le toucherais probablement même pas. Quand bien même tu aurais eu la force d’appuyer sur la gâchette.

Tu as entendu un bruit sourd, et l’arme est légèrement revenue en arrière. Tu l’as lâchée, surprise. Tu l’as lâchée, surprise par le bruit. Tes paupières se sont ouvertes. Horreur. Il était au sol. Il était au sol, et tes larmes ont redoublé d’intensité. « Oh non … Oh nonononon. » pleures-tu, alors que tu t’approches de Revan. Revan qui disparait, Revan qui s’en va. Revan qui devient pixels. « Oh non, j’suis désolée. Pardon, pardon … Reviens, reviens s’il te plait … »

5 points de vie VIE 05/10
Dégâts : Coup fatal

2981 12289 0

Spoiler: