La délicate part de gâteau ne fit qu'un tour dans son ventre. S'ensuivit alors un chaos indescriptible.
L'angelot blond fut projeté à terre, roulant sous un banc les yeux clos comme pour se protéger du mal qui venait de sévir. L'explosion fut suivi immédiatement par des hurlements, des braillements. Le monde partait en vrille en l'espace d'une seconde. Son monde si sécurisé.
Recroquevillée sous ce banc qui ne la protège de rien, même pas de la panique de la foule qui fait trembler la terre sous la cavalcade de pieds, elle cherche à prier ses dieux qui ne lui viendront jamais en aide.
Pauvre môme naïve Gypsy, il est envolé le monde coloré de ton ancienne vie. Aujourd'hui il se grise, il perd de sa splendeur, dévoré par la fumée suffocante. Un talon lui érafle la joue, un coup de pied lui percute la cheville de plein fouet. Elle gémit de douleur l'enfant perdue.
Elle gémit jusqu'à ce qu'une autre enfant, brune elle, petite et masculine, une gamine qu'elle n'a jamais vu (Aestus). Un gamine qui n'est sensiblement pas ESHU la soulève et l'entraîne à l'écart de cette marée humaine qui prend des allures de tsunami. Elle la protège cette fille inconnue.
Elle l'emmène derrière une cabane de bois, abris de fortune créé par une table qu'on a renversé dans la bousculade. Là les deux filles ne bougent plus, haletantes, attendant le dénouement de la tempête.
Et la tempête fait rage.
Elle ouvre grand les vannes à une seconde explosion plus virulente encore.
La gamine brune s'activait de son côté, encore lucide, encore à moitié valide, cherchant, cherchant encore, vainement des fioles de diverses couleurs. Gypsy reste muette luttant contre la table qui ne cesse de chavirer. Il tangue leur bouclier. Il tangue à en devenir meurtrier.
Gypsy recule, étouffant un cri avant que la table ne se transforme en épée de Damoclès.
Brutalement elle écrase le corps de sa sauveuse.
Les fioles se brisent entre ses mains, les éclats de verre qui les brutalisent.
Et doucement dans une brise le corps de l'enfant se pixelise.
Les yeux de Gypsy se mouillent de larmes inconnues. Elle qui refuse la pitié pour les non-ESHU.
Elle arrache simplement et rapidement une tresse de perles de ses cheveux poussiéreux et la glisse dans la main de la gamine qui disparaît sous ses yeux.
Les yeux vitreux, perdue, déconcertée par cette mort subite, elle se redresse et claudiquant su sa cheville blessée, elle essaye de s'enfuir comme une biche malade.

Kilmeny Monroe a écrit:

Et la fin du monde vint pendant qu'elle mange un bout de tarte. Phœnix n'a rien vu, et a encore moins compris quelque chose lorsqu'elle se sent projetée contre la table, une fourchette entrant dans sa main. Elle va ensuite sous la table, ou ce qu'il en reste, cherchant protection de cette manière. Elle enlève la fourchette avec une grimace, la garde dans son autre main, au cas où. Elle se met à tousser, à cacher sa bouche dans le creux de son bras, et au moment où elle comptait se relever, une deuxième bombe explosa. Le restant de table au-dessus d'elle ne résista pas au choc, recouvrant une partie de son corps. Elle sent des bouts de bois pénétrer sa chair, mais elle réussit quelque instant plus tard à s'en sortir, une personne inconnue l'aidant. Elle s'assied, la remercie, toussant toujours, elle essaie de se défaire de ses nouveaux amis de bois, se relevant ensuite péniblement. L'air est toujours horrible, elle trouve refuge une nouvelle fois dans son bras, pas pour longtemps. Elle se leva, avance en boitant, elle se met à aider les autres, comme elle peut.

Sifflement assourdissant, pression sonore dans ce crâne rougit fendu d'un gouffre profond sur le front. Plaie ouverte d'un éclat de bois projetté sous l'impulsion irrélle d'une traître bombe. Prod se retrouva seul avec son esprit, abandonnant toute volonté de se battre. Il se tenait à genoux regardant le funeste masacre de sa vision troublée. Il s'abandonnait, attendant que l'on vienne l'achever, ne savant pas pourquoi il a pu croire en cette réunification. Les teams, c'est un moyen de diviser une population ? Pourquoi vouloir partager des valeurs réprimandées avec des personnes qui ne les approuvent pas. Alors il s'abandonnait, attendant que quelqu'un vienne l'achever. Toutefois, il aperçut une silhouette semblant mal-en-point se camouflant sous un bout de table restant. Sans trop réfléchir PROD décida d'aller soutenir cette personne. Titubant entre les cadavres de se masacre il se dirigea vers elle.
"Tu vas bien ?", lui demanda-t-il en l'aidant à se redresser. Question idiote dans une telle situation. Il coopéra pour extirper des bois nicher dans ses chairs. Sans même attendre, elle se leva et alla soutenir les autres rescapés.
Même s'il n'avait plus foi aux autres, sa volonté d'aider prit le dessus sur toutes convictions. Il essuya le sang de ses bras sur son tee shirt pour lui aussi se lever et aider les autres joueurs.

En quelques instants, quelques secondes, c'est une fumée sombre qui s'empare du festin, qui occulte les pensées de Butcher qui concernaient, à ce moment-là, le conflit latent entre Mystique et le type qu'il avait sauvé une fois, à Chicago. A cet instant, il s'en contre-fiche. Dans sa tête, une demi-douzaine de sirènes hurlaient, tambour battant. C'est tout son corps qui se lève, tant bien que mal, et tente de fuir instinctivement, sans grande réussite toutefois. Il en oublie ses voisines Atom, déjà disparues de son champ de vision, son appartenance à la team rejointe il y a peu, et ne pense plus qu'à sauver sa peau, à trouver une issue. Cependant, il y avait trop de corps, trop de tables, trop de bancs, trop de fumée, trop d'idiotie dans l'air. A ce moment précis, il se fichait bien de la bouffe ou de la paix, il n'entendait plus que la détonation, encore et encore, vrillant ses tympans. Des cris résonnent de part et d'autre, leur sens n'atteignant jamais Butcher.
Il sent les coups, sait qu'il aurait dû s'arrêter, se planquer. Il s'était mis à découvert, savait que c'était un risque. Un éclat de bois s'était fichu dans sa jambe, réveillant la douleur sourde que la Caho lui avait administré lors de la libération du chef Atom. Déconcentré, il s'était arrêté au milieu de la panique, tombant sous l'effet d'une autre détonation, de d'autres plaies qui se formaient déjà. Sonné, il laissa l'adrénaline épargner sa vie encore quelques instants, remarquant un corps à ses côtés, sous des gravats. Il tira sur un bras, réalisant au bout de quelques secondes que la personne s'en retournait à la vie réelle. Qu'il n'y avait plus rien à sauver.
Bientôt, ce furent ses propres pixels qui se joignirent à ceux-ci, traçant leur voie vers le ciel et à travers les univers, ne lui laissant qu'un goût amer de ce festin en bouche.


Perte d'une vie pour Terrence.

Et le cauchemar reprend ses droits. Une explosion violente qui survient, inondant la place de sa présence, faisan trembler objets et sujets. Vague de peur, elle déferle sur le monde, elle immerge les joueurs à l'apparence pacifiste. Mais cette paix factice n'est rien qu'un autre tissu de mensonges et déjà Vulpina regrette de s'être laissée envoûtée par ces plats trop somptueux pour être vrais. Vengeance sur vengeance, voilà comment se déroule la guerre. Mensonge sur mensonge, c'est l'ADN de l'être humain, qu'il soit fait de chair ou de pixels.
Son corps tombe lourdement au sol, suivit d'un autre, celui de Hellhound qui s'est jeté avec elle face contre terre, faisant barrière de son corps massif. Malgré le bouclier humain qui la protège, Vulpina mange le sol et la poussière, la joue écorchée, les membres fracassés par la violence de l'explosion. Ses oreilles sifflent d'un son irréel alors qu'elle tente de garder ses esprits. Ne pas sombrer, ne pas se faire happer dans ce massacre orchestré. Un de plus pour parfaire les trahisons qui s'enchaînent sous ses yeux.
Hellhound la redresse habilement, la remettant sur ses deux pieds avant de lui ordonner : « Barre-toi, Vulpina ! Et vite fait ! » Le ciel tourne, les visages ne se distinguent plus. La poussière est étouffante.
Et la fumée brûlante.
Âcre poison qui s'insinue dans ses poumons alors qu'elle titube vers une sortie qu'elle ne trouvera pas.
La jolie poupée rousse s'appuie trop fortement sur sa cheville brisée sous le coup violent de leur chute au sol. Elle essaye d'apercevoir ne serait-ce qu'un visage, ami ou ennemi, mais les formes se troublent et la seconde explosion retentit, faisant déferler sur elle une vague de gaz qui dévore ses poumons.

-1 vie pour Ripley Sørensen

   

Elle aurait brûlé toutes ces silhouettes pixellisées si elle avait pu. Si seulement elle avait pu. Mais elle était condamnée à les regarder manger sans vomir, boire sans s'étouffer, vivre sans sentir leur cœur partir en vrille, sans sentir leur corps et leur chair factice disparaître. Pas de cendres, dans l'abime du jeu, juste les pixels qui s'en vont ailleurs, juste les pixels et la douleur du tatouage qui change, la douleur des blessures, du sang irréel, immatériel. Elle s'était jetée sur la nourriture, avait dévoré la viande pour calmer son ventre en guerre. Elle allait s'approcher de Dagger, lui susurrer à l'oreille que les mets avaient beau être délicieux, la cuisse de Faust était meilleure, quand l'explosion retentit, quand la fumée devient le python, la vipère, cherche à s'insinuer dans ses pores, dans ses yeux. « Putain je vais tous les brûler. » La main cachant à peine sa bouche, les yeux plissés, elle se tourne, cherche les rouges des yeux, cherche Eivind. Elle s'allonge, se laisse un peu tomber au sol, se recroqueville. Ça fera combien hein ? Quatre, trois ? Bientôt la dernière, parce qu'elle mourra, elle perdra une vie à cause de foutus salauds qui ne savent pas respecter une trêve. C'était tellement prévisible que personne, personne sur cette place n'a fait quoi que ce soit. Fallait pas se rendre responsable, c'est vrai. « Reste couchée. » Un sou-rire éclot sur ses lèvres. « Avoue, c'est toi qui a causé les explosions juste parce que t'avais envie de te retrouver sur moi. » Mais ce n'est pas vrai, elle le sait. Elle ira chercher les GAIA au bout de la map s'il le faut, mais elle leur fera payer ; parce que quand elle rouvre les yeux, il n'y a plus l'emprise du corps d'Eivind sur le sien. Juste le vide. Elle en profite, se relève et croise le regard de Vulpina qui disparaît soudain. Et quand le gaz vient la prendre, elle aussi, elle se met à genoux. Et elle rit, elle rit parce qu'ils paieront. Elle rit parce que c'est à nouveau la guerre.

perte d'une vie pour Cosmo-Luan Evans