« T’aurais pas pu m’arrêter avant ? » Son sens de l’orientation allait le tuer un jour. Il avait beau connaître ce jeu depuis ses débuts, il arrivait toujours pas à se repérer correctement. Alors imaginez en pleine forêt. Roy fit un tour sur lui-même, le nez en l’air alors qu’il ne distinguait même plus l’horizon à plus de deux mètres. Pris au piège dans le labyrinthe de la ville, entre ses larges et surtout immense murs de ruine. Il finit par soupirer, redescendant son regard sur son bras-droit. Mais en croisant celui-ci, il sut que les mots allaient aussitôt fuser. « Quoi ? Tu sais que j’ai un sens de l’orientation à chier Saul ! Je voulais juste attraper cette pu- »  Et il préféra serrer a mâchoire avant que cette gamine soit insultée de nom qu’elle –même ne connaissait pas encore. Il souffla et attrapa ses mèches brunes pour les rabattre au-dessus de son front. Et alors qu’ils allaient surement se disputer comme deux enfants, Roy cessa d’écouter la jeune femme pour regarder par-dessus son épaule les ombres irrégulières qui se formaient sur les murs de pierre. Il lui intima rapidement le silence, posant sa main sur son épaule d’une attention particulière, qui contrastait avec leur prise de tête d’à l’instant. Puis, dans un rire plus ironique que bruyant, il souffla à voix basse. « Si c’est un coup des eshu, je jure de brûler leur QG une fois sortit d’ici. »

Crispant sa mâchoire tout en levant les yeux au ciel de la manière des plus agacées, Saul soupira bruyamment, se tournant pour faire volte-face à Roy, l’expression de son visage décrivant bien son état d’esprit actuel. Un pas de plus sur ses plats de bandes et les insultes allaient fuser. « Assume un peu ton rôle en portant tes couilles pour une fois Roy. T’es nul, tu t’es planté, avoue-le point barre et trouve une solution qui n’inclue pas que je sois un appât! » Soupirant une énième fois bruyamment, elle regarda autour d’elle, pas plus avancée que lui sur leur situation. Forcément, ils s’étaient fait rouler par une petite maligne qui pour le moment, devait se penser plus rusée et devait sûrement rire de leur situation. Elle l’imaginait si bien qu’elle aurait pu l’entendre rire. Sauf qu’à la place, se fût la main de Roy qu’il déposa avec une délicatesse méconnue qui la tira de ses pensées hargneuses. Haussant d’abord un sourire, elle finit par se tourner à son tour, virant d’un geste de la main celle de Roy, elle n’avait pas besoin d’une quelconque protection patriarcale ou phallocrate, encore moins venant de sa part. « Si on sort. » Souffla-t-elle, levant une fois de plus les yeux au ciel. « On se barre. Maintenant. » Elle articula doucement chaque mots, comme pour peser le pour et le contre. « Si c’est un guet apens, et à mon avis c'est le cas, ils sont prêts, armés et nombreux Roy. Ce qui n’est pas notre cas. » Elle posa sévèrement son regard sur lui, peu convaincue et emballée par la situation actuelle.

Fallait s'y attendre. Elle en manquait jamais une pour le remettre à sa place chaque fois qu'il faisait une erreur. Et puisque ces dernières étant fréquent, les paroles de la jeune femme était tout aussi grinçants à chaque fois. Mais Roy avait appris à passer quelque peu par-dessus, à rire même si cette dernière solution les avait souvent amené jusqu'au coups. Il avait aussitôt dégager sa main, lui même s'étant surpris à ce geste futile. Les ombres devenaient plus grandes, plus effrayantes au fur et à mesure qu'elles se mouvaient. « Quelle perspicacité Sargent ! » Fit-il remarqué avec ce sourire aussi détestable qu'adorable. Finalement, rare était les fois où il l'appelait par son pseudo, seulement devant les autres membre de la team. Alors dès qu'il le faisait en dehors, il savait que ça avait le dont de l'agacé. Alors avant même qu'elle devienne le cadet de ses soucis, il s'empressa de quitter leur position pour passer de l'autre côté d'un mur. Enchaînant virages après virage, sans même prendre le temps de retenir leur précédente position, il s'éloginant de leur poursuivant qu'ils pouvaient désormais entendre quelques mètres plus loin. Dans leur course, il avait ralentit pour laisser Saul prendre les devant, emboîtant ses pas tout en regardant toujours derrière lui. « Attends, attends ! » Finit-il par chuchoter, quoique suffisament fort pour qu'elle l'entende entre deux respirations saccadées. Il ralentit jusqu'à s'arrêter totalement devant elle. Il tournait la tête dans chacune des deux directions avant de s'accroupir, descendant à hauteur de sa taille. Et quand il releva la tête pour porter son regard au sien, il afficha un sourire. « T'imagines rien, je te fais la courte échelle. Et à ses mots il entrelaça ses doigts et tandis ses mains en guise de marche pour qu'elle prenne appuie dessus. On peut courir des heures comme deux idiots comme ça. Si on monte au-dessus des murs on peut peut-être leur tomber dessus. »

Roulant une énième fois ses yeux en signe d’agacement, Saul crispa sa mâchoire ne répondant pas au fait qu’il l’appelle par son pseudo. Quelle ironie. S’humectant nerveusement les lèvres, ses poings sur ses hanches, jusqu’à ce qu’elle le voit partir sans un mot au pas de course. Elle ne prit pas le temps de soupirer ni de l’engueuler intérieurement car il était dorénavant question de survie. Alors elle prit le même rythme que lui, avançant rapidement à l’affût du moindre signe suspect. La jeune femme s’arrêta lorsqu’il lui dit d’attendre, un sourcil haussé, paraissant hautement en colère lorsqu’il releva son regard vers le sien pour lui faire la remarque. « Je compte pas m’imaginer grand chose avec un handicapé sentimental, t’inquiètes pas pour ça. » Et sur ses paroles, elle posa sa main sur son épaule, l’empoignant fortement afin de tenir l’équilibre tout en écrasant ses mains qui lui servaient de marches. S’élevant, elle se hissa sans difficultés sur le haut du mur, regardant autour d’elle tout en soufflant. S’assurant qu’elle était dans un bon équilibre, elle s’abaissa, tendant ses mains vers Roy. « Viens. Mais attention, ne t’imagines rien, ça pourrait te porter préjudice. » Et à ses paroles, elle retira rapidement ses mains avant de les tendre à nouveau, lui montrant bien le fond de sa pensée. Le tirant d’un coup avec quelques difficultés — car il fallait quand même les hisser, les quatre-vingt kilos —, elle se releva, tendant l’oreille. S’avançant dans une direction sans concerter Roy, elle tenta de retrouver leur trace, étant d’humeur vengeresse.

Roy faillit perdre l'équilibre quand elle prit appui sur lui. Non pas parce qu'elle venait de lui écrasait les mains mais plutôt parce qu'elle venait de piétiner le peu de courage qui lui restait. Si elle ne comptait pas s'imaginer grand chose avec un handicapé sentimentale, qu'en serait-il pour un handicapé tout court. Elle l'escaladait sans aucune précaution et il y prêtait aucune attention. Il détestait ces moments où sa vie IRL venait le rattraper même IG. Et il finissait toujours pas regretter de titiller que trop la jeune femme. Il avait finit par se relever, frottant ses mains avant de relever son menton. Il avait fermé un œil pour mieux l’apercevoir au-dessus du mur. Après une remarque grinçant, bien que bien méritée, et une main traite, il finit enfin par saisir son poignée. Sachant très bien qu'il était loin de faire son poids, il s'accrocha à diverse racine qui s'incrustaient dans la pierre, enfonçant le bout de son pied dans une fissure pour se hisser jusqu'en haut. Il se tira avec ses bras puis se relevait enfin. Il regardait à peine l'horizon parsemé de mur autour de lui, plantant son regard sur la nuque de Saul. « Tu comptes grincer des dents encore longtemps ? C'est pas la première fois qu'on veut notre mort et c'est pas la première fois qu'on mourra s'ils y arrivent. » Bien qu'il n'était pas décidé de mourir ici. Il s'était avancé dans sa direction, la suivant aveuglément. Comme à leur habitude, valait mieux qu'elle prenne les directions plutôt qu'il s'en occupe. Et avant même qu'elle ne réplique quoique ce soit, il reprit, haussant un peu le ton pour qu'elle ne lui coupe pas la parole. « Je suis pas un handicapé sentimental. C'est toi qui refuse de parler de sentiment. »

Se retournant soudainement pour lui faire face, un sourcil haussé, Saul le scruta longuement sans un mot. « Pardon? Parler sentiments? Pour dire quoi? » N’hésitant pas à se rapprocher, elle le repoussa à plusieurs reprises en parlant, loin d’être sur la même longueur d’ondes concernant la discussion. « Roy, t’es un emmerdeur dont l’étiquette du caleçon dépasse toujours, doublé d’un demeuré sentimental. Alors n’essaie pas de venir la bouche en cœur me dire que je refuse de parler sentiments. Je ne le ferais pas car, a priori, il n’y a rien à dire. » Continuant de le fixer, en colère, elle finit par soupirer, tentant d’évacuer la frustration qui l’animait. « Est-ce qu’on peut en finir maintenant? » Se retournant, elle ne daigna pas jeter un coup d’œil par dessus son épaule, continuant. Ils étaient dans une situation délicate, dans un lieux bien trop grand pour que le cerveau humain puisse se repérer sans devenir fou. Alors, elle tentait d’avancer, de ne pas parler pour pouvoir s’économiser afin de ne pas perdre patience. « Et je refuse de mourir Roy! C’est une question de principes, mourir à cause d’un traître, c’est pire que tout. Et tu sais ce que c’est, la traîtrise. »

Poussé à reprise, il regardait toujours derrière lui. Perché en haut de ce mur, la chute était fatale. Et pourtant, il se refusait à répliquer. Ou du moins physiquement. Jamais il pourrait. Il avait finit par se décaler du rebord, les mains derrière son dos pour s'assurer que rien dépassait de son pantalon. Il s'était tu jusque lors, incapable de répliquer aussitôt qu'elle le piquait. Signe qu'il avait réellement un problème pour parler de ce genre de chose. Elle avait le dos tourné alors que lui campait toujours sur ses positions. Les poursuivants étaient franchement le cadet de ses soucis. « Comment ça il n'y a rien à di- Quoi ? Sérieusement ? » Comment pouvait-elle remettre en cause sa fidélité. En vers elle ou en vers la team. Quelques pas et il était arrivé de nouveau à sa hauteur. Une main sur son épaule et il la força à se retourner en sa direction. Qu'elle le regarde dans les yeux quand elle parlait de ça. « Répète ça Saul. Tu crois franchement que si j'en avais rien à faire de cette team je serais là, à courir au milieu d'un putain de labyrinthe pour claquer une gamine ? Tu crois franchement que si je t'aimais pas je serais en train de courir derrière toi ? Réfléchis juste deux secondes avant d'envoyer toutes tes insultes à la con. »

Saul saisit son avant bras lorsqu’il poser sa main sur son épaule, aucun des deux ne désirant lâcher leur emprise. Elle l’écouta, les sourcils froncés, son regard finissant par fuir vers une extrémité, n’arrivant pas à le regarder dans les yeux. Elle n’eut pas le temps de répondre, de préparer une énième remarque ou autre. Car son regard rencontra les ombres fugaces d’auparavant, la faisant aussitôt réagir. Ses yeux s’écarquillèrent quelque peu et elle s’abaissa, tirant Roy par la même occasion. « Ils sont là. » Écoutant le bruit de leurs pas, leurs messes basses, elle se concentra, préférant se concentrer sur la menace que sur les paroles du brun. Elle n’avait rien à répondre, elle ne savait pas quoi dire, alors elle préférait saisir la première occasion pour fuir, contourner. « J’aurais préféré retrouver la gamine que cette bande-là. Avoue que ça aurait été plus facile de faire parler la gamine que se farcir les autres. »