Le silence et les couleurs claires de l'arène en faisait presque oublié la nature mortuaire du lieu. Peu importe les événements et peu importe le joueur qui se trouvera devant elle, elle devra le tuer si elle compte survivre. C'était la règle et bien qu'elle était un peu rebelle dans l'âme, elle savait qu'elle devait s'y soumettre tout comme les sept autres joueurs sélectionnés. La partie était déjà lancée, autrement dit pas le temps d'admirer le paysage ou de se lamenter sur son sort -de toute manière, elle s'était plus ou moins habituée à enchaîner les mauvaises nouvelles. Sans perdre une minute, elle se mit en marche à la recherche d'une arme, tout en restant le plus prudent possible au cas où son adversaire traînerait dans le coin. Au détour d'un cerisier, elle trouva un katana ce qui était une véritable aubaine pour elle qui commençait à avoir l'habitude de ce genre d'armes. Alors que ses mains pâles attrapèrent la lame, la célèbre chanson du restaurant dans Kill Bill résonna dans sa tête, comme pour annoncer le début de choses sérieuses.

Son ennemi ne mit pas très longtemps à débarquer dans son champ de vision, lançant une sorte d'arme qu'elle n'avait jamais vu de sa vie, si ce n'est peut-être dans un vieux film de karaté. Surprise, elle se figea priant intérieurement pour ne pas se prendre le pique. Par chance, le lanceur ne semblait pas avoir bien estimé la distance qui les séparait et l'arme se planta dans le sol à presque mi-chemin. Ses yeux se posèrent sur son adversaire plutôt imposant, se disant que cela allait définitivement pas être une partie de plaisir. Avant que son adversaire ne rattrape son arme pour retenter sa chance, elle décida de se précipiter sur lui avec son katana en visant les jambes, histoire de le rendre moins mobile. La lame s'enfonça légèrement sur le côté extérieur de la cuisse, traversant la chaire de ce dernier. Un filet de sang apparut rapidement, tandis qu'elle retira la lame. Son adversaire semblait solide, il allait falloir de la patience pour la jeune Mythos.  

Spoiler:

(un peu long, mais comme c'est le début, voilà ♥)

L’homme ne lâcha qu’un simple grognement quand la lame s’enfonça dans sa jambe, ce qui étonna un peu la blonde. La dernière fois qu’elle avait utilisé ce genre d’arme sur un joueur, cela avait causé bien plus de dégâts à son adversaire. Cela dit, la carrure de cet adversaire était bien différente que celle des gens qu’elle avait pu rencontrer jusqu’ici. D’ailleurs, la main qui se colla dans son visage confirma la force assez conséquente que possédait l’homme. Le coup lui fit craquer le cou par sa violence, tandis qu’elle reculait de quelques pas un peu sonnée. Comme pour vérifier que sa tête tenait encore sur ses épaules, elle passa sa main sur l’arrière de sa nuque avant de redresser un peu son arme en direction de son adversaire.

Elle pourrait l’attaquer avec ses poings, mais elle n’était pas certaine que ses mains ne lui fassent quoi que ce soit. Un léger goût de sang s’installa dans sa bouche, tandis qu’elle se décida enfin à contre-attaquer. Cette fois, elle visa l’autre jambe espérant que cela lui fasse un peu plus que dégat. Malheureusement l’arme se heurta à la même masse et si une tache de sang apparut rapidement, c’était loin de faire basculer le match en sa faveur.

Spoiler:

A peine sa lame fut retirée de la jambe de l’homme, qu’un poing bien plus direct cette fois lui arriva dans la figure. La force de l’homme était sûrement deux fois plus importante que la sienne et si elle n’avait pas l’habitude d’encaisser les coups, elle serait sûrement déjà dans les vapes. Sa tête résonnait un peu, mais pas encore au point d’être incompétente. L’homme n’était pas réellement agressive, mais tentait tout comme elle de survivre. Au fond, pour un premier match, elle ne trouvait pas cela si mal. Après tout, elle aurait pu tomber sur quelqu’un de bien plus barbare et sanguinaire.

Cette fois, elle fut plus rapide pour riposter en lui donnant un coup de pied dans la rotule avec le plus de force qu’elle pouvait. Faire flancher l’homme demandera sûrement plus, mais elle comptait sur la durée pour le faire craquer. Après tout, avec une telle masse, il ne pouvait pas être très endurant, du moins elle espérait. Le combat pouvait encore durer un certain moment à cette vitesse.

Spoiler:

Le combat s’éternisait et elle ne savait plus quoi faire pour frapper un grand coup. C’était peut-être le calme de l’arène qui les rendait plus doux ou alors le simple fait qu’ils ne soient pas de vrais tueurs. Louison se battait pour ne pas mourir et non pas pour le battre. Un combat était un combat et peu importe qui gagnera à l’issue de ce match, ils se seront tous les deux proprement battus. L’espace d’un instant, alors que l’homme poussa un grognement, Mythos se demanda qui regardaient se match et si certains voulaient la voir gagner. Après tout, de son petit mètre soixante, elle ne devait pas en imposer beaucoup à cette force de la nature.

Son geste de recul pour ne pas reprendre un énième coup dans le visage de la part de l’homme se fit remarquer et si elle se cacha le visage avec ses poings, se fut une douleur entre les poumons qui la frappa. Aucun son ne put sortir alors qu’elle recula de quelques mètres. Mythos avait de la peine à respirer, ce qui paralysa la plupart de ses muscles pendant une bonne dizaine de secondes. En marchant et sentit sous ses pieds l’arme qu’avait lancé l’homme au début du match et dans un geste relativement rapide, elle l’attrapa de sa main libre. Contrairement à lui, elle décida de ne pas le lancer, mais de l’enfoncer elle-même, en hauteur cette fois. La lame s’enfonça dans l’épaule de l’homme, avant qu’encore une fois, elle tente de reculer pour se protéger.

Spoiler:

Du sang coula le long de la lame alors qu'elle recula en voyant le bras de l'homme démarrer. D'un mouvement rapide, elle esquiva le coup maladroit de celui qu'elle venait de blesser. Les dégâts commençaient vaguement à se faire sentir et alors qu'elle reprenait son souffle, l'homme montra une faiblesse en prenant la fuite. Une réaction à laquelle, elle ne s'attendait pas. L'inconnu semblait avoir besoin de reprendre un peu son souffle, tandis qu'elle essayait de se remettre un peu les idées aux claires. Malgré la différence physique, elle tenait et arrivait même à le mettre en difficulté, ce qui revenait presque du miracle. Seulement, il ne fallait pas que l'homme se repose de trop si elle voulait avoir des chances de gagner le match. Au fond, elle ne voulait pas vraiment gagner, mais seulement ne pas mourir comme un vulnérable insect.

Le temps de souffler un peu, elle redémarra en suivant les pas du géant à travers l'arène paisible. Courir avec deux armes n'avait rien de pratique, si bien qu'elle décida d'abandonner la broche de son adversaire, pour rester sur une base qu'elle maîtrisait un peu. L'arène n'étant pas bien grande, elle le rattrapa rapidement et sans vraiment prendre plus de temps, elle se jeta sur lui pour le déséquilibrer tout en frappant le plus possible avec ses poings ce visage inconnu, illuminé par des yeux bleus qui ne dégageaient rien de barbare.

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A chaque poing, un véritable sentiment de culpabilité l'envahissait. Elle était en train de frapper de toutes ses forces un homme qu'elle ne connaissait pas et qui en plus de répliquait même plus. Mythos avait l'impression de ressembler à une folle échapper de l'asile et d'être finalement tout ce qu'elle détestait dans ce jeu. Plus le temps passait, plus ses yeux devinrent humides et d'une certaine manière elle aurait trouvé plus simple de se retrouver face à un joueur sanguinaire. Malgré sa masse importante de muscles, l'autre joueur ne se débattait plus, peut-être épuisé par ce combat qui s'éternisait de plus en plus.

Alors qu'elle se demandait comment elle pourrait abréger cette souffrance inutile, la voix de l'homme la résonna un instant. C'était la première fois qu'il parlait, ce qui lui donnait soudainement bien plus d'humanité. Il semblait sage, tandis qu'elle se battait avec fougue pour une survie presque égoïste. Pourtant, elle avait ses raisons. « Ce n'est pas contre toi, mais je ne peux pas perdre. » Ses vies commençaient sérieusement à descendre et chacune devenait plus précieuse que la précédente. Quand elle aura poussé son dernier souffle, qui prendre soin de ceux qu'elle laissera derrière elle ? Personne, parce que le jeu était ainsi, une loi naturelle indomptable. Avec un regard plein de regret, elle passa ses main autour du cou de l'homme et serra comme elle pouvait. L'homme suffoquait de plus en plus, tandis qu'une larme, discrète, mais lourde de sens ruissela sur sa joue.

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