Les ruines de la ville ou les arbres de la forêt, tu hésites. Tu sais bien que jamais tu ne seras choisir, ton cœur balance. T'as bien besoin de prendre l'air, bien besoin de voir ailleurs, voir autre chose que cette église réhabilitée, cette base militaire bétonnée. Alors, ce qui semble être le mieux, c'est la forêt luxuriante, l'air pur et frais qui vous fait croire que la mort ne vous attend pas. Tu prend avec toi ton joujou - ton m4 - même ta machette car mieux vaut être trop prudent, malgré que tu ne désires qu'accomplir une ballade de santé. Et si quelqu'un te cherches des noises, tu t'en chargeras en un brin de temps. Tu te diriges tout naturellement vers la rivière, vers la vieille location de barques. La mouche hurlante. Tu restes vigilant, sur tes gardes. Car ici n'est pas ton territoire, ça grouille de GAIA dangereux, dans le coin. Contrairement aux autres tu ne les méprises pas. Ici, chacun à ses atouts et ses faiblesses, même si tu penses tout de même que les CAHO restent les meilleurs... [...] Et tu entends un bruit, un craquement de feuille. Sans perdre ta neutralité ni ton sang-froid, tu tiens ton arme menaçante et meurtrière en joue, tes vieux instants militaires toujours ancrés en toi.  Mais tu les vois, ces couleurs arc-en-ciel, qui n'ont rien à faire ici, dans cette nature sauvage et verte feuille. Là voilà. Tu ne pensais pas tomber sur elle. A vrai dire, tu ne t'étais jamais réellement posé la question. Mais elle est reconnaissable entre toutes : Ses cheveux, son visage que tu as bien appris à connaître. Maïwenn.    "Sors de là Maï, dis pas que tu me reconnais pas, danger public". Elle a du t'observer, elle sait qui tu es. Car elle bondit devant toi, sans armes. Toujours ton arme en joue, tu vérifies si elle ne tentera rien contre toi. On ne peut jamais rien prévoir, ici. Puis tu relâches ton arme, elle reste silencieuse, mais te regardes malicieusement. Tu plonges ton regard dans le sien, bleu comme l'eau de la rivière avoisinante et tu ne peux t'empêcher de sourire. Soudain rejaillissent des souvenirs. Tu revois son appartement, son sourire gêné quand tu débarques chez elle, en tenue de pompier, pour encore et encore un ridicule accident domestique. Et tu vois sa gueule d'ange, sa moue, ses fines lèvres, sa peau de poupée, ses cheveux colorés, qui jaillissent comme un feu d'artifice. Un kaléidoscope. Tu baisses ton regard et perçois ses formes à travers sa tenue de guerrière. Ton cœur ne peut s'empêcher d'augmenter la cadence. Ce sont des instants torrides et passionnés qui te reviennent, son corps en mouvance, qui danse. Là, maintenant, Eskil comme Hastsezini, tu la désires, autant à Chicago qu'ici. "Tu m'avais manqué, Maïwenn."